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  • « Un Russe mort rapporte davantage à sa famille qu’un Russe vivant » : comment l’« économie de la mort » dope la croissance en Russie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/29/en-russie-l-economie-de-la-mort-dope-la-croissance_6298235_3210.html


    Une photo fournie par l’agence de presse russe Sputnik prise lors de l’enterrement de 20 soldats russes non identifiés, à Louhansk, dans le Donbass, le 6 juillet 2024. EVGENY BIYATOV / SPUTNIK / SIPA

    Sommées de remplir les quotas de recrutement, les régions font feu de tout bois. « Amène un copain au bureau militaire, tu toucheras 100 000 roubles », soit un peu moins de 1 000 euros, dit la nouvelle campagne lancée le 12 juillet par le Tatarstan, situé à l’est de Moscou et grand pourvoyeur de recrues. Attirés par les sommes promises, 385 000 hommes ont signé un contrat entre janvier et décembre 2023, selon le ministère de la défense russe. Pour attirer encore davantage de volontaires, Vladimir Poutine a décidé, en juillet, de doubler la solde mensuelle des contractuels, passée de 195 000 roubles à 400 000 roubles, somme que les régions sont censées abonder. Soit dix fois plus que le salaire moyen.

    A ce pactole s’ajoute une prime forfaitaire de 1,2 million de roubles versée à l’engagement. Non imposables, ces revenus sont assortis de privilèges offerts aux combattants et à leurs familles, entre autres des crédits immobiliers à taux préférentiels, un accès aux plus prestigieuses universités du pays sans examen d’entrée, une retraite confortable, ainsi qu’un statut social. Présentés par le chef du Kremlin comme la « nouvelle élite », les vétérans de l’« opération spéciale » pourront un jour avoir leur photo sur le pupitre d’un écolier.

    Un Russe rapporte plus à sa famille mort que vivant

    Un étrange modèle économique est ainsi apparu, selon lequel un Russe mort rapporte davantage à sa famille qu’un Russe vivant. De fait, si un homme décide de partir à la guerre et meurt entre 30 et 35 ans, c’est-à-dire à l’âge où il est le plus actif et au meilleur de sa forme, sa mort sera plus « rentable » économiquement que son avenir. Signer un contrat avec l’armée lui assure de gagner dix fois le salaire minimum et permet surtout à ses proches, s’il meurt au combat, de toucher une prime de décès, grobovye en russe, d’un montant pouvant aller jusqu’à 11 millions de roubles, selon les régions.

    « C’est inédit car, depuis toujours, les Russes étaient envoyés à l’armée sous la contrainte ou par patriotisme. Vladimir Poutine a créé une réalité complètement nouvelle », explique l’économiste russe Vladislav Inozemtsev, aujourd’hui installé aux Etats-unis, qui parle d’une « économie de la mort » érigée en système. De fait, pour un citoyen russe payé l’équivalent de 200 à 400 euros dans le civil, la tentation de s’engager est grande, malgré le risque.

    https://justpaste.it/aibde

  • En Cisjordanie occupée, Israël accélère la colonisation dans une zone classée par l’Unesco

    Figure de l’extrême droite suprémaciste, Bezalel Smotrich, ministre des finances de l’Etat hébreu, a annoncé vouloir « engager les procédures d’établissement » d’une nouvelle colonie aux portes du village antique de Battir.

    Par Samuel Forey (Battir (Cisjordanie) envoyé spécial)
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/28/en-cisjordanie-occupee-israel-accelere-la-colonisation-dans-une-zone-classee

    Ghassan Olayan, un notable du village de Battir, devant la colline où le gouvernement israélien prévoit de construire la colonie Nahal Haletz. A l’arrière-plan, à gauche, un avant-poste a été érigé en décembre 2023 par des colons. En Cisjordanie occupée, le 21 août 2024. LUCIEN LUNG / RIVA PRESS POUR « LE MONDE »

    Les collines de Battir sont perdues pour la Palestine. Striées de terrasses entretenues par des dizaines de générations de cultivateurs – l’homme peuple ces lieux depuis la haute Antiquité –, elles sont encore couvertes de pins et d’oliviers. Çà et là, le blanc de quelques hangars et caravanes tranche avec le vert aquarelle des arbres : les premiers signes récents de la colonisation israélienne, dans cette Cisjordanie occupée depuis 1967.

    Battir, 5 000 habitants, se trouve en contrebas. Une source jaillissant au cœur du village irrigue des jardins maraîchers, où les habitants font pousser aubergines, poivrons, grenades et concombres. Non loin de Jérusalem, ce bourg a été l’un des vergers de la Ville sainte, et, par la grâce du chemin de fer construit par les Ottomans à la fin du XIXe siècle, il exportait ses produits jusqu’à Jaffa. Depuis quelques années, il est aussi devenu une attraction pour de nombreux Palestiniens, venus oublier ici le quotidien de l’occupation, le temps d’une randonnée ou d’un déjeuner à l’ombre des tonnelles.

    Ce « pays d’olives et de vignes » a été classé au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2014 : « L’architecture en pierre sèche représente un exemple exceptionnel de paysage illustrant le développement d’établissements humains près de sources d’eau, et l’adaptation des terres à l’agriculture. » Un paysage aujourd’hui en danger.

    Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite suprémaciste israélienne, ministre des finances et à la tête de l’administration des colonies en Cisjordanie, a annoncé le 7 août, sur le réseau social X, « engager les procédures d’établissement de la colonie de Nahal Haletz ». Nahal Haletz fait partie d’un projet de construction de cinq nouvelles colonies, décidé fin juin par le gouvernement dirigé par Benyamin Nétanyahou, en représailles à la reconnaissance unilatérale de l’Etat de Palestine par l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie, affirme le ministre dans son communiqué publié en hébreu sur X.

    Alors que la guerre fait rage à Gaza et que l’économie israélienne est de plus en plus dégradée par les agences de notation, Bezalel Smotrich lance de coûteux projets de colonisation, multipliant les faits accomplis alors que l’attention mondiale est concentrée sur la cessation des hostilités dans l’enclave palestinienne.
    Rendre plus impossible l’existence d’un Etat palestinien

    En construisant une localité israélienne à cet endroit, le gouvernement espère mettre en place une continuité territoriale juive depuis Jérusalem jusqu’au Goush Etzion, un bloc colonial massif de quelque 100 000 habitants. Et rendre plus impossible encore l’existence d’un éventuel Etat palestinien. Le territoire de Nahal Haletz couvre près de la moitié de la « zone centrale » du site classé par l’Unesco.

    l’article en entier : https://aurdip.org/en-cisjordanie-occupee-israel-accelere-la-colonisation-dans-une-zone-classee
    #colonialisme_de_peuplement

  • A Gaza, l’insoutenable famine infantile
    Par Ghazal Golshiri | Publié le 27 août 2024.
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/27/a-gaza-l-insoutenable-famine-infantile_6296133_3210.html

    Hatim Alhaddad, nouveau-né de 1 jour, mort le 14 juin à cause de problèmes respiratoires combinés à la malnutrition. Abdulaziz Abdulrahman Salem, 15 jours, mort le 2 mars des suites d’un œdème de famine, qui se caractérise par un gonflement du visage. Mira Muhammad Bakr Al Shawa, 15 jours, décédée le 3 mars, en raison, elle aussi, de difficultés respiratoires aggravées par la malnutrition. Youssef Sami Al-Tiramisi, 25 jours, mort le 6 février, à cause de la malnutrition. La liste, déchirante, est loin d’être close.
    Lire aussi | Le point sur la situation au Proche-Orient : les opérations humanitaires de l’ONU dans la bande de Gaza sont à l’arrêt

    Depuis le début de la guerre lancée par Israël contre Gaza, le 7 octobre 2023, dans les heures qui ont suivi l’attaque sanglante du Hamas sur le territoire de l’Etat hébreu, le département pédiatrique de l’hôpital Kamal-Adwan, situé dans le nord de l’enclave palestinienne, a enregistré la mort de trente-sept enfants par malnutrition et déshydratation. Au moment de leur décès, le poids de tous les nouveau-nés mentionnés plus haut était inférieur à la moyenne. Abdulaziz Abdulrahman Salem pesait 1,3 kg.

    Médecin dans ce même établissement, Hussam Abu Safiya reçoit tous les jours une trentaine d’enfants « montrant des symptômes de malnutrition et d’une sévère déshydratation, explique ce praticien gazaoui, joint par WhatsApp. En mai, j’ai examiné une fillette de 7 ans. Sa mère m’a dit que son enfant n’avait rien mangé ou bu depuis cinq jours. Je n’ai pas pu la sauver : elle est morte au bout de trois jours d’hospitalisation. »
    Plus que la peau sur les os

    A l’hôpital Nasser, situé plus au sud dans la bande de Gaza, à Khan Younès, trois enfants ont perdu la vie depuis le mois de mai, en raison de la malnutrition. « Un garçon de 6 ans et deux filles, l’une âgée de 1 an et l’autre de 6 mois, précise le médecin Ahmed Al-Farra depuis Gaza. Celle de 6 mois s’appelait Toline. Elle a été hospitalisée plusieurs fois, mais la dernière fois, le 23 août, on n’a pas pu la sauver. » Sur les photos d’elle, vivante, qu’Ahmed Al-Farra a envoyées au Monde, la petite, en pleurs, n’avait plus que la peau sur les os. (...)

    • Dans la bande de Gaza, sans carburant, les hôpitaux forcés à l’arrêt
      par AFP - publié le 24 août 2024 à 12h39 – Libération
      https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/dans-la-bande-de-gaza-sans-carburant-les-hopitaux-forces-a-larret-2024082
      https://www.liberation.fr/resizer/WMp3TLE9JJhAk1u_FKWgEPBG9E0=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(3125x1725:3135x1735)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/EQWP4JKFHZCD5HAPX2GC6TEE44.jpg

      Avec les pénuries de carburant dans l’enclave palestinienne assiégée, les rares hôpitaux encore fonctionnels doivent fermer des services et repousser des opérations. Les ambulances sont également touchées.

      Informer depuis Gaza est extrêmement compliqué. Aucun journaliste ne peut y entrer, à l’exception de brèves incursions au sein d’unités de l’armée israélienne. Seuls ceux qui étaient sur place avant le 7 octobre continuent d’informer sur la situation. Parmi eux, des reporters de l’Agence France-Presse, dont nous publions ce jour le reportage.

      Dans la pénombre des couloirs de l’hôpital Kamal-Adwan dans le nord de la bande de Gaza, le téléphone portable est désormais aussi essentiel que le stéthoscope pour les médecins qui peinent à travailler avec des générateurs à sec. C’est à la lumière des lampes de leurs téléphones, qu’infirmiers et médecins se déplacent, auscultent les patients ou rédigent leurs rapports.

      Ayman Zaqout, qui vient d’être admis pour des coliques néphrétiques, attend dans une pièce obscure. Entre ordres d’évacuation, frappes de l’armée israélienne et combats, il a souffert longtemps avant de rejoindre l’hôpital Kamal-Adwan de la ville de Beit Lahia. Grimaçant de douleur, il raconte avoir été surpris à son arrivée à l’établissement. « Il n’y avait pas d’électricité et je ne sais pas comment ils vont pouvoir me traiter dans ces circonstances », s’interroge-t-il.

      Avec les pénuries de carburant dans le petit territoire assiégé depuis plus de dix mois, plusieurs des rares hôpitaux encore fonctionnels ont dû fermer des services.
      Prématurés « menacés de mort »

      Peu après l’arrivée d’Ayman Zaqout, l’hôpital « a cessé d’accueillir des patients », explique à l’AFPTV l’un de ses médecins, Mahmoud Abou Amcha, « parce que les organisations internationales ne l’approvisionnent plus avec le carburant nécessaire aux générateurs ». Quant à l’unité de distribution des bouteilles d’oxygène, elle « est totalement arrêtée », poursuit-il. (...)

  • La privatisation des terres par les technomaniaques libertariens

    Sur un site "accélérationniste" voici vantée la privatisation de la cité : "Dans un monde où les États-nations, avec leurs frontières rigides et leurs institutions vieillissantes, semblent de plus en plus inadéquats pour répondre aux défis modernes, une question fondamentale se pose : comment peut-on créer un nouvel État quand toutes les terres sont déjà "prises" ? Balaji Srinivasan, figure centrale de la scène technologique, relève ce défi. Contre toute attente, il a trouvé un moyen de contourner cette impasse en réinventant les règles du jeu."
    L’article dont est tiré cette citation a été publié le 27 août (lien paste it ad8tx) et quelques jours plus tôt Le Monde publiait une enquête sur le cas du Honduras :
    "Les participants écoutent, allongés sur des poufs moelleux. Juste à côté, au-dessus de l’immense piscine du Beach Club de Pristine Bay, de jeunes start-upeurs surfent sur Internet grâce aux paraboles Starlink d’Elon Musk, d’autres prennent des cours de yoga ou s’initient aux cryptomonnaies. Dans le laboratoire au sous-sol, on peut se faire implanter des aimants au bout des doigts. Ou, un peu plus loin, se faire injecter de la follistatine pour participer à un essai de thérapie génique sur la longévité.

    Un essai qui n’a été validé par les autorités sanitaires d’aucun pays, mais qu’importe. Ici, sur l’île de Roatan, au Honduras, tout est possible. Prospera est une zone d’emploi et de développement économique (ZEDE), sorte d’Etat dans l’Etat, avec ses propres lois, son système judiciaire, sa police, où tout – éducation, santé, services publics – est privé.Une future ville enclave imaginée par des libertariens convaincus que seule la perspective d’un gain économique garantit une bonne gestion.

    Cette utopie, ou dystopie, selon le point de vue, s’inspire des « villes privées » conceptualisées notamment par l’économiste allemand Titus Gebel, qui explique : « Pour un tarif[annuel] fixe, la société privée qui administre la ville garantit à ses habitants la protection de la vie, de la liberté et de la propriété. » Trois « droits » qui sont le mantra des libertariens comme le président argentin, Javier Milei. Aux résidents de payer les assurances dont ils ont besoin contre la maladie ou le handicap.

    Depuis 2017, Prospera a acquis 2 kilomètres carrés (soit 3 %) de l’île caribéenne de Roatan. Quatre ans plus tôt, une loi hondurienne avait instauré une nouvelle division territoriale, moyennant une modification de la Constitution : les ZEDE. Le but : créer « des centaines de milliers d’emplois » en attirant des investisseurs étrangers dans un pays où 64 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. « Le code du commerce, le code civil, la loi de protection de l’environnement, rien n’est applicable dans les ZEDE », explique Jorge Colindres, secrétaire technique de Prospera, l’équivalent d’un maire. Le code pénal hondurien reste en vigueur « tant que les ZEDE n’approuveront pas leurs propres lois »

    – Lien vers la version intégrale de l’article du Monde : https://justpaste.it/dtn1d)

    – Lien vers le site technosophie : https://justpaste.it/ad8tx

    – article du Monde (accès restreint aux abonnés) https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/16/prospera-l-enclave-libertarienne-au-honduras_6282809_3210.html

    #technosophie ; #libertarien ; #propriété ; #prospera

  • En Allemagne, Olaf Scholz promet d’accélérer les expulsions
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/26/en-allemagne-olaf-scholz-promet-d-accelerer-les-expulsions_6295832_3210.html

    En Allemagne, Olaf Scholz promet d’accélérer les expulsions
    Par Elsa Conesa (Berlin, correspondante)
    Trois jours après l’attaque au couteau survenue dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 août, qui a coûté la vie à trois personnes lors d’un festival à Solingen, dans l’ouest de l’Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a promis un tour de vis en matière d’immigration et un durcissement de la réglementation sur le port d’armes. A moins d’une semaine d’élections régionales très attendues dans l’est du pays, qui s’annoncent marquées par une forte progression de l’extrême droite, il s’est rendu, lundi 26 août, en compagnie d’élus locaux, dans la ville où s’est déroulé le drame, située entre Düsseldorf et Cologne.
    « Il s’agit de terrorisme, de terrorisme contre nous tous », a déclaré M. Scholz à la presse, en évoquant une attaque contre le mode de vie occidental. « Je suis en colère », a-t-il ajouté, tout en gardant, comme à l’accoutumée, un visage impassible. Lors d’un festival célébrant le 650e anniversaire de la ville de Solingen, vendredi soir, trois personnes ont été tuées et huit autres ont été blessées. Le suspect, identifié comme Issa Al-H., est un réfugié syrien arrivé en Allemagne fin 2022, qui faisait l’objet d’une mesure d’expulsion. Soupçonné de liens avec l’organisation Etat islamique, il s’est rendu à la police samedi et a été arrêté.
    « Nous devrons tout faire pour que ceux qui ne peuvent, et ne doivent pas rester en Allemagne, soient expulsés », a promis le chancelier, affirmant que les reconduites à la frontière avaient augmenté de 30 % en 2024, et de deux tiers depuis 2021. « Nous serons très attentifs à la façon dont nous pouvons faire croître davantage ces chiffres », a-t-il poursuivi, expliquant que les contrôles à la frontière orientale de l’Allemagne avaient, en parallèle, permis de réduire le nombre de migrants illégaux. Selon les données de la police fédérales citées par l’Agence France-Presse, le pays a procédé à l’expulsion de 21 206 personnes en 2023, alors qu’il en avait prévu près de 53 000.
    L’attaque remet au premier plan les questions sécuritaires, à quelques jours d’élections régionales qui s’annoncent très défavorables pour les partis de la coalition au pouvoir − en Thuringe et en Saxe le 1er septembre, puis dans le Brandebourg, le 22 septembre. Surtout, elle intervient moins de trois mois après la mort d’un policier poignardé par un réfugié afghan à Mannheim (sud-ouest), fin mai, qui avait suscité une vive émotion, juste avant les élections européennes. Olaf Scholz avait déjà promis des mesures d’expulsion contre les « criminels », y compris originaires de Syrie et d’Afghanistan.
    Toutefois, l’Allemagne ne procède pas aujourd’hui à des expulsions vers ces pays, considérant que les conditions de sécurité sur place ne les permettent pas. Berlin avait indiqué, avant l’été, avoir lancé des discussions afin de les rendre possibles. L’attentat de vendredi vient alimenter les critiques des oppositions, qui reprochent au gouvernement son immobilisme, alors que l’immigration est un enjeu central des élections régionales de septembre.
    « Des annonces seules ne suffiront pas », a averti Hendrik Wüst, le premier ministre (CDU, droite) de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où est située Solingen, qui accompagnait Olaf Scholz, lundi. « Cela fait trois mois que nous débattons des conséquences de Mannheim, ça suffit. Il faut maintenant travailler ensemble », a renchéri le président de la CDU, Friedrich Merz, dimanche soir, appelant à l’arrêt pur et simple de la politique d’accueil de réfugiés afghans et syriens, ainsi qu’à un contrôle plus strict des entrées aux frontières de l’Allemagne, plutôt qu’à des mesures sur la longueur des couteaux. Depuis plusieurs semaines, la ministre fédérale de l’intérieur, Nancy Faeser, a, en effet, mis en chantier un projet de loi visant à restreindre les armes à feu et à interdire le port de couteaux dont la lame dépasse six centimètres de long, contre douze centimètres actuellement.
    Plusieurs responsables du Parti social-démocrate (SPD, gauche), la formation du chancelier, ont rappelé que la Loi fondamentale et le droit européen rendaient impossible tout refus d’accueillir des demandeurs d’asile en provenance de Syrie ou d’Afghanistan.
    Friedrich Merz doit rencontrer Olaf Scholz mardi, selon la presse allemande, et devrait évoquer avec lui les conséquences de l’attaque de Solingen. Sans surprise, l’extrême droite a demandé, elle aussi, « un moratoire » permettant l’« arrêt de l’immigration, de l’accueil et de la naturalisation pendant au moins cinq ans », selon les déclarations sur X d’Alice Weidel, qui codirige le parti Alternative pour l’Allemagne, tandis que la députée Sahra Wagenknecht, à la tête du nouveau parti populiste de gauche qui porte son nom et qui se distingue par ses positions anti-immigration, a estimé, sur le même réseau social, que « quiconque [permettait] une immigration incontrôlée [récoltait] une violence incontrôlée ».
    Les critiques ont aussi émané de l’intérieur de la coalition. Le parti libéral FDP a appelé à un changement en profondeur de la politique migratoire, ironisant sur la pertinence de mesures encadrant le port de couteaux.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#immigration#afghanistan#syrie#asile#expulsion#politiquemigratoire#integration#sante

  • Au large du Yémen, le naufrage d’un navire transportant des migrants fait 13 morts et 14 disparus
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/25/au-large-du-yemen-le-naufrage-d-un-navire-transportant-des-migrants-fait-13-

    Au large du Yémen, le naufrage d’un navire transportant des migrants fait 13 morts et 14 disparus
    Le Monde avec AFP
    Il s’agit de la dernière catastrophe en date sur la périlleuse route migratoire en provenance d’Afrique. Un bateau à bord duquel se trouvaient des migrants a coulé au large du Yémen en début de semaine, faisant treize morts et quatorze disparus, a annoncé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence des Nations unies, dimanche 25 août.
    « Treize personnes ont tragiquement perdu la vie et quatorze autres sont portées disparues après le chavirement d’un bateau au large des côtes du gouvernorat de Taëz, au Yémen, mardi », a-t-elle fait savoir, précisant que le bateau, parti de Djibouti, transportait vingt-cinq migrants éthiopiens et deux ressortissants yéménites.
    Onze hommes et deux femmes sont morts, alors que les opérations de recherche se poursuivent pour retrouver les disparus, dont le capitaine yéménite et son assistant, a par ailleurs fait savoir l’OIM, notant que la cause du naufrage n’était toujours pas établie.
    « Cette nouvelle tragédie nous rappelle brutalement les dangers auxquels sont confrontés les migrants sur cette route », a déclaré Matt Huber, chef de mission par intérim de l’OIM au Yémen. Chaque année, des dizaines de milliers de migrants de la Corne de l’Afrique traversent la mer Rouge pour tenter d’atteindre les riches Etats pétroliers du Golfe, fuyant les conflits, les catastrophes naturelles ou les mauvaises perspectives économiques.L’OIM a enregistré plus de 97 200 arrivées de migrants au Yémen en 2023, dépassant ainsi les chiffres de l’année précédente. D’autres naufrages étaient survenus au large du Yémen en juin et en juillet. Les migrants qui parviennent à gagner le Yémen sont souvent confrontés à d’autres menaces pour leur sécurité dans ce pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, en proie à une guerre civile depuis près de dix ans. La plupart tentent de rejoindre l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes du Golfe où ils pourront travailler comme ouvriers ou employés de maison.

    #Covid-19#migrant#migration#yemen#merrouge#routemigratoire#arabiesaoudite#djibouti#ethiopie#migrationirreguliere#sante#mortalite

  • Un juge texan suspend une mesure de Joe Biden, qui devait simplifier l’accès à la citoyenneté pour un demi-million d’immigrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/27/un-juge-texan-suspend-une-mesure-de-joe-biden-qui-devait-simplifier-l-acces-

    Un juge texan suspend une mesure de Joe Biden, qui devait simplifier l’accès à la citoyenneté pour un demi-million d’immigrants
    Le Monde avec AFP
    Un juge du Texas a ordonné lundi 26 août la suspension pour quatorze jours d’une mesure annoncée en juin par Joe Biden. Cet arrêt provisoire porte un coup à l’une des plus importantes mesures de réforme en matière d’immigration du président américain.
    Le juge Campbell Barker a suspendu cette mesure dans le cadre d’une procédure engagée par les procureurs généraux républicains de seize Etats, qui contestent cette politique de l’administration Biden destinée à simplifier l’accès à la citoyenneté pour environ un demi-million d’immigrants mariés à des ressortissants américains.
    Les seize Etats qui ont intenté ce recours en justice estiment que cette politique coûte des millions de dollars aux services publics - notamment en matière de santé, d’éducation et de maintien de l’ordre - auxquels les immigrés font appel. « Les demandes sont substantielles et méritent un examen plus approfondi que ce que le tribunal a pu se permettre jusqu’à présent », a écrit le juge Barker dans son ordonnance.
    Alors que le sujet de l’immigration divise de nombreux Américains à l’approche de l’élection présidentielle de novembre, le parti démocrate s’efforce d’avoir une politique plus sévère en matière d’immigration clandestine tout en introduisant des réformes pour une meilleure protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales.De son côté, le candidat républicain, Donald Trump, prétend que les Etats-Unis sont assaillis par une « invasion » de migrants.
    Ces nouvelles mesures visaient à simplifier la procédure pour les personnes remplissant déjà les conditions requises pour obtenir la résidence permanente. Elles concernent les personnes présentes dans le pays depuis au moins dix ans et mariées à un citoyen américain avant le 17 juin 2024, ainsi que quelque 50 000 beaux-enfants de citoyens américains.
    Les personnes dont la demande avait été approuvée se voyaient accorder un permis de travail et le droit de rester aux Etats-Unis pendant une période pouvant aller jusqu’à trois ans, le temps de demander une carte verte. L’arrêt de lundi suspend ces mesures, mais n’empêche pas le gouvernement de continuer à accepter les demandes. Les services américains de citoyenneté et d’immigration (USCIS) ont précisé qu’ils continueraient à recevoir des demandes, mais qu’ils n’en accorderaient aucune tant que la suspension n’aura pas été levée. Le tribunal a annoncé un calendrier d’audience accéléré dans cette affaire, mais M. Barker a fait savoir que la suspension de deux semaines serait probablement prolongée.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#citoyennete#greencard#immigration#sante

  • L’expulsion d’un enfant de 11 ans d’origine arménienne, symbole de la nouvelle politique migratoire des Pays-Bas
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/23/l-expulsion-d-un-enfant-armenien-devient-le-symbole-de-la-nouvelle-politique

    L’expulsion d’un enfant de 11 ans d’origine arménienne, symbole de la nouvelle politique migratoire des Pays-Bas
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
    Il est né aux Pays-Bas et n’est jamais allé en Arménie : c’est pourtant vers ce pays que Mikael Matosyan, 11 ans, devrait être expulsé, avec sa mère, avant la fin août. Le jeune garçon, qui habite Amsterdam et y est scolarisé, est devenu le symbole de la politique de rigueur que veut appliquer Marjolein Faber, la nouvelle ministre de l’asile et de la migration. Membre du Parti pour la liberté (PVV), la formation de Geert Wilders, Mme Faber doit imprimer la marque du parti d’extrême droite sur la coalition dirigée par l’ancien haut fonctionnaire Dick Schoof. Celui-ci a pris la tête, au début du mois de juillet, d’une coalition qui associe le PVV, le parti libéral, les centristes du Nouveau contrat social et le parti agrarien Mouvement agriculteur-citoyen.
    Sept partis d’opposition se sont mobilisés, en vain jusqu’ici, pour demander à Mme Faber d’autoriser le jeune Mikael à demeurer aux Pays-Bas, où sa mère lui a donné naissance. Au bout d’une très longue bataille juridique, celle-ci n’a pas obtenu le droit d’asile dans le royaume, le Conseil d’Etat le lui ayant définitivement refusé le 31 juillet. La mère et l’enfant doivent donc être expulsés. La ministre, confrontée à une mobilisation d’une partie de l’opinion, est sous pression mais estime qu’elle n’est pas compétente pour intervenir, seul le directeur du ministère de l’immigration étant, selon elle, concerné. Plusieurs juristes contestent ce point de vue et renvoient à des épisodes antérieurs qui ont vu des enfants et adolescents nés dans le pays recevoir un titre de séjour après une intervention ministérielle, leur situation étant officiellement jugée « poignante ».
    Mikael a vécu depuis cinq ans avec sa mère dans un centre pour demandeurs d’asile, où il attendait une issue favorable à une demande de séjour introduite après que les autorités ont renoncé à une mesure généralisée, dite de « pardon », pour les enfants nés dans le pays ou qui y séjournaient depuis longtemps et étaient bien intégrés. Les juges ont estimé que Gohar Matosyan, la mère du garçon, s’était en fait soustraite durant trop longtemps au contrôle des autorités. Ils ont toutefois souligné que son fils risquait d’être plongé « dans le stress et l’incertitude » en se retrouvant dans un pays qu’il ne connaît pas du tout.
    Diverses associations, dont Defence for Children et Big Friends, défendent ce point de vue, comme la maire écologiste d’Amsterdam, Femke Halsema, qui juge que la décision du Conseil d’Etat est « cruelle ». « Elle est très sévère mais conforme à la volonté politique de limiter la migration », souligne quant à elle Karen Geertsema, professeure de droit de la migration à l’université de Nimègue. Et Mme Faber, une fidèle de longue date de M. Wilders, entend bien durcir encore les règles, conformément au souhait du leader d’extrême droite, qui a remporté les élections de novembre 2023 en promettant « la politique migratoire la plus stricte » jamais mise en place dans le pays. Le dossier du jeune Mikael est le premier que la ministre doit gérer et sa réputation est en jeu. « Enfin une ministre aux reins solides ! », l’encourageait le chef de son parti sur le réseau X, il y a deux semaines.
    Soutenant, mercredi 21 août, que les Pays-Bas connaissaient « une crise de l’asile », ce qui indique que les centres d’accueil seraient débordés, Mme Faber a rapidement corrigé son propos en indiquant que c’était seulement son « opinion personnelle ». Elle a toutefois indiqué qu’elle prendrait prochainement des mesures légales visant à renforcer les contrôles frontaliers, limiter les demandes d’asile, interdire le regroupement familial et accélérer les expulsions.
    Après s’être émus de la nomination de Mme Faber, une élue qui défendait la thèse du « grand remplacement » et soupçonnait le gouvernement du libéral Mark Rutte d’abriter une « cinquième colonne », celle de l’islamisme, les partenaires de M. Wilders ont visiblement à cœur d’éviter toute nouvelle polémique. Pieter Omtzigt, le dirigeant du Nouveau contrat social, a ainsi estimé, lundi 19 août, que la décision du Conseil d’Etat à propos de Mikael Matosyan ne pouvait pas être remise en cause. M. Schoof s’emploie quant à lui à assurer la cohésion, a priori très faible, de son équipe et à corriger l’image de certains de ses membres. Dont Mme Faber, « une femme charmante », selon certains de ses collègues.

    #Covid-19#migrant#migration#paysbas#mineur#asile#armenie#expulsion#politiquemigratoire#sante

  • L’article ci-dessous étant sous #paywall, je ne sais si la remarque de Johann Soufi, qui objective la #complicité de l’#ONU, a été soulignée
    https://seenthis.net/messages/1065751

    Johann Soufi sur X : « 11. 1️⃣. 𝐋𝐀 𝐏𝐑𝐎𝐂𝐄𝐃𝐔𝐑𝐄. La démarche britannique (qui s’est depuis rétractée) constitue un abus de procédure. Rien dans le Statut ne permet à un État qui n’est pas directement concerné par les poursuites de contester la compétence de la CourPenaleInt. »

    La Cour pénale internationale sous pressions incessantes dans le dossier Gaza-Israël
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/22/la-cour-penale-internationale-sous-pressions-incessantes-dans-le-dossier-gaz

    Début juillet, lors d’un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, Benyamin Nétanyahou a demandé à Paris de devenir à son tour un « ami de la cour ». La France s’est abstenue, non pas qu’elle soit en désaccord, mais parce que « cela aurait pu conduire certains Etats à reconnaître la Palestine pour contourner l’obstacle d’Oslo, et c’était donc risqué », dit au Monde une source diplomatique. Le ralentissement de la procédure, en tout cas, était bienvenu aux yeux de Paris. Début juin, Emmanuel Macron avait assuré que les mandats ne seraient pas délivrés avant longtemps.

  • « A #Gaza, la crise de la gestion des déchets solides est une crise sanitaire qui aura des effets nocifs durables sur la population »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/22/a-gaza-l-effondrement-du-systeme-de-traitement-des-dechets-cause-une-crise-s

    Quel était le but de votre visite à Gaza ?
    Je voulais m’assurer que nous répondons, en tant que PNUD, aux besoins les plus pressants, et avoir une bonne compréhension de la réalité afin d’établir notre stratégie pour la suite. Le système de traitement des déchets solides s’est effondré : les déchets s’empilent, et Gaza fait face à une crise sanitaire. La situation est désastreuse. Je me suis rendue à Khan Younès, dans le Sud, et à Deir Al-Balah, dans le centre – l’accès au Nord nécessite une autorisation différente [des autorités israéliennes]. Maintes fois déplacée, l’équipe du PNUD se trouve actuellement à Deir Al-Balah. Nos opérations se concentrent dans le Sud. Nous n’avons pas accès au Nord. A Gaza, nous avons toujours participé à la réponse d’urgence lors des guerres.

    Qu’est-ce qui vous a le plus frappée ?
    Les énormes tas de déchets qui s’empilent à proximité de là où se trouve la population [la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre]. Près de cent quarante décharges ont surgi depuis le début de la guerre. Il y a l’odeur, les rats, l’état de décomposition de poubelles entassées depuis des mois, près de tentes. A Deir Al-Balah, j’ai vu des déchets médicaux – seringues, gants… – mêlés aux ordures ménagères. Les habitants sont privés d’hygiène, ils n’ont pas même d’eau pour se laver, et vivent dans des lieux très denses.

    L’hépatite A [due à l’eau contaminée] est présente ; de nombreux enfants souffrent de maladies cutanées et, parce qu’ils vivent les uns à côté des autres, la transmission est rapide ; la polio a fait son apparition. Une campagne de vaccination doit débuter [d’ici à la fin août, afin de vacciner au moins 600 000 enfants, selon l’Unicef. L’ONU réclame des pauses humanitaires pour ces opérations]. S’ils ne reçoivent pas les deux gouttes de vaccin, des enfants vont être paralysés. La crise de la gestion des déchets solides à Gaza est une crise sanitaire qui aura des effets nocifs durables sur la population.

    Quels étaient les défis avant la guerre ?
    Gaza était déjà sous blocus : il y avait des restrictions d’accès. Et, en raison de la densité du territoire, l’espace pour traiter les déchets était réduit. Mais depuis le début du conflit [lancé par Israël à la suite des attaques terroristes du Hamas dans le pays, le 7 octobre 2023], les difficultés se sont exacerbées : les bombardements sont continus et les activités du quotidien, comme la collecte de déchets, sont entravées. Les capacités de nos partenaires municipaux ou privés ont été décimées : des employés ont été tués, le nombre de véhicules disponibles a été drastiquement réduit [en raison des destructions]. Les deux principales décharges sont inaccessibles [elles se situent dans une zone tampon établie par l’armée israélienne]. Sans l’approbation et la coordination des autorités israéliennes, nous ne pouvons pas nous approcher de ces sites.

    Notre objectif actuellement est d’éloigner autant que possible les déchets des lieux où les gens vivent ou interagissent, pour les conduire vers d’autres décharges temporaires. Mais ce n’est qu’une solution de court terme. Depuis janvier, nous avons collecté, dans le Sud, 90 000 tonnes de déchets [transportés vers des décharges], soit environ 60 % de la quantité produite.

    Quelle est la plus grande menace aujourd’hui pour la population : la prolifération des décharges ou le non-traitement des déchets médicaux ?
    Les deux. Le voisinage avec les déchets solides est dangereux. Mais les déchets médicaux sont encore plus toxiques. Avant la guerre, un système était en place dans les hôpitaux pour trier les déchets, les transporter avec des véhicules spécifiques et les traiter sur un site spécial. Nous avions installé des autoclaves [pour la stérilisation], ainsi que deux micro-ondes médicaux – dont Gaza n’avait jamais été équipé auparavant. L’un se trouvait dans le Nord, l’autre dans le Sud. Cela fonctionnait bien. Avec la guerre, ce système a été détruit. Nous étudions des mesures d’urgence [pour le traitement des déchets médicaux]. Ils ne peuvent pas être mélangés aux autres déchets. Des enfants et des gens désespérés font les poubelles. Que des enfants jouent avec des seringues est extrêmement dangereux.

    Dans l’immédiat, nous avons besoin d’avoir accès aux principales décharges, à davantage d’équipement et de carburant, et à des ressources financières pour pouvoir accroître notre réponse. Nous estimons que 62 millions de dollars (56 millions d’euros) sont nécessaires pour une période de dix-huit mois, afin de faire face à la crise actuelle. Mais cela ne permettra pas de restaurer ou renforcer le système de traitement des déchets solides, vital pour Gaza.

    #Israël #génocide #déchets

  • Le nombre de migrants clandestins arrivés dans les Canaries a fortement augmenté en 2024 par rapport à l’année dernière
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/19/le-nombre-de-migrants-clandestins-arrives-dans-les-canaries-a-fortement-augm

    Le nombre de migrants clandestins arrivés dans les Canaries a fortement augmenté en 2024 par rapport à l’année dernière
    Le Monde avec AFP
    En passant de près de 10 000 à plus de 22 000, le nombre de migrants clandestins arrivés dans l’archipel des Canaries entre le 1er janvier et le 15 août a plus que doublé par rapport à la même période l’an dernier, selon des chiffres publiés, lundi 19 août, par le ministère de l’intérieur espagnol.
    Cette question de l’immigration clandestine vers l’Europe et des moyens de la réduire dominera la visite du premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, dans trois pays d’Afrique de l’Ouest – Mauritanie, Gambie et Sénégal – la semaine prochaine.
    La visite de M. Sanchez en Mauritanie sera sa deuxième en six mois. Il s’était rendu dans le pays en février avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui avait alors annoncé une aide de 210 millions d’euros dans le cadre d’une coopération accrue avec Nouakchott.
    L’Espagne est l’une des principales portes d’entrée en Europe pour des milliers de migrants africains, la majorité d’entre eux choisissant la route maritime vers les îles Canaries, situées au large des côtes nord-ouest de l’Afrique.
    L’organisation non gouvernementale (ONG) espagnole Caminando Fronteras, qui vient en aide aux migrants, estime que plus de 5 000 d’entre eux ont péri en mer au cours des cinq premiers mois de l’année, soit une moyenne de 33 décès par jour, alors qu’ils tentaient de se rendre aux Canaries. Ce chiffre s’explique par l’extrême dangerosité de cette route maritime, en raison des courants très forts, alors que les migrants voyagent dans des embarcations de fortune en mauvais état et surchargées.
    Pour l’ensemble de l’Espagne, les chiffres du ministère de l’intérieur font état d’une hausse de 66,2 % du nombre total de migrants arrivés dans le pays par voie maritime ou terrestre entre le 1er janvier et le 15 août (de 18 745 à 31 155). Mais cette hausse s’explique presque uniquement par la situation des Canaries, puisque le nombre des arrivées dans la péninsule et aux Baléares a, pour sa part, diminué de 11 %.
    Les chiffres montrent aussi une hausse très importante du nombre de migrants arrivés à Ceuta – l’une des deux petites enclaves espagnoles situées sur le continent africain – par la voie terrestre, c’est-à-dire en franchissant la frontière avec le Maroc : leur nombre a presque triplé entre le 1er janvier et le 15 août par rapport à l’an dernier (de 587 à 1 605). Ceuta et l’autre enclave espagnole située en territoire marocain, Melilla, constituent les seules frontières terrestres de l’UE avec le continent africain et sont, à ce titre, soumises à une forte pression migratoire.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#mauritanie#gambie#senegal#routemigratoire#sante#maroc#migrationirreguliere

  • Mike Lynch, magnat controversé britannique de la tech, disparaît dans un naufrage en Italie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/19/le-magnat-controverse-britannique-de-la-tech-mike-lynch-disparait-dans-un-na

    La vie de Mike Lynch avait basculé le 11 août 2011, quand Hewlett-Packard (HP) avait acheté pour 11,7 milliards de dollars (10,6 milliards d’euros) Autonomy, l’entreprise qu’il avait fondée quinze ans plus tôt, en 1996. Le grand groupe américain, ringardisé par la concurrence avec ses imprimantes qui fonctionnaient mal et ses ordinateurs vieillots, espérait alors se refaire une santé en pariant sur cette société qui fournissait des logiciels de gestion de bases de données énormes, ancêtres de l’intelligence artificielle.

    M. Lynch, qui avait grandi dans une famille modeste, dans l’est de Londres, avant de faire de brillantes études d’ingénieur à Cambridge, devenait alors l’une des premières fortunes du pays, empochant un demi-milliard de dollars pour ses 8 % de participation dans son entreprise.

    L’une des plus importantes sagas comptables de la dernière décennie avait très rapidement suivi. HP allait mal et seulement quelques semaines après l’acquisition d’Autonomy, son patron, Léo Apotheker, avait été remercié, accusé de payer trop cher l’entreprise de M. Lynch.

    Chiffre d’affaires « gonflé »

    Un an plus tard, sous la houlette de sa successeure, Meg Whitman, HP est allé bien plus loin, affirmant que les comptes d’Autonomy avaient été largement trafiqués. Parmi les tactiques utilisées, Autonomy gonflait son chiffre d’affaires en commandant des « services » à des entreprises qui achetaient ensuite son logiciel : une façon déguisée, d’après l’accusation, de financer discrètement ses clients.

    La bataille a duré douze ans. Sushovan Hussain, le directeur financier d’Autonomy, a été condamné en Californie à cinq ans de prison pour son rôle dans la fraude. En 2023, M. Lynch a perdu sa bataille contre son extradition aux Etats-Unis et a passé plus d’un an en résidence surveillée, jusqu’à son procès. Mais en juin, à la surprise générale, le jury l’a déclaré non coupable. Il reste cependant des poursuites civiles, qui ne sont pas éteintes. M. Bloomer, ami de M. Lynch, et donc lui aussi décédé durant le naufrage, avait été témoin de la défense dans le procès HP.

    A la fin de juillet, The Times publiait la première interview de M. Lynch depuis sa victoire. Le quotidien britannique décrivait un homme qui avait du mal à croire à sa chance d’être libre et riche, lui qui risquait deux mois plus tôt de finir sa vie dans une cellule californienne. L’homme, âgé de 59 ans, était cependant malade, les poumons affaiblis. Il concluait, presque incrédule : « C’est bizarre, mais j’ai maintenant une seconde vie. La question maintenant est de savoir quoi en faire. » Il n’aura pas eu le temps d’y répondre.

    • Bayesian, SuperYacht Times | Yachting News | Yachts & Superyachts
      https://www.superyachttimes.com/yachts/bayesian

      Bayesian Yacht
      55,9 m, 473 GT, Perini Navi, 2008

      Quel nom !

      EDIT :

      Bayesian (yacht) - Wikipedia
      https://en.wikipedia.org/wiki/Bayesian_(yacht)

      Name
      Originally named Salute, its second and final name, Bayesian, is a reference to “Bayesian Inference”, one of the two main approaches to statistical machine learning and the one that was used by Lynch’s company. This is related to Bayesian probability, derived from the eighteenth century British statistician, Thomas Bayes, and pioneered and popularised by nineteenth century French scholar, Pierre-Simon Laplace.

    • Mike Lynch co-defendant Stephen Chamberlain dies after car crash in Cambridgeshire
      https://www.bbc.com/news/articles/c74jzd22dkno


      Stephen Chamberlain was previously acquitted with Mike Lynch following a US fraud trial

      The co-defendant of British tech tycoon Mike Lynch - who is currently missing in Italy - has died after being hit by a car.
      Stephen Chamberlain, 52, was Mr Lynch’s co-defendant in his US fraud trial in which both men were acquitted following the $11bn (£8.64bn) sale of the software giant Autonomy.

      Mr Chamberlain died after being struck by the vehicle while out running in Cambridgeshire on Saturday and his family has now paid tribute to him.
      Mr Lynch and his daughter are currently missing after a luxury yacht sank off the coast of Sicily on Monday.
      […]
      Mr Chamberlain died in hospital after the crash on the A1123 at Stretham in Cambridgeshire at about 10:10 BST on Saturday.

      The driver of the car, a 49-year-old woman from Haddenham, remained at the scene and is assisting with enquiries.

    • Bayesian: What we know about the superyacht that sank | UK News | Sky News
      https://news.sky.com/story/what-we-know-about-the-superyacht-that-sank-13200005

      The Bayesian, the award-winning superyacht, sank during a tornado off the coast of Sicily in the early hours of Monday.

      The body of one person, Recaldo Thomas, a Canadian-Antiguan chef who was working on the boat, has been found, but six tourists - including British tech entrepreneur Mike Lynch and his 18-year-old daughter, Hannah - remain missing.

      Mr Lynch’s wife, Angela Bacares, was rescued along with 14 others - including Charlotte Golunski, a mother who told la Repubblica she held her one-year-old baby above the waves to save her from drowning.

      The girl’s father James Emsley also survived, according to Salvo Cocina of Sicily’s civil protection agency.

      Among those unaccounted for are Jonathan Bloomer, chairman of Morgan Stanley International, and Chris Morvillo, a lawyer at major firm Clifford Chance, Mr Cocina said.

      But what do we know about the ship?
      [...]
      Its 72-metre mast is the world’s tallest aluminium mast, and the second tallest overall. The yacht can reach a maximum speed of 15 knots and weighs 543 tonnes.

      The French design house Remi Tessier fitted out the Japanese-style interior decor, with touches of light and dark beige and dark wood furnishings, as well as a teak deck.

      It won the best exterior styling at The World Superyacht Awards in 2009, and best interior at the International Superyacht Society Awards 2008.

      It has six guest bedrooms - one master, three doubles, and two twins - holding 12 people, and can carry another 10 crew members.

      Pictures show air conditioning units in several of the bedrooms, which could counter expert claims open windows may have caused water to rush in and tip the boat over faster.

      Shipspotting.com says it is owned by a firm called Revtom Limited. Mike Lynch’s wife, Angela Bacares, is named as the sole shareholder of the firm on company documents.


      The path of the last 24 hours of the Bayesian. Pic: MarineTraffic

    • Naufrage en Sicile : le constructeur du yacht de luxe affirme que son navire était « insubmersible » – Libération
      https://www.liberation.fr/international/europe/naufrage-en-sicile-le-constructeur-du-yacht-de-luxe-affirme-que-son-navir

      Giovanni Costantino affirme ainsi auprès de SkyNews ne déceler aucun défaut dans la conception et la construction du yacht. « Je sais très bien comment les bateaux ont toujours été conçus et construits. Et les voiliers comme le Perini sont réputés pour être les plus sûrs qui soient, ajoute-t-il. Cet incident semble être une histoire incroyable, tant sur le plan technique que sur le plan des faits. » Le patron du constructeur naval italien se dit alors plongé dans « un état de tristesse d’un côté, et d’incrédulité de l’autre ». Sa société, cotée à la Bourse de Milan, a par ailleurs subi « d’énormes dommages » à sa réputation, ses actions ayant chuté de 2,5 % depuis la catastrophe.
      « Les passagers ne devaient pas être dans les cabines »

      Dans d’autres interviews accordées aux médias italiens, Giovanni Costantino a également répété que « tout ce qui s’était passé » révélait une « longue série d’erreurs ». Au Corriere della Sera, le patron insiste sur le fait que « les passagers ne devaient pas être dans les cabines, le navire ne devait pas être à l’ancre ». « Regardez, un navire Perini a résisté à l’ouragan Katrina, de catégorie 5 » qui a dévasté les Etats-Unis en 2005, ajoute-t-il aussi.
      Profil
      Naufrage en Sicile : qui est Mike Lynch, le magnat de la tech porté disparu ?
      Europe
      20 août 2024abonnés

      « Est-ce qu’il a l’air de ne pas pouvoir résister à une trombe d’air locale ? Il est d’usage, lorsque le navire est à l’ancre, d’avoir un garde sur le pont, et s’il était là, il n’aurait pas pu ne pas voir la tempête arriver », poursuit Costantino. « Au lieu de cela, le yacht a pris l’eau alors que les invités étaient encore dans leurs cabines. Ils sont tombés dans un piège, ces pauvres gens ont fini comme des souris », conclut le patron du constructeur naval.

    • hum, his body has been recovered

      Mike Lynch was Britain’s first software billionaire
      https://www.economist.com/britain/2024/08/21/mike-lynch-was-britains-first-software-billionaire


      A hard charger
      Photograph: News Licensing

      Bayes’s theorem, an 18th-century formula, holds that with the right understanding of probabilities, most outcomes are predictable. But sometimes freak events occur. In the early hours of August 19th, a superyacht owned by the wife of Mike Lynch, a British tech entrepreneur who only months ago was cleared in a vast American fraud case, was struck by a waterspout, a form of tornado, off the north coast of Sicily, and capsized. On August 22nd it was confirmed that Mr Lynch was among five bodies recovered from the sunken yacht; rescue teams continued to search for a missing woman. It was a tragic end to an extraordinary story.

      Bayesian thinking was at the heart of Mr Lynch’s astonishing rise. It was the subject of his phd thesis at Cambridge and formed the basis of Autonomy, the company he founded in 1996 and sold to Hewlett-Packard (HP) for $11.7bn in 2011, earning him $800m. Mr Lynch named his now-submerged yacht Bayesian. Some called him the “British Bill Gates” as he racked up accolades: an OBE, board seats at the BBC and the British Library, an advisory role in Downing Street. Few could have predicted that he would find himself arrested and facing more than two decades behind bars.

      Mr Lynch’s years-long legal battle, sparked by the sale of Autonomy, is regarded as one of Silicon Valley’s biggest-ever fraud cases. Accused by HP of using “serious accounting improprieties” to inflate Autonomy’s value, Mr Lynch was taken into custody and extradited to America in chains. Facing 15 counts of fraud and conspiracy, he was kept under house arrest in San Francisco. HP, which took an $8.8bn write-down on the value of Autonomy within a year of its purchase, was eventually broken up in 2015.

      The odds were stacked against Mr Lynch. Less than 1% of federal cases end in acquittal. The vast majority of defendants plead guilty in return for more lenient sentences. To make matters worse, Charles Breyer, the judge who would hear Mr Lynch’s case, had already jailed Sushovan Hussain, Autonomy’s former chief financial officer. A British judge had also ruled in favour of HP in a separate civil lawsuit.

      His decision to take the stand was another gamble. Federal prosecutors depicted Mr Lynch as a “controlling, dominating, intimidating boss”. He was, his lawyers admitted, a “hard charger”. But they insisted that he delegated most of the accounting, and was a prototypical “startup guy” who enjoyed inventing things. HP’s botched deal, they argued, was simply a case of buyer’s remorse. In June Mr Lynch and his co-defendant, Stephen Chamberlain, were cleared by a jury of all charges.

      Mr Lynch had beaten the odds before. Born to a fireman and nurse in London, he spent holidays working as a cleaner at his mother’s hospital. A gifted student, he won a scholarship to Bancroft’s, a private school in London, and later read natural sciences at Cambridge. There he immersed himself in adaptive pattern recognition, an early form of artificial intelligence (AI) that later fuelled Autonomy’s growth. Both Autonomy and Darktrace, a cyber-security firm he co-founded, were headquartered in the market town.

      The entrepreneur had always maintained his innocence. “Software accounting is complex,” he said after his acquittal. He called his company’s methods of record-keeping the norm across the industry. Having returned to Britain, he was keen to get back to innovating and vowed to campaign against what he saw as unjust extradition laws between Britain and America. He told reporters he had been looking forward to his “second life” as a free man.

      Mr Lynch had been celebrating his court victory aboard Bayesian when the violent gale struck. His guests included Chris Morvillo, the partner who led Mr Lynch’s defence team at Clifford Chance, a law firm, and Jonathan Bloomer, a key witness in the court case, and the chairman of the international arm at Morgan Stanley, a bank, who are both thought to be among the bodies recovered. Freakishly, just days before the yacht sank Mr Lynch’s co-defendant, Stephen Chamberlain, also died after being hit by a car in Britain. That Mr Lynch’s life has been cut short, too, is a cruel, final twist.

    • Naufrage d’un voilier de luxe en Sicile : six corps retrouvés par des plongeurs, dont celui de Mike Lynch – Libération
      https://www.liberation.fr/international/europe/naufrage-dun-voilier-de-luxe-en-sicile-deux-corps-retrouves-par-des-plong

      « Le mot que la mère et tous les blessés répétaient sans cesse était “l’obscurité, l’obscurité” qu’ils ont vécue pendant le naufrage », a témoigné à la BBC Fabio Genco, responsable des urgences de Palerme qui ont prêté les premiers secours aux survivants. « Ils ont parlé d’environ cinq minutes, peut-être de trois à cinq minutes, entre le moment où le bateau a été soulevé par les vagues et le moment où il a coulé. […] Il y a eu des scènes vraiment apocalyptiques où tout le monde cherchait et espérait trouver » les personnes manquantes, a-t-il ajouté. Les premiers témoins avaient indiqué que le mât de 75 mètres s’était rompu, mais les informations disponibles mercredi semblent indiquer que ce n’est pas le cas. La vitesse à laquelle le yacht a coulé, et le fait que les autres bateaux autour de lui n’aient pas été touchés, suscitent des questions, notamment celle de savoir si la quille lestée, qui fait contrepoids à l’imposant mât, était abaissée ou relevée au moment de la tempête.

  • Les traversées de la Manche de plus en plus mortelles pour les migrants, qui périssent noyés ou asphyxiés dans des canots surchargés
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/19/les-traversees-de-la-manche-de-plus-en-plus-mortelles-pour-les-migrants_6286

    Les traversées de la Manche de plus en plus mortelles pour les migrants, qui périssent noyés ou asphyxiés dans des canots surchargés
    Par Julia Pascual
    A Calais, ceux qui viennent en aide aux migrants disent souvent que la frontière franco-britannique tue. On pourrait préciser que, à mesure que les années passent, elle ne s’y emploie pas de la même manière. Longtemps, les migrants mouraient percutés par des voitures sur la voie rapide qui mène au port des ferrys ou en chutant des semi-remorques dans lesquels ils essayaient de se dissimuler. Depuis 2018, ils meurent de plus en plus souvent noyés dans le détroit du Pas-de-Calais. Et désormais, avant même d’atteindre le large, ils meurent piétinés par leurs compagnons d’infortune dans les embarcations pneumatiques surchargées à bord desquelles ils entreprennent la périlleuse traversée maritime.
    Sara Alhashimi avait 7 ans ; Dina Al Shamari en avait 21. La première a été étouffée le 23 avril à quelques mètres de la plage de Wimereux (Pas-de-Calais). Dans des images filmées la nuit du drame par la chaîne anglaise BBC, on voit un groupe d’une centaine de personnes embarquer précipitamment dans un canot tandis que les forces de l’ordre essayent de les en empêcher à grand renfort de gaz lacrymogènes. On distingue la petite fille sur les épaules de son père parvenir à rejoindre l’embarcation et l’instant d’après disparaître pour ne jamais être revue vivante. C’était la quatrième fois que sa famille tentait la traversée. Quatre autres personnes sont mortes asphyxiées ce jour-là.
    Dina, elle, est morte, sur un bateau dans la nuit du 27 au 28 juillet, aux côtés de ses deux sœurs cadettes, Nour et Fatima, de son petit frère, Abdallah, et de ses parents. C’était la cinquième tentative de traversée pour la famille. La mère, que Le Monde a rencontrée, se souvient que Dina est montée la première à bord du canot pneumatique, « contente », pressée de toucher au but. Un groupe d’hommes a suivi. « Les passeurs nous avaient dit qu’on serait soixante mais on était beaucoup plus », rapporte Amira Al Shamari.
    La masse des corps entassés a tué sa fille aînée en quelques instants furtifs. « Sa sœur Nour criait “Ma sœur va mourir, sauvez-là ! Elle va s’étouffer ! Appelez les secours !” Certains disaient de ne rien faire, qu’on arriverait bientôt. Ils ont menacé de la jeter à l’eau. Les gens se sont battus à bord. Ça a duré une heure jusqu’à ce que les secours arrivent. » Des migrants ont refusé les secours et continué leur route vers l’Angleterre, d’autres ont été débarqués à Wimereux, avec le corps inanimé de la jeune « bidoun », une minorité arabe sans papiers et apatride au Koweït.
    Plus de 18 500 personnes ont déjà réussi à rejoindre le Royaume-Uni depuis le début de l’année, soit un rythme qui avoisine celui, inégalé, de 2022 (année au terme de laquelle près de 46 000 personnes ont gagné le Royaume-Uni). Dans le même temps, vingt-cinq personnes sont mortes en mer, davantage qu’en 2022 et 2023, années au cours desquelles, respectivement, cinq et douze personnes ont perdu la vie, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
    « Depuis un an et notamment à la suite du renforcement des moyens policiers, nous assistons à une augmentation considérable des incidents mortels, souligne Nikolaï Posner, de l’association d’aide aux migrants Utopia 56. Alors que les autorités mènent une campagne de communication intitulée “#sauver des vies”, leur action à la frontière génère l’exact opposé. » « C’est trop pour que ça soit considéré comme des accidents », jugent à leur tour Alexia Douane et Louise Borel, de l’association Refugee Women’s Centre.
    Le bilan humain s’alourdit aussi de décès intervenus en dehors des tentatives de traversées, comme celui d’un demandeur d’asile soudanais connu sous le nom de Nasreddine, en errance depuis plusieurs années sur le littoral, tombé dans un canal de Calais, le 2 août, dans des circonstances non éclaircies. Ou celui de Mohammed, un bébé de 11 mois atteint d’une grave maladie génétique, mort fin juillet dans le train qui le ramenait à Calais, sa famille voulant retenter la traversée. Ne sachant que faire, sa mère s’est rendue à l’accueil de jour du Secours catholique avec son enfant inanimé dans la poussette.
    « C’est difficile de trouver des mots nouveaux pour décrire une situation qui se répète sans créer de sursaut dans l’opinion publique », confie Juliette Delaplace, chargée de mission personnes exilées sur le littoral pour le Secours catholique. Sur les campements, certains ne semblent pas mesurer les risques encourus, à l’image de ces cinq jeunes Libyens croisés lors d’une distribution alimentaire, dont l’un, Abdelsalam (il n’a pas souhaité donner son nom, comme les personnes citées par leur prénom), 25 ans, assure que la traversée peut se faire en une ou deux heures, quand il faut en réalité cinq heures à un small boat – une embarcation de fortune –, en général doté d’un moteur de trente à quarante chevaux, pour atteindre la ligne de démarcation avec les eaux anglaises par temps calme.
    Interrogées sur l’augmentation des traversées mortifères, ni la préfecture du Nord ni celle du Pas-de-Calais n’ont souhaité répondre au Monde, tandis que la préfecture maritime renvoie vers ses communiqués de presse. Les raisons de cette létalité croissante semblent être multiples et partiellement intriquées. Les personnes sont de plus en plus nombreuses à bord des small boats. Au mois de juillet, les autorités ont décompté une moyenne d’environ soixante passagers par bateau – des canots de qualité médiocre mesurant en général huit mètres de long et moins de deux mètres de large – contre une quarantaine de personnes en 2023 et une trentaine en 2022, ce qui augmente les risques de naufrages ou d’asphyxie. Un phénomène que les autorités attribuent à la prise de risque croissante des passeurs. « De façon récente, on voit aussi des groupes d’Ethiopiens ou de Soudanais essayer de monter dans les bateaux au dernier moment car ils n’ont pas les moyens de payer la traversée, et cela crée des tensions », ajoute un policier sous le couvert de l’anonymat. « Il y a aussi beaucoup de panique due à la présence accrue de la police sur les plages qui crève les bateaux et gaze les gens », soulignent Alexia Douane et Louise Borel.
    Adel est un Yéménite de 27 ans. Depuis le début du mois d’août, il dort dans un campement isolé dans un petit bois proche des plages de Wimereux. Dans la nuit du 13 au 14 août, il se trouvait avec un groupe de près de soixante personnes et transportait un bateau sur la plage lorsque la police est intervenue. « Ils ont essayé de crever le bateau, ils ont jeté des grenades lacrymogènes. Leur voiture a percuté le bateau. Ils ont même pointé le laser de leur arme sur nous, rapporte-t-il. C’était terrifiant. »
    Malgré cette expérience, Adel retentera sa chance. Alors qu’un avion de Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, sillonne le ciel à la recherche de groupes en partance, il raconte qu’il est né à Birmingham (Royaume-Uni) et a quitté le pays à l’âge de 4 mois. Sa sœur y vit toujours. Lui rêve de la rejoindre. Il a étudié dans ce but l’anglais des affaires, une langue qu’il parle à la perfection. Il a déjà traversé la mer Egée en canot, été refoulé une première fois par des garde-côtes grecs vers la Turquie, avant de parvenir à gagner l’espace Schengen où il se sent désormais « coincé ». Pour réunir les plus de 1 000 euros que coûte la traversée de la Manche, il a travaillé au noir plusieurs mois dans une cuisine à Athènes.
    Quelle que soit la montée en puissance des moyens humains et techniques pour empêcher les départs, à grand renfort de financements britanniques, la détermination des migrants ne fléchit pas. Ahmed pleure devant la gare de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Cet Egyptien de 50 ans a passé la nuit dans les dunes à attendre un hypothétique passage. Il s’est fait dérober les 350 euros qu’il avait sur lui pendant le court moment de sommeil auquel il a cédé. Au Caire, après vingt-cinq ans à enseigner l’arabe, Ahmed gagnait 120 euros par mois, pas de quoi faire vivre sa femme et ses quatre enfants.
    Pour de nombreux migrants, le Royaume-Uni est la destination de la dernière chance. C’est le cas de la famille de Dina, qui a passé quatre ans dans la région de Munich (Bavière) sans obtenir l’asile. « Nous n’avons pas d’autre solution que d’aller en Grande-Bretagne », dit aujourd’hui encore sa mère, Amira Alshemmery, tandis que le corps de Dina est toujours à l’institut médico-légal de Lille dans l’attente de fonds pour son rapatriement au Moyen-Orient.
    « Si la France nous accepte, nous resterons », souffle Fatima Norooziyan. Assise sur un lit d’hôpital de Boulogne-sur-Mer, cette Iranienne de 28 ans a elle aussi échoué à obtenir l’asile en Allemagne. Menacée d’expulsion vers l’Iran, elle a gagné la France où, du fait du règlement de Dublin, elle ne peut pas déposer une nouvelle demande. C’est pourquoi elle et son mari, Hamid Hajizadeh, voulaient se rendre au Royaume-Uni avec leur fille,
    Ils viennent néanmoins de vivre une expérience traumatisante.La nuit du 11 août, alors qu’elle attendait cachée dans un bosquet de pouvoir tenter un passage, Fatima, enceinte, a été prise de fortes contractions. Le groupe avec lequel elle se trouvait a déguerpi pour ne pas être repéré par la police tandis que, en l’espace d’une heure, avec la seule aide de son mari, et devant sa fille, Fatima a accouché à même le sol d’un petit garçon. « On a eu très peur et notre fille aussi, qui a vu beaucoup de sang », dit Hamid Hajizadeh, 38 ans, marqué par la fatigue.
    Là où l’accouchement a eu lieu ne restent que des traces d’attente. Des emballages alimentaires, un ticket de Western Union, une notice de gilet de sauvetage et des papiers déchirés qui racontent des parcours tortueux à travers l’Europe. « Sur les plages, c’est très dur. Ça devient “Le Radeau de la Méduse”, déplore Claire Millot de l’association Salam, qui distribue des repas aux migrants. Si on ne veut pas qu’ils partent en canot, qu’on les accueille ou qu’on leur donne des vrais bateaux. Si on ne les faisait pas vivre comme des bêtes, ils ne péteraient pas un câble. » Plusieurs associations de terrain notent un regain de tension sur le littoral, tandis que des règlements de compte violents laissent deviner la main de groupes criminels soucieux de préserver leur business.
    Le temps s’est gâté sur la côte. Comme chaque année, le 15 août, une procession était organisée dans les rues de Dunkerque. Une tradition pour rendre hommage aux marins disparus en mer. « Tous ces migrants qui tentent de traverser la Manche sur des bateaux de fortune, nous ne pouvons pas ne pas y être sensibles », a déclaré à l’occasion le vicaire épiscopal Romuald Carton, avant d’embarquer sur un bateau de la Société nationale de sauvetage en mer et d’aller bénir les eaux à la sortie du port. Alors que le vent se levait, des fleurs ont été jetées, vite englouties par les vagues qui se formaient.

    #Covid-19#migration#migrant#france#royaumeuni#routemigratoire#traversee#mortalite#sante#migrationirreuguliere#pasdecalais#humanitaire#mineur

  • Démissionnée en fait alors qu’elle aurait pu démissionner avant, avec les honneurs devant tant d’ignominies.

    La présidente de l’université Columbia, Nemat Shafik, démissionne, épuisée par les répercussions du conflit à Gaza sur son campus
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/15/la-presidente-de-l-universite-columbia-nemat-shafik-demissionne-epuisee-par-

  • Cinq pays occidentaux appellent, dans une déclaration commune, à un cessez-le-feu à Gaza
    https://www.aa.com.tr/fr/monde/cinq-pays-occidentaux-appellent-dans-une-d%C3%A9claration-commune-%C3%A0-un-cessez-le-feu-%C3%A0-gaza/3302153

    Bruno Maçães sur X : “If I read this and had not been following the news for a year I would think Iran had invaded Gaza and Hamas was holding Iranian hostages” / X
    https://x.com/MacaesBruno/status/1822964908608061730

    If I read this and had not been following the news for a year I would think Iran had invaded Gaza and Hamas was holding Iranian hostages

    #génocidaires_sans_vergogne

    • Déclaration conjointe des dirigeants de la France, des États-Unis d’Amérique, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Italie sur le Moyen-Orient.
      Publié le 12 août 2024
      https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/08/12/declaration-conjointe-des-dirigeants-de-la-france-des-etats-unis-damerique-du

      Nous, dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, avons échangé sur la situation au Moyen-Orient.

      Nous exprimons notre plein soutien aux efforts en cours pour désamorcer les tensions et parvenir à un cessez-le-feu et à un accord permettant de libérer les otages à Gaza. Nous approuvons l’appel conjoint du Président Biden, du Président Sissi et de l’émir Tamim à reprendre les pourparlers dans le courant de la semaine, en vue de conclure un accord dès que possible, et nous avons souligné qu’il n’y avait plus de temps à perdre. Toutes les parties doivent assumer leurs responsabilités. En outre, l’acheminement et la distribution de l’aide doivent se faire sans entrave.

      Nous exprimons notre soutien à la défense d’Israël contre l’agression iranienne et contre les attaques des groupes terroristes soutenus par l’Iran. Nous avons appelé l’Iran à renoncer à ses menaces permanentes d’attaque militaire contre Israël et avons discuté des graves conséquences pour la sécurité régionale si une telle attaque devait avoir lieu.

    • Déclaration conjointe des dirigeants de France, d’Allemagne et du Royaume-Uni sur le Moyen-Orient.
      Publié le 12 août 2024
      https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/08/12/declaration-conjointe-des-dirigeants-de-france-dallemagne-et-du-royaume-uni-s

      Nous, dirigeants de France, d’Allemagne et du Royaume-Uni, saluons le travail inlassable de nos partenaires du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis en vue d’un accord de cessez-le-feu et de la libération des otages. Nous approuvons la déclaration commune de Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad al Thani, du Président Sissi et du Président Biden, appelant à la reprise immédiate des négociations. Nous convenons qu’il ne peut plus y avoir aucun délai supplémentaire. Nous avons travaillé avec toutes les parties pour éviter l’escalade et nous ne ménagerons aucun effort pour réduire les tensions et trouver une voie vers la stabilité. Les combats doivent cesser tout de suite et tous les otages encore détenus par le Hamas doivent être libérés. La population de Gaza a urgemment besoin d’une livraison et d’une livraison sans entrave aucune d’aide.

      Nous sommes profondément préoccupés par l’aggravation des tensions dans la région et unis dans notre engagement en faveur de la désescalade et de la stabilité régionale. Dans ce contexte, et en particulier, nous appelons l’Iran et ses alliés à s’abstenir d’attaques qui aggraveraient encore les tensions régionales et compromettraient la possibilité de parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages. Ils porteront la responsabilité des actions qui compromettent cette opportunité de paix et de stabilité. Aucun pays ou nation n’a à gagner d’une nouvelle escalade au Moyen-Orient.

      Emmanuel Macron, Président de la République française
      Olaf Scholz, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne
      Keir Starmer, Premier ministre du Royaume-Uni

    • La Maison Blanche annonce craindre une réplique d’ampleur de la part de l’Iran. Ce communiqué condamnant à l’avance la réponse (pourtant quasi obligatoire) de l’Iran, permet de préparer l’opinion à une guerre régionale dans laquelle l’Iran est l’agresseur et Israël la victime. Et justifier notre future implication dans une guerre régionale, en soutien au régime genocidaire israelien.

      Le fait que celui qui réclame ouvertement une guerre occidentale contre l’Iran depuis des années, ce soit le Premier ministre israélien, sera instantanément oublié.

    • Quand Genocide Joe te demande de faire le beau :
      https://today.lorientlejour.com/article/1423637/iran-could-make-significant-attack-on-israel-this-week-white-ho

      Biden called the leaders of France, Germany, Italy and Britain on Monday to discuss the growing tensions, the White House added.

      The call was “largely for all the leaders to repeat what they have said before in terms of reaffirming Israel’s defense” and to “send a strong message that we don’t want to see any rise in violence, any attacks by Iran or its proxies.”

    • Joe Biden estime qu’un cessez-le-feu à Gaza pourrait dissuader l’Iran d’attaquer Israël
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/13/le-point-sur-la-situation-au-proche-orient-l-iran-rejette-les-appels-a-renon

      Par ailleurs, les Etats-Unis ont approuvé la vente de plus de 20 milliards de dollars (18, 2 milliards d’euros environ) d’armement à leur allié israélien, comprenant notamment des avions de chasse F-15 et près de 33 000 munitions pour tanks. Le département d’Etat a déclaré dans une notification au Congrès américain que cette vente allait « améliorer la capacité d’Israël à faire face aux menaces ennemies actuelles et futures ».

  • A Gaza, une frappe israélienne tue près de cent personnes, rendant encore plus improbable un cessez-le-feu
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/10/a-gaza-une-frappe-israelienne-tue-pres-de-cent-personnes-rendant-encore-plus

    Il n’y avait aucune chance de ne pas provoquer un carnage, de la nature et de l’ampleur de ceux qui restent dans les mémoires. En décidant de frapper une école dans le quartier de Al-Daraj, dans la ville de Gaza, transformée en refuge et donc pleine à craquer de déplacés, et en choisissant d’agir pendant la prière de l’aube, qui réunit les croyants dans l’espace dévolu à cet effet, l’armée israélienne a entraîné la mort de plus 93 personnes, et en a blessé des centaines d’autres, selon les premiers bilans établis samedi 10 août, dans la matinée.

  • Immigration : en Espagne, le sort des mineurs isolés nourrit des tensions
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/08/immigration-en-espagne-le-sort-des-mineurs-isoles-nourrit-des-tensions_62724

    Immigration : en Espagne, le sort des mineurs isolés nourrit des tensions
    Par Sandrine Morel (El Vellon et Fuenlabrada [Espagne], envoyée spéciale)
    Le calme semble revenu dans le village espagnol d’El Vellon, en ce début août. Deux mois ont passé depuis les incidents qui se sont produits autour du centre d’accueil pour mineurs étrangers de cette commune de 2 000 habitants, située à 50 kilomètres au nord de Madrid. Le 9 juin, des habitants en colère ont tenté de pénétrer à l’intérieur du bâtiment pour en découdre avec les jeunes migrants qu’ils accusaient d’avoir commis une agression – sur qui ? les versions divergent – et d’avoir volé deux téléphones portables. L’accueil des mineurs étrangers non accompagnés, les menas (pour menores extranjeros no acompañados, « mineurs étrangers non acccompagnés »), comme on les appelle en Espagne, provoque, ces derniers mois, de fortes tensions politiques. Jusqu’ici absente des controverses politiques, l’immigration est désormais devenue, de ce côté des Pyrénées aussi, un sujet inflammable.
    Devant la porte du centre d’accueil, un pavillon loué par le gouvernement régional de la Communauté de Madrid, un travailleur social réticent à parler à la presse assure que les onze jeunes migrants isolés hébergés « ne veulent pas d’histoires ». Chez les élus locaux, les opinions sont tranchées. La maire socialiste d’El Vellon, Catalina Llorente, a affirmé, en juin, que « 90 % des méfaits attribués à ces jeunes n’ont pas été commis par eux », tandis que le maire conservateur de la localité voisine de Pedrezuela, Rodrigo Garcia, les a accusés de « semer la panique et de mettre en danger le vivre-ensemble pacifique des citoyens ».
    Les habitants du village, eux aussi, sont divisés. « Ces jeunes sont l’objet d’une campagne de dénigrement orchestrée par la droite, estime Gustavo Diaz, conseiller fiscal de 46 ans, qui réside à 40 mètres du pavillon. Avant même l’installation du centre, l’association des jeunes du village a publié un communiqué pour dire qu’ils [les menas] représentaient un danger et qu’elle n’en voulait pas. La semaine dernière, il y a eu une agression au couteau, ils ont été accusés alors que ce n’était pas eux. Dès qu’il y a un incident ou une agression dans le coin, ils sont les boucs émissaires… »
    Laura (les personnes citées par leur prénom ont souhaité conserver l’anonymat), qui promène son chien, a participé à une manifestation, le 12 juin, devant les portes du centre, pour exiger sa fermeture. Elle affirme, au contraire, que « ces jeunes sont agressifs, ils s’en prennent aux jeunes d’ici et ne s’intègrent pas ». Raul, un quinquagénaire employé d’une entreprise d’entretien des routes, attablé à un café de la place du village, les juge responsables du sentiment d’insécurité qui l’« empêche de sortir le soir dans son village avec [ses] enfants ». « Moi, je parle avec les jeunes, l’interrompt Susana, une femme de ménage de 41 ans. Ils sont passés par des expériences difficiles, ils sont sympas, et l’un d’eux m’a même offert un bracelet », dit-elle en montrant une fine chaîne argentée autour de son poignet.
    Ces tensions interviennent dans un contexte de pression migratoire accrue. Entre le 1er janvier et le 31 juillet, 27 600 migrants sont entrés illégalement en Espagne par la mer, dont 21 500 par les îles Canaries, soit une augmentation de 152 % par rapport à 2023, selon le ministère de l’intérieur. Dans les embarcations de fortune qui débarquent dans l’archipel, 10 % à 15 % des arrivants sont des mineurs isolés, selon l’Office des réfugiés de l’ONU.
    La plupart viennent du Mali (43 %) et du Sénégal (20 %), mais aussi du Maroc (9 %), dont les ressortissants sont de plus en plus nombreux à emprunter la dangereuse route canarienne pour gagner l’Europe, du fait des contrôles accrus dans le détroit de Gibraltar. Si, au 31 décembre 2023, sur les quelque 15 000 personnes de 16 à 23 ans bénéficiant d’un permis de résidence, comme mineur non accompagné ou ancien mena, les Marocains comptaient pour 68 %, leur proportion ne cesse de baisser.Cet afflux de mineurs isolés a poussé le président des Canaries, Fernando Clavijo (régionaliste), à tirer la sonnette d’alarme, en juin, et à demander aux autres régions autonomes espagnoles de prendre en charge, par solidarité, une partie de ces jeunes. « Nous devons honorer les traités internationaux, respecter les droits des enfants et les droits humains », a-t-il insisté, le 28 juillet, appelant les gouvernements locaux à ne pas « transformer un drame humanitaire en un problème politique ».
    Près de 6 000 mineurs isolés se trouvent sur l’archipel des Canaries, alors que le nombre de places pour les accueillir est de 2 000. Cependant, et alors que des centaines d’entre eux sont entassés dans les centres existants et sous des tentes installées en urgence, les autres régions n’ont accepté de prendre en charge que 350 jeunes. Un chiffre encore trop élevé pour le parti d’extrême droite Vox qui, en représailles au feu vert donné par le Parti populaire (droite, PP), a rompu, le 12 juillet, ses accords de coalition formés avec la droite dans les régions de Castille-et-Léon, Valence, Aragon et Murcie.
    Le 26 juillet, le PP, Vox et Junts (droite indépendantiste catalane) ont voté contre le projet de loi du gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, visant à organiser de manière automatique la répartition des mineurs isolés sur l’ensemble du territoire en fonction des places disponibles. Mercredi 7 août, le gouvernement andalou a accusé Madrid de transférer des mineurs sur la péninsule au mépris de la loi.Les communautés autonomes accusent le gouvernement central d’improviser. « Nous avons besoin d’ordre aux frontières et d’un financement dans la durée pour assurer l’accueil des mineurs », déclare la directrice générale chargée de l’enfance, de la famille et de la natalité du gouvernement régional (PP) de Madrid, Silvia Valmaña. « Pedro Sanchez doit aussi décréter une situation d’urgence, afin que nous disposions d’instruments législatifs souples et d’une base légale pour les décisions à prendre dans l’urgence. »
    La dernière décision du gouvernement régional de Madrid fait polémique. Pour accueillir les mineurs étrangers isolés, qu’ils arrivent des Canaries ou de l’aéroport de Barajas, où certains profitent de l’escale pour demander l’asile, la région de Madrid veut aménager un ancien centre de recherche du groupe aéronautique EADS, un bâtiment de 4 000 mètres carrés abandonné depuis 2009 et situé en marge de la commune de Fuenlabrada, située à 20 kilomètres au sud de Madrid.
    D’un côté se trouve l’immense zone industrielle de Cobo Calleja et ses centaines d’entrepôts de vente en gros. De l’autre, le parc de la Cantueña, colline pelée et jaunie par le soleil, s’étendant sur 120 hectares. Accolé à l’autoroute de Tolède et soumis au vrombissement incessant des voitures, le site, qui devrait accueillir, dès septembre, 96 menas, pourrait difficilement être plus isolé. Pis, la passerelle qui traverse l’autoroute conduit à une autre zone industrielle dominée par les néons d’un club de strip-tease et de passes.« Ni l’endroit ni le type d’accueil ne sont corrects, c’est une sorte de grand conteneur pour cacher ces jeunes et faire comme s’ils n’existaient pas, s’insurge Javier Ayala, le maire socialiste de Fuenlabrada et principal opposant au centre. La droite me traite de raciste. Nous demandons, au contraire, de traiter ces jeunes comme des personnes et pas des numéros, de les installer par petits groupes dans de petites structures intégrées aux quartiers, pour qu’ils aient accès à des programmes socio-éducatifs. »
    « Il s’agira d’un centre de premier accueil pour des jeunes de 16 à 18 ans, où ils disposeront d’une aide médicale d’urgence, apprendront l’espagnol et pourront commencer une formation professionnelle, le temps que l’administration s’occupe de leurs papiers, rétorque Mme Valmaña. Ils n’y resteront que trois à cinq mois avant de rejoindre une structure plus petite et adaptée à l’insertion. » Les centres de la région de Madrid, selon l’élue, se trouvent à la « limite de leurs capacités », et le nombre de menas est passé de « 1 300 pris en charge sur toute l’année 2023 à 1 500 sur les six premiers mois de 2024 ». « Auparavant, l’Espagne n’était qu’une porte d’entrée en Europe, à présent, beaucoup viennent ici avec l’intention d’y rester », ajoute Mme Valmana.
    « Nous continuons à traiter un phénomène structurel, comme s’il s’agissait d’une situation d’urgence, regrette Andres Conde, directeur de Save the Children Espagne. Alors que nous avons besoin d’un mécanisme stable et d’une coresponsabilité de l’ensemble du territoire, nous voyons une utilisation politique du problème et une prolifération des discours haineux. Pourtant, selon les données de la police, rien ne permet de dire que les mineurs isolés commettent plus de délits que la population nationale du même âge. »
    Occupé à baisser l’auvent du bar Casa del Bacalao, sur la place de la mairie d’El Vellon, Anas, 18 ans et un visage encore enfantin, boucles noires et regard brillant, a quitté le centre de menas cette année, mais il est resté dans le village où il s’est fait une place. « C’est un gentil garçon », dit la responsable de la cuisine, Nina Carvalho, originaire du Portugal. Le jeune raconte le périple qui, il y a un an, l’a mené de son village, dans la région d’Agadir, aux Canaries, à bord d’un bateau pneumatique, à la recherche d’un « bon travail ». « Au Maroc, on est payé 5 ou 7 euros par jour, au mieux », dit-il.La traversée a duré trois jours avant qu’il n’accoste à Lanzarote. De là, il a été transféré au centre d’El Vellon. « Celui qui a mis le bazar en juin est parti, et depuis ça va mieux dans le village », dit-il, avant d’aller faire des livraisons avec un jeune Espagnol d’origine marocaine, Jawad Yahyaoui, 28 ans, qui l’a pris sous son aile. « Ce n’est pas facile d’arriver ici sans parents, sans famille, il n’y a rien dans ce village, pas même un centre commercial. Et ces jeunes veulent juste travailler… », assure-t-il.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les mineurs étrangers non accompagnés, si loin de leurs parents : « Je ne peux pas tout raconter à ma mère. Ça la tuerait »
    A ses côtés, Fouad, 21 ans, opine du chef. Lui a quitté le Rif marocain, il y a trois ans. « Je suis parti d’Alhucemas à bord d’un bateau gonflable et je suis arrivé à Malaga », après la traversée du détroit de Gibraltar, raconte-t-il. Il a tenté d’être pris en charge dans des centres pour mineurs en Andalousie et au Pays basque, bien qu’il soit majeur. Il a fini par arriver à El Vellon, où vit un oncle, et il fait des petits travaux de jardinage pour gagner sa vie. Quand il obtiendra des papiers, il retournera voir sa mère qui « pleure depuis trois ans » et cherchera un meilleur emploi, en Espagne ou en France.

    #Covid-19#migration#migrant#migrationirreguliere#espagne#maroc#senegal#mali#MNA#accueil#hebergement#routemigratoire#politiquemigratoire#sante

  • Israël révoque le statut diplomatique du personnel norvégien auprès de l’Autorité palestinienne

    Le ministre israélien des affaires étrangères, Israël Katz, a justifié jeudi cette décision par la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la Norvège et sa participation à une action en justice contre des dirigeants israéliens.

    Le Monde avec AFP | Publié le 8 août 2024
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/08/israel-revoque-le-statut-diplomatique-du-personnel-norvegien-aupres-de-l-aut

    Israël va révoquer le statut diplomatique du personnel norvégien représentant la Norvège auprès de l’Autorité palestinienne, a annoncé, jeudi 8 août, le ministre des affaires étrangères israélien, pointant un « comportement anti-israélien » d’Oslo.

    « Aujourd’hui, j’ai ordonné la cessation de toute représentation au nom de l’ambassade de Norvège en Israël vis-à-vis de l’Autorité palestinienne », a déclaré Israël Katz, dans un communiqué, ajoutant que « le comportement anti-israélien a un prix ».

    Cette décision « aura des conséquences sur nos relations avec le gouvernement Nétanyahou. Nous examinons les mesures que la Norvège prendra pour répondre à la situation créée par le gouvernement Nétanyahou », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Espen Barth Eide, dans un communiqué.

    Le ministre israélien a invoqué la récente reconnaissance par la Norvège de l’Etat de Palestine, ainsi que sa participation à une action en justice contre des dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale. Dans un autre communiqué, le ministère a fait état de « déclarations sérieuses de la part de hauts fonctionnaires norvégiens » contre Israël. (...)

    #IsraelNorvège