Je me doutais qu’en envoyant ma lettre d’annulation en recommandé avec accusé de réception, il pourrait y avoir une réaction. Je le redoutais pour être précis. J’ai donc reçu un courrier de sa part. Il y est droit dans ses bottes. Il a assuré son devoir d’information au-delà du nécessaire. Il a même ajouté qu’à mon âge, il ne conseille pas ce type d’opération. Et d’autres choses. Il ouvre le parapluie en grand en somme. Il joue à fond du « parole contre parole ». Je ne me suis pourtant pas étalé dans mon courrier. J’aurais pu, mais ce n’était pas l’objet. Disons le : il m’a pris au sérieux, et il n’y a pas lieu d’être déçu tellement cette réponse est caricaturale. Il a rédigé ce que tout professionnel de santé doit rédiger quand il frôle la faute professionnelle. Il a tout nié. Il a aussi menti. Il s’est même donné le beau rôle. Et moi, là, maintenant, je me demande s’il ne va pas en parler à ses confrères, et me faire une réputation de patient dangereux. Oui, je stresse. J’ai peur pour ma réputation, j’ai peur de ne plus pouvoir me faire soigner.
Et pourtant.
Quelques jours auparavant, j’ai eu la chance de croiser un voisin qui avait eu à subir la même opération avec un autre soignant. Ce soignant a la réputation d’être pressé. Et pourtant. Je suis allé le voir. Chance, oui, un désistement. Et sans ne rien dire de ce qu’il m’était arrivé, j’ai laissé la consultation avoir lieu. Et j’ai enfin, en 20 minutes, eu toutes les informations qu’il me manquait. Il est pressé, oui, mais il entend les questions, sait quelles sont les réponses attendues par les patients, et ne tergiverse pas. Je ne connais pas son salaire. Je ne sais pas s’il part en congés bientôt. Je ne sais pas comment il s’adresse à son personnel quand celui-ci fait une erreur. Il me dit que l’opération, si elle doit avoir lieu, peut attendre une année supplémentaire, que ce sera mieux, que les statistiques seront plus favorables. Je suis rassuré.
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