Derrière le succès sécuritaire des JO, le calvaire policier d’une nounou algérienne accusée de terrorisme – Libération
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A la mi-août, après un mois de privation de liberté, Latifa est convoquée par la police pour être entendue. Enfin ! C’est la première fois, un mois après le début de son calvaire, que l’on va écouter ce qu’elle a à dire. Je me dis alors que nous allons voir le bout du tunnel et savoir si elle est coupable des faits qui lui sont reprochés – ce que je n’arrive toujours pas à croire. Les policiers constatent qu’aucun élément ne leur permet d’établir un lien entre Latifa et ce compte TikTok propageant la haine.
Le numéro de téléphone qui y est associé est un numéro que Latifa a résilié avant la création du compte litigieux postant des contenus à caractère terroriste. De quoi démontrer son innocence ? Peu importe ! La mécanique infernale est enclenchée, nul ne saurait l’enrayer. La procédure d’assignation à résidence baptisée « Micas » [mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance]n’est pas levée. Le calvaire se poursuit.
Un réveil défectueux un matin, une heure de retard au pointage et la voilà placée en garde à vue. Les consignes viennent d’en haut : aucune clémence pour les milliers d’hommes et de femmes soumis à ce régime d’exception pendant les JO. Il ne faut pas prendre le moindre risque. Elle ne sortira de sa garde à vue qu’au terme de plusieurs heures pendant lesquelles on l’a humiliée en lui intimant de retirer son voile sans explication.
Plusieurs semaines plus tard et faute de la moindre preuve permettant de l’incriminer, les autorités finiront même par la placer une deuxième fois en garde à vue avec ses deux sœurs. Nous sommes à la fin août. Durant plusieurs heures, les trois jeunes femmes font face à des demandes insistantes de s’auto-incriminer. « Vous n’aurez qu’une amende si vous avouez ! » leur promet-on.