• JO 2024 : en Seine-Saint-Denis, des promesses, des chantiers et des habitants qui ont du mal à adhérer
    https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/07/26/jo-2024-en-seine-saint-denis-des-promesses-des-chantiers-et-des-habitants-qu

    Le département francilien a concentré une bonne part des investissements liés aux Jeux olympiques et paralympiques. Ceux-ci sont présentés par les élus comme des accélérateurs de développement. Et de fierté locale.
    [...]

    « On redonne à toute une génération une fierté et un ancrage identitaire », lui fait écho le maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane (PS). Même Joey Starr, qui scande depuis 1998 que « la Seine-Saint-Denis, c’est de la bombe bébé », prête sa voix à un clip promotionnel intitulé « Fier⸱e⸱s d’accueillir les Jeux », dans lequel le département est décrit comme le lieu « dont jailliront les légendes de demain ».
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Paris 2024 : derrière l’engouement pour l’événement des maires de la Seine-Saint-Denis, le silence de la gauche

    Reste à en convaincre le 1,6 million d’habitants du territoire. Or beaucoup d’entre eux ont d’autres préoccupations. D’autres urgences. C’est que, dans ce département, qui est le plus jeune et le plus pauvre de France métropolitaine, l’école fonctionne de manière dégradée, le logement indigne concerne au moins 15 % du parc privé (selon la préfecture), et les transports publics souffrent d’une pénurie durable de conducteurs, qui complexifie les déplacements.

    (impeccable merdeux du PS qui veut « redonner un ancrage identitaire » à des gens qui d’où qu’ils viennent savent vite d’où ils sont, pendant que les athlètes algériens commémorent le 17 octobre 61, mandatés par un État auquel la « guerre de libération » sert encore mais de plus en plus vaguement de couverture).

    #JO #93 #Paris

    • L’ORDRE RÈGNE À PARIS (2024)
      « Ce n’est donc pas un retour à la normale que nous devons exiger, mais un autre modèle de ville »
      https://lundi.am/L-ordre-regne-a-Paris-2024

      Les images de Paris grillagée choquent l’opinion publique. De nombreux médias regrettent ce qu’ils présentent comme un détournement de l’« ordre habituel » de la ville, détournement qu’il faudrait accepter au nom de la fête (stupéfiante inversion logique).
      Mais n’est-ce pas le contraire ? Si ces images nous heurtent, n’est-ce pas justement parce qu’elles rendent visible l’« ordre habituel » de la ville sous régime capitaliste ? Elles ne le dévoient pas ; elles le manifestent de manière éclatante et ce retour du refoulé est douloureux, suscitant colère ou déni.

  • Baignades en Seine : un égoutier parisien dénonce les mensonges des organisateurs des JO

    A la veille de l’ouverture de l’Opéra des trois sauts, un professionnel de l’assainissement décrit l’état apocalyptique du réseau parisien : absence d’entretien, pannes, défauts structurels, dysfonctionnements innombrables. Un tableau qui pulvérise les mensonges extravagants complaisamment relayés depuis des années par des medias aux ordres. Vertigineux.

    « Suite à la séquence rafraîchissante de notre AOC (Amélie Oudéa-Castéra) barbotant sur les quais, la mairie de Paris se veut une fois de plus rassurante en donnant une nouvelle date de baignade. Or malgré les effets d’annonce, difficile de ne pas voir comme une redite du désastre de juillet 2023. Se pose aussi la question du fameux héritage laissé par les JO quant à la qualité de l’eau en Seine. »

    Lire la suite :
    https://blogs.mediapart.fr/damnarecloaca/blog/160724/la-baignade-en-seine-et-lheritage-laisse-par-les-jo-des-doutes-demeu

    • un état des lieux saisissant, extrait :

      On pourrait aussi être légèrement taquin et se dire que si le plan Paris Pluie avait prouvée une efficacité réelle, pourquoi les précipitations demeurent l’excuse principale de la mairie concernant la mauvaise qualité de la Seine ? Comme le soulignait un élu écologiste dans les lignes de Reporterre, au sujet du pharaonique projet du bassin Austerlitz :
      « Avec ces moyens, on aurait pu imaginer des mesures plus vertueuses, regrette Jean-Claude Oliva. Comme une politique ambitieuse d’infiltration des eaux de pluie dans les sols, en désimperméabilisant, en multipliant des toitures végétalisées... » (...)
      D’autant qu’il ne faut pas croire que le prix de ces installations est un gage de qualité. Pour rappel, les précédents ouvrages qui devaient rendre la Seine baignable une bonne fois pour toute ont rencontré quelques avaries. Le bassin de stockage Proudhon, en plus d’être visiblement construit trop haut, présente toujours des problèmes de curage et ce malgré une campagne de diagnostic : Amélioration de la chaîne de déchets du bassin Proudhon à PARIS 12ème . Coût de l’analyse : 280 000 euros, pour en venir au même constat effectué par les égoutiers. Quant au TIMA, lors de sa mise en service, l’aération avait été si bien étudiée qu’une explosion de méthane eut lieu dans un poste de commande. (...) Ouvrage dont l’ensablement a été sous estimé selon cette analyse, nécessitant de mettre l’ouvrage au chômage de longs mois pour entretien : Fonctionnement du réseau d’assainissement à l’échelle de Paris et sa petite couronne (piren-seine.fr) .
      À préciser que malgré ces précédents facheux, le service d’assainissement n’a pas juger utile de doter le bassin d’Austerlitz de dégrilleur, système permettant de récupérer les flottants de manière automatisée. Le curage et l’extraction des flottants s’effectueront donc manuellement par les puits d’accès dotés d’escalier hélicoïdaux et par un grappin, histoire de s’amuser comme à la fête foraine. On peut raisonnablement se dire que là encore, les périodes de chômage vont se révéler sous estimées.
      Comme le résume très bien cet article de l’association Coordination EAU Ile-de-France, ces travaux sont principalement motivés par la tenue des #JO :
      << Dans le plan de modernisation de l’assainissement de Paris des années 1980, qui avait fait dire à Chirac qu’il allait se baigner en Seine, et dont le dernier acte réalisé était la création du stockage Proudhon, il avait été décidé à la suite du constat que ce dernier ne fonctionnait pas, de ne plus faire de #bassin_de_stockage pour éviter les déversements d’orage. Du coup avaient été annulés les deux projets suivants : le stockage Bibliothèque qui devait être en face du stockage Proudhon, et le stockage Branly qui devait être sous le musée. C’est donc le SIAAP qui a fait le second stockage, le Tunnel Ivry Masséna Austerlitz qui est une reprise du stockage Bibliothèque, mais prolongé jusqu’à Ivry/Seine. Après l’échec du Tunnel Ivry Masséna Austerlitz, il y avait un consensus général chez les ingénieurs de l’assainissement sur le fait que ce type de bassin était très cher pour ne servir à rien. Mais tout cela a vite été oublié dans la fièvre des JOP2024 ! >>

      #Paris #Seine

    • Non, la Seine n’est toujours pas baignable (même si Anne Hidalgo y plonge)
      https://www.mediapart.fr/journal/france/170724/non-la-seine-n-est-toujours-pas-baignable-meme-si-anne-hidalgo-y-plonge

      Lorsque que l’on consulte la carte officielle des lieux de #baignade en France, aucun site de la Seine n’y figure à Paris – seuls sont répertoriés le canal Saint-Martin et le bassin de la Villette, dont l’eau vient du canal de l’Ourcq.
      Et pour cause : à l’intérieur de la capitale, le fleuve ne respecte pas les conditions pour y être répertorié. Première exigence : présenter une qualité suffisante sur quatre « saisons balnéaires », c’est-à-dire quatre ans. C’est ce que demande la directive européenne de 2006 sur les eaux de baignade.
      Deuxième condition : l’information du public sur les taux de pollution biologique mesurant les concentrations en bactéries fécales Escherichia coli et entérocoques intestinaux, désormais célèbres.

      les articles de Damnare cloaca, égoutier parisien, ne sont malheureusement ni cités ni utilisés

      #égouts #eaux_usées #eaux_de_baignade #eau #fleuve #expertise

    • « Nous avons beaucoup travaillé pour que la Seine soit propre » : Anne Hidalgo a tenu sa promesse de se baigner dans le fleuve à Paris, Sylvia Zappi [from LCR to nawak au carré]
      https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/07/17/paris-2024-anne-hidalgo-s-est-baignee-dans-la-seine-a-quelques-jours-des-epr

      « C’est un jour joyeux. Nous l’avons fait !, s’est exclamée Anne Hidalgo devant une nuée de journalistes et de caméras. Nous avons beaucoup travaillé pour que la Seine soit propre et qu’on puisse s’y baigner. »

      Rappelant le montant des investissements consentis pour la dépollution du fleuve – 1,4 milliard d’euros –, l’élue socialiste a insisté sur l’héritage que laissera le plan Baignade, lancé avec l’aide de l’Etat. « S’il n’y avait pas eu les Jeux, qui ont été un accélérateur, on n’y serait pas parvenus. C’est un héritage majeur et un jour important pour les océans et la mer. C’est aussi une façon d’adapter la ville au changement climatique », a insisté l’ancienne candidate à l’élection présidentielle.

      #media #politique_évenementielle #aupaysdeslumièreséteintes

    • Eau de la Seine : les mauvais chiffres que les organisateurs des JO voulaient cacher
      https://www.mediapart.fr/journal/france/070824/eau-de-la-seine-les-mauvais-chiffres-que-les-organisateurs-des-jo-voulaien

      Mediapart a pu récupérer les résultats des prélèvements dans la Seine depuis l’ouverture des Jeux olympiques. Ces données, que nous publions en intégralité, montrent que la #qualité_de_l’eau n’était suffisante que deux jours sur dix.

      Contrairement au storytelling imposé par les organisateurs des Jeux olympiques (JO) et paralympiques (JOP), la qualité de la Seine est restée très largement insuffisante depuis le début de l’événement, d’après les résultats d’analyses officiels consultés par Mediapart. Ces données émanent des prélèvements effectués, chaque jour, par les équipes d’Eau de Paris, laboratoire rattaché à la mairie de Paris. Elles sont transmises au Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), qui contrôle leur communication.

      Dans un souci de transparence s’agissant d’un sujet de santé publique majeur, Mediapart a décidé de publier en intégralité les résultats d’analyses que nous avons pu récupérer. Ils font apparaître que la qualité de la Seine n’était suffisante pour la baignade olympique que 20 % du temps depuis le lancement des JO, le 26 juillet. Ce taux descend même à 10 % si l’on applique aux résultats des prélèvements réalisés les critères exigés pour la baignade « grand public » , que les autorités souhaitent ouvrir à l’été 2025 en « héritage » des Jeux après avoir investi 1,4 milliard d’euros d’argent public dans ce projet.

      Dans le détail (lire la méthodologie en boîte noire), les résultats montrent en effet que sur une période de dix jours s’étalant du 27 juillet au 5 août, les niveaux de qualité des eaux fixés par la World Triathlon – Fédération internationale de triathlon – (seuils qui sont plus élevés que pour le grand public) n’ont été respectés que deux jours, les 30 et 31 juillet. Tout le reste du temps, les résultats ont dépassé les exigences de la fédération, qu’il s’agisse de contamination en Escherichia coli (E. coli) ou en entérocoques intestinaux, les deux bactéries testées quotidiennement sur quatre points de prélèvement.

      Ces résultats expliquent pourquoi tous les entraînements de triathlon ont été reportés, provoquant le mécontentement de certains athlètes (lire en encadré). Ces derniers ont nagé dans une eau trop polluée le 5 août lors de l’épreuve de relais mixte. Quelques jours plus tôt, mercredi 31 juillet, les niveaux étaient retombés sous les seuils exigés pour les épreuves individuelles femmes et hommes (après un premier report pour cause de pollution).
      Ces résultats s’expliquent par le mauvais état des réseaux d’assainissement en amont de Paris, plombé par de nombreux problèmes de raccordements (lire notre enquête), ainsi que des fuites non réparées dans les égouts de la capitale. Sans oublier les pollutions ponctuelles.

      S’y ajoutent des problèmes plus conjoncturels, liés à la météo très pluvieuse de cet été. Non seulement cette pluie a favorisé les déversements d’eau sale en Seine, mais elle a, en plus, gonflé le débit du fleuve, qui approche les 300 mètres cubes par seconde, presque le double de son niveau habituel. Résultat : les bactéries s’y déplacent plus vite et ont de ce fait moins de temps pour se dégrader sous l’effet des UV du Soleil et des organismes qui les ingèrent.
      Les analyses montrent enfin que, si les ouvrages réalisés ces dernières années (notamment la construction du grand bassin d’Austerlitz, mis en service en juin pour stocker une partie des eaux usées et pluviales lors des fortes précipitations) ont permis d’améliorer la qualité de la Seine, les efforts déployés demeurent à ce jour insuffisants pour permettre la baignade.

      Interrogée par Mediapart, la mairie de Paris ne nous a pas répondu sur les leçons qu’elle tire de ces résultats, alors même que la maire, Anne Hidalgo, tout comme la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, ont multiplié les interviews, ces derniers jours, pour affirmer que le pari de la baignade dans la Seine avait été « tenu ». « Nous avons réussi en quatre ans l’impossible depuis cent ans », s’est également félicité Emmanuel Macron, sur le réseau social X.

      Du côté du Cojop, le service presse conteste notre interprétation des résultats d’analyses sur un seul point : la journée du 5 août, jour du relais mixte de triathlon. À cette date-là, les équipes d’Eau de Paris ont mesuré 436 unités formant colonie (UFC) par 100 millilitres (ml) d’entérocoques sur l’un des quatre points de prélèvement, celui du port du Gros-Caillou. Or, nuance le Cojop, ce résultat « flirte avec la limite » (fixée à 400 UFC/100 ml par la fédération internationale) et « est situé en dehors du parcours du triathlon ». En réalité, il se trouve juste à côté.

      La mairie se défait de ses obligations de communication

      Si un compte rendu quotidien a été effectué par la fédération internationale auprès des représentants des équipes, la communication publique des données sur la qualité des eaux de la Seine n’aura jamais été aussi opaque que depuis le début des JO. Depuis le 24 juillet, la mairie de Paris a suspendu la parution de son « bulletin hebdomadaire » de mesures d’E. coli et d’entérocoques intestinaux sur son site , et un véritable verrouillage de l’information s’est mis en place.

      Désormais, tout passe par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. « Pendant la période des Jeux, seuls les organisateurs sont autorisés à communiquer sur les données des qualités de l’eau », explique la mairie de Paris. Elle reste pourtant, en droit, l’autorité publique responsable de la baignabilité du fleuve. Mais elle s’est défaite de ses obligations d’information du public au profit du comité, qui se retrouve donc avec une triple casquette : organisateur des JOP, détenteur exclusif des résultats des prélèvements dans la Seine, et diffuseur exclusif de ces informations. Aux fédérations sportives d’abord, aux médias ensuite, mais au compte-goutte – Mediapart ne compte plus le nombre de ses demandes auprès de Paris 2024 sur le sujet.
      « Il n’y a pas d’appropriation des résultats par les organisateurs », se défend la municipalité : « La ville leur réserve l’exclusivité dans la communication dans la mesure où ce sont les organisateurs qui prennent la décision finale d’autoriser ou non la tenue des épreuves. »

      Mais qui décide vraiment ? « C’est in fine l’organisateur qui décide lui-même le jour de la manifestation si les conditions sont réunies pour que celle-ci ait lieu, selon plusieurs critères dont celui de la qualité de l’eau, mais également les conditions météorologiques par exemple », explique la préfecture de la région Île-de-France.

      Pourtant, le 5 août, jour de l’épreuve maintenue de triathlon mixte dans la Seine, alors que la pollution en E. coli dépasse le seuil de référence, le Cojop se fend d’un communiqué expliquant que « la décision de tenir les épreuves est prise par la fédération internationale World Triathlon ». Sollicitée par Mediapart, celle-ci n’avait pas répondu au moment de publier cet article.

      Des athlètes très remontés contre Paris 2024

      Avant même la fin des JO, et malgré leur suivi médical sérieux, plusieurs athlètes étrangers ont sévèrement critiqué l’entêtement des autorités à vouloir organiser les épreuves dans la Seine. Dans Marca, l’Espagnole Anna Godoy a estimé que « la fédération internationale s’est un peu moquée [des triathlètes] ». Sa compatriote Miriam Casillas a considéré que les organisateurs « n’ont pas du tout pensé aux athlètes ». « Ils ont pensé davantage à l’image et à vendre le fait de pouvoir se baigner dans la Seine. Rien n’a été pensé pour la santé des athlètes », a pointé cette médecin de formation. L’absence de « plan B » a aussi été dénoncée par l’entraîneur de l’équipe masculine, toujours dans Marca.

      Du côté de la Belgique, qui n’a pas participé au relais mixte à cause d’une athlète tombée malade (sans lien avéré avec la pollution de la Seine), son comité olympique ainsi que sa fédération de triathlon ont publié un communiqué souhaitant que « les leçons [soient] tirées pour les prochaines compétitions de triathlon aux Jeux olympiques ». « Nous pensons ici à la garantie des jours d’entraînement, des jours de compétition et du format des compétitions qui doivent être clarifiés à l’avance et faire en sorte qu’il n’y ait pas d’incertitude pour les athlètes, l’entourage et les supporters », ont expliqué les deux instances. La triathlète Jolien Vermeylen avait aussi confié au Soir avoir « vu et senti des choses auxquelles on ne devrait pas trop penser ». Son coéquipier Marten Van Riel a lui aussi critiqué les changements de programme permanents : « Si la priorité était la santé des athlètes, cette compétition aurait été déplacée sur un autre site il y a bien longtemps. »
      Le 6 août, le comité renvoie à la fédération aquatique internationale, World Aquatics, la responsabilité du report d’une séance d’entraînement pour l’épreuve de nage libre dans la Seine le jour même, en raison des mauvais résultats de pollution. Quant au Cojop, il renvoie parfois vers la ville : « La baignabilité de la Seine, c’est surtout la ville de Paris car c’est eux qui réalisent les tests. » Bref, la chaîne des responsabilités n’est pas claire.
      À cette confusion des rôles, s’ajoute une opacité renforcée par le système municipal parisien. La capitale dispose d’une #régie_municipale_de_l’eau, #Eau_de_Paris, une décision emblématique de la gauche quand elle a pris les clefs de la ville en 2001, pour sortir sa gestion de l’emprise du privé.

      Cette extension du domaine public a pour corollaire l’imbrication des services et des expertises : Eau de Paris, qui fournit l’eau potable à Paris, est présidé par un maire adjoint, Dan Lert, chargé de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie. Élu écologiste dans le XIXe, c’est un allié et un membre de la majorité d’Anne Hidalgo.
      Quand la maire se baigne dans la Seine le 17 juillet, il plonge également et se fait photographier en combishort à côté de l’édile. Il tweete : « Aujourd’hui, nous nous sommes baignés dans la Seine avec Anne Hidalgo. C’est un rêve de gosse qui se réalise. » Quelques jours plus tard, on apprenait que la qualité des eaux était insuffisante pour se baigner ce jour-là.

      Ce sont pourtant bien les laboratoires d’Eau de Paris qui prélèvent et analysent l’eau de la Seine. Ils sont animés par des ingénieur·es et des scientifiques dont la compétence est reconnue et dont certain·es publient dans des revues internationales à comité de lecture. Mais depuis l’ouverture des JO, l’établissement n’ose répondre à aucune question sur l’état du fleuve, renvoyant directement vers son autorité politique de tutelle, la ville, qui « traite des sujets liés à la qualité d’eau de la Seine ».
      Les personnels ont reçu la consigne de ne pas répondre aux questions des journalistes. La centralisation de la communication par Paris 2024 invisibilise complètement leur travail, alors que, chaque nuit, des personnes se lèvent pour prélever l’eau à analyser. Un chercheur confie garder sa liberté de travail « car [ils] se bat[tent] pour la garder ».

      La plus grande discrétion est demandée

      Quant aux salarié·es du service d’assainissement de la ville, ils ont reçu un mail leur demandant « la plus grande discrétion » lorsqu’ils échangent « sur ces sujets », y compris « dans la sphère personnelle ». La demande de leur hiérarchie leur est parvenue à la suite de la publication au mois d’avril par l’ONG Surfrider de mesures qu’elle avait réalisées dans la Seine indiquant une eau trop sale pour être baignable.

      À cette période, il avait déjà été décidé de ne confier les prélèvements qu’au seul opérateur Eau de Paris, lequel garde ainsi la main sur le contrôle des données. Un choix tout sauf évident qui fut arbitré par la préfecture de région après l’annulation de la partie baignade pendant le « test event » à l’été 2023. Lors du retour d’expérience (« retex ») sur ce premier fiasco, les équipes du Siaap (syndicat intercommunal qui gère le traitement des eaux usées) avaient notamment proposé leurs services pour répartir les regards. Mais cette option fut écartée, et le dispositif fut même encore plus resserré qu’auparavant.
      Prestataire de la ville lors de ce « test event », le laboratoire privé Fluidion, qui dispose d’un contrat-cadre avec la municipalité, a ainsi été écarté des sous-traitants pour les Jeux, après avoir alerté sur les niveaux de pollution et pointé les limites des prélèvements effectués par Eau de Paris . « En 2023, nous avons prévenu sur la présence d’une quantité très importante et assez variable de bactéries présentes sur des particules fécales. Ils étaient au courant, et ils ont fait leur choix en conscience », déplore son président-directeur général, Dan Angelescu.
      Le fondateur de Fluidion, qui continue de travailler avec la mairie pour la zone de baignade du bassin de la Villette (où les enjeux de pollution sont bien moindres), regrette que, tandis que « les Jeux olympiques sont extraordinaires, peut-être les plus beaux de l’histoire », il y ait « dans les discours actuels sur la pollution de la Seine un peu trop de volonté politique et trop peu de science ». Tout en étant conscient de l’énorme pression générée par ce sujet : « Comment aurais-je réagi à la place des organisateurs des Jeux ? Je ne peux pas le dire, je conçois que c’est difficile de rester objectif dans ce contexte », estime le patron du laboratoire, qui publie ses propres résultats en « open source ».

      D’après plusieurs experts en pollution des eaux, le rôle des bactéries E. coli et entérocoques ne saurait être surestimé. En plus des problèmes de santé qu’elles peuvent provoquer (notamment au niveau intestinal), leur concentration représente aussi un marqueur quant à la présence dans l’eau d’autres agents pathogènes. Or, dans la Seine, on trouve de tout : des virus, des parasites, des bactéries.

      Lors d’un colloque sur la baignabilité de la Seine en juin, l’hydrologue Laurent Moulin, responsable du département R&D (recherche et développement) d’Eau de Paris, expliquait ainsi qu’il existe un risque de « réelles infections » dues à la présence de norovirus, d’origine humaine, qui sont la principale cause de gastroentérites aiguës. Ces derniers sont familiers des passagers des grands bateaux de croisière, des consommateurs d’huîtres ou encore des résident·es en Ehpad. Leur impact peut être beaucoup plus grave chez une personne âgée, ou chez des personnes dont le système immunitaire est affaibli. Or ils ne font pas l’objet aujourd’hui d’un suivi spécifique dans la Seine, où ils s’additionnent aux autres polluants d’origine chimique (résidus de pesticide, métaux lourds, etc.).

      « Pour les Jeux olympiques, ce n’est pas un problème. Les athlètes sont jeunes et en bonne santé, analyse un spécialiste ayant requis l’anonymat. Mais ensuite, qu’est-ce qui va se passer quand la baignade sera ouverte au grand public ? »

      Jade Lindgaard, Pascale Pascariello et Antton Rouget

      #Ville_de_Paris

  • Paris 2024 : une cérémonie d’ouverture réduite au seul Trocadéro coûterait plus de 255 millions d’euros aux organisateurs
    https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/07/15/paris-2024-une-ceremonie-d-ouverture-reduite-au-seul-trocadero-couterait-plu


    Répétition technique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 17 juin 2024, à Paris. TERENCE BIKOUMOU POUR « LE MONDE »

    Dans une note interne révélée par « Le Canard enchaîné » et que « Le Monde » a pu consulter, le Comité de Paris 2024 a calculé l’impact financier de différents scénarios restreints envisagés pour la cérémonie du 26 juillet.
    Par Nicolas Lepeltier

    C’est un document qui ne devait pas sortir des bureaux du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop). Une note interne sobrement intitulée « Alternatives CER1 » dressant les conséquences financières « des différents scénarios alternatifs à l’organisation de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques pour Paris 2024 ».

    Dans cette note, dont l’existence a été révélée par Le Canard enchaîné le 10 juillet et que Le Monde a pu consulter, la piste d’une cérémonie sur un autre site que la Seine et ses quais, dans l’hypothèse d’une menace terroriste avérée, semble écartée. « Au-delà des enjeux réputationnels pour la France, les impacts opérationnels et financiers seraient considérables voire irréalistes », écrit la direction de Paris 2024, qui estime la facture globale d’un tel déménagement à près de 300 millions d’euros.
    Exit donc le Stade de France. La possibilité d’un « plan C » avait été publiquement évoquée par le président de la République en décembre 2023 – soit avant l’existence de la note, rédigée début février, « à quelque cent soixante-dix jours de la cérémonie » –, puis réaffirmé en avril. Le début du tournoi olympique de rugby à VII dans l’enceinte dyonisienne dès le 24 juillet rend toutefois caduque cette possibilité de repli, objectaient à chaque fois les organisateurs. « En cas d’absolue nécessité », ils recommandent, dans leur document interne, d’organiser la cérémonie au village des athlètes, « dans une version dégradée à l’extrême ».

    Rembourser 104 000 billets

    En décembre, Emmanuel Macron avait également confirmé l’existence d’un « plan B ». Ce sont les conséquences financières d’une « cérémonie “ajustée” sur la Seine et le Trocadéro » que les dirigeants du Cojop ont expertisées en détail dans leur note, selon quatre variables présentées de manière graduelle. La première (réduction ou suppression du public quais hauts) aurait un impact financier « négligeable ». Mais le dernier scénario, qui ne conserverait qu’une cérémonie réduite, sans spectateur, face à la tour Eiffel et au pont d’Iéna – au seul point d’arrivée du défilé nautique tel que prévu à l’origine – coûterait plus de 255 millions d’euros aux organisateurs.

    Paris 2024 serait, en effet, contraint de rembourser les 104 000 billets des quais bas (de 90 euros à 2 700 euros), de dédommager leur partenaire d’hospitalités On Location pour le manque à gagner ainsi que les nombreux prestataires (restauration, sécurité, barriérage…). Sans parler de Louis Vuitton-Moët Hennessy, qui ne verrait certainement pas d’un bon œil l’annulation d’une cérémonie pour laquelle le groupe de luxe a énormément investi. Et ce n’est pas tout. « En cas de délocalisation de tout ou partie de la cérémonie au Trocadéro, l’impact lié aux télédiffuseurs pourrait se chiffrer en dizaines (voire centaines) de millions d’euros », ajoutent les auteurs de la note.

    Le chiffre de 255 millions d’euros représente « l’hypothèse la plus maximaliste d’une série de scénarios théoriques qui n’ont pas fait l’objet d’une analyse approfondie », se défend #Paris 2024, lundi 15 juillet. « Il ne représente à ce titre ni un scénario central, ni une estimation fiable et rigoureuse. »
    Les conséquences financières d’une activation du « plan B » pourraient être deux à trois fois plus importantes que le coût lui-même du « plan A ». La facture de la parade nautique entre les ponts d’Austerlitz et d’Iéna est estimée entre 120 millions et 130 millions d’euros, soit trois fois le prix des cérémonies d’ouverture et de clôture de Londres 2012 – 40 millions de dollars au total (36,65 millions d’euros), selon les économistes Robert Baade et Victor Matheson dans une tribune au Monde.

    #JO

    • « Les JO sont devenus financièrement inabordables et économiquement intenables », Robert Baade, Victor Matheson (économistes)
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/07/12/les-jo-sont-devenus-financierement-inabordables-et-economiquement-intenables

      Après des débuts plutôt modestes en 1896, les JO [Jeux olympiques] modernes ont pris rapidement de l’importance au-delà d’une simple compétition sportive, engendrant des coûts de plus en plus élevés pour les villes hôtes. Avec une facture de plus de 541 millions de dollars (en équivalent dollars de 2021), les JO de 1936 à Berlin, clairement conçus pour illustrer la puissance de l’Allemagne nazie, ont coûté dix fois plus cher que tous les JO précédents.
      Ils n’ont été que les premiers d’une longue série. Par exemple, Montréal 1976 a établi un nouveau record, à près de 7 milliards [tous les chiffres sont en dollars]. Certes, Los Angeles 1984 et Barcelone 1992 ont connu un relatif succès financier, mais les cinq derniers JO d’été et d’hiver ont tous dépassé la barre des 10 milliards, Pékin 2008 allant au-delà de 45 milliards et Sotchi 2014 de 50 milliards. Rio 2016, dont le budget initial était de 3 milliards, en a coûté environ 13. La Chine s’est vantée que les Jeux d’hiver de 2022, à Pékin, n’avaient coûté que 3,9 milliards de dollars. Mais une enquête de Business Insider suggère que les coûts réels étaient près de dix fois supérieurs, une fois inclus l’ensemble des coûts liés aux installations et infrastructures. Entre 1960 et 2016, les JO ont connu en moyenne 156 % de dépassements de budgets.

      Les recettes se révèlent généralement très inférieures : moins de 9 milliards pour Rio 2016, dont une grande partie est revenue au Comité international olympique (CIO). Cela signifie que les retombées positives nettes pour les villes hôtes doivent soit découler d’un renforcement de l’activité économique pendant les JO mêmes, ce que ne peuvent étayer des analyses économiques objectives, soit résulter d’un effet indirect. Malheureusement, ces avantages à long terme sont aussi difficiles à vérifier. Les rares études montrent que, par comparaison avec des pays similaires n’ayant pas accueilli l’événement, les bénéfices économiques liés à l’organisation des JO sont inexistants pour un pays hôte.

      Les coûteuses exigences du CIO

      La progression fulgurante des coûts est due à de nombreux facteurs. Tout d’abord, l’ampleur de l’événement s’est accrue au fil du temps. Au cours des cinquante dernières années, le nombre d’équipes, d’événements et d’athlètes a pratiquement doublé. De nombreux sports nécessitent des infrastructures spécialisées qu’il faut construire, et qui n’ont souvent que peu d’utilité après les JO, ce qui débouche sur un héritage d’« éléphants blancs » onéreux, ou à l’abandon de sites laissés en ruine.

      Le #CIO lui-même est responsable d’une partie de la progression des coûts. Après le succès économique de Los Angeles 1984, le nombre de soumissionnaires a considérablement augmenté lors de chaque appel à candidature. Pour l’emporter, il fallait accueillir les JO d’une manière plus impressionnante, plus opulente et plus mémorable que les autres candidats. Mais si les JO de Los Angeles ont connu un tel succès financier, c’est parce qu’après la catastrophe terroriste de Munich, en 1972, et le désastre économique de Montréal, en 1976, seule Los Angeles était, au moment de l’attribution des JO, prête à se porter candidate. La ville pouvait ainsi dicter les conditions de l’événement au CIO plutôt que l’inverse, et a choisi de réutiliser les installations existantes datant des JO de 1932, plutôt que de construire les nouveaux stades rutilants que le CIO aurait préférés.
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      La sécurité est un autre coût important. Les JO ont été touchés par deux attentats (Munich en 1972 et Atlanta en 1996) qui montrent à quel point ils sont une cible privilégiée pour les groupes terroristes. A eux seuls, les coûts de sécurité des JO d’été dépassent en général, désormais, la barre de 1,5 milliard de dollars.
      La corruption, l’absence d’appels d’offres concurrentiels, la poursuite de priorités politiques et le rôle croissant de la télévision ont aussi joué dans la flambée des coûts. Les cérémonies d’ouverture et de clôture de Tokyo 2020 ont coûté 159,7 millions de dollars, contre 40 millions pour Londres 2012 et 20 millions pour Rio 2016.

      Enfin, les villes hôtes profitent souvent de l’approche des JO pour proposer une liste de projets d’infrastructures générales qui, autrement, ne pourraient pas bénéficier d’un vaste soutien. La question de savoir dans quelle mesure ces dépenses doivent être prises en compte dans le coût d’accueil des JO fait débat. D’abord, elles ont plus de chances d’être rentables à long terme que les infrastructures sportives spécialisées.
      Mais même pour ces installations générales, les investissements de fonds publics peuvent s’avérer peu judicieux, comme dans le cas d’infrastructures touristiques calibrées pour les JO, mais bien trop grandes une fois l’événement terminé. En somme, les Jeux sont devenus financièrement inabordables et économiquement intenables.

      Moins de candidatures

      C’est pourquoi de moins en moins de villes se portent candidates. Lors des sélections pour l’accueil des JO d’hiver de 2022, pas moins de cinq villes hôtes potentielles, toutes situées dans des démocraties occidentales, se sont retirées du processus, ne laissant en lice que Pékin, en Chine, et Almaty, au Kazakhstan. De même, Boston, Budapest, Hambourg et Rome ont toutes annulé leur candidature pour les JO d’été de 2024, ne laissant que Paris et Los Angeles dans la course. Confronté à l’éventualité de ne voir aucune ville adéquate se présenter pour 2028, le CIO a pris la décision sans précédent d’attribuer en même temps les Jeux de 2024 à Paris et ceux de 2028 à Los Angeles, sans organiser de nouvel appel d’offres !

      La constance de ces rendements économiques négatifs devrait conduire à réformer la manière dont les JO sont organisés, préparés et accueillis.

      Le CIO a indiqué qu’il évaluerait désormais les candidatures selon la pérennité économique et environnementale du projet présenté. Il a également signalé qu’il courtisera activement les villes qu’il estime capables d’accueillir les JO avec succès, au lieu de laisser candidater celles qui nécessitent une refonte complète pour accueillir un tel événement. Ce processus de sélection modifié a abouti en 2021 au choix de Brisbane pour 2032, onze ans avant l’événement. La ville australienne a été choisie sans appel d’offres formel, mais plutôt via un dialogue ouvert sollicité par le CIO.

      Reste à savoir si ces changements permettront de réduire de façon permanente le fardeau économique qui pèse sur les villes organisatrices.
      Robert Baade est professeur émérite d’économie au Lake Forest College, à Chicago (Illinois) ; Victor Matheson est professeur d’économie au College of the Holy Cross à Worcester (Massachusetts). Réunis par la Revue économique et financière dans un dossier spécial « Finance et sport » (no 154), dont Le Monde publie les synthèses de plusieurs articles, ils dressent un bilan sévère des éditions précédentes des JO.

  • Paris 2024 : les délégations commandent 2 500 climatiseurs mobiles pour le village olympique prévu sans climatisation
    https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/07/02/paris-2024-les-delegations-commandent-2-500-climatiseurs-mobiles-pour-le-vil

    Les délégations ont également la possibilité de venir avec leurs climatiseurs mobiles : « on leur a donné des guides de contraintes techniques, notamment pour la consommation énergétique et la qualité niveau A de leurs équipements, pour avoir du matériel qui soit à jour » (...)

    #JO #Paris #climatisation