Arthur Sarradin | آرثر سري الدين sur X :
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🇱🇧 Tout à l’heure près de Basta à Beyrouth, une grand-mère était inconsolable.
Hajje Mariam, originaire d’un village du sud-Liban, a vu ce genre de vidéos sur Facebook.
Des soldats israéliens pillant des maisons de civils a la frontière, se filmant en train de briser des souvenirs, volant de l’argent… « Comme à Gaza » disait Hajje Mariam. Sachant bien que ce sont les civils comme elle qui payent la guerre de leur vie et de leurs biens.
Hajje Mariam ne sait pas ce qu’il est advenu de sa maison, si elle sera pillée ou détruite. Au sud du pays, des villages entiers sont transformés en parkings par les bulldozers israéliens. On est loin de la seule stratégie de désarmement ou d’affaiblissement des capacités militaires du Hezbollah.
Les volontés de Netanyahu sont claires : un retour de l’occupation par la création d’une zone tampon au sud du Liban, au prix de la destruction de toutes les zones et habitations civiles. Une hérésie quand on sait que le Hezbollah est né de cette même occupation.
Et combien de question cela pose t’il sur les objectifs de guerre israeliens ?
Avant-hier pour la première fois l’armée israélienne a tiré en plein centre de la capitale pour tuer un membre du Hezbollah ( Wafic Safa ) qui n’était pas un décisionnaire militaire. La frappe a tué 22 autres personnes dans ce quartier densément peuplé, blessé plus d’une centaine.
Beaucoup de gens nient la multiplicité des casquettes du Hezbollah par ignorance de la structure politico-milicienne du Liban. Le Hezbollah est un produit de l’occupation autant qu’il est un produit de l’histoire libanaise. Depuis la fin de la guerre civile, les anciennes milices sont toutes devenues des partis politiques se partageant des bastions au détriment de l’Etat. Le Hezbollah ayant le luxe d’être hégémonique. Mais imagine t’on ce que seraient les limites de la guerre menée par Netanyahu compte tenu de cette réalité ? L’armée israélienne irait-elle jusqu’à assassiner tous les membres politiques des représentations parlementaires et municipales du Hezbollah au prétexte de sa guerre ? Et ses électeurs ? Et ses hôpitaux dont les civils sont dépendants ? Et ses nombreux alliés sur la scène politique ? Et les autres groupes d’héritage milicien qui lorgneront sur sa place vide ? Ou tout ce qui s’opposera à la présence israélienne pour délit de connivence ?
La peur des Libanais s’enracine dans le sentiment vertigineux que tout pourrait s’avérer prétexte à être effacé.
Trop de commentaires sont produits sans connaître la nature du terrain libanais, cette psychose des populations civiles. Trop de ces commentaires déshumanisants font mine d’ignorer ces spécificités pour s’épargner des nuances trop douloureuses. Celle de populations civiles qui même farouchement opposées au Hezbollah, s’inquiètent de cette invasion israélienne. Car les images de Gaza sont là, car les tirs n’épargnent pas les civils, ni les journalistes, ni les ambulanciers, ni les Casques bleus.
Parce qu’un pays souverain qui a connu sa propre nation un jour rongée par des fanatismes, se retrouve grignoté et remodelé de force par un autre fanatisme voisin.
Et au milieu de tout ça, la peur pour tous que leur humanité et leur voix se perdent dans le chaos, et dans le relativisme de ceux qui de loin, regarderont leur souffrance comme un moindre mal. Ou pire. Comme un fait de plus.
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