• Le sport, instrument de « #soft_power » pour les forces de l’ordre
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    Avec ses cinq médaillés aux Jeux olympiques – l’or pour Kauli Vaast en surf ; l’argent pour Anastasiia Kirpichnikova (1 500 m nage libre) et Camille Jedrzejewski (tir au pistolet à 25 m) ; le bronze pour Sébastien Patrice et Maxime Pianfetti (sabre par équipe) – et un espoir, Gabriel Tual, qualifié, vendredi 9 août, pour la finale du 800 m, la #police nationale tire les bénéfices d’une politique récente, motivée à la fois par la promotion de la pratique sportive en son sein et d’évidentes considérations de #communication.

    Longtemps contraints de suivre une scolarité à l’école de gardiens de la paix, les #sportifs de haut niveau de la police ne bénéficiaient que d’aménagements très limités au long de leur carrière pour espérer s’entraîner au niveau requis pour briller dans les compétitions internationales, gage de cohésion interne, d’émulation mais aussi de retombées en matière d’image pour l’institution. Les #athlètes paralympiques, eux, étaient tout bonnement exclus du système, les critères d’aptitude physique au concours de gardien de la paix ne leur permettant pas de postuler. Fin 2022, la mission sport de l’institution met en place un nouveau dispositif en collaboration avec l’Agence nationale du sport. Désormais, les athlètes peuvent être recrutés comme contractuels après avoir reçu une simple formation de policiers réservistes, maniement de l’arme de service compris – sans doute une formalité pour Camille Jedrzejewski, médaille d’argent au tir au pistolet à 25 m et bénéficiaire du dispositif.

    « Nous souhaitons donner à nos champions les meilleures conditions possibles pour éviter la précarité financière qui touche beaucoup de sportifs de haut niveau et leur permettre de s’entraîner pour performer et offrir des médailles à la France », explique la commissaire divisionnaire Rachel Costard, cheffe de la mission sports de la police nationale et ancienne compétitrice d’athlétisme et de volley-ball. Son adjoint, le commandant Jean-François Briand, n’a pas bénéficié des mêmes conditions que les soixante-six athlètes de l’équipe police nationale (et huit pour les Jeux paralympiques) engagée en 2024 dans vingt-quatre disciplines : après avoir participé aux épreuves de kayak à l’occasion des #JO de Barcelone, en 1992, il a passé le concours de gardien de la paix tout en continuant à s’entraîner, sans dispositif d’aide spécifique.

    Au-delà des « médailles offertes » au pays, aligner des sportifs de haut niveau constitue un puissant vecteur de communication pour l’institution, à grand renfort de tweets, de vidéos postées sur les réseaux sociaux, d’interviews. Ce n’est pas un hasard si les « policiers » athlètes consacrent quasi exclusivement leurs périodes de réserve obligatoires, une trentaine de jours par an, à assurer la promotion de la police dans des salons. Pas un seul, du reste, qui n’oublie de mentionner son « appartenance » à la police nationale.

    La #gendarmerie l’a bien compris. Elle a envoyé onze athlètes à ces Jeux olympiques ou plutôt des « sportifs de haut niveau de la défense-gendarmerie », leur dénomination officielle dans l’institution. Dès la première semaine, cette équipe a pu revendiquer cinq médailles, dont deux en or, remportées par la maréchale des logis Manon Apithy-Brunet, en sabre individuel, et l’adjudante Clarisse Agbégnénou, en judo par équipe. Mais aucun de ces sportifs n’est gendarme d’active. Ils appartiennent à un corps de soutien, le mythique #bataillon_de_Joinville.

    Avant la disparition du service militaire, environ 21 000 sportifs appelés sont passés par cette unité, dont les plus grands noms du sport français : Yannick Noah, Zinédine Zidane, Jacques Anquetil… Disparu en 2002 avec la conscription, le bataillon renaît en 2014 pour constituer « l’armée des champions ». C’est d’ailleurs l’armée qui, de longue date, accapare les places sur les podiums. Avec son réservoir de deux cent trente « sportifs de haut niveau de la défense », y compris les gendarmes, l’institution peut aligner cent six athlètes pour les Jeux de Paris, parmi lesquels vingt-huit pour les épreuves paralympiques, dans vingt disciplines. « Terriens », marins et aviateurs totalisent ainsi 35 % des titres remportés par la France, soit dix-neuf médailles dont trois en or : en canoë monoplace slalom pour l’aviateur Nicolas Gestin, en judo et en escrime pour les gendarmes Clarisse Agbégnénou et Manon Apithy-Brunet.

    Tout comme les autres corps d’#armée, la gendarmerie propose des contrats à des athlètes de haut niveau pour une durée initiale de deux ans, renouvelable. Elle leur assure un salaire et leur permet de se concentrer pleinement sur leur sport. En contrepartie, ces sportifs s’engagent à valoriser l’image de leur armée de rattachement, en participant à différents événements, parfois à des compétitions militaires. « Les athlètes partagent avec nous certaines valeurs, l’esprit d’équipe, le courage, le dévouement, ce qui correspond totalement à ce que l’on souhaite mettre en avant », explique-t-on du côté de la gendarmerie. Des « stages d’aguerrissement » permettent également d’acculturer les athlètes au fonctionnement militaire. Dans certains cas, des échanges de compétences plus précis peuvent se mettre en place. Le tireur Jean Quiquampoix, médaillé d’or aux Jeux olympiques de Tokyo, a, par exemple, travaillé avec des tireurs du #GIGN.

    En plus d’un accompagnement au fil de leur carrière sportive, les athlètes peuvent aussi trouver une potentielle suite à leur #carrière. Un dispositif de reconversion est accessible après quatre années de contrat. Le nageur Hugues Duboscq, double médaillé de bronze en 100 m et 200 m brasse, a pris sa retraite sportive en 2012, avant de rejoindre la gendarmerie. Il a pu intégrer une unité de plongeurs au Havre (Seine-Maritime).

    L’archère Lisa Barbelin, 24 ans, médaillée de bronze du tir à l’arc individuel, a rejoint la gendarmerie en septembre 2020. « C’est assez simple, si je n’avais pas intégré la gendarmerie, je n’aurais pas pu poursuivre la carrière sportive que j’ai eue, encore moins en continuant mes études, estime-t-elle. On ne s’en rend pas compte, mais le sport de haut niveau est extrêmement précaire. Vous pouvez gagner une récompense puis plus rien pendant quatre ans. Il n’y a pas de sécurité financière possible. » Mais son salaire, indexé sur la solde de son grade de maréchale des logis, aux alentours de 2 000 euros, exige des contreparties. « Je dois m’assurer d’offrir une juste visibilité à la gendarmerie, ce que je fais facilement puisque je suis très fière et reconnaissante d’en faire partie. Ils comprennent très bien ma situation, mes besoins, et font preuve d’une grande flexibilité pour m’accompagner », assure-t-elle.