Arnaud Brennetot sur le financement des retraites en France par les étrangers
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En France, les immigrés représentent 25 % des cotisants supplémentaires depuis un quart de siècle
Depuis 50 ans, le FN/RN a fait de la lutte contre l’immigration un de ses thèmes privilégiés de mobilisation politique, attisant une xénophobie utile dans sa lutte contre la droite libérale et républicaine. À l’occasion des derniers scrutins, la dénonciation de la “submersion migratoire” a été instrumentalisée avec un succès électoral considérable. Cependant, outre le fait que la xénophobie est contraire aux idéaux républicains, un tel combat politique va à l’encontre des intérêts économiques d’un pays vieillissant.
Pour rappel, après une longue stagnation, le nombre d’immigrés a augmenté depuis un quart de siècle, passant de 4,4 millions en 1999 (7,3 % de la population) à 7 millions en 2022 (10,3 %). Dans le même temps, le nombre de retraités n’a cessé d’augmenter lui aussi, passant de 13 millions en 2004 à 17 en 2021.
Au cours de cette période, le financement de l’augmentation du coût des pensions et des frais de santé induits par le vieillissement a été rendu possible grâce à l’augmentation, en parallèle, du nombre d’emplois (et donc de cotisants) : entre 1999 et 2021, le nombre d’emplois en France est ainsi passé de 24,9 à 29,7 millions.
Cette augmentation a permis de stabiliser le rapport entre le nombre d’emplois et le nombre de personnes sans emploi (mineurs, étudiants non salariés, actifs sans emploi, chômeurs, retraités, etc) (voir graphique ci-après).[malheureusement impossible d’afficher les images de linkedin sur seenthis, c’est ultra propriétaire...]
Le financement de l’augmentation des coûts sociaux du vieillissement a été possible, et c’est une performance loin d’être évidente, grâce à deux leviers complémentaires :
– le recul de l’âge de la retraite et l’augmentation du taux d’activité des seniors qui est passé de 15 % en 2004 à 38 % en 2021 pour les 60-64 ans (et de 3 à 9 % pour les 65-69 ans) ;
– le recours à l’immigration, les emplois assurés par des immigrés passant de 1,6 million en 1999 à 2,9 millions en 2021.
Cela signifie donc que les immigrés ont pris en charge 25 % des 6,5 millions d’emplois créés en France depuis un quart de siècle. Sans eux, le financement de l’accompagnement social du vieillissement par l’augmentation du nombre de cotisants n’aurait pas été possible. Si la France avait appliqué les restrictions à l’immigration prônées depuis les années 1980 par le FN, il aurait fallu allonger encore la durée de cotisation et réduire le montant des pensions, provoquant une dégradation inédite des conditions de vie, en particulier pour les personnes âgées.