Intelligence artificielle. « On est tous capables d’identifier les copies ChatGPT ». Pour cet enseignant-chercheur, « il faut remettre l’IA à sa place »
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Des copies qui commencent par les mêmes phrases
La capacité à certifier une compétence est le défi à relever pour les enseignants face à des lycéens et des étudiants qui, après avoir découvert et utilisé Google et Wikipédia, se ruent aujourd’hui sur ChatGPT.
Le devoir sur table, face au prof, restera une valeur sûre puisque protégée de l’accès à l’outil numérique de l’intelligence artificielle. Mais quid des travaux de groupe ou des devoirs individuels faits loin des amphis ?
« On est tous capables d’identifier les copies ChatGPT », estime Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en sciences de l’information, à l’université de Nantes. « Des copies qui commencent par les mêmes phrases et se terminent par les mêmes conclusions, ou qui évoquent des notions complexes non abordées en cours. »
Des outils gratuits, disponibles et performants
Interdire l’IA est impossible selon lui, comme il était illusoire de vouloir interdire le recours à Wikipédia. « Ce sont (les IA), des outils massivement utilisés parce que gratuits, disponibles et performants, constate cet enseignant-chercheur. Il faut, en revanche, déployer des actions concrètes pour remettre à sa place cet outil ».
Et donc enseigner l’IA comme on enseignerait l’utilisation de n’importe quel outil, en expliquant comment on le sollicite, et en soulignant ses vertus, mais aussi ses limites et ses travers, son coût écologique, son coût social avec des travailleurs pauvres employés pour le nourrir de données. Le fait, par exemple, que les données exploitées par les IA ne soient pas représentatives de ce qui fait notre monde et que les réponses de l’IA peuvent véhiculer, de manière cachée, des problématiques sociales sur la place des hommes et des femmes ou des problématiques raciales.
« Les personnalités qui sont derrière ces bases de données, à la tête de la tech américaine, ne sont par des personnalités qui font de l’antiracisme une priorité, estime Olivier Ertzscheid. Modifier les données d’entraînement (de l’IA), c’est compliqué. »
Quand Wikipédia est apparu, on s’est interrogé sur son interdiction. On s’est rendu compte que c’était inutile.
Olivier Ertzscheid
Enseignant-chercheur dans les sciences de l’information
►https://cfeditions.com/ia-cyberespaceComme son collègue angevin, l’enseignant chercheur pense qu’il est vain de vouloir faire sans l’IA et préfère travailler intelligemment avec l’intelligence artificielle. L’enseignant est certain que dans cinq ans, on ne reprochera plus à un élève d’avoir fait appel à l’IA si c’est pour étayer sa propre réflexion.