ENQUÊTE. Néonicotinoïdes interdits, herbicides : des substances préoccupantes retrouvées dans les cheveux et les urines d’enfants près de La Rochelle
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D’autres substances correspondent, elles, à un usage agricole. « On retrouve notamment du phtalimide, qui est un dérivé du folpel, un fongicide utilisé sur les grandes cultures céréalières, et suspecté d’être cancérogène pour l’homme par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Plus de 15% des enfants en ont dans leurs urines. Il y a aussi de la pendiméthaline, un herbicide à large spectre, retrouvé dans 20% des échantillons de cheveux testés. Cette molécule est classée comme cancérigène possible par l’EPA, l’agence de protection de l’environnement et de la santé aux Etats-Unis ». Ces deux substances, folpel et pendiméthaline, font partie des principales molécules détectées lors des dernières mesures de l’observatoire de la qualité de l’air en Nouvelle-Aquitaine (Atmo).
Plus surprenante, la présence dans les cheveux et les urines des enfants de pesticides interdits, de la famille des néonicotinoïdes, notamment de l’acétamipride et l’un de ses produits de dégradation. La molécule mère et son métabolite ont été retrouvés dans les cheveux de 17% des enfants. Selon Jean-Marc Bonmatin, chimiste et toxicologue au CNRS d’Orléans, spécialiste des néonicotinoïdes, « cette molécule est interdite depuis 2018, c’est inexplicable de la retrouver dans les urines. »
« S’il y a cette molécule, ça signifie que les enfants ont été exposés dans les jours qui précèdent, et je n’ai pas connaissance de produit vétérinaire à base d’acétamipride. Pour moi, ça veut sans doute dire qu’il y a eu un usage illégal de ce pesticide, qui est un neurotoxique puissant. »