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  • La justice française face au dilemme de l’expulsion des Palestiniens
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/30/la-justice-face-au-dilemme-de-l-expulsion-des-palestiniens_6299346_3224.html

    La justice française face au dilemme de l’expulsion des Palestiniens
    Par Christophe Ayad et Julia Pascual
    Il est le sixième à se présenter devant le juge des libertés et de la détention, mercredi 28 août. Dans cette annexe du tribunal judiciaire qui jouxte le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), le juge se prononce tous les jours sur la prolongation des rétentions d’étrangers demandée par l’administration. A quelques encablures de là, des avions décollent en continu des pistes de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.
    A priori, les personnes placées en rétention ont vocation à être expulsées dans un délai maximum de quatre-vingt-dix jours. Mais Issa (les personnes citées par leur prénom sont anonymisées) n’a pour ainsi dire aucune chance de l’être. Et pour cause : il est originaire de Gaza. « Il y a une absence totale de perspective d’éloignement », est venu plaider ce jour-là son avocat, Samy Djemaoun, alors que le droit prévoit qu’un étranger ne peut être retenu « que pour le temps strictement nécessaire à son départ ». « Il y a, à Gaza, une situation de violence aveugle, il n’y a pas un mètre carré qui n’est pas bombardé, donc, aller à Gaza, c’est aller se tuer, a encore plaidé Me Djemaoun. Et la Palestine n’a pas le contrôle de ses frontières extérieures, donc demander un laissez-passer consulaire à la Palestine est vain. »
    C’est pourtant ce qu’a fait le préfet de la Seine-Saint-Denis, qui a placé Issa en rétention en août et sollicité les autorités palestiniennes en vue de son éloignement – alors que la France ne reconnaît pas l’Etat palestinien. L’homme de 34 ans, père de deux enfants français et conjoint d’une Française, est arrivé dans l’Hexagone en 2010. Il a fait l’objet d’une condamnation en juin 2022 à quatre mois de prison avec sursis et à une interdiction du territoire de cinq ans pour avoir fait entrer deux Syriens illégalement en France. Son nom apparaît aussi – sans qu’il ait été condamné – dans des affaires de vols, de violences, de dégradation de biens privés ou encore d’escroquerie. Aux yeux des autorités françaises, il constitue une « menace à l’ordre public ».
    Mercredi, en fin de journée, le juge a finalement décidé sa remise en liberté, pour un vice de procédure. Ils sont plusieurs, comme lui, à avoir été placés en rétention. Au total, depuis le début de l’année et d’après les données compilées par Le Monde auprès de plusieurs associations intervenant en CRA, près d’une vingtaine de ressortissants palestiniens ont été placés en rétention. Selon le ministère de l’intérieur, à ce jour, trois sont toujours retenus. A chaque fois, la France a entrepris des démarches auprès des autorités consulaires palestiniennes en vue de leur identification et de leur éloignement. Aucune des personnes n’a pourtant été reconduite en Palestine.
    Certaines ont en revanche été renvoyées vers un Etat duquel elles bénéficiaient de la nationalité, à l’image de la militante palestinienne d’extrême gauche Mariam Abudaqa, qui devait participer à diverses conférences sur le conflit israélo-palestinien et qui a été expulsée vers l’Egypte en novembre 2023. Certains Palestiniens ont aussi été éloignés vers un autre Etat européen où ils bénéficiaient d’un titre de séjour ou avaient une demande d’asile en cours. D’autres encore ont fini par être libérés. Pour Claire Bloch, de la Cimade, une association d’aide aux migrants, « c’est une aberration que des juges prolongent des rétentions alors qu’il n’y a pas d’éloignement possible vers la Palestine. Et s’il y en avait, ce serait en violation de l’article 3 de la CEDH [Convention européenne des droits de l’homme], qui interdit la torture ».
    Dans une décision du 16 juin, un juge de Bordeaux a pourtant prolongé la rétention d’un Gazaoui au motif principal que « les autorités consulaires de Palestine et d’Israël ont été saisies ». Ce dernier se trouve toujours en rétention à ce jour. Dans une autre décision du 17 juillet, rendue cette fois par un juge de Lille, c’est au motif qu’une « demande de laissez-passer consulaire a été faite auprès de la mission de Palestine en France », bien que restée sans réponse, que la rétention d’un Palestinien a été prolongée de trente jours.
    Selon une source au ministère de l’intérieur, « il n’y a pas d’interdiction a priori de procéder à un éloignement vers un quelconque pays, même s’il peut y avoir des impossibilités techniques ou diplomatiques ». Cette source avance en outre que certaines personnes se prévalant de la nationalité palestinienne sont en réalité originaires d’un autre pays.
    « Les personnes placées en rétention sont en priorité des étrangers qui représentent une menace à l’ordre public », ajoute-t-on place Beauvau. Cela se traduit notamment par des condamnations pénales comportant des interdictions du territoire. Un élément que l’administration n’hésite pas à plaider devant le juge des libertés et de la détention. « La rétention ne doit pas être un moyen de régulation de la sécurité, estime, de son côté, Claire Bloch. C’est un détournement du droit des étrangers à des fins de répression. »
    Jeudi 29 août, Me Djemaoun est allé au tribunal défendre un autre Palestinien, Youssef, retenu depuis le 9 août au Mesnil-Amelot. Le préfet de la Seine-Saint-Denis a décidé de son expulsion après des condamnations, notamment une pour recel de vol de téléphone portable en récidive assortie d’une interdiction du territoire français. Le tribunal administratif de Montreuil avait annulé, le 23 août, l’arrêté de fixation du pays de renvoi au motif que son expulsion vers la Palestine l’exposerait à « un risque de traitements inhumains ou dégradants », en violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme.
    Un juge de Meaux a pourtant rejeté sa demande de remise en liberté. Décision dont il a fait appel. « Le préfet, nonobstant l’annulation du pays de renvoi, a demandé au Maroc de l’accueillir. Pourquoi le Maroc ? On ne sait pas, ironise Me Djemaoun devant le juge. S’il n’y a pas de départ possible, qu’est-ce que fait mon client en rétention ? », poursuit-il. L’avocat de la préfecture est bien en peine de fournir une réponse sur le choix du Maroc, avec lequel Youssef n’a aucun lien. Ce 29 août, le juge décidera finalement son maintien en rétention au motif que la préfecture a lancé des « diligences » – sans réponse pour le moment – en vue de l’expulser vers le Maroc.
    Pendant sa rétention administrative au Mesnil-Amelot, Youssef, qui séjournait en France depuis 2003, a présenté une demande d’asile. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides l’a rejetée car il ne s’est pas présenté le jour de l’entretien prévu – il était malade et avait prévenu de son indisponibilité. Il compte faire appel devant la Cour nationale du droit d’asile.

    #Covid-19#migration#migrant#palestine#france#droit#asile#retention#CRA#sante#guerre

  • En France, des motifs d’immigration de plus en plus divers
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/29/en-france-des-motifs-d-immigration-de-plus-en-plus-divers_6298631_3224.html

    En France, des motifs d’immigration de plus en plus divers
    Par Julia Pascual
    Pourquoi migre-t-on en France ? En 2023, dans un pays où vivent 7,3 millions d’immigrés, soit 10,7 % de la population, une majorité déclarent avoir été poussés par des raisons familiales à quitter leur pays. C’est ce qui ressort d’une série de travaux publiés par l’Insee, jeudi 29 août, reposant sur les déclarations d’immigrés âgées de 18 à 59 ans et arrivés en France âgés d’au moins 16 ans. Les raisons de la migration ont néanmoins tendance à se diversifier, au profit de motifs économiques ou étudiants.
    Ainsi, les immigrés originaires du continent africain, qui représentent près d’un immigré sur deux en 2023 (48 %), déclarent, pour près de la moitié d’entre eux (46 %), être venus en France pour accompagner ou rejoindre un membre de leur famille. C’est encore plus vrai pour les immigrés du Maghreb, qui sont 53 % à invoquer des raisons familiales.
    Cette prédominance du motif familial se retrouve chez 43 % des immigrés d’Asie, qui est le troisième continent d’origine des immigrés en France − avec 14 % du total, derrière les immigrés du continent européen (32 % du total).
    Les Européens déclarent à leur tour, et à 34 %, avoir émigré pour des motifs familiaux, mais ils sont plus nombreux (37 %) à avoir quitté leur pays pour trouver un travail ou améliorer leur situation professionnelle. « Cela peut notamment s’expliquer par le fait que les immigrés intracommunautaires peuvent plus facilement travailler en France », avance Pierre Tanneau, responsable de la cellule des statistiques et des études sur l’immigration à l’Insee.
    Si l’on se penche plus en détail sur les immigrés originaires du Portugal, qui sont le groupe le plus important derrière les Algériens (890 000) avec près de 580 000 immigrés, ils sont 65 % à invoquer des motifs économiques, quand c’est le cas de 44 % des Italiens et des Espagnols. « L’immigration d’Europe du Sud a connu un renouveau dans les années 2010 dans un contexte de crise économique », analyse Pierre Tanneau.
    Ainsi, entre 2009 et 2012, le nombre d’entrées d’immigrés originaires d’Espagne ou du Portugal a quasiment doublé, souligne l’Insee. Si l’on s’intéresse aux emplois occupés par les Portugais, qui sont les plus nombreux, il apparaît que ces derniers sont surreprésentés dans certains métiers. Selon une étude de la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail datée de 2021, 14 % des employés de maison sont nés au Portugal ; c’est aussi le cas d’environ 8 % des ouvriers du bâtiment ou encore de 4,9 % des agents de gardiennage et de sécurité.
    Le ressort économique de la migration a tendance à fortement augmenter dans le temps. Entre 2007 et 2021, la part de premiers titres de séjour délivrés pour motif économique à des ressortissants de pays tiers est passée de 7 % à 13 %. A contrario, sur la même période, la part des premiers titres délivrés pour motifs familiaux a reculé, passant de 51 % à 32 %.
    Les motifs humanitaires occupent aussi une part croissante, passant de 9 % à 15 % des premiers titres délivrés entre 2007 et 2021. D’après les données de l’Insee, 25 % des immigrés d’Asie déclarent avoir migré pour échapper à l’insécurité ou à des troubles politiques dans leur pays. Parmi eux, c’est encore plus vrai pour les immigrés du Moyen-Orient (52 %) − ce qui traduit notamment la survenue de la guerre en Irak en 2003 et en Syrie en 2011 − et ceux d’Asie du Sud-Est (46 %). « A partir de 1983, la guerre civile au Sri Lanka incite un certain nombre de Tamouls à quitter le pays et à demander l’asile politique en France, souligne l’Insee. Les Sri-Lankais représentent le plus grand groupe d’immigrés sud-asiatiques en France aujourd’hui, avec 55 000 ressortissants. »
    La migration étudiante est, elle aussi, particulièrement dynamique. « C’est le premier motif de délivrance de premier titre de séjour [à des ressortissants de pays tiers de l’Europe] depuis 2021 », relève Pierre Tanneau. C’est ce qui a entraîné le départ de 24 % des immigrés d’Afrique (soit le deuxième motif invoqué). « En 2021, la nationalité marocaine est la première nationalité parmi les étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur en France », fait remarquer l’Insee. Les études sont également la raison avancée par 23 % des immigrés d’Asie (et même par près d’un immigré chinois sur deux) ou encore par 16 % des immigrés d’Europe.

    #Covid-19#migration#migrant#france#immigration#etudiant#regroupementfamilial#economie#humanitaire#sante

  • « On va aller où ? » : nombre inédit d’enfants sans-abri à la veille d’une rentrée scolaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/29/on-va-aller-ou-le-nombre-d-enfants-sans-abri-a-la-veille-d-une-rentree-scola


    Des locaux d’entreprise vides sont occupés par des sans-abri, à Bondues (Nord), le 21 février 2024. SAMEER AL-DOUMY / AFP

    (...) Jamais le nombre d’enfants à la rue n’avait été aussi élevé à la veille d’une rentrée scolaire. « La hausse atteint 120 % en quatre ans, s’alarme Nathalie Latour, directrice générale de la FAS. Et ces chiffres sont inférieurs à la réalité, puisque beaucoup n’appellent pas ou plus le 115, découragés par les temps d’attente et les réponses négatives. » Lors de la Nuit de la solidarité à Paris, du 25 au 26 janvier, 69 % des personnes sans abri rencontrées (isolées ou en famille) disaient ne pas avoir essayé de joindre ce numéro.

    (...) Depuis quelques jours, la famille est hébergée à l’école maternelle Marcel-Cachin, où est scolarisée leur cadette, grâce à la mobilisation des enseignants et des parents, qui s’y retrouvent chaque jour sous une bannière « Un logement pour tous ».

    Durant l’année 2023-2024, des mouvements similaires avaient été lancés dans plus de 80 établissements, à Lyon, Paris, Grenoble, Blois, Bordeaux, Saint-Etienne, Toulouse ou Rennes. De nouvelles occupations sont à prévoir : le budget alloué à l’hébergement d’urgence pour 2024 est de 1,3 milliard d’euros, un montant inférieur de 100 millions d’euros à celui de l’année précédente.

    « Stratégie de court terme »

    « Une rallonge a été promise en janvier, mais elle n’a toujours pas été débloquée. Sans elle, le nombre de place baissera cet automne, et on risque de dépasser le record absolu d’octobre 2023, quand nous avions dénombré plus de 2 800 enfants à la rue », énonce Nathalie Latour, de la FAS.
    Dans la métropole de Lyon, un nouveau pic a été atteint dès le 1er juillet, avec 361 enfants à la rue recensés par le collectif Jamais sans toit, soit trois fois plus qu’à la même date de 2022. Et leur nombre continue d’augmenter. « Des femmes avec des bébés de quelques mois, ou qui sortent de la maternité, ne sont plus prises en charge. C’était déjà le cas à Paris et en Seine-Saint-Denis [à] l’automne [2023], mais c’est du jamais-vu à Lyon ! », s’émeut Juliette Murtin, membre du collectif.

    https://justpaste.it/dgz2j

    "Plus personne ne sera à la rue d’ici la fin de l’année" [2017]

    #logement #enfance #115 #hébergement_d'urgence #expulsions #enfants_à_la_rue #loi_Kasbarian-Bergé

  • Attention, un #classement peut en cacher un autre !

    L’autre jour, @lemonde a publié un article sur un classement alternatif au à celui de #Shanghai en utilisant les données de #Cairn, la plate-forme francophone de publication scientifique :

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/15/des-universites-francaises-loin-du-miroir-de-shanghai-un-autre-classement-es

    On pourrait s’en féliciter, mais la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions...

    Le classement était établi à partir des données de consultations des publications en ligne sur #Cairn.

    En fait, en allant sur la plate-forme, on remarque que cette dernière a été considérablement modifiée et qu’elle offre désormais des statistiques de consultation ... par auteur (voir par exemple : https://shs.cairn.info/publications-de-gabriel-galvez-behar--64066)

    Quelle drôle d’idée !

    En 2020, dans un collectif consacré à l’édition en sciences humaines (https://shs.hal.science/halshs-02937110), j’avais attiré l’attention sur le rôle des #métriques alternatives dans l’ #édition numérique et sur leurs répercussions possible sur l’ #évaluation.

    Il existait déjà des statistiques publiques de consultations ou de citations par article mais toutes les plate-formes ne le font pas. Publier de telles statistiques est donc un choix qui mérite d’être justifié ou, du moins, questionné.

    Pourquoi publier de telles statistiques individuelles ? Qu’est-ce que cela apporte à la plate-forme ? Quels sont les usages pouvant être faits en aval ?

    Ces questions mériteraient d’être posées par toute la communauté scientifique.

    Par ailleurs, que nous disent de telles statistiques sur les différentes voies de diffusion des publications et notamment les archives ouvertes ?

    Faisons une petite expérience à partir d’un article sur #Pasteur que j’ai publié dans @AnnalesHSS

    L’article est présent sur :

    #Cairn et l’article a été vu 874 fois (https://shs.cairn.info/revue-annales-2018-3-page-629)
    #CambridgeCore et l’article a été vu 124 fois (1380 pour le résumé) (https://doi.org/10.1017/ahss.2019.46)
    #HAL-SHS en version pre-print : 977 consultations (mais 2402 téléchargements) (https://shs.hal.science/halshs-01267638)

    Bien entendu, ces données ne sont probablement pas homogènes (même si Cairn et CambridgeCore suivent la « norme » COUNTER, j’y reviendrai).

    Établir une analyse (et a fortiori un classement) sur la base d’une seule source statistique offre donc une vue complètement partielle. En toute rigueur, il faudrait obtenir une perspective consolidée. Mais selon quelle méthode ?

    Du côté des chercheurs, la question se pose de savoir s’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier pour gagner en #visibilité

    Mais surtout, il faudrait se demander à quoi servent ces statistiques et pourquoi rendre publiques les données individuelles.

    Pour engager le débat, il n’est pas inutile de regarder ce que dit l’organisation à but non-lucratif Counter Metrics (https://cop5.countermetrics.org/en/5.1/00-foreword.html) qui fournit une « norme » de mesure de recherche et d’usage des publications électroniques.

    Il s’agit notamment de répondre au besoin des bibliothèques et des consortia pour évaluer leur retours sur #investissements (en matière d’acquisition d’abonnements à des ressources électroniques).

    Que doivent faire les bibliothèques avec les revues qui ne suscitent pas assez de consultations ? Que doivent faire les revues avec les collègues qui ne génèrent pas assez de trafic ?

    Dans les années 2000, lors des débats sur le classement des revues, l’idée d’un usage de la bibliométrie susceptible de distinguer les collègues était l’une des craintes les plus entendues. Avec la diffusion de la publication électronique et l’essor des métriques, il n’est même plus besoin de classer a priori les revues.

    Les données des usages de la #recherche deviennent un élément du pilotage de cette dernière et donc des chercheurs. Elles nous concernent au plus haut point.

    https://social.sciences.re/@ggalvezbehar/113028740594252235

    #classement_de_Shanghai #alternatives #ESR #édition_scientifique

  • « Surtaxer » les résidences secondaires pour enrayer la crise du logement, une méthode de plus en plus appliquée par les maires
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/24/crise-du-logement-l-engouement-des-maires-pour-la-surtaxe-sur-les-residences

    La capitale s’affole, elle aussi, de l’espace gagné par les #résidences_secondaires en quelques décennies, passées de quelque 30 000 au tournant des années 1970 à près de 140 000 aujourd’hui (soit 10 % des logements). « On en compte chaque année 4 000 de plus. On court le risque que, dans quatre ou cinq ans, les logements privés à louer à Paris, en chute libre, deviennent moins nombreux que les résidences secondaires et #logements_vacants réunis », s’alarme Jacques Baudrier, adjoint à la maire de #Paris (Parti communiste français), chargé du logement. La ville applique la surtaxe maximale [sur la part communale de la #taxe_d'habitation]. Elle va lui rapporter 120 millions d’euros cette année, et coûter près de 900 euros, en moyenne, aux propriétaires de résidence secondaire.

    « Il y a urgence à ce que le futur gouvernement augmente cette surtaxe pour libérer des logements à Paris et en Ile-de-France. Il faudrait que la majoration soit de + 300 % [au lieu des +60% max actuels] pour avoir un effet. A 6 000 euros, ça commencerait à faire réfléchir un paquet de gens », argue M. Baudrier. Confrontés aux mêmes difficultés d’accès au logement de la population locale, des pays voisins ont opté pour des solutions radicales. En Suisse, les communes dont le taux de résidences secondaires dépasse le quota de 20 % refusent l’autorisation de toute nouvelle résidence secondaire.

  • Mal-logement : un déménagement et des inquiétudes pour un squat de Seine-Saint-Denis
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/24/mal-logement-un-demenagement-et-des-inquietudes-pour-un-squat-de-seine-saint


    Le bâtiment de la rue de Stalingrad occupé par le Collectif Gambetta, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 22 août 2023. VICTORIA LEMAIRE/LE MONDE

    Le 22 août, le Collectif de Gambetta a annoncé l’occupation d’un bâtiment vide de Montreuil après s’être vu refuser un délai supplémentaire dans son squat précédent. Un début d’occupation sous tension avec la crainte d’une expulsion à effet immédiat.

    Devant un bâtiment a priori abandonné à la façade ornée de street art, rue de Stalingrad à Montreuil (Seine-Saint-Denis), une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées en fin d’après-midi, jeudi 22 août. De la musique, une table avec des rafraîchissements, des enfants qui jouent… Malgré les apparences joyeuses, l’inquiétude se faisait sentir. Une partie des quarante familles du Collectif de Gambetta occupait alors cet immeuble désaffecté depuis le 14 août, après la notification par la justice qu’aucun délai d’occupation supplémentaire ne leur était accordé dans le squat de la rue Gambetta qu’ils occupaient depuis deux ans. Dans les deux cas, il s’agit de « bâtiments vides d’usage depuis longtemps. Ce sont des gens qui luttent pour avoir un toit, mais ils n’enlèvent pas leur toit à d’autres », précise une habitante membre du collectif de soutien, qui a souhaité conserver son anonymat.

    Les habitants et leurs soutiens ont décidé, après une semaine d’occupation de ce nouveau squat rue de Stalingrad, de se montrer. « Ici, nous ne voulons pas détruire, voler ou casser, nous avons de bonnes intentions et souhaitons entretenir ce bâtiment où nous sommes installés depuis une semaine », explique l’une des habitantes du squat, qui a refusé de donner son nom. Le collectif a tenté d’entrer en contact avec le propriétaire, le promoteur immobilier Sopic, afin de négocier une convention d’occupation temporaire qui leur permettrait de rester.

    Ce type de contrat consiste à « occuper le bâtiment sur une période donnée, en prendre soin, et le restituer au propriétaire dès lors qu’il a un projet dans le lieu concerné », explique Célia Mougel, juriste et chargée d’études à l’observatoire des expulsions des lieux de vie informels. Elle déplore que ce dispositif ne soit pas davantage connu : « Il y a tellement de bâtiments vides qui concernent de grands promoteurs ou des collectivités, ce genre de contractualisation est l’une des voies pour pallier le manque de logements et la grande précarité des personnes qui sont contraintes de se retrouver en squat. »

    Un nouveau délit avec la loi « antisquat »
    Les membres du Collectif de Gambetta, qui comprend beaucoup de femmes enceintes ou avec des enfants, craignent avant tout d’être visés par une expulsion immédiate, sans passage devant un juge. Une membre du collectif de soutien explique : « Soit [les autorités] attendent qu’il y ait une procédure judiciaire, soit [elles] se saisissent du biais criminalisant de la loi Kasbarian-Bergé, qui permet à la police d’entrer dans le bâtiment » et de procéder à une expulsion immédiate.

    La loi Kasbarian-Bergé du 27 juillet 2023, dite « antisquat », crée un délit relatif à l’introduction sans autorisation du propriétaire dans un bâtiment à usage commercial, agricole, professionnel ou d’habitation, ne se limitant donc pas aux seuls locaux à usage d’habitation, comme cela était le cas auparavant. Pour constituer le délit prévu et réprimé par le nouvel article 315-1 du code pénal, l’introduction dans le local doit être effectuée « à l’aide de manœuvres, de menaces, de voie de fait ou de contraintes ».

    Ce critère n’est cependant pas toujours respecté dans les procédures d’expulsion, selon Matteo Bonaglia, avocat spécialisé en droit du logement. Il explique : « Informées de l’occupation d’un bâtiment, [les autorités] ne cherchent pas à savoir comment les gens sont entrés, si le délit est caractérisé ou pas, elles y vont et interpellent tout le monde. Le temps de la garde à vue, le bâtiment est restitué au propriétaire et, après, il n’y a, en général, pas de procédure pénale, car le délit n’est pas caractérisé, mais le mal est fait. »

    L’avocat craint « qu’en ayant créé ce délit on finisse par se dispenser complètement de la voie de droit naturelle qui est celle du contrôle d’une mesure aussi grave que l’expulsion par un juge indépendant et impartial », puisque les personnes visées n’auraient ni moyen de se défendre en étant entendues par un juge ni délai de prévenance. Contactée, la Préfecture de police de Paris n’a pas donné suite.

    « L’effet domino » du manque de logements sociaux
    Les membres du Collectif de Gambetta, pour la plupart en situation irrégulière, redoutent ce type de procédure accélérée, pouvant les amener en garde à vue, puis en centre de rétention administrative et éventuellement jusqu’à une expulsion hors du territoire. L’Observatoire des expulsions collectives de lieux de vie informels recense un nombre d’expulsions de squats en hausse de 54 % en France, passant de 132, entre juillet 2022 et juillet 2023, à 203 sur la même période l’année suivante.

    La perspective d’une convention avec le propriétaire du bâtiment constitue une lueur d’espoir pour les membres du Collectif de Gambetta, qui ont, pour la plupart, connu la rue avant de rejoindre le squat. Plusieurs racontent avoir tenté pendant longtemps, et parfois encore aujourd’hui, de trouver un hébergement d’urgence avec le 115. Maxence Delaporte, directeur général adjoint d’Interlogement93, l’association qui gère le numéro vert destiné aux sans-abri (le 115) en Seine-Saint-Denis, explique que celui du département est « l’un des plus saturés de France, le deuxième après Paris en volume ».

    En 2023, l’association a comptabilisé une hausse de 36 % par rapport à 2022 des demandes de mise à l’abri, et une hausse de 54 % des demandes non pourvues. Plaidant pour une augmentation des moyens alloués à l’hébergement d’urgence, il ajoute : « Bien sûr, c’est mieux d’être à l’hôtel qu’à la rue, mais nous aspirons à une augmentation du nombre de logements sociaux pour loger tout ce monde. »

    Une ligne tenue également par la Fondation Abbé Pierre, qui agit contre l’exclusion. Marie Rothhahn, responsable de la lutte contre la privation des droits, dénonce « l’effet domino » du manque de logements sociaux : « Si on avait construit assez de logements sociaux, ils serviraient aux personnes en situation régulière, et l’hébergement d’urgence à celles en situation irrégulière. » Elle estime, par ailleurs, que l’« on entend parler insuffisamment du logement dans le discours public », alors qu’il y avait, en 2023, 4,1 millions de personnes privées de logement personnel ou vivant dans des conditions très difficiles.

    A côté d’une banderole « Solidarité avec l’occupation, un toit c’est un droit », les membres du Collectif de Gambetta ont affiché une souscription à un contrat d’électricité et des photos prouvant l’occupation, espérant ainsi se prémunir d’une expulsion sans délai et trouver un peu de stabilité.

    Le #macronisme en actes #expulsion #logement #pénurie #anti-pauvres

  • Mort de Nahel : le directeur du journal « Oise Hebdo » condamné pour avoir divulgué l’identité du policier auteur du tir
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/22/mort-de-nahel-le-directeur-du-journal-oise-hebdo-condamne-pour-avoir-divulgu

    Le directeur du journal Oise Hebdo a été condamné, jeudi 22 août, à une amende pour avoir divulgué, peu après les émeutes ayant suivi la mort de Nahel, en juin 2023, le nom du policier auteur du tir mortel, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès du parquet de Compiègne.
    Vincent Gérard, directeur de la publication de l’hebdomadaire picard, a été condamné à 4 000 euros d’amende dont 2 000 euros avec sursis, ainsi qu’à verser 1 000 euros au policier au titre du préjudice moral, a déclaré le parquet. Le journal a lui-même fait part de cette décision de justice sur son site Internet, dans un article mentionnant à nouveau le nom du policier.

    #police #média #presse

  • Immigration : questions sur les procédures d’éloignement après la brouille diplomatique entre la France et l’Algérie
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/14/immigration-questions-sur-les-procedures-d-eloignement-apres-la-brouille-dip

    Immigration : questions sur les procédures d’éloignement après la brouille diplomatique entre la France et l’Algérie
    Par Julia Pascual
    La brouille diplomatique entre Paris et Alger va-t-elle grever les éloignements de ressortissants sans titre de séjour ? La question se pose depuis que l’Algérie a décidé, le 30 juillet, « le retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat ». Une rupture des relations bilatérales qui intervient après que le président de la République, Emmanuel Macron, a adressé une lettre au roi du Maroc, Mohammed VI, à l’occasion de l’anniversaire de son intronisation, dans laquelle il estime que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est contrôlé en majeure partie par le Maroc, mais il est revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui réclament un référendum d’autodétermination. L’ONU le considère comme un « territoire non autonome ».
    Le gouvernement français « bafoue la légalité internationale (…) sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles », a déclaré le ministère des affaires étrangères algérien dans son communiqué du 30 juillet. La première d’entre elles pourrait être l’arrêt des expulsions d’Algériens sans-papiers. Sous le couvert de l’anonymat, une source policière reconnaît qu’actuellement « le gouvernement algérien traîne pour délivrer des laissez-passer consulaires ». Le laissez-passer consulaire est un document de voyage nécessaire pour renvoyer un étranger dans son pays d’origine lorsqu’il ne dispose pas d’un passeport. Pour l’obtenir, le pays d’origine doit reconnaître l’étranger comme l’un de ses ressortissants et lui délivrer le laissez-passer. Sésame indispensable, il est un instrument de pression diplomatique fréquemment employé.
    En 2021, le gouvernement de Jean Castex avait annoncé un gel des visas aux pays du Maghreb en raison de la faible délivrance de laissez-passer consulaires de la part de ces Etats. Une brouille diplomatique qui avait duré un an. Pour reprendre aujourd’hui ? Moins de deux semaines après avoir provoqué l’ire d’Alger, dans la vingtaine de centres de rétention administrative (CRA), les situations sont encore difficiles à décrypter.
    L’association Forum Réfugiés, présente dans sept CRA, où elle fournit une aide juridique et sociale aux personnes retenues, a observé, par exemple, que « le consulat d’Algérie ne se déplace plus au centre de Nice depuis deux semaines », souligne Assane Ndaw, directeur adjoint de l’association. Au total, Forum Réfugiés comptabilise sept éloignements d’Algériens, depuis le 30 juillet, depuis les autres CRA où elle est présente.
    « Il est encore un peu tôt pour avoir une analyse, on ne constate pas un arrêt total des reconduites, prévient à son tour Claire Bloch, de la Cimade, présente dans cinq CRA en métropole. A Toulouse, par exemple, depuis le 30 juillet, aucun laissez-passer consulaire n’a été délivré et des vols ont été annulés. Il y a même un Algérien qui avait une carte d’identité valide, mais qui a été refoulé à son arrivée à Oran. De même, le 7 août, un vol charter parti du Bourget [Seine-Saint-Denis] n’a pas redécollé après une escale à Marseille. En revanche, on a vu, depuis le 30 juillet, huit expulsions d’Algériens retenus au CRA du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne. Parmi eux, certains détenaient des passeports et d’autres s’étaient vu délivrer un laissez-passer avant la rupture des relations diplomatiques. »
    Même prudence du côté de l’Association service social familial migrants (Assfam), qui intervient dans quatre CRA et a comptabilisé six éloignements vers l’Algérie depuis le 30 juillet. « On n’a pas beaucoup de recul, souligne Mathilde Buffière. En attendant, les juges continuent de prolonger les rétentions. »Dans le contexte de tension, les faibles perspectives d’éloignement remettent en cause la légalité de la rétention. C’est ce qu’a essayé de faire valoir l’avocate Aziza Dridi, du barreau de Grasse (Alpes-Maritimes), dans quatre dossiers de personnes retenues dans le centre de Nice : « J’ai fait des demandes de libération devant le juge de la liberté et de la détention, car il n’y a aucune perspective d’éloignement, assure-t-elle. Toutes ont été rejetées. »
    Les annonces diplomatiques « sont par nature très évolutives », justifie ainsi le tribunal de Nice dans une de ses décisions, le 9 août, confirmée par la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Sollicités, ni le ministère de l’intérieur ni celui des affaires étrangères, n’ont souhaité répondre au Monde, mais, dans une décision du 10 août du tribunal de Rennes, qui prolonge la rétention d’un ressortissant algérien, le juge relève que le représentant de la préfecture a précisé à l’audience que « dix-huit éloignements ont pu avoir lieu depuis le 2 août » vers l’Algérie.
    « Si le conflit dure, il y aura des libérations, estime l’avocate Me Dridi. En attendant, des personnes sont retenues pour rien. » Les Algériens sont les premiers étrangers placés en CRA. Selon le rapport interassociatif sur ces centres publié annuellement, ils représentaient 33 % des personnes retenues en métropole – soit 5 636 personnes –, mais la France n’est parvenue à éloigner que 23 % d’entre eux. « Cela illustre la persistance de l’administration à placer des personnes en rétention sans s’interroger sur l’existence réelle de perspectives d’éloignement », soulignait le document. La non-délivrance des laissez-passer consulaires est un des principaux freins à ces expulsions. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’intérieur, l’Algérie a délivré 46 % des laissez-passer consulaires qui lui ont été demandés en 2022 contre 5,8 % en 2021.l

    #Covid-19#migrant#migration#france#algerie#retention#CRA#visas#saharaoccidental#laisserpasserconsulaire#refoulement#sante

  • Deux migrants meurent au large de Calais lors d’une traversée de la Manche
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/11/deux-migrants-meurent-au-large-de-calais-lors-d-une-traversee-de-la-manche_6

    Deux migrants meurent au large de Calais lors d’une traversée de la Manche
    Deux migrants sont morts, dimanche 11 août, au large de Calais, portant à neuf le nombre de décès lors de tentatives de traversée de la Manche en un mois. Cinquante-trois migrants ont été secourus mais deux autres n’ont pu être réanimés, l’un déclaré mort au port de Calais (Pas-de-Calais), l’autre à l’hôpital de Boulogne-sur-Mer, ajoute la préfecture maritime (Prémar).
    Dimanche « en début de matinée », une embarcation s’est signalée « en difficulté avec des personnes à l’eau (…) au large de Calais », a précisé la préfecture de la Manche et de la mer du Nord dans un communiqué. Parmi la centaine de migrants secourus entre cette intervention et une autre, tous débarqués au port de Calais, « cinq [sont] en urgence relative », a souligné Jacques Billant, le préfet du Pas-de-Calais, lors d’un point presse à Calais.
    Le procureur de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras, a annoncé l’ouverture d’une enquête « des chefs d’aide à étrangers en situation irrégulière en bande organisée aggravée par la circonstance de risque de mort et d’infirmité, crime, et d’association de malfaiteurs en bande organisée, mise en danger de la vie d’autrui, délits ». Aucune interpellation n’avait eu lieu dimanche en milieu d’après-midi.Ces dernières semaines, les drames se sont enchaînés au large des côtes françaises, avec sept morts dans des tentatives de traversées en juillet, les traversées de la Manche sur des bateaux de fortune étant particulièrement nombreuses l’été. Ces morts surviennent lors de tentatives de rejoindre l’Angleterre, secouée ces derniers jours par des violences durant des manifestations anti-immigration et antimusulmans.
    Entre le 12 et le 19 juillet, six migrants sont morts dans trois naufrages distincts : quatre, le 12 juillet, une femme érythréenne, le 17, puis un homme, le 19. Le 28 juillet, Dina, une femme « bidoun » – une minorité apatride du Koweït – âgée de 21 ans, est morte écrasée dans le canot qui devait l’emmener vers l’Angleterre. A chaque fois, les embarcations étaient très chargées. Le nombre de personnes à bord atteignait 86 le 19 juillet.
    Sur l’ensemble de l’année 2023, douze migrants étaient morts en tentant de gagner l’Angleterre par la mer, selon le bilan de la Prémar. Un bilan humain déjà largement dépassé en 2024, avec vingt-cinq morts depuis janvier, a précisé le préfet du Pas-de-Calais.Ces traversées se font souvent « sans gilets de sauvetage », à bord d’« embarcations de très mauvaise qualité car sous-gonflées et souvent sans plancher (…), sous-motorisées », a-t-il regretté. « Cette frontière tue dans le plus grand des silences », a réagi sur X l’association L’Auberge des migrants.
    Selon un comptage de l’Agence France-Presse à partir des chiffres des autorités britanniques, au 8 août, 17 639 personnes avaient effectué la traversée depuis le début de l’année sur des « small boats », nom donné à ces petites embarcations, un chiffre quasi équivalant à celui enregistré sur la même période lors de l’année record de 2022.
    La France et le Royaume-Uni tentent, depuis des années, d’enrayer ces tentatives de traversées de la Manche sur des canots pneumatiques. Le président français, Emmanuel Macron, et le nouveau premier ministre britannique, Keir Starmer, se sont engagés mi-juillet à « renforcer leur coopération en matière de migration irrégulière », en marge d’un sommet avec quarante dirigeants européens.A peine arrivé au pouvoir début juillet, M. Starmer a confirmé l’abandon du projet controversé d’expulser des migrants au Rwanda, lancé en 2022 par les conservateurs alors au pouvoir mais jamais concrétisé. A la place, il a annoncé vouloir accélérer le traitement des dossiers de demandeurs d’asile tout en durcissant la lutte contre les passeurs pour « renforcer » les frontières.
    Selon Jacques Billant, « depuis début 2024, ce sont plus de 350 interpellations qui ont été opérées et plus de quinze filières de passeurs qui ont été démantelées ».Keir Starmer a dû faire face, ces derniers jours, à de violentes émeutes d’extrême droite, qui ont secoué le Royaume-Uni pendant une semaine à la suite du meurtre de trois fillettes le 29 juillet, sur fond de rumeurs en ligne en partie démenties décrivant le suspect de l’attaque comme un demandeur d’asile musulman. Il s’agit en fait d’un adolescent de 17 ans né à Cardiff dont les parents, selon des médias, sont originaires du Rwanda.

    #Covid-19#migrant#migration#manche#france#royaumeuni#mortalite#PREMAR#pasdecalais#traversee#sante#routemigratoire

  • Le sport, instrument de « #soft_power » pour les forces de l’ordre
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/10/le-sport-instrument-de-soft-power-pour-les-forces-de-l-ordre_6275113_3224.ht

    Avec ses cinq médaillés aux Jeux olympiques – l’or pour Kauli Vaast en surf ; l’argent pour Anastasiia Kirpichnikova (1 500 m nage libre) et Camille Jedrzejewski (tir au pistolet à 25 m) ; le bronze pour Sébastien Patrice et Maxime Pianfetti (sabre par équipe) – et un espoir, Gabriel Tual, qualifié, vendredi 9 août, pour la finale du 800 m, la #police nationale tire les bénéfices d’une politique récente, motivée à la fois par la promotion de la pratique sportive en son sein et d’évidentes considérations de #communication.

    Longtemps contraints de suivre une scolarité à l’école de gardiens de la paix, les #sportifs de haut niveau de la police ne bénéficiaient que d’aménagements très limités au long de leur carrière pour espérer s’entraîner au niveau requis pour briller dans les compétitions internationales, gage de cohésion interne, d’émulation mais aussi de retombées en matière d’image pour l’institution. Les #athlètes paralympiques, eux, étaient tout bonnement exclus du système, les critères d’aptitude physique au concours de gardien de la paix ne leur permettant pas de postuler. Fin 2022, la mission sport de l’institution met en place un nouveau dispositif en collaboration avec l’Agence nationale du sport. Désormais, les athlètes peuvent être recrutés comme contractuels après avoir reçu une simple formation de policiers réservistes, maniement de l’arme de service compris – sans doute une formalité pour Camille Jedrzejewski, médaille d’argent au tir au pistolet à 25 m et bénéficiaire du dispositif.

    « Nous souhaitons donner à nos champions les meilleures conditions possibles pour éviter la précarité financière qui touche beaucoup de sportifs de haut niveau et leur permettre de s’entraîner pour performer et offrir des médailles à la France », explique la commissaire divisionnaire Rachel Costard, cheffe de la mission sports de la police nationale et ancienne compétitrice d’athlétisme et de volley-ball. Son adjoint, le commandant Jean-François Briand, n’a pas bénéficié des mêmes conditions que les soixante-six athlètes de l’équipe police nationale (et huit pour les Jeux paralympiques) engagée en 2024 dans vingt-quatre disciplines : après avoir participé aux épreuves de kayak à l’occasion des #JO de Barcelone, en 1992, il a passé le concours de gardien de la paix tout en continuant à s’entraîner, sans dispositif d’aide spécifique.

    Au-delà des « médailles offertes » au pays, aligner des sportifs de haut niveau constitue un puissant vecteur de communication pour l’institution, à grand renfort de tweets, de vidéos postées sur les réseaux sociaux, d’interviews. Ce n’est pas un hasard si les « policiers » athlètes consacrent quasi exclusivement leurs périodes de réserve obligatoires, une trentaine de jours par an, à assurer la promotion de la police dans des salons. Pas un seul, du reste, qui n’oublie de mentionner son « appartenance » à la police nationale.

    La #gendarmerie l’a bien compris. Elle a envoyé onze athlètes à ces Jeux olympiques ou plutôt des « sportifs de haut niveau de la défense-gendarmerie », leur dénomination officielle dans l’institution. Dès la première semaine, cette équipe a pu revendiquer cinq médailles, dont deux en or, remportées par la maréchale des logis Manon Apithy-Brunet, en sabre individuel, et l’adjudante Clarisse Agbégnénou, en judo par équipe. Mais aucun de ces sportifs n’est gendarme d’active. Ils appartiennent à un corps de soutien, le mythique #bataillon_de_Joinville.

    Avant la disparition du service militaire, environ 21 000 sportifs appelés sont passés par cette unité, dont les plus grands noms du sport français : Yannick Noah, Zinédine Zidane, Jacques Anquetil… Disparu en 2002 avec la conscription, le bataillon renaît en 2014 pour constituer « l’armée des champions ». C’est d’ailleurs l’armée qui, de longue date, accapare les places sur les podiums. Avec son réservoir de deux cent trente « sportifs de haut niveau de la défense », y compris les gendarmes, l’institution peut aligner cent six athlètes pour les Jeux de Paris, parmi lesquels vingt-huit pour les épreuves paralympiques, dans vingt disciplines. « Terriens », marins et aviateurs totalisent ainsi 35 % des titres remportés par la France, soit dix-neuf médailles dont trois en or : en canoë monoplace slalom pour l’aviateur Nicolas Gestin, en judo et en escrime pour les gendarmes Clarisse Agbégnénou et Manon Apithy-Brunet.

    Tout comme les autres corps d’#armée, la gendarmerie propose des contrats à des athlètes de haut niveau pour une durée initiale de deux ans, renouvelable. Elle leur assure un salaire et leur permet de se concentrer pleinement sur leur sport. En contrepartie, ces sportifs s’engagent à valoriser l’image de leur armée de rattachement, en participant à différents événements, parfois à des compétitions militaires. « Les athlètes partagent avec nous certaines valeurs, l’esprit d’équipe, le courage, le dévouement, ce qui correspond totalement à ce que l’on souhaite mettre en avant », explique-t-on du côté de la gendarmerie. Des « stages d’aguerrissement » permettent également d’acculturer les athlètes au fonctionnement militaire. Dans certains cas, des échanges de compétences plus précis peuvent se mettre en place. Le tireur Jean Quiquampoix, médaillé d’or aux Jeux olympiques de Tokyo, a, par exemple, travaillé avec des tireurs du #GIGN.

    En plus d’un accompagnement au fil de leur carrière sportive, les athlètes peuvent aussi trouver une potentielle suite à leur #carrière. Un dispositif de reconversion est accessible après quatre années de contrat. Le nageur Hugues Duboscq, double médaillé de bronze en 100 m et 200 m brasse, a pris sa retraite sportive en 2012, avant de rejoindre la gendarmerie. Il a pu intégrer une unité de plongeurs au Havre (Seine-Maritime).

    L’archère Lisa Barbelin, 24 ans, médaillée de bronze du tir à l’arc individuel, a rejoint la gendarmerie en septembre 2020. « C’est assez simple, si je n’avais pas intégré la gendarmerie, je n’aurais pas pu poursuivre la carrière sportive que j’ai eue, encore moins en continuant mes études, estime-t-elle. On ne s’en rend pas compte, mais le sport de haut niveau est extrêmement précaire. Vous pouvez gagner une récompense puis plus rien pendant quatre ans. Il n’y a pas de sécurité financière possible. » Mais son salaire, indexé sur la solde de son grade de maréchale des logis, aux alentours de 2 000 euros, exige des contreparties. « Je dois m’assurer d’offrir une juste visibilité à la gendarmerie, ce que je fais facilement puisque je suis très fière et reconnaissante d’en faire partie. Ils comprennent très bien ma situation, mes besoins, et font preuve d’une grande flexibilité pour m’accompagner », assure-t-elle.

  • Baisers forcés et « climat abusif » : enquête sur la puissante communauté catholique Saint-Martin sommée de se réformer
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/07/baisers-forces-et-climat-abusif-la-puissante-communaute-catholique-saint-mar

    Le Vatican a nommé deux « assistants apostoliques » pour « accompagner » cette association de droit pontifical, principale pourvoyeuse de prêtres en France, dans un travail de réformes. D’anciens membres évoquent des dérives autoritaires et des agressions sexuelles de la part de l’abbé Jean-François Guérin, son fondateur.

    Que s’est-il passé dans les murs de la « Maison de formation », le séminaire de la puissante communauté Saint-Martin (CSM), du temps de son fondateur, l’abbé français Jean-François Guérin, décédé en 2005 à l’âge de 75 ans ? Pourquoi le Vatican demande-t-il à cette association de droit pontifical, principale pourvoyeuse de prêtres en France (170 en activité, une centaine en formation), de se réformer ?
    Les détails sont secrètement conservés dans un rapport de 1 300 pages archivé à Rome, dans les bureaux du dicastère pour le clergé. Cet organe de la curie, chargé de contrôler la formation des prêtres catholiques partout dans le monde, a placé le 4 juillet la CSM sous la supervision de deux « assistants apostoliques », après une enquête menée entre juillet 2022 et janvier 2023 par Benoît Bertrand, évêque de Mende, à la demande du Saint-Siège et de la hiérarchie de la communauté. Les résultats de cette « visite pastorale périodique », selon le vocabulaire romain, n’ont pas été rendus publics. Mais, à la lecture de la lettre mise en ligne sur le site de Saint-Martin, on mesure la gravité des enjeux.
    En plus « d’accompagner » la communauté dans un « travail de réforme » jugé « nécessaire », « il s’agira de faire œuvre de vérité et de clarté sur la période de fondation, la personnalité du fondateur et les faits qui lui sont reprochés par plusieurs anciens membres », écrivent ainsi Matthieu Dupont, évêque de Laval, et François-Marie Humann, abbé de Mondaye (Calvados), les deux assistants apostoliques désignés par Rome. Avant d’ajouter : « Des personnes écoutées ont parlé d’un climat abusif dans l’exercice de l’autorité et l’accompagnement spirituel. Certaines personnes, majeures à l’époque des faits, évoquent aussi des gestes pouvant relever de délits à caractère sexuel (baisers forcés). »

    https://justpaste.it/bkj5n

  • A Bordeaux, un homme « menaçant » armé d’un couteau tué par les tirs d’un policier
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/09/a-bordeaux-un-homme-menacant-arme-d-un-couteau-tue-par-les-tirs-d-un-policie

    Un homme armé d’un couteau et soupçonné de vol dans une supérette est mort, tué par les tirs d’un policier après s’être montré « menaçant », vendredi 9 août soir, à Bordeaux, a fait savoir le parquet.

    #police #cestnormal

  • Les indépendantistes de Nazione demandent une refonte du corps électoral en Corse
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/05/les-independantistes-de-nazione-demandent-une-refonte-du-corps-electoral-en-

    Si l’ordre du jour officiel des 42e Journées internationales de Corte, qui se tiennent sur le parking du Musée de #Corse, dans l’enceinte de la citadelle qui domine la ville, était la « solidarité internationale » – avec des délégations venues de Nouvelle-Calédonie, de Guyane, des Antilles, de Catalogne, de Kabylie, de Bretagne, de Sardaigne ou du Pays basque –, deux préoccupations ont surtout occupé les esprits : les événements de #Nouvelle-Calédonie, dans lesquels Nazione veut voir un miroir de l’avenir de la Corse, et l’explosion du score du Rassemblement national (#RN) en Corse, que ce soit aux européennes ou aux législatives, auxquelles le nouveau parti indépendantiste avait choisi de ne pas participer. Le point commun de ces deux faits en apparence éloignés ? La composition du #corps_électoral qui est en train d’émerger comme un véritable sujet de débat dans la sphère nationaliste corse, chez les indépendantistes comme pour les autonomistes.

    « La Corse est passée de 250 000 à 350 000 habitants ces vingt dernières années alors que sa natalité est en chute. Cet apport de population s’apparente à une colonisation de peuplement par l’Etat français », affirme Petr’Anto Tomasi, l’un des porte-parole de Nazione. Pour lui, là est l’explication d’un vote RN qui dépasse les 40 % sur l’île : ce serait un « vote communautaire français » surtout porté par les nouveaux arrivants sur l’île. « Il serait absurde toutefois de prétendre que des Corses ne votent pas pour le RN, concède M. Tomasi. C’est à nous de leur faire comprendre que c’est contraire à leurs véritables intérêts. Car l’extrême droite est aux antipodes de nos valeurs et elle défend des positions contraires à l’expression de la souveraineté du peuple corse », poursuit-il.

    Nazione déduit de ce constat qu’il faut mettre en place un #statut_de_résident qui réserverait le vote aux habitants présents depuis plus de dix ans. Plus généralement, le mouvement milite pour l’adoption d’un statut de résident ouvrant des droits spécifiques en matière d’emplois et d’achat immobilier ou foncier. Une « ligne rouge » pour Paris, qui a écarté d’emblée toute « citoyenneté à deux vitesses » du processus de Beauvau, tout comme la reconnaissance du peuple corse et l’adoption de la langue corse. « Ce qui a été négocié à Beauvau, ce n’est même pas une autonomie, c’est une simple décentralisation », cingle Petr’Anto Tomasi à l’attention des promoteurs locaux du projet d’autonomie.

    [...]

    Les événements de Nouvelle-Calédonie n’ont fait que renforcer la méfiance des indépendantistes de Nazione envers Paris et les discussions menées par Gérald Darmanin. La volonté de Paris de « dégel » du corps électoral de l’archipel du Pacifique, malgré les accords de Nouméa qui en fixaient la composition, est interprétée comme la preuve de l’incapacité de l’Etat français à respecter ses engagements ainsi que de sa volonté d’user de l’arme démographique contre les revendications séparatistes.

    https://justpaste.it/fsx1r

    #État_français #arme_démographique