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    Une enquête de « Cash Investigation » révèle des échanges inédits qui confirment l’implication d’une équipe du cabinet de conseil américain dans l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. La loi interdit pourtant aux entreprises d’aider les candidats.

    Antton Rouget

    17 septembre 2024 à 12h07

    UneUne pierre supplémentaire dans le jardin d’Emmanuel Macron et McKinsey. Tandis que les liens entre le président de la République et le célèbre cabinet de conseil suscitent d’importants questionnements ayant conduit à l’ouverture d’une enquête judiciaire, fin 2022, pour des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle 2017, l’émission « Cash Investigation » diffuse, mardi 17 septembre, de nouvelles informations décisives sur cette période clé dans la relation entre le chef de l’État et la firme américaine.

    Au cœur de ces révélations figurent notamment des mails d’un directeur associé de McKinsey, Karim Tadjeddine, responsable du secteur public, avec qui Emmanuel Macron a commencé à travailler dès 2007 en tant que sherpa de la commission Attali. Depuis que son rôle dans la campagne 2017 a été mis en lumière, Tadjeddine a toujours affirmé s’être engagé à titre bénévole auprès d’Emmanuel Macron, dont il partageait le projet libéral. Mais cette défense est mise à mal par plusieurs échanges datant de 2016 et 2017, années pendant lesquelles plusieurs cadres de McKinsey ont porté, en relation directe avec le candidat, un des projets phares d’En Marche au moment de son lancement.

    Karim Tadjeddine a désigné cette opération « Chicxulub », du nom de ce cratère creusé au Mexique par l’astéroïde qui aurait provoqué l’extinction des dinosaures, en référence à l’ambition d’En Marche d’exploser le paysage politique et de faire disparaître les vieilles écuries politiques. Concrètement, à travers « Chicxulub », des salarié·es de McKinsey ont développé pendant des mois, en 2016, une plateforme numérique, baptisée « Au service de tous », ayant pour objectif de mobiliser les citoyen·nes dans la campagne. Son « lancement » a été annoncé par Karim Tadjeddine dans un mail envoyé depuis son adresse professionnelle, le 6 avril 2016, le jour même de la présentation officielle d’En Marche par Emmanuel Macron.

    Ce coup de pouce est intervenu tandis que deux consultants de la firme avaient déjà participé dès 2015 à des réunions à Bercy aux côtés de plusieurs fidèles d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, pour anticiper la création de son parti. « Dès 2015 et 2016, des membres de McKinsey ont préparé la campagne », appuie auprès de « Cash Investigation » un ancien proche du chef de l’État, sous couvert d’anonymat, en expliquant avoir « depuis le début » ressenti des « questionnements sur l’éthique des relations entre McKinsey et la campagne ». Ce témoignage appuie les précédents récits et documents révélés par Mediapart en mars 2022 sur l’engagement du cabinet de conseil auprès d’Emmanuel Macron, avant même qu’il se lance officiellement dans la course présidentielle.

    L’enquête de « Cash Investigation » montre aussi que Karim Tadjeddine, qui pilotait personnellement l’opération « Chicxulub », avait connaissance du risque que représentait cette implication au regard des règles de financement de la vie publique. « Chicxulub ne peut pas et ne doit pas être rattaché formellement à En Marche ! », alertait-il le 12 mai 2016 dans un mail à ses équipes, en rappelant qu’un parti politique est « soumis à des règles très étroites », dont l’interdiction de recevoir des prestations gratuites de la part d’entreprises.

    Trois salariés mobilisés
    À peine un mois plus tard, le même Tadjeddine revenait pourtant vers ses interlocuteurs, avec un nouveau message on ne peut plus explicite, daté du 13 juin : « Ai vu #EM [#Emmanuel_Macron – ndlr] ce week-end qui souhaite que l’on avance vite. » Le directeur de McKinsey insistait encore, trois jours plus tard : « Cher tous, Go pour #Chicxulub avec objectif de proposer l’offre aux membres en septembre. » Une échéance qui ne doit rien au hasard puisqu’il s’agit du moment précis où Emmanuel Macron a décidé d’accélérer sa campagne, au lendemain de sa démission du gouvernement, le 30 août.

    De juin 2016 à novembre 2016, les travaux sur la plateforme « Au service de tous » auront nécessité pas moins de vingt-cinq réunions, recense « Cash Investigation », et mobilisé à titre gracieux trois salariés de McKinsey : Karim Tadjeddine (dont les prestations sont habituellement facturées 10 000 euros par jour, selon l’enquête), son assistant et un consultant « senior » pour l’opérationnel (au tarif à la journée situé entre 3 000 à 4 000 euros). À ce soutien s’ajoutent aussi la participation d’autres membres de la firme dans l’élaboration du programme ou le recueil des dons, par exemple.

    La suite, on la connaît : à partir de 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, McKinsey intègre les différents catalogues officiels (DITP, Ugap, DAE) lui permettant d’accéder aux marchés étatiques les plus stratégiques, en infusant sa conception des politiques publiques dans les plus hautes sphères de l’administration (comme sur la gestion du covid, les finances publiques ou l’évolution du métier d’enseignant).

    Le cabinet de conseil a ainsi vu son activité en lien avec le secteur public exploser de 2017 à 2022, bénéficiant d’au moins 72,8 millions d’euros de contrats publics sur cette période faste. Sans toutefois payer d’impôt sur les sociétés de 2011 à 2020, comme l’a révélé la commission d’enquête sénatoriale. 

    Dans la fiche d’évaluation de 2019, révélée par Le Nouvel Obs, Karim Tadjeddine notait que son portefeuille clients avait doublé et que la firme agissait désormais à tous les niveaux de l’État, « gouvernement, agences, hôpitaux et entreprises publiques ». Son réseau aussi a explosé : on y trouve des dirigeants d’entreprises, des conseillers voire des ministres, mais surtout, écrit Karim Tadjeddine, le « Président (relation ancienne de dix ans) ». 

    « #Cash_Investigation » : « McKinsey, une firme au cœur du pouvoir », enquête de Donatien Lemaitre, disponible à partir du mardi 17 septembre sur France 2.