Thomas Deltombe. « Mitterrand était un ardent défenseur de l’Empire »

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    Dans son nouveau livre, L’#Afrique d’abord !, le chercheur Thomas Deltombe met en pièces la légende d’un #François_Mitterrand #anticolonialiste. Au contraire, il démontre, archives à l’appui, que l’ancien président français fut, durant sa première vie #politique, dans les #années_1950, un grand défenseur de l’#Empire et que son #réformisme servait avant tout un projet #néocolonial.

    • Dans ce nouveau livre, je m’intéresse au terme « #néocolonialisme », dont on lit fréquemment qu’il aurait été inventé par Jean-Paul Sartre en 1956. Au cours de mes recherches à la Bibliothèque nationale de France, je me suis rendu compte que l’accusation de « néo-colonialisme » remonte au début des années 1950 et que la cible de ceux qui l’emploient n’est autre que… François Mitterrand.

      Dès 1951, les milieux gaullistes, sous la plume notamment de Jacques Foccart himself, accusent celui qui est alors ministre de la France d’outre-mer – et ceux qui sont sous ses ordres – de pratiquer dans les territoires français d’Afrique ce qu’ils appellent un inacceptable « néo-colonialisme ». Ce terme prend dans leur argumentaire une définition différente de celle qu’il acquerra par la suite : les partisans du général de Gaulle, opposés à la IVe République, reprochent aux partis gouvernementaux de mettre l’administration coloniale au service de leurs propres intérêts. En d’autres termes : de transformer les territoires africains en réserves électorales afin de se maintenir au pouvoir. François Mitterrand, expert en « combines » politiciennes, est évidemment la cible prioritaire des gaullistes (qui ne manquent pas, au passage, de rappeler en toutes occasions son passé vichyste).

      Plus intéressante est cependant l’accusation de « néo-colonialisme » portée contre le même Mitterrand trois ans plus tard, cette fois par les nationalistes algériens. À ma connaissance, ce terme est apparu dans la presse du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) [un parti nationaliste algérien, NDLR] en décembre 1953 ; il prend cette fois sa définition contemporaine.

      Après la nomination de Pierre Mendès France à Matignon, en juin 1954, la lutte contre le « néo-colonialisme » devient une des priorités des indépendantistes algériens. Avec pour cible principale François Mitterrand, ministre de l’Intérieur du gouvernement Mendès France, chargé à ce titre des départements algériens. Les cadres du MTLD craignent en effet que le réformisme mitterrandien n’asphyxie le courant indépendantiste algérien. Une course de vitesse s’engage alors entre deux dynamiques concurrentes : le nationalisme algérien qui veut séparer l’Algérie de la France, et le « néocolonialisme » mendèso-mitterrandien qui cherche à l’inverse, par de nouveaux moyens, à maintenir l’Algérie française.