#Barcelone est devenue au fil des années un symbole du #tourisme_de_masse, de ses impacts sur le #logement, et des résistances contre un phénomène qui détruit la ville. Un mouvement local appelle à une #décroissance du tourisme.
Le 15 juin, alors que la saison touristique en était à ses débuts, des manifestations ont eu lieu à travers l’Europe du Sud, de Gênes à Majorque, pour défendre les droits des habitants permanents face à l’#afflux nocif de touristes dans leurs #villes.
Le mouvement est particulièrement actif à Barcelone, où l’image de locaux brandissant des pistolets à eau contre les touristes a fait le tour du monde. « L’exploitation touristique de la ville est devenue l’un des problèmes majeurs pour les gens qui l’habitent », résume Daniel Pardo Rivacoba, membre de l’Assemblée des quartiers pour la #décroissance_touristique (#ABDT), une initiative née en 2015 dans la ville catalane.
« Les premières #contestations face aux effets de la #touristification de Barcelone ont commencé dès le début des années 2000, mais de façon plus isolée et moins politisée, retrace le militant. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, le #discours_dominant était que le tourisme était bon pour tout le monde, qu’il n’y avait rien à redire, que le tourisme était une “usine sans fumée” », une activité économique sans #impacts négatifs.
Un quart de salaire en moins dans le tourisme
Aujourd’hui, ce #discours ne passe plus. Les #effets_négatifs du tourisme sur l’#accès_au_logement, notamment, sont au centre des débats. « Mais il y a des impacts négatifs à tous les niveaux, autant sociaux qu’environnementaux, climatiques, et au niveau du #travail, défend Daniel Pardo Rivacoba. Le mantra de l’#industrie_touristique et de l’administration publique pro-tourisme, c’est de dire que le tourisme rapporte de l’argent et des #emplois. Mais l’argent reste entre les mains de ceux qui sont déjà riches », accuse l’homme.
Quant au travail, le tourisme concentre certes 13 % des emplois de Barcelone, selon le rapport annuel des autorités locales sur le secteur, mais « il s’agit d’emplois avec des #conditions_de_travail et de #salaires parmi les plus basses dans la ville », dénonce le militant. En effet, selon les chiffres municipaux, le #salaire_moyen dans le tourisme à Barcelone est de 26 515 euros bruts par an contre 35 813 pour le reste de l’#économie. En résumé, on est payé un quart de moins dans le tourisme.
Ces « fumées » de l’industrie touristique sont de plus en plus visibles, si l’on en croit les sondages d’opinion réalisés par les autorités locales. Ceux-ci montrent que 31 % des habitants de Barcelone jugent aujourd’hui le tourisme plutôt nocif, contre seulement 7 % en 2007. Et 59 % le jugent plutôt bénéfique, contre 89 % en 2007. Trois quarts pensent que Barcelone a atteint la limite de sa #capacité_d’accueil de touristes.
Fermer les terminaux de #croisière
Pour l’ABDT, il faut faire reculer le tourisme au plus vite. « On lutte pour la réduction de l’activité touristique dans la ville et pour la réduction de la #dépendance_économique de la ville au tourisme. Cette idée était encore impensable il y a 15 ans. Aujourd’hui, le concept de décroissance touristique est discuté au-delà des seuls milieux activistes », constate Daniel Pardo Rivacoba.
Mais comment faire refluer le tourisme ? L’ABDT propose une série de mesures tout à fait concrètes pour y parvenir. Parmi elles : réduire l’activité de l’#aéroport, fermer tous les terminaux de croisière de Barcelone, interdire tout nouvel hébergement de tourisme dans la ville, récupérer toutes les locations touristiques existantes pour les destiner à nouveau à du logement de long terme, soumettre l’organisation de tout grand événement qui accueille une masse de visiteurs à un plan d’impact et à une concertation publique. Il faut aussi, défend l’association, que les pouvoirs publics cessent de faire la #promotion du tourisme.
Réduire l’#hypermobilité
Que répond l’organisation à celles et ceux qui mettent en avant le « droit » pour les visiteurs de l’Europe et du monde entier à visiter Barcelone, Paris ou Venise ? « Il n’y a pas de droit au tourisme, défend Daniel. Ça n’existe pas. Il y a un droit au repos et aux congés. Et ça, c’est quelque chose auquel on tient énormément, c’est une conquête sociale. Mais le type de tourisme à la mode aujourd’hui est au contraire un tourisme frénétique qui ne permet pas de se reposer. »
Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics de Barcelone annoncent des mesures pour lutter contre les effets du #surtourisme : interdiction progressive des locations touristiques et réduction du nombre des terminaux de croisière, décidée ce mois-ci. C’est largement insuffisant, dénonce Daniel : « La fin des #locations_touristiques, c’est annoncé pour 2028 seulement. »
Pour l’ABDT, face aux masses de touristes qui s’entassent à la Sagrada Família, il faut plus radicalement « réduire l’hypermobilité globale ». Et pour le cas de la Catalogne, promouvoir les emplois dans les services publics, la transition énergétique, et la relocalisation industrielle.