❝Je me doutais qu’en envoyant ma lettre d’annulation en recommandé avec accusé de réception, il…

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  • Au premier rendez-vous, il y a eu cette réponse un petit peu abrupte "je forme mon personnel comme je l’entends, ça ne vous regarde pas". Il venait de sermonner son assistante en lui expliquant que pour mon opération, il fallait aussi faire tel et tel examen, qu’il lui avait déjà expliqué, et que vraiment, ce n’était pas bien. Ayant entendu cet échange, j’avais demandé s’il allait faire le nécessaire pour que ces examens soient réalisés. Et donc, il m’a expliqué que je me mélais de ce qui ne me regarde pas. Ceci dit, le reste de l’entretien s’était déroulé normalement. Mauvaise journée pour ce monsieur, sans doute, se dit-on, quand on a l’impression de prendre des balles perdues.

    Au second rendez-vous, je lui posais quelques questions sur ma prochaine opération chirurgicale. Pourquoi il avait décidé qu’il ferait une anesthésie générale par exemple, alors qu’au premier rendez-vous, il m’avait indiqué qu’à mon âge, on pouvait se contenter d’une locale. Je lui demandais si c’était courant d’opérer des patients de mon âge pour mon sujet particulier. Pour cette question particulière, il me répond par un sarcasme. Pour la précédente, il me répond que finalement, ça sera mieux, car l’anesthésie locale, c’est pour les patients détendus ; qui ne posent pas de questions. Sarcasme. Je me sens obligé de me justifier, de faire le coussin, afin d’obtenir des réponses à mes questions. Retrospectivement, je dois constater qu’à ce moment précis, tous les détails relatifs à mon opération, je les avais obtenus en lisant Internet, aussi, j’aimerais bien qu’il me les donne, ces détails, de lui-même, ça me rassurerait.

    La date approche. Je dors moins bien. Le quotidien professionnel est déjà bien intense et crée des situations de stress importantes. Je dois admettre que cette prochaine opération me pèse. J’ai encore des questions. Sur un des documents que j’ai signé, il est mentionné "Reportez-vous à la documentation ci-jointe pour avoir les détails de votre implant". Je ne la trouve pas, la documentation. J’appelle mon chirurgien. Je lui demande quel implant il compte utiliser. Dans le désordre, ses réponses :

    – "je ne comprends pas que vous me posiez cette question ; je choisis l’implant le meilleur pour votre besoin"

    – "j’ai déjà passé beaucoup de temps avec vous"

    Finalement, il me crache la référence de l’implant, mais aussi :

    – "je n’ai plus envie de vous opérer"

    En fait, entre chacun de ses coups de canifs, je me justifie, je tâche d’expliquer mes questions, mon envie et mon besoin de savoir, de comprendre. Ce qui me vaut à nouveau :

    – "je n’ai plus envie de vous opérer" (oui, il insiste, une seconde fois)

    Après coup, je me souviens d’autres micro-évènements. La secrétaire qui me dit qu’elle a reçu le résultat d’un de mes examens. Elle me dit qu’elle va me l’envoyer par email. Il n’est jamais arrivé. En fait, la fois d’avant, j’avais reçu un double de la part du labo, et le chirurgien s’était exclamé, quand je lui avais posé une question pour comprendre le document : "mais comment avez-vous eu ce document ? pourquoi me posez-vous cette question ?", l’air de "vous n’avez pas à connaître ces informations". Ce qui explique l’email qui n’arrive jamais, il doit avoir tapé sur les doigts de sa secrétaire.

    L’autre fois, il m’avait expliqué qu’il faisait des centaines d’opérations de ce genre, et qu’il gagnait X milliers d’euros par an, et qu’il n’avait rien à prouver, que ça devrait suffire comme preuve que tout va bien se passer (il ne l’a pas dit comme ça, mais c’est tout comme). Puis, c’est anecdotique, comme tout le reste, la fois où on doit choisir la date d’opération. Je lui dis début octobre. Il me répond que ça ne l’arrange pas. Ca sera mi-septembre. Il ne m’explique pas pourquoi. Ne me propose pas de décaler sur décembre ou janvier. Non, il choisit. Je comprends la fois suivante, on entend des choses en salle d’attente, il réserve des billets d’avion pour début novembre. Apparemment, ses congés imposent de planifier l’opération plus tôt que ce qui m’arrangerait ; mais en même temps, il faut la faire cette opération, je n’avais pas à faire de caprice... mais sans explication de sa part, sans proposition de décaler à plus tard. Sans tentative de sa part de s’intéresser à mes contraintes.

    C’est un homme pressé.

    Je n’ai pas reçu sa lettre d’annulation de l’opération. Je rédige la mienne. J’ajoute la mention suivante en pied de page :

    PS : Article L. 1111- 4 du Code de la Santé Publique : « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment ».
    Pour que ce consentement soit valide, il doit intervenir suite à la délivrance d’une information médicale loyale, claire et appropriée.

    #maltraitance_médicale

    C’est arrivé à une connaissance. C’est à peine romancé.

    • woo, ça peut-être long d’apprendre à s’éloigner rapidement de ce genre de médecin toxique et malfaisant. Et surtout ne pas renoncer à se soigner pour autant, persévérer dans sa quête de celle ou celui qui saura « prendre soin ».

    • Il maltraite tout le monde ce Kon ! Bravo d’avoir pu lui dire NON. Mériterait presque un signalement. Certes c’est pas facile à faire.

    • l’argument par le chiffre d’affaires, c’est typique, et c’est typiquement ce qui donne des envies de meurtre. et la menace implicite « je vais le faire bien que je n’en ai pas envie » (mais mon chiffre d’affaires...) elle est juste bestiale.
      moi, lecteur, je propose de le parachuter à Gaza et qu’il y bosse supervisé par un toubib et surveillé par 4 gamin.es de 14 ans, avec, ici, un comité de suivi chargé de veiller sur sa famille. les demi-dieux sont mortels.
      #pouvoir_médical #chirurgie #médecine

    • Sans l’intelligence collective de SeenThis, nous n’aurions pas une telle sensibilité sur ces sujets. Merci à tout·e·s, à nouveau, pour vos partages sur ces sujets.

      En rédigeant ce texte, je me demandais s’il suffisait de lire #Winckler, par exemple, pour être fin prêt à réagir au quart de tour face aux soignant·e·s maltraitant·e·s (volontaires ou pas). Et de fait, je crois que ça ne suffit pas, c’est à dire qu’on n’est jamais immunisé·e·s, et qu’à chaque soignant·e, il faut recommencer l’examen, accumuler les indices, puis, de préférence pas trop tard, conclure et réagir.