Les cartes de la France et de ses régions invisibilisent le train. C’est pourtant le moyen de transport longue distance le plus important des prochaines décennies.
Observez les deux cartes suivantes : les deux représentent l’hexagone, mais saurez-vous trouver la différence principale ?
La première, nous la connaissons bien : c’est Google Maps, la reine de la cartographie depuis 15 ans.
Google a fait le choix, comme Apple, Mappy, Viamichelin ou encore OpenStreetMap.org, de montrer une vision cartographique du monde où le train n’existe pas... en tout cas pas au niveau de zoom des pays, qui met donc en valeur la voiture et seulement la voiture.
La France autoroutière
C’est un choix politique conservateur.
Motivé par l’absence du train dans les modes de déplacements des États-Unis (pour rappel, Elon Musk a contribué à tuer le projet de LGV californienne en proposant volontairement son projet fantasque hyperloop), où sont développés #Google et #Apple_Maps.
Mais un choix qui aussi le reflet d’une volonté de ne pas brusquer l’automobiliste, car même dans les pays européens, l’autoroute domine le rail d’un facteur 10 à 20 en 2023.
Google et Apple n’ont en fait rien changé à la #vision_cartographique du monde depuis 1990 (35 ans !), l’époque de la voiture reine, l’époque de l’insouciance climatique, energétique, géopolitique.
#Michelin est un vendeur de pneus. Qu’ils vendent des cartes routières est tout à fait logique.
On ne peut pas en dire autant de l’#IGN, agence publique ayant pour mission d’assurer la production, l’entretien et la diffusion de l’information géographique de référence en France.
Qu’il s’agisse de la carte en ligne ou les fameuses cartes papier de randonnée, la voiture et les autoroutes cadrent le paysage français.
Mettre le train au #premier_plan
Pourtant, le TGV explose régulièrement ses records de trafic. Et surtout : le respect de l’engagement climatique et énergétique nous impose de faire du rail l’infrastructure prioritaire, dès maintenant.
Sur #Cartes, nous vous présentons donc le premier plan vectoriel de l’hexagone intégré sur une carte généraliste en ligne. Où les autoroutes sont remplacées par le magnifique réseau ferré de notre hexagone et des pays voisins.
Les deux captures suivantes montrent qu’à l’échelle régionale, la carte d’Apple cette fois-ci, adopte également une vision 100 % auto-centrée : le rail n’existe toujours pas !
Sur Cartes, les routes nationales apparaissent au côté du rail : plus l’échelle du déplacement est petite, plus il faut mettre en avant les infrastructures adaptées aux dernières dizaines de kilomètres.
Une nouvelle ère pour l’information voyageur
Cette 1ère version des cartes vectorielles auto-hebergées sur le serveur du projet Cartes est imparfaite : les LGV ne sont pas encore mises en avant ; c’est une carte du rail, pas de l’offre voyageur, or on sait bien que contrairement à la liberté de la voiture l’offre voyageur contraint fortement le train ; certaines portions sont actuellement représentées de façon trop complexe avec un dédoublement des voies (exemple : la vallée du Rhône), ce qui produit des cartes plus lourdes et moins lisibles.
À terme, il y a de fortes chances qu’à haut niveau de zoom, c’est l’offre voyageur qui sera mise en avant, basée sur les horaires et trajets effectif du moment, pas les méandres du réseau ferré français.
Sans aucun doute, Cartes sera rejointe par d’autres acteurs avec l’ambition d’informer les voyageurs sur le mode de transport à la fois le plus écologique et le plus économique dès qu’une liaison sans trop de détour existe. Rappelons-le : 60 % des Français vivent à moins de 20 minutes à vélo d’une gare principale.
L’IGN, par exemple, a montré récemment de nouvelles ambitions : cartes de l’anthropocène qui actent les bouleversements en cours, nouvelle application mobile pour concurrencer les GAFAMs. Gageons que le voyage en train sera l’une de ces nouvelles priorités pour le XXIème siècle.
Montrer les défauts pour les corriger
Par le passé, l’ensemble de la France était maillé. En explorant la carte, vous verrez les nombreuses indirections entre les grandes villes de France, qui provoquent des trajets lents, détournés par Paris et donc souvent irréalistes.
Montrer le rail au premier plan, c’est aussi montrer les défauts du réseau ferré national, pour les corriger. D’urgence.