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  • Premières mises en examen dans l’affaire Huawei, cas de corruption au cœur des institutions européennes qui illustre les carences de l’UE
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/03/18/premieres-mises-en-examen-dans-l-affaire-huawei-cas-de-corruption-au-c-ur-de

    La justice belge a inculpé cinq personnes dans ce qui apparaît comme un nouveau scandale mettant en cause une dizaine de parlementaires européens. Tous sont liés à une opération d’ingérence qui implique l’opérateur de télécommunications chinois. Ce dernier avait fait l’objet de nombreuses alertes depuis plusieurs années.

    C’est original. L’UE a des règles qui officialisent le lobbying (la corruption) à un niveau quasi-équivalent aux US, et pourtant, il y en a des qui se font prendre la main dans le pot de confiture. A croire qu’il y a des pièges, dans ces lois, et qu’il est possible de les activer à volonté (cherchez dans l’article, et dites moi si le mot « lobby » apparaît).

  • « L’extrême concentration de l’argent mondial fait soudain peur à un moment de chaos politique intense »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/03/05/l-extreme-concentration-de-l-argent-mondial-fait-soudain-peur-a-un-moment-de

    Comme les météorologues et tous ceux dont le métier est de prévoir l’avenir, les investisseurs et les entreprises détestent l’incertitude. Ils sont prêts à vendre leur âme au diable, pourvu qu’ils en sachent l’heure et le prix. On le voit en France avec la chute spectaculaire de la confiance des patrons de filiales américaines, relevée par la Chambre de commerce américaine en France, face au désordre politique.

    Ce n’est malheureusement pas dans leur propre pays qu’ils trouveront du réconfort et de la visibilité. Dans son discours devant le Congrès, mardi 4 mars, le président Trump a bien assuré que « la confiance était de retour », mais ce n’est pas le sentiment des investisseurs financiers. Depuis le début de l’année, ils désertent la Bourse, et le mouvement s’amplifie. L’indice Standard & Poor’s est retombé sous le niveau d’avant l’élection de Donald Trump, le 5 novembre 2024. L’enthousiasme qui avait prévalu dans les #milieux_d’affaires à la perspective d’une déréglementation massive et de baisses d’impôts s’est évanoui devant les incohérences et les craintes qu’inspirent ses décisions.

    Du jamais-vu depuis les années 1970

    Le problème est que ce climat s’installe au moment précis où émergent les premiers doutes sur la persistance de la croissance américaine et sur le niveau des marchés. La confiance des consommateurs recule, comme les carnets de commandes, et les investisseurs s’interrogent sur le niveau des valorisations boursières. Avec un constat : la Bourse américaine représente désormais en valeur les deux tiers du total des Bourses mondiales, contre 40 % en 2010. Il faut revenir aux années 1970, avant l’arrivée des marchés émergents, comme le Japon ou la Chine, pour retrouver une telle domination.

    De plus, cette concentration américaine se concentre elle-même sur très peu d’entreprises, celles des technologies de l’information. La valorisation des enfants de la Silicon Valley est désormais supérieure à la totalité des Bourses européennes réunies. Les seules « sept magnifiques » – Alphabet, Apple, Amazon, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla – constituent un tiers de la capitalisation globale des 500 sociétés du S&P 500. Avec des niveaux de valorisation qui se rapprochent de ceux de la bulle Internet des années 2000. Et tout cela repose sur la croyance d’une révolution imminente de l’intelligence artificielle justifiant des centaines de milliards de dollars d’investissement.

    Cette extrême concentration de l’argent mondial fait soudain peur à un moment de chaos politique intense qui pousserait plutôt à la diversification. Un éclatement de la #bulle_boursière américaine aurait des répercussions considérables sur l’économie mondiale et sur la politique américaine. Après l’euphorie, le doute s’installe soudainement.

  • Les #ports « #chinois » de #Panama passent sous pavillon des #Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/03/04/les-ports-chinois-de-panama-passent-sous-pavillon-des-etats-unis_6576413_323

    « La Chine se fait expulser du Panama et l’Amérique est en train de gagner. Merci, président #Trump. MAGA ! [“Make America Great Again”] », a posté, sur le réseau social X, le compte de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, présidée par l’élu républicain de Floride Brian Mast. « C’est un grand pas dans la bonne direction. Je suis à la tête d’un projet de loi qui ramènerait le canal de Panama sous contrôle américain. Il est temps de contrer l’influence de la Chine sur les chaînes d’approvisionnement américaines », a renchéri Dustin Johnson, représentant républicain du Dakota du Sud.

    La société #CK_Hutchison gère les ports de Balboa et de Cristobal au Panama dans le cadre d’une concession signée pour la première fois en 1997 et prolongée jusqu’en 2047 en 2021.

    Lors de son investiture, M. Trump avait sévèrement critiqué le Panama, l’accusant d’avoir concédé l’exploitation du canal à des intérêts chinois, susceptibles de surveiller les mouvements des navires et de porter atteinte à la sécurité des Etats-Unis. « La Chine gère le canal de Panama. Et nous ne l’avons pas donné à la Chine. Nous l’avons donné au Panama et nous allons le reprendre », avait déclaré le président. L’infrastructure fut creusée par l’armée américaine sous l’égide du président Theodore Roosevelt (1901-1909) et inaugurée en 1914. Elle fut restituée en 1999 au Panama, plus de vingt ans après un traité négocié par le président démocrate Jimmy Carter (1977-1981) ratifié par le Sénat des Etats-Unis.

    Lors d’une conférence de presse avant son investiture, M. Trump n’avait pas exclu d’utiliser la force militaire ou la coercition économique pour reprendre le contrôle du canal. Des responsables panaméens et plusieurs anciens responsables militaires américains avaient déclaré que les installations chinoises ne représentaient pas une menace militaire et ne violaient pas la neutralité du canal.

  • La Suisse s’inquiète d’avoir confié la gestion de l’argent des retraites à des banques américaines
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/03/03/la-suisse-s-inquiete-d-avoir-confie-la-gestion-de-l-argent-des-retraites-a-d

    Certains fonds de pension helvétiques sont gérés par des banques américaines. Le retournement géopolitique de Washington interroge désormais sur la pertinence de ce choix.

    Par Serge Enderlin (Genève, correspondance)
    Publié le 03 mars 2025

  • Pour contourner les sanctions occidentales, la Russie a créé son #économie_parallèle
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/03/03/pour-contourner-les-sanctions-occidentales-la-russie-a-cree-son-economie-par

    Le cas de la #Chine, trouble mais stratégique allié de la Russie depuis trois ans, révèle l’ampleur de ces circuits qui, gérés par de nombreux opérateurs, font preuve d’une grande capacité d’adaptation. Entre janvier et octobre 2024, les échanges avec la Chine représentaient près de 35 % de l’ensemble du commerce extérieur russe, contre moins de 20 % en 2021. Une partie de ces importations russes couvre en fait des produits de pays tiers, possiblement occidentaux, utilisant la Chine comme intermédiaire pour atteindre le marché russe. « Cela représente entre 10 % et 20 % des exportations chinoises, assure Dmitri Nekrassov. Dans le cas de la Turquie, c’est bien plus, notamment au début de la guerre : jusqu’à la moitié des exportations turques vers la Russie étaient des produits non-turcs utilisant ce moyen détourné pour arriver en #Russie. »

    Alors qu’augmentaient les règlements russo-chinois en roubles et en yuans, les Occidentaux ont commencé à menacer les entreprises et banques chinoises de sanctions secondaires dans l’espoir de faire la chasse aux contournements. Dans un premier temps, pour échapper aux mesures initiales, les Russes avaient cessé de commercer en dollars et étaient passés au yuan.

    Mais quand les mesures secondaires occidentales ont rendu périlleux les échanges dans la devise chinoise, ils ont mis en place des moyens de paiement en roubles avec des systèmes de « comptes miroirs » qui permettent de masquer les véritables expéditeurs et destinataires des paiements. Pour compliquer un peu plus le suivi de ces flux financiers, partenaires russes et chinois utilisent aussi des « mixeurs » financiers qui rendent aussi difficile l’identification de l’origine du paiement.

    Dans le détail, un importateur chinois achetant des marchandises en Russie les paie de son compte en roubles sur le compte en roubles d’une société exportatrice russe. Dans le même temps, les exportateurs chinois en Russie reçoivent des roubles de leurs contreparties russes sur leurs comptes en roubles. « Les régulateurs occidentaux ne peuvent pas obtenir d’informations sur ces transactions en roubles, insiste Dmitri Nekrassov. Pour éviter une telle détection, les importateurs et exportateurs chinois, en plus des comptes en roubles dans la banque russe, ont donc désormais ouvert des “comptes miroirs” en yuans dans une banque chinoise liée d’une manière ou d’une autre à la banque russe. »

    Deux systèmes apparaissent ainsi : les roubles circulent au sein de la banque russe sans que les régulateurs occidentaux s’en aperçoivent, tandis que les yuans circulent entre les sociétés chinoises au sein de la même banque, ce qui, dans la plupart des cas, est pareillement invisible pour les régulateurs occidentaux.

    Les #cryptomonnaies, un élément-clé
    La plupart des règlements russes avec les ex-pays soviétiques, la Turquie, l’Iran et d’autres pays du « Sud global » sont organisés de manière similaire à ce schéma « chinois ». Le commerce russe s’est donc transformé en casse-tête impossible à contrôler depuis l’Ouest. C’est d’autant moins traçable que, parallèlement, les cryptomonnaies sont devenues un élément-clé de ces opérations. La Russie se classe au deuxième rang mondial en matière de #minage de cryptomonnaies.

    En outre, des structures financières parallèles sont utilisées, évoquant une forme modernisée du « hawala » (de l’arabe « mandat »), un système traditionnel de paiement informel, sans participation des banques, longtemps utilisé pour le commerce le long de la Route de la soie. « Ma plus grande surprise est le recours comme moyen de paiement à des encaissements d’#or, parfois illégalement acheté dans des pays africains ! ajoute Dmitri Nekrassov. Ces niches de paiement rappellent les #temps_médiévaux… »

    Dans les faits, ces méthodes créent des conditions dans lesquelles les restrictions imposées par les sanctions deviennent une mesure purement nominale, incapable d’arrêter la circulation des capitaux russes. Alors que l’Occident perd le contrôle des flux financiers, les paiements de la Russie deviennent de moins en moins transparents. Cela accroît les coûts de transaction pour les entreprises russes, alimentant l’inflation. Cela crée des risques supplémentaires pour le marché mondial, perverti à son tour par les méthodes de contournement des mécanismes traditionnels.

    Mais, en nourrissant toutes sortes de réseaux intermédiaires, cela contribue aussi à rendre l’économie russe de plus en plus grise, loin de toute velléité de se raccrocher au système libéral occidental. Un signe ne trompe d’ailleurs pas : entre 2022 et 2024, la Russie est tombée de la 137e à la 154e place (sur 180) dans l’indice de perception de la corruption de #Transparency International.

  • La liste des métiers en tension par région laisse des « trous dans la raquette », déplorent les syndicats et les employeurs
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/28/la-liste-des-metiers-en-tension-par-region-laisse-des-trous-dans-la-raquette

    La liste des métiers en tension par région laisse des « trous dans la raquette », déplorent les syndicats et les employeurs
    Par Aline Leclerc et Julia Pascual
    Elle est attendue depuis plus d’un an, n’a toujours pas été publiée que, déjà, elle déçoit. Le gouvernement a fait part aux partenaires sociaux, vendredi 21 février, de son projet d’arrêté fixant la nouvelle liste des métiers en tension. Cette dernière est la base sur laquelle s’appuieront les préfets pour examiner l’opportunité de régulariser des travailleurs sans papiers. Selon le ministère du travail, l’arrêté définitif sera publié « début mars » alors que devait se tenir, vendredi 28 février, une ultime consultation nationale sur le sujet.
    La liste, qui n’avait pas été actualisée depuis 2021, sauf à la marge pour y inclure l’ensemble des métiers agricoles, était réputée déconnectée de la réalité. Une inadéquation qui semble perdurer, pour partie au moins. « La liste ne correspond pas aux réalités du pays, c’est un non-sens économique », remarque Lydie Nicol, secrétaire nationale de la CFDT, qui regrette un « simulacre de concertation ». « C’est du grand n’importe quoi, enfonce Jean-Albert Guidou, chargé des travailleurs migrants à la CGT Ile-de-France. Les maçons pourront bénéficier d’un titre de séjour dans toutes les régions françaises, sauf en Ile-de-France. On ne retrouve les agents de nettoyage que dans huit régions sur treize. Quant aux salariés du secteur des déchets, que ce soit pour la collecte ou le tri, ceux du secteur de la logistique, qu’ils soient manutentionnaires ou livreurs, ils n’apparaissent sur aucune liste ou si peu. »
    Bien que plus modérés, les employeurs constatent les mêmes écueils. Laurent Barthélémy, président de la commission formation-emploi à l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), déplore que seuls soient pris en compte « les besoins à l’année, permanents », pas les pics de demande saisonnière, dans les localités touristiques. Il relève également des « trous dans la raquette » : serveurs et chefs cuisiniers sont absents de la liste en Bretagne, en Corse, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Ile-de-France, où les postes de commis de cuisine ne sont pas non plus jugés « en tension ». « C’est totalement incohérent avec la réalité de nos besoins », dit-il. Pour cette raison, l’UMIH revendique d’obtenir, comme le secteur agricole en 2024, un arrêté spécifique reconnaissant des difficultés de recrutement pour tous les métiers du secteur sur l’ensemble de la France métropolitaine.
    Le président du Syndicat national des établissements, résidences et services d’aide à domicile privés pour personnes âgées, Jean-Christophe Amarantinis, formule le même regret : « Le manque d’aides-soignants et d’infirmiers, c’est sur tout le territoire qu’il se fait sentir. Il n’y a pas une zone où ne remonte pas de difficultés. On ne comprend donc pas qu’il ne soit pas retenu pour l’ensemble des régions. » Le métier d’aide-soignant n’apparaît en tension que dans huit régions, celui d’infirmier que dans sept.
    La révision des métiers en tension était une promesse de la loi « immigration », promulguée en janvier 2024. Elle devait accompagner le souhait du ministre de l’intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, de favoriser la régularisation des travailleurs sans papiers face aux besoins de certains secteurs de l’économie et au détriment des régularisations en raison de la vie privée et familiale des étrangers. Le ministre avait, pour cela, engagé une simplification des critères de régularisation des travailleurs sur lesquels s’appuient les préfets (qui restent, à l’arrivée, détenteurs d’un entier pouvoir d’appréciation). Les travailleurs sans papiers doivent désormais justifier de trois ans de présence en France et de douze mois d’ancienneté dans le travail (contre vingt-quatre mois auparavant). Restait à actualiser la liste des métiers en difficulté de recrutement.
    Pour cela, la ministre du travail de l’époque, Catherine Vautrin, avait demandé dans une instruction aux préfets de tenir compte non seulement des difficultés de recrutement, mais aussi des métiers ayant largement recours à une main-d’œuvre étrangère, afin de mieux refléter les réalités de terrain. Le cadre était toutefois circonscrit : chaque région ne pouvait pas lister plus de 40 métiers.
    La dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024, et l’arrivée de Bruno Retailleau Place Beauvau, en septembre 2024, tenant d’une ligne dure, ont embourbé ce projet. Mais des concertations régionales se sont malgré tout tenues, réunissant localement les partenaires sociaux, l’Etat et les régions. Sans que leur résultat ne se retrouve totalement dans le projet d’arrêté ministériel. « Il y a des incohérences, reprend Lydie Nicol, à la CFDT. On avait respecté le fait de ne pas dépasser 40 métiers par région, mais, à l’arrivée, on se retrouve avec un nombre moyen de 26 métiers par région. » Du côté de la CGT, on regrette déjà un texte qui « n’aura que peu d’impact » sur des travailleurs « corvéables à merci ».
    Tout à son souhait affiché de « réduire l’immigration » (les régularisations sont d’ores et déjà en baisse de 10 % au cours de 2024 et pour la première fois depuis 2020), Bruno Retailleau a pesé dans les arbitrages finaux. Dans l’entourage du ministre, on assume avoir « poussé pour resserrer la liste » des métiers. Le ministère du travail ne fait pas de commentaire. Interrogé par Le Monde, jeudi 27 février, le président du Medef, Patrick Martin, se dit « très réservé sur le resserrement des contingents de régularisation tels que prévus par les derniers textes du gouvernement ». « Je pense que ça va un peu trop loin […] L’immigration est un enjeu pour notre économie », poursuit-il. Face aux difficultés de recrutement, dit-il encore, « dans des métiers où les gains de productivité sont faibles et où l’intelligence artificielle ne pourra pas grand-chose, comme l’aide à la personne, l’immigration choisie peut être un élément de réponse ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#economie#metierentension#regularisation#immigrationchoisie#sante

  • « Le gouvernement de Trump, même s’il est organisé à la manière d’une cour impériale, est un gouvernement révolutionnaire »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/28/le-gouvernement-de-trump-meme-s-il-est-organise-a-la-maniere-d-une-cour-impe

    « Si Mao, père de la terrible Révolution culturelle chinoise, et Trump ont peu de choses en commun sur le plan de l’idéologie, de la géographie ou de la coiffure, écrit Orville Schell, un des plus grands sinologues américains, ils peuvent tous deux être considérés comme des agents de l’insurrection. » La Révolution culturelle de Mao Zedong [lancée en 1966] était un ambitieux projet de rupture avec le passé, mais c’était aussi le règlement de comptes personnel d’un vieil homme parvenu à la fin de ses jours. Une fois le décor planté et la révolution lancée, elle a mené sa propre vie, engendrant des conséquences inattendues, que même les plus brillants stratèges n’auraient pas pu anticiper.

    Il en ira très probablement de même de l’insurrection trumpienne. Mais pour bien comprendre l’Amérique d’aujourd’hui, il faut avant tout comprendre que le gouvernement au pouvoir, même s’il est organisé à la manière d’une cour impériale, est un gouvernement révolutionnaire.

    Il fallait une personne comme l’actuel président des Etats-Unis pour rejeter toute possibilité de politique basée sur des valeurs communes, des intérêts partagés ou une solution gagnant-gagnant. Pour Mao, la politique était une guerre de classes ; pour Trump, c’est un #transactionnalisme à somme nulle. Les Etats naissent inégaux et, comme le formula l’historien grec Thucydide [au Ve siècle avant notre ère], « le fort fait ce qu’il peut faire et le faible subit ce qu’il doit subir ». Trump, note pour sa part Vladimir Poutine, « ne se contente pas de dire ce qu’il pense, il dit ce qu’il veut ». Dans pareil contexte, les Européens perdent un temps précieux à se demander à quoi ressemblera le plan de Trump pour l’Ukraine et à se plaindre de ne pas être assis à la table des négociations.

    Réalignement des civilisations

    Les révolutions n’ont jamais de programme détaillé. On ne sait pas précisément ce que Trump compte obtenir de ses négociations avec Poutine. Un point est en revanche très clair : le président américain entend accomplir de grandes choses, et il entend les accomplir vite, très vite.

    La Conférence de Munich sur la sécurité a mis un terme au débat ouvert au Forum de Davos [qui s’est tenu fin janvier] autour de cette question : faut-il prendre Trump au sérieux (donc pas au pied de la lettre) ou au pied de la lettre (donc pas au sérieux) ? Nous voilà désormais fixés : il faut le prendre à la fois au sérieux et au pied de la lettre. Le président américain pense réellement ce qu’il dit. Lorsqu’il parle d’une prise de contrôle du Groenland ou du canal de Panama, il n’envoie pas des signaux, il dit son intention. Il est convaincu que l’intérêt stratégique des Etats-Unis est de faire du Canada le cinquante et unième Etat américain. Il pense fermement pouvoir nouer un partenariat stratégique avec Moscou et, comme il le dit depuis son premier mandat, en être empêché par « l’Etat profond » américain. Nous ignorons pour l’instant si Trump est réellement prêt à quitter l’OTAN. Nous savons en revanche avec certitude que l’OTAN n’est pour lui qu’une autre facette de cet « Etat profond » qui essaie de lui lier les mains.

    Ce que Trump propose à Poutine, c’est non seulement la perspective de mettre fin à la guerre en Ukraine selon les conditions de Moscou, mais aussi la mise en place de grandes négociations pour réorganiser le monde, à l’instar de celles entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev [dans les années 1980] qui ont mis fin à la guerre froide. Tout cela implique très certainement une réduction de la présence américaine en Europe, mais aussi la nécessité d’une coopération russo-américaine au Moyen-Orient et en Arctique. Trump promet à Poutine – promesse à prendre au pied de la lettre – que, demain, les sanctions seront levées, la Russie sera réintégrée à l’économie mondiale et Moscou retrouvera son statut de grande puissance, perdu au cours des humiliantes années 1990. Il espère ainsi convaincre la Russie de rompre son alliance avec la Chine et de se tourner vers les Etats-Unis.

    Les relations des Américains avec Poutine se trouvent au cœur de la grande stratégie trumpienne de réalignement des civilisations. Dans le brillant livre To Run the World [« Diriger le monde », 2024, non traduit], qui retrace l’histoire de la guerre froide, Sergey Radchenko développe la #logique_raciale qui a poussé les Soviétiques à accepter de s’engager, dans les années 1970, dans une diplomatie de la détente avec le monde capitaliste. Pour expliquer sa décision de passer un accord avec les Américains, le chef soviétique Leonid Brejnev a déclaré à ses camarades : « Le président Nixon a dit un jour : “Vous pouvez nous détruire sept fois, et nous pouvons vous détruire sept fois.” Je lui ai répondu qu’après cela, les Blancs auront disparu, et qu’il ne resterait que les Noirs et les Jaunes. » Trump espère ardemment que Poutine sera prêt à adopter la logique de Brejnev.

    La montée du nationalisme européen

    Que signifie la révolution trumpienne pour l’Europe ? Comme l’a judicieusement observé le politologue américain Hal Brands au lendemain du fiasco de Munich, « l’Europe est en train de devenir un acteur mineur aux yeux du monde ». Elle est victime de sa propre prévisibilité et de son manque d’imagination politique. Les deux réunions de dirigeants européens organisées à Paris, censées montrer la force et la détermination du continent, n’ont fait qu’étaler son actuelle faiblesse. Certains dirigeants européens, comme le premier ministre hongrois, Viktor Orban, et le premier ministre slovaque, Robert Fico, ne sont pas venus. D’autres en sont repartis déçus.

    En vérité, à l’heure actuelle, l’Europe ne peut pas donner les garanties sécuritaires nécessaires à l’Ukraine sans le soutien des Américains. Trump a parfaitement conscience de la faiblesse des Européens et il traitera leurs élites de la même façon qu’il a traité l’establishment républicain qui a tenté de se distancier de lui après l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 : il va les punir et les humilier. Le discours de J. D. Vance à Munich en est une démonstration exemplaire. En déclarant à la veille des élections allemandes son soutien au parti d’extrême droite Alliance pour l’Allemagne (AfD), le vice-président américain a clairement fait entendre que Washington était prêt à semer le chaos en Europe si elle n’emboîtait pas le pas aux Etats-Unis. Dans le monde de Trump, il n’y a pas d’alliés, il n’y a que des amis personnels, des ennemis personnels, et le #déficit_commercial américain. Comme l’a dit un jour Mao : « Qui sont nos amis ? Qui sont nos ennemis ? C’est là la principale question de la révolution. »

    Que peut faire l’#Europe ? L’Europe n’est pas en mesure de garantir, à la place des Etats-Unis, la souveraineté de l’Ukraine. Ses capacités militaires sont médiocres, et il faudra du temps pour redresser la barre. Sur le plan politique, l’Europe est fragmentée. Elle est vulnérable aux trolls de Poutine et aux messages sur X d[’Elon] Musk. Tout ce qu’elle peut faire, c’est donc tenir, et elle est suffisamment résiliente pour cela, en attendant le moment où la révolution trumpienne sera vaincue par les forces mêmes qu’elle a déchaînées.

    La stratégie révolutionnaire de #Trump est audacieuse, mais risquée. Poutine rompra-t-il vraiment ses liens avec la Chine, sachant que Trump n’est à la Maison Blanche que pour un temps ? L’économie mondiale s’accommodera-t-elle des droits de douane de Trump ? Et les électeurs américains avaleront-ils la pilule de l’inflation qui devrait enfler à vitesse grand V ? Le problème avec une révolution, c’est qu’au mieux son chef la dirige, mais il ne la contrôle jamais.

    Paradoxalement, le plus grand espoir de l’#Europe pour résister aux pressions actuelles est à chercher du côté de la montée du #nationalisme européen anti-Trump. Elle est déjà perceptible dans la réaction allemande au discours de Vance et dans la volonté du probable futur chancelier, Friedrich Merz, de mettre en place une défense européenne autonome. Une montée également perceptible dans la réaction des Danois au rêve trumpien d’annexer le Groenland. Et dans les discours furieux du gouvernement canadien.

    L’Union européenne est née de la volonté de se prémunir contre les nationalismes européens. Comble de l’ironie, son meilleur atout pour survivre aujourd’hui à la tempête Trump semble être la mobilisation de ces mêmes nationalismes européens.

    Traduit de l’anglais par Valentine Morizot

    Ivan Krastev est président du Centre pour les stratégies libérales, à Sofia, et membre de l’Institut autrichien des sciences humaines, à Vienne. Il a notamment publié « Le Destin de l’Europe » (Premier Parallèle, 2017) et, avec Stephen Holmes, « Le Moment illibéral » (Fayard, 2019).

    #racisme

    • "La révolution trumpienne sera vaincue par les forces mêmes qu’elle a déchaînées" (?)

      « L’absurdité des obsessions de Trump illustrée par une histoire d’œufs »
      CHRONIQUE Philippe Escande
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/28/l-absurdite-des-obsessions-de-trump-illustree-par-une-histoire-d-ufs_6569078

      Ce week-end s’ouvre la période des carnavals. Dans certains, on se lance encore des œufs, symbole du passage vers le jeûne du carême. C’est en direction de leur président, Donald Trump, que beaucoup d’Américains aimeraient en jeter quelques-uns, en signe de mécontentement.

      Mais ils ne le feront pas, ils sont bien trop chers ! Leur prix a été multiplié par plus de 2,5 en un an, jusqu’à 12 dollars (11,50 euros) la douzaine et ils sont devenus, pour l’Américain moyen, le symbole de l’#inflation qui ravage son pouvoir d’achat.
      En cause, une épidémie de #grippe_aviaire qui n’en finit pas de décimer les élevages américains et les a conduits à sacrifier déjà plus de 160 millions de volailles. En catastrophe, le département de l’agriculture a annoncé un nouveau plan d’aide de 1 milliard de dollars, après 2 milliards investis depuis 2022. Cette affaire d’œufs, aliment sacré du brunch, illustre l’absurdité des positions extrémistes du nouveau pouvoir sur ses deux obsessions du moment : la fermeture des frontières et la déréglementation.

      La sécurité alimentaire est aussi celle des importations

      Le département de l’agriculture a indiqué qu’une centaine de millions d’#œufs supplémentaires seraient importés en mars. N’en déplaise aux absolutistes de la souveraineté nationale, la sécurité alimentaire consiste aussi à sécuriser des importations plutôt qu’à les combattre. Surtout quand une contagion ravage tout le territoire. Monde à l’envers, c’est la Turquie qui va imposer des taxes à l’exportation face à la demande américaine.

      Cette affaire démontre aussi magistralement que le rêve d’un Etat sans règles ni fonctionnaires peut tourner au cauchemar. La tronçonneuse du département de l’efficacité gouvernementale, conduit par Elon Musk, a déjà entamé les effectifs de vétérinaires et d’inspecteurs du département de l’agriculture dont on a tant besoin aujourd’hui.

      Selon le New York Times, des milliers d’emplois y ont déjà été supprimés, notamment dans les services d’inspection des plantes et des animaux pour surveiller les infestations. [et blablablo]Les lois et les règles sont parfois étouffantes et liberticides, mais elles ont été créées pour permettre aux hommes de vivre en société. D’où le défoulement bref du carnaval. Celui de Donald Trump durera malheureusement plus que quelques jours.

    • « Le légendaire investisseur américain Warren Buffett renvoie Donald Trump à ses responsabilités économiques de base : garder le dollar stable », Isabelle Chaperon
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/24/le-legendaire-investisseur-americain-warren-buffett-renvoie-donald-trump-a-s

      Un homme de 94 ans peut se permettre de donner quelques conseils à un « jeunot » de 78 ans, même si ce dernier est président des Etats-Unis. Le légendaire investisseur américain Warren Buffett a profité de la lettre annuelle à ses actionnaires, publiée samedi 22 février, pour renvoyer Donald Trump à ses responsabilités économiques de base : garder le dollar stable.

      Evidemment, au-delà de son âge canonique, le patron de Berkshire Hathaway a quelques arguments à faire valoir pour être écouté. En 1956, il rachetait une entreprise de textile mal en point qui n’avait pas payé d’impôts depuis dix ans, rappelle-t-il : depuis, sa holding a versé plus de 101 milliards de dollars (96 milliards d’euros) au Trésor américain (dont quasi 27 milliards de dollars en 2024), « bien plus que n’importe quelle entreprise américaine, y compris les titans de la tech ».
      Cet argent – et les futures contributions de Berkshire –, dépense-le « avec sagesse », enjoint-il dès lors à « Oncle Sam », alias « Oncle Donald ». Prends soin des gens qui ont eu la malchance de « tirer la courte paille » dans la vie, ajoute le donateur démocrate, « ils le méritent ». Et surtout, poursuit-il, « n’oublie jamais que nous avons besoin que tu maintiennes une devise stable et que ce résultat requiert à la fois de la sagesse et de la vigilance de ta part ».

      Hypothèse d’une #dévaluation massive du dollar

      Ce message, assorti d’un appel à se méfier de la monnaie papier, dont la valeur peut s’évaporer si la « folie fiscale prévaut », ressemble bien à une mise en garde face au risque d’un retour de flamme inflationniste, nourri notamment par une éventuelle prolongation des baisses d’impôts par la nouvelle administration. Une inquiétude qui se manifeste à la fois chez les chefs d’entreprise et les consommateurs américains, selon les derniers baromètres publiés.
      Mais difficile de ne pas y voir également une allusion à l’hypothèse, qui bruisse à Wall Street, d’une dévaluation massive du #dollar orchestrée par Donald Trump, histoire de faire baisser la valeur de l’énorme #dette_américaine détenue hors des Etats-Unis. Sous le nom de code « accord de Mar a Lago », ce scénario de fiction consiste à faire pression sur le reste du monde, à coups de menaces sur les droits de douane ou la sécurité, afin d’obtenir une appréciation de l’euro ou du yuan. Le vieux sage d’Omaha (Nebraska) est là pour rappeler que les entreprises américaines ont surtout besoin de stabilité. De savoir que, dans le film Fantasia (1940), des Studios Disney, l’apprenti sorcier, c’était Mickey et non Donald, ne rassurera personne.

  • Est-ce un signal fort comme quoi la justice (enfin, ce qu’il en reste) puisse encore mettre des bâtons dans les roues à toute cette coterie entrepreneuriale et grande pourvoyeuse de corruption ?

    Autoroute A69 : la justice annule l’autorisation environnementale du projet d’autoroute entre Castres et Toulouse, le chantier est arrêté
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/27/autoroute-a69-la-justice-administrative-annule-l-arrete-prefectoral-autorisa

    Autoroute A69 : la justice annule l’autorisation environnementale du projet d’autoroute entre Castres et Toulouse, le chantier est arrêté

    La rapporteuse publique avait demandé l’annulation du projet, jugeant les gains espérés de la future autoroute insuffisants par rapport aux atteintes à l’environnement. L’Etat va faire appel, annonce le ministère des transports, dénonçant une situation « ubuesque ».

  • Autoroute A69 : la justice annule l’autorisation environnementale du projet d’autoroute entre Castres et Toulouse, le chantier est arrêté
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/27/autoroute-a69-la-justice-administrative-annule-l-arrete-prefectoral-autorisa

    Le tribunal administratif de Toulouse a annulé, jeudi 27 février, l’arrêté préfectoral autorisant le chantier de l’autoroute A69, entre Toulouse et Castres, selon la décision du tribunal mise en ligne par le quotidien La Dépêche. Alors qu’il s’étend déjà sur des dizaines de kilomètres entre Toulouse et Castres, le chantier est mis à l’arrêt.

    Par deux fois, la rapporteure publique, Mona Rousseau, dont les avis sont régulièrement suivis, avait demandé à la justice administrative « l’annulation totale » de l’arrêté préfectoral qui a permis d’entamer le chantier en 2023. A l’audience du 18 février, cette magistrate avait réaffirmé que les gains espérés de la future autoroute n’étaient pas suffisants pour établir une « raison impérative d’intérêt public majeur » (RIIPM) justifiant les atteintes à l’environnement commises par le projet.

    • A69 : le projet autoroutier est annulé faute de nécessité impérieuse à le réaliser
      https://toulouse.tribunal-administratif.fr/decisions-de-justice/dernieres-decisions/a69-le-projet-autoroutier-est-annule-faute-de-necess

      En effet, si les projets pourraient faire gagner une vingtaine de minutes aux usagers par rapport au trajet actuel, le tribunal, après avoir examiné les arguments avancés par les préfets de la Haute-Garonne et du Tarn, estime qu’ils sont insuffisants.

      Tout d’abord, sur la nécessité de « désenclaver » le bassin Castres-Mazamet, le tribunal observe, sur la base des données INSEE, que le territoire ne présente ni un décrochage démographique, en comparaison des autres bassins situés aux alentours de Toulouse, ni un décrochage économique, dès lors que l’agglomération dispose, notamment, de tous les services des gammes de proximité et intermédiaire, d’un centre hospitalier, de formations universitaires, d’un aéroport reliant la ville à Paris et d’une gare offrant un service de liaisons quotidiennes avec la métropole toulousaine.

      En outre, en matière de sécurité et de désengorgement du trafic routier, le tribunal relève, d’une part, que la particulière accidentalité de la RN 126 dans son état actuel n’a pas été démontrée et que, d’autre part, les avantages de l’autoroute sont très relatifs, puisque l’itinéraire de substitution prévu pour les automobilistes ne souhaitant pas s’acquitter du prix du péage ne présentera plus des conditions optimales de sécurité, ni un confort similaire à celui de l’actuel itinéraire.

      Enfin, de manière plus générale, la juridiction administrative estime que le coût élevé du péage du projet A69 est de nature à en minorer significativement l’intérêt pour les usagers et les entreprises. Si l’administration indique qu’il existe une perspective de baisse tarifaire de l’ordre de 33%, le tribunal souligne que ce projet de baisse, qui ne porte que sur une partie du trajet, n’est, à ce jour, pas finalisé.

    • Ah mais ça date de Hollande cette affaire d’autoroute pour Pierre Fabre. Quel épouvantable #politisme que le hollandisme sauce macron, ça vous donne des bayrous partout. #extrême_centre

      aucune « raison impérative d’intérêt public majeur »

  • Comment la Chine tisse un réseau portuaire mondial
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/15/la-chine-tisse-un-reseau-portuaire-mondial_6547389_3234.html

    Le géant #Cosco, aux côtés d’autres armateurs et logisticiens, investit massivement dans les terminaux à #conteneurs. Le gouvernement chinois cherche autant à soutenir et à sécuriser exportations et importations qu’à asseoir la puissance du pays.

    Le Pirée, juin 2016. La Chine réveille l’inquiétude des Européens en rachetant 51 % des #terminaux_à_conteneurs du #port athénien, avant que son armateur Cosco Shipping Ports ne porte cette participation à 67 % en 2021. Huit ans plus tard, personne ne s’est étonné que le président chinois, Xi Jinping, en visite au Pérou, à la mi-novembre 2024, inaugure le port de Chancay, détenu à 60 % par le même Cosco. Un investissement de plus de 3 milliards d’euros pour un hub présenté par le gouvernement péruvien comme le « Singapour d’Amérique latine », porte d’entrée des produits chinois et de sortie des ressources minérales, énergétiques et agricoles du sous-continent.

    Entre-temps, avec d’autres entreprises, comme China Merchants Port Holdings et Hutchison Port Holdings, la #Chine a pris position dans de nombreux terminaux à conteneurs à travers le monde, le plus souvent avec des parts de 20 % à 49 %, sans pour autant exercer une domination écrasante. Ces opérations s’inscrivent dans les « nouvelles routes de la soie » lancées par M. Xi, en 2013. En 2019, il avait même réussi le tour de force politique d’y intégrer Trieste (Italie) pour en faire une de ses principales prises sur le Vieux Continent, avant que le gouvernement de Giorgia Meloni ne sorte la cité adriatique de la Belt and Road Initiative (BRI).

    https://archive.ph/OByY4

    #commerce_mondial #guerre

  • Franceinfo : la rédaction adopte une motion de défiance contre son directeur Laurent Delpech
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/14/franceinfo-la-redaction-adopte-une-motion-de-defiance-contre-son-directeur-l

    « Au regard des méthodes managériales contestables, de la gestion de la crise et de la détérioration de l’image de la chaîne, faites-vous confiance à Laurent Delpech pour diriger Franceinfo sur le canal 16 ? » Par 87 % de « non » et 13 % de « oui » pour 84 % de participation, la rédaction de Franceinfo a adopté, vendredi 14 février, la motion de défiance déposée la veille contre le directeur de la chaîne, Laurent Delpech. « Ce scrutin traduit une colère profonde face à une gouvernance qui, jusqu’ici, n’a pas su répondre aux attentes et aux inquiétudes », souligne la Société des journalistes (SDJ) dans le communiqué d’annonce des résultats, tombés peu après 20 heures.

    https://justpaste.it/ibxke

  • It’s Not Funny Anymore : #Vice to #Proud_Boys | #URBANIA Média
    https://urbania.media/fr/productions/it-s-not-funny-anymore-vice-to-proud-boys

    Découvrez Gavin McInnes, ce Canadien audacieux qui a laissé derrière lui deux héritages polarisants : d’un côté, l’empire médiatique VICE, évalué à plusieurs milliards et marqué par son progressisme, et de l’autre, les Proud Boys, une milice d’extrême droite violente, tristement célèbre pour son rôle lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier.

    je découvre cette société de prod canadienne (progressiste non militante selon les dires du patron)...

    autre exemple de production :

    Substances | URBANIA Média
    https://urbania.media/fr/productions/substances

    Trois journalistes d’URBANIA, Hugo Meunier, Sara Buzzell et Jean Bourbeau, plongent dans l’univers des drogues en explorant sans tabou la place qu’elles occupent dans la société québécoise d’aujourd’hui. 

    Au fil des six épisodes portant sur le #cannabis, le GHB, le Xanax, la #cocaïne, le #Fentanyl et les #psychédéliques, les journalistes s’immergent dans l’univers d’une drogue en particulier, d’abord par leurs rencontres avec des expert.e.s, puis par une immersion sur le terrain.

    trouvée au hasard de lecture :

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/10/les-medias-videos-comme-brut-ou-konbini-percutes-par-les-changements-d-algor

  • Franceinfo critiquée après un débat sur la possibilité de faire de Gaza une nouvelle « Riviera »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/06/francetvinfo-dans-la-tourmente-apres-un-debat-sur-la-possibilite-de-faire-de

    Pour la deuxième fois en deux semaines, la chaîne Franceinfo provoque une polémique dont Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions en passe de candidater à un troisième mandat, se serait sans doute bien passée. « Gaza “Côte d’Azur”, et si c’était possible ? », interrogeait un bandeau publié mercredi 5 février entre 22 heures et 23 heures, en deuxième partie de l’émission « L’heure américaine ».

    Exprimant son souhait de « laisser la politique de côté pour un instant », le présentateur Julien Benedetto a entrepris d’interviewer un professionnel du tourisme afin de prolonger l’annonce par Donald Trump, le matin même, de son souhait de transformer Gaza, après exil forcé de ses habitants, en destination touristique. « La bande de Gaza en Riviera, est-ce que ça a du sens pour le professionnel du tourisme que vous êtes ? », a-t-il ainsi demandé à Franck Delvau, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Ile-de-France. Sur le plateau, aucun des invités n’a déploré la tournure extrêmement déplacée prise alors par la conversation. Sur les réseaux sociaux en revanche, elle a provoqué une avalanche de réactions outrées.

    Une séquence « proposant un traitement totalement inapproprié et regrettable a été diffusée hier dans “L’heure américaine”, a indiqué la communication de la chaîne sur son compte X, dans la journée de jeudi. Nous l’avons supprimée de notre site et déplorons ce moment. » Selon nos informations, le rédacteur en chef en poste mercredi soir, un journaliste historique des chaînes publiques, a proposé qu’on le suspende de sa fonction. Une suggestion repoussée par sa hiérarchie qui « réfléchit aux suites disciplinaires à donner à cette faute », indique-t-on à France Télévisions. Le cas échéant, plusieurs personnes pourraient être incriminées. Contactée en début de soirée, la Société des journalistes de la chaîne tout info, qui quittera le canal 27 pour le canal 16 de la TNT le 6 juin prochain, n’avait pas encore réagi.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Face à la proposition de Donald Trump d’un contrôle américain de la bande de Gaza, le monde politique français circonspect
    « Profondément déplorable et totalement inexcusable »

    « A force de vouloir faire du remplissage par des débats, faute de moyens, on en arrive à parler de tout n’importe comment, déplore le syndicat SNJ de France Télévisions, dans un communiqué. Journalistiquement, éthiquement, déontologiquement et humainement, c’est profondément déplorable et totalement inexcusable ». Pour son représentant, Serge Cimino, cette affaire, qu’il qualifie de « faute professionnelle énorme », « est beaucoup plus grave que celle du bandeau ». Le 25 janvier en effet, la chaîne avait déjà dû s’excuser « à la suite d’une erreur inadmissible ». Pendant quelques secondes, le titre « 200 otages palestiniens retrouvent la liberté » avait barré l’écran. Le rédacteur en chef en poste ce week-end-là, sous statut précaire, avait été suspendu.

    « C’est le bonheur du média global, ironise avec amertume un reporter de la radio Franceinfo. Si la première fois on pouvait, éventuellement, parler d’erreur, que dire cette fois-ci, alors qu’entre le moment de l’idée de ce débat et sa concrétisation, il n’y a personne pour arrêter la machine ? » Comme fin janvier, la directrice de la station, Agnès Vahramian, a tenu une réunion, jeudi après-midi, pour entendre l’émoi de sa rédaction, qui redoute de pâtir des erreurs de ses confrères, le public ne faisant pas nécessairement la distinction entre l’antenne de radio et la chaîne de télévision. Mme Vahramian les a assurés que France Télévisions « avait conscience que quelque chose de grave avait eu lieu », témoigne l’un d’eux. Une réunion entre des représentants de la radio et de la télévision pourrait se tenir dans les prochains jours.

  • Comment les données anonymisées de nos téléphones redessinent la carte des transports en France
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/05/les-donnees-des-telephones-redessinent-la-carte-des-transports_6532494_3234.

    L’utilisation des data de connexion permet aux géographes de mieux étudier la vitalité d’un territoire et aux collectivités de repenser leurs offres de transport.

    [...]

    Que montrent ces données ? D’abord, qu’il y a en France, selon leurs calculs, 70,1 millions d’habitants.année, quand l’Insee recense 65,7 millions de résidents. A l’échelle de Paris, le nombre d’habitants.année – effectivement présents dans la capitale – atteint 3,7 millions : c’est 1,5 million de plus que la population résidente recensée par l’Insee. A Bordeaux ou à Toulouse, on compte en moyenne 130 000 habitants.année de plus que le nombre de résidents. Les villes sont généralement plus denses que ne le montrent les statistiques de l’Insee : « La France dite “urbaine” compte 32 millions de résidents – la moitié des Français, selon l’Insee –, mais nous recensons 43 millions d’habitants.année, plus proche des deux tiers », assurent les experts de #Geonexio.

    Les données d’Orange retravaillées montrent les grands flux. Sans elles, il était déjà possible de mesurer assez finement les déplacements dans les transports en commun, mais moins précisément les trajets en voiture. « Pendant des années, on a défini les offres de transport d’une ville ou d’une région quasiment à l’aveugle, sans données sur ces flux automobiles, qui représentent 80 % des déplacements », assure Jean Coldefy.

    Avec Transdev, il a pu analyser les mouvements de personnes entre 5 heures et 10 heures du matin un jour ouvré de novembre, à l’intérieur des 53 principales métropoles, en incluant leur banlieue au sens large. A Lyon, 211 000 personnes effectuent chaque matin le trajet de la banlieue vers le pôle urbain. A Toulouse, on décompte 187 000 trajets, à Nantes 126 000.

    L’offre de transport répond-elle à ces besoins et permet-elle de renoncer à la voiture ? On en est très loin, selon les données de Geonexio. « En moyenne, il y a cinq fois plus de besoins que de places offertes dans les trains qui vont vers le centre des métropoles, notent les experts. A Lyon, il n’y a que 35 000 places de TER [transport express régional] pour ces 210 000 trajets. » Il en faudrait six fois plus. A Nantes, l’écart est du même ordre. A Toulouse, le déficit est encore plus aigu : on compte de 10 à 18 voyageurs pour une place ! Même ratio à Montpellier, qui pratique la gratuité des transports : « Il y a 15 voyageurs pour une place de TER », constate M. Coldefy.

    (...) Les données d’Orange font aussi apparaître des chaînons manquants dans les liaisons entre les villes. « Ainsi, 10 % des actifs ne travaillent pas dans l’aire urbaine où ils résident, explique Jean Coldefy. Cela représente 3 millions de personnes qui parcourent en moyenne 80 kilomètres par jour. Ces trajets, à eux seuls, dégagent 3 % des émissions de CO2 en France. »

    (...) les trajets entre le domicile et le travail (ceux des 30 millions d’actifs) ne représentent qu’un tiers des distances parcourues sur l’année ; les loisirs, le tourisme, la santé, l’éducation et les déplacements des 37 millions de non-actifs ont, eux aussi, besoin de bons systèmes de transport.

    https://justpaste.it/cu40v

    #data #données_de_connexion #mobilités #transports_en_commun #train #TER

  • Intelligence artificielle : les #Emirats_arabes_unis construiront en France un data center géant
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/06/intelligence-artificielle-les-emirats-arabes-unis-construiront-en-france-un-

    Ce nouveau « campus », qui fait partie d’un accord de partenariat sur l’IA signé jeudi soir à Paris, représente des investissements d’un ordre de grandeur de 30 à 50 milliards d’euros, selon l’#Elysée.
    Ces investissements font partie d’un accord de partenariat sur l’IA signé jeudi soir à Paris en présence du président français, Emmanuel Macron, et de son homologue émirati, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane.
    Ce campus sera le plus grand en Europe consacré à l’intelligence artificielle, a affirmé l’entourage du chef de l’Etat. Il s’agit du premier grand investissement annoncé lors du sommet sur l’#IA prévu jusqu’à mardi à Paris, à l’occasion duquel la France et l’Europe veulent se poser en puissances compétitives face aux Etats-Unis et à la Chine.

    #data_center

  • Breaking News #trumperie #cringe (art du)

    Donald Trump provoque la sidération générale en envisageant un contrôle américain de la bande de Gaza
    https://archive.ph/hqu4H#selection-2143.0-2147.267

    Donald Trump provoque la sidération générale en envisageant un contrôle américain de la bande de Gaza
    A l’issue d’une rencontre avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le président américain a répété qu’il souhaitait vider le territoire palestinien de ses habitants, avant d’évoquer « une situation de propriété sur le long terme » des Etats-Unis.

    • Donald Trump s’est engagé à transformer ce « symbole de mort et de destruction » qu’est Gaza en « Riviera du Moyen Orient ». Il l’assure : « Tous ceux à qui j’ai parlé adorent l’idée de voir les #Etats-Unis posséder ce morceau de territoire, développer et créer des milliers d’emplois avec quelque chose qui sera magnifique. »

      [...]

      Donald Trump a confirmé son intention de convaincre plusieurs pays, dont l’Egypte et la Jordanie, d’accueillir la totalité de la population de la bande de #Gaza, afin de nettoyer le territoire palestinien des gravats. « On peut trouver une zone magnifique pour y installer les gens de façon permanente dans de belles maisons où ils peuvent être heureux sans se faire tirer dessus, sans se faire tuer, sans se faire poignarder à mort comme ce qu’il se passe à Gaza », a-t-il ajouté, comme si le souci majeur y était la criminalité du quotidien. Les Palestiniens auraient-ils le droit de revenir chez eux un jour ? « Pourquoi voudraient-ils revenir ? », interrogea Donald #Trump.

      [...]

      A ses côtés, Benyamin Nétanyahou semblait pris de court, derrière un sourire crispé. Il tentait de maîtriser son hôte américain par une salve de compliments. « Vous êtes le meilleur ami qu’#Israël ait jamais eu à la Maison Blanche », dit-il. Le premier ministre israélien a d’abord gardé un silence stratégique sur le déplacement des Gazaouis, comme s’il intégrait, lui, la réalité régionale, derrière les slogans. Puis, interrogé sur le sujet, il a fini par estimer que « ça vaut la peine de prêter attention » à un tel projet, qui « pourrait changer l’histoire ».

      [...]

      Donald Trump n’a exercé aucune pression publique sur son invité pour qu’Israël respecte les termes de l’accord avec le Hamas. Benyamin Nétanyahou, lui, a affirmé son souhait de « finir le travail » à Gaza, avec trois objectifs : détruire les capacités militaires du Hamas, assurer la libération de tous les otages et s’assurer que le territoire palestinien ne représente plus une menace pour Israël à l’avenir. Soit la promesse d’une guerre sans fin, dépourvue de vision politique pour Gaza. Pour l’heure, une délégation israélienne est attendue au Qatar, pour la suite des négociations.

    • @gonzo Oui, en fait, j’en viens à me demander si cette « presse » n’a pas pour intention inavouable de nous « sidérer ». En état de sidération, on accepte tout. On devrait plutôt parler de « sheitanisation » pour décrire cette tendance à encourager le diable à se jouer de notre capacité à interpréter les faits pour ce qu’ils sont.
      Et je me suis dit qu’il pourrait aussi tenter le coup pour l’Ukraine, ce qui déclencherait immanquablement l’hilarité du Kremlin pendant que les opinions de l’Occident global pousseraient des cris stridents.
      @monolecte Bah voilà, on ne pourra plus dire qu’on n’y était pas préparé.

      Je crois que pour catégoriser ce genre de « nouvelles », le hashtag #cringe conviendrait bien.

    • Autrement dit, le candidat de la paix à la dernière élection présidentielle, opposé aux aventures militaires extérieures, ne se contente plus d’envisager l’annexion du canal du Panama, du Canada et du Groenland, dans une ferveur néoimpérialiste. Il suggère d’y ajouter un confetti de territoire ravagé, tenu par un mouvement islamiste armé, long de quarante kilomètres, dont il veut évacuer toute la population. Une opération qui nécessiterait un large contingent militaire américain – hypothèse non écartée par Donald Trump – et supposerait des dizaines, voire des centaines de soldats tués. Deux possibilités se dessinent : le président américain est sérieux ; ou bien il déplace les termes du débat selon son habitude, pour banaliser l’inacceptable et modifier les équilibres.

    • Je penche pour la deuxième option.

      ou bien il déplace les termes du débat selon son habitude, pour banaliser l’inacceptable et modifier les équilibres

      (Et comme ça arrive à la fin du quatrième paragraphe, t’as déjà perdu 75% des lecteurs, sans compter qu’on te laisse quand même le choix du « sérieux »)

    • La Chine s’oppose au déplacement « forcé » des Gazaouis proposé par Donald Trump
      https://www.lemonde.fr/international/live/2025/02/05/en-direct-proche-orient-suivez-les-reactions-aux-declarations-de-donald-trum

      Pékin a réagi, mercredi, après l’annonce du président Donald Trump concernant une prise de contrôle américaine de l’enclave palestinienne. « La Chine a toujours soutenu le fait qu’une gouvernance palestinienne sur les Palestiniens était le principe de base de la gouvernance d’après-guerre de Gaza et nous sommes opposés au transfert forcé des habitants de Gaza », a déclaré Lin Jian, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, lors d’une conférence de presse.

      L’Arabie saoudite répond à Donald Trump et dément ses affirmations
      https://www.lemonde.fr/international/live/2025/02/05/en-direct-proche-orient-suivez-les-reactions-aux-declarations-de-donald-trum

      Donald Trump avait [...] affirmé que Riyad ne réclamait plus la création d’un Etat palestinien comme une condition sine qua non pour la normalisation des relations avec Israël – une déclaration qui s’opposait aux positions exprimées précédemment par Riyad.

      Dans sa réponse publiée dans la nuit, l’Arabie saoudite a démenti les propos de M. Trump, écrivant : « Le ministère des affaires étrangères affirme que la position du royaume d’Arabie saoudite sur la création d’un Etat palestinien est une position ferme et inébranlable. »

      Le texte précise que le prince héritier Mohammed Ben Salman (« MBS ») a affirmé « cette position de manière claire et explicite qui ne permet pas d’interprétation ». Il est rappelé qu’en septembre 2024, le dirigeant saoudien avait ainsi affirmé « que le royaume d’Arabie saoudite n’arrêtera pas son travail inlassable en vue de l’établissement d’un Etat palestinien indépendant avec pour capitale Jérusalem-Est et qu[’il] n’établira pas de relations diplomatiques avec Israël sans ça ». Deux mois plus tard, « MBS » avait répété que le pays poursuivait ses efforts en ce sens.

      « Le royaume d’Arabie saoudite répète également sa déclaration antérieure de rejet absolu de toute atteinte aux droits légitimes du peuple palestinien, que ce soit par le biais de politiques de colonisation israéliennes, de l’annexion de terres palestiniennes ou de tentatives de déplacer le peuple palestinien de ses terres, peut-on lire dans le communiqué de cette nuit. Le royaume affirme que cette position ferme n’est pas sujette à négociation ou à surenchère, et qu’une paix durable et juste ne peut être obtenue sans que le peuple palestinien obtienne les droits légitimes auxquels il prétend, conformément aux résolutions internationales. Cela a été expliqué précédemment à l’administration américaine précédente et à l’administration actuelle. »

    • il déplace les termes du débat (...) pour banaliser l’inacceptable et modifier les équilibres.

      Oeuf Corse ! Quand le quotidien est fait de sidération, surenchérir ! Et puis énoncer un rêve de promoteur immobilier, c’est causer capitalisme au stade Dubaï. Ça parle. Et ça ouvre à tout le moins la porte à d’éventuelles emprises territoriales israéliennes et touristiques, mais pas que, à Gaza.

    • La Turquie juge « inacceptable » le projet de Donald Trump pour Gaza
      https://www.lemonde.fr/international/live/2025/02/05/en-direct-proche-orient-pour-le-hamas-les-propos-de-donald-trump-sur-gaza-so

      « La déclaration de Trump sur Gaza est inacceptable », a déclaré, mercredi, le ministre des affaires étrangères turc, Hakan Fidan, lors d’un entretien à l’agence de presse turque Anadolu. « Expulser [les Palestiniens] de Gaza est une question que ni nous ni les pays de la région ne pouvons accepter. Il n’est même pas question d’en discuter », a-t-il insisté.

      L’Egypte appelle à une reconstruction rapide de Gaza, sans déplacer ses habitants
      https://www.lemonde.fr/international/live/2025/02/05/en-direct-proche-orient-pour-le-hamas-les-propos-de-donald-trump-sur-gaza-so
      Lors d’entretiens au Caire avec le premier ministre palestinien, Mohammad Mustafa, le ministre égyptien des affaires étrangères, Badr Abdelatty, a appelé, mercredi, à une reconstruction rapide de la bande de Gaza, sans déplacement de ses habitants. Les deux responsables ont souligné « l’importance d’avancer rapidement dans les projets de relance (…) à un rythme accéléré (…) sans que les Palestiniens quittent la bande de Gaza, notamment en raison de leur attachement à leur terre et de leur refus de la quitter », a indiqué le ministère égyptien dans un communiqué.

      Après les propos de Donald Trump, la France dit son « opposition à tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza », « une violation grave du droit international »
      https://www.lemonde.fr/international/live/2025/02/05/en-direct-proche-orient-pour-le-hamas-les-propos-de-donald-trump-sur-gaza-so

      « La France réitère son opposition à tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, qui constituerait une violation grave du droit international, une atteinte aux aspirations légitimes des Palestiniens, mais aussi une entrave majeure à la solution à deux Etats et un facteur de déstabilisation majeur pour nos partenaires proches que sont l’Egypte et la Jordanie, ainsi que pour l’ensemble de la région », déclare, mercredi, le ministère des affaires étrangères français dans un communiqué.

      « La France continuera à se mobiliser pour la mise en œuvre de la solution à deux Etats, la seule qui puisse garantir la paix et la sécurité sur le long terme aux Israéliens et aux Palestiniens. L’avenir de Gaza doit s’inscrire non dans la perspective d’un contrôle par un Etat tiers mais dans le cadre d’un futur Etat palestinien, sous l’égide de l’Autorité palestinienne. Le Hamas doit être désarmé et n’avoir aucune part à la gouvernance de ce territoire. La France continuera de marquer son opposition à la colonisation, contraire au droit international, et à toute velléité d’annexion unilatérale de la Cisjordanie. »

      On attend encore l’Union européenne

    • Franceinfo critiquée après un débat sur la possibilité de faire de Gaza une nouvelle « Riviera »
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/06/francetvinfo-dans-la-tourmente-apres-un-debat-sur-la-possibilite-de-faire-de

      La chaîne d’information de France Télévisions a « déploré » une séquence diffusée mercredi, au cours de laquelle un professionnel du tourisme a été invité à envisager la transformation de l’enclave palestinienne en destination touristique.

      « Gaza “Côte d’Azur”, et si c’était possible ? », interrogeait un bandeau publié mercredi 5 février entre 22 heures et 23 heures, en deuxième partie de l’émission « L’heure américaine ».

      Exprimant son souhait de « laisser la politique de côté pour un instant », le présentateur Julien Benedetto a entrepris d’interviewer un professionnel du tourisme afin de prolonger l’annonce par Donald Trump, le matin même, de son souhait de transformer Gaza, après exil forcé de ses habitants, en destination touristique. « La bande de Gaza en Riviera, est-ce que ça a du sens pour le professionnel du tourisme que vous êtes ? », a-t-il ainsi demandé à Franck Delvau, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Ile-de-France. Sur le plateau, aucun des invités n’a déploré la tournure extrêmement déplacée prise alors par la conversation.

      [...]
      « A force de vouloir faire du remplissage par des débats, faute de moyens, on en arrive à parler de tout n’importe comment, déplore le syndicat SNJ de France Télévisions, dans un communiqué. Journalistiquement, éthiquement, déontologiquement et humainement, c’est profondément déplorable et totalement inexcusable ». Pour son représentant, Serge Cimino, cette affaire, qu’il qualifie de « faute professionnelle énorme », « est beaucoup plus grave que celle du bandeau ». Le 25 janvier en effet, la chaîne avait déjà dû s’excuser « à la suite d’une erreur inadmissible ». Pendant quelques secondes, le titre « 200 otages palestiniens retrouvent la liberté » avait barré l’écran. Le rédacteur en chef en poste ce week-end-là, sous statut précaire, avait été suspendu.

      L’apolitisme de droite extrême dans les #média "publics". Faut dire que le tourisme, "ça nous parle". N’est-ce pas la premier secteur économique céfran ?

    • Sidération, sidération ... L’heure américaine présentée par Julien Benedetto (on a le droit de mettre des noms sur la « sidération », hein) ...
      https://video.twimg.com/amplify_video/1887254397068931072/vid/avc1/828x456/OhBrQR-FvPNHyumk.mp4?tag=16

      Avec cette petite « pointe d’humour » qui caractérise si bien les crapules :
      https://www.france.tv/franceinfo/l-heure-americaine/6931456-emission-du-mercredi-5-fevrier-2025.html

  • Derrière l’exceptionnelle croissance de l’Espagne, le tourisme, l’immigration et les fonds de relance européens
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/31/derriere-l-exceptionnelle-croissance-de-l-espagne-le-tourisme-l-immigration-

    Derrière l’exceptionnelle croissance de l’Espagne, le tourisme, l’immigration et les fonds de relance européens
    Par Sandrine Morel (Madrid, correspondante)
    Dans une Europe où l’économie est en berne, l’Espagne affiche une croissance insolente. En 2024, son produit intérieur brut (PIB) a bondi de 3,2 %, selon les chiffres publiés, mercredi 29 janvier. Un rythme quatre fois plus rapide que la moyenne européenne et une hausse de 0,5 point par rapport à 2023. « Ainsi, 40 % de la croissance de la zone euro en 2024 vient d’ici, s’est félicité le ministre de l’économie, du commerce et des entreprises, Carlos Cuerpo. Pour la première fois, l’économie espagnole a atténué les effets de chocs internationaux au lieu de les aggraver. » Sur l’ensemble de l’année, la consommation progresse de 2,8 %, les exportations, de 3 %, et les importations, de 2 %.
    Tirée par le secteur du tourisme – avec 94 millions de visiteurs étrangers (+ 10 %) et 126 milliards d’euros de dépenses touristiques (+ 16 %) – et dopée par une forte immigration – 1,5 million de nouveaux habitants ont été recensés entre 2021 et 2024 et 40 % des 470 000 emplois créés en 2024 ont été occupés par des étrangers –, la croissance espagnole bénéficie aussi du souffle donné par les fonds du plan de relance européen NextGenerationEU, décidé en 2020.
    Aide à la numérisation des entreprises, aux solutions de stockage de l’énergie d’origine renouvelable, à la réhabilitation d’édifices anciens ou à la promotion du secteur audiovisuel… Doté de 163 milliards d’euros, dont 80 milliards sous la forme de subventions et 83 milliards de prêts, le plan de relance espagnol est le plus important derrière celui accordé à l’Italie. (...).Au total, le gouvernement et les régions autonomes ont lancé des appels à projets pour une valeur de 77,5 milliards d’euros, autour des douze projets stratégiques pour la récupération et la transformation de l’économie qu’il a définis : développement du véhicule électrique, énergies renouvelables, agroalimentaire, industrie navale, décarbonation industrielle… Plus de 47 milliards d’euros ont déjà été alloués, selon le dernier rapport publié par le ministère de l’économie, le 31 décembre 2024. A 41 %, ils ont irrigué des petites et moyennes entreprises et, à 25 %, des grands groupes. Près de 33 % de ces aides ont été destinées à l’amélioration du tissu industriel, 22 % à l’« agenda rural et urbain » (lutte contre l’exode rural ou modernisation de l’agriculture), et 17 % à des infrastructures durables.
    Quelle part de la croissance espagnole peut être liée à ce plan de relance ? (...) Selon l’institution de Francfort, le plan de relance peut contribuer à l’augmentation du PIB de l’Union européenne entre 0,4 point et 0,9 point de pourcentage cumulé jusqu’en 2026. Et, dans les cas plus spécifiques de l’Italie et de l’Espagne, de 1,2 à 1,9 point. (...) Les entreprises espagnoles en redemandent. Selon un rapport de la Banque d’Espagne, publié mercredi 29 janvier, 21,2 % des compagnies du royaume ont déjà sollicité, ou comptent le faire prochainement, l’accès aux fonds du plan de relance. La moitié d’entre elles ont, pour l’heure, obtenu une décision favorable. Or, 45 % de ces entreprises déclarent qu’elles n’auraient pas réalisé d’investissements sans l’impulsion du plan de relance européen.

    #Covid-19#migration#migrant#immigration#economie#croissance#politiquemigratoire#demographie#sante

  • « L’anomalie Tesla ne peut durer éternellement »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/31/l-anomalie-tesla-ne-peut-durer-eternellement_6525214_3234.html

    Rares sont les hommes qui ont aussi bien murmuré à l’oreille des marchés qu’Elon #Musk. Aujourd’hui, la capitalisation boursière de sa société #Tesla, 1 250 milliards de dollars (1 200 milliards d’euros), est vingt fois supérieure à celles des plus grands constructeurs automobiles. Parce qu’en une décennie il est parvenu à devenir le premier et le plus profitable marchand de voitures électriques au monde, ce qu’aucun de ses concurrents mondiaux n’imaginait possible.

    Et l’histoire d’amour continue. Alors que la société a présenté ce mercredi 29 janvier des résultats mitigés, avec la première baisse des ventes (− 1 %) et une marge opérationnelle en forte baisse, à 6,2 % contre 8,2 % l’année précédente, les marchés ne lui en ont pas tenu rigueur. Ils ont bu ses nouvelles promesses de devenir, dès 2025, le premier constructeur à commercialiser des véhicules et des services autour des voitures sans chauffeur. Les premiers robots-taxis circuleront, dit-il, en juin à Austin (Texas). Par ailleurs, de nouveaux modèles arrivent, ses robots humanoïdes vont se déployer par milliers et son intelligence artificielle est la meilleure au monde.

    Les investisseurs ont aussi apprécié son pari politique . Il faut dire que c’est, à court terme, le meilleur investissement qu’il ait jamais fait. Ses dons à Donald Trump lui ont coûté 250 millions de dollars et lui ont rapporté… 500 milliards. C’est le bond de 64 % de sa capitalisation boursière entre le 4 novembre 2024, veille de l’élection présidentielle, et ce jeudi 30 janvier.

    Evidemment, cet argent est pour l’instant éminemment virtuel. Entré dans le cirque politique, il doit en accepter les conséquences. Par exemple, son geste, le 20 janvier, interprété comme un salut nazi, a fait perdre 150 milliards de dollars à la valeur de Tesla. Mais d’autres dangers planent, plus prosaïques.

    D’abord celui de la valorisation. Avec un ratio de bénéfice par action, indicateur de base des analystes boursiers, de plus de 100, il explose toutes les comparaisons. La firme vaut dix fois plus cher que Toyota, le premier constructeur automobile mondial et l’un des plus profitables, et vingt fois plus que le numéro deux, Volkswagen. Il est même cinq fois plus cher que son principal rival dans l’électrique, BYD. Bien sûr, les investisseurs ne l’identifient pas comme un fabricant de voitures mais comme un géant du high-tech. Mais là encore, le prix de son action est trois fois plus élevé que celui d’Apple, de Google ou de Meta. L’anomalie ne peut durer éternellement.

    De plus, le contexte politique avec l’arrivée de Donald Trump n’est pas si favorable que cela. Le nouveau président a supprimé les bonus à l’achat de voitures électriques (la quasi-totalité de ses ventes) et entend supprimer les normes qui imposent, notamment en Californie, aux constructeurs de baisser leurs émissions chaque année et, s’ils n’y parviennent pas, d’acheter des crédits carbone à des constructeurs plus vertueux. Ne vendant pas de voitures thermiques, Tesla serait le premier bénéficiaire de ce système qui lui aurait rapporté, selon Bloomberg, près de 2,7 milliards de dollars en 2024.

    Enfin, la concurrence chinoise talonne Tesla et grignote ses parts de marché, dans un contexte géopolitique qui met en danger son activité dans l’empire du Milieu. Les vents contraires se lèvent au moment où Elon Musk paraît au sommet de sa gloire.

    edit


    L’extrême embarras des propriétaires de Tesla

    Il pourra opter pour « J’ai acheté [ma Tesla] avant de savoir qu’Elon était devenu fou », « J’aime ma voiture, pas le patron » ou « Elon a tué la valeur de revente de ma voiture ». Voire « Elon a mangé mon chat », allusion aux rumeurs racistes reprises par Donald Trump accusant les immigrés haïtiens de cuisiner des animaux domestiques. Des stickers comportant une inscription en français commencent à être proposés à la vente.

    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2025/02/08/l-extreme-embarras-des-proprietaires-de-tesla-face-aux-derapages-d-elon-musk

    • Ajustement en cours ou prémisses d’une implosion ? Les dons de Musk à Trump lui "ont coûté 250 millions de dollars et lui ont rapporté… 500 milliards" mais

      « Chute historique » : Elon Musk perd 41 milliards en une semaine
      https://www.journaldeleconomie.fr/chute-historique-elon-musk-perd-41-milliards-en-une-semaine

      Tesla, le géant de l’automobile, est en ce moment sous une forte pression. Depuis le début de l’année, son action a perdu 25% de sa valeur. Et ça empire : récemment, la baisse a dépassé 30%, ramenant la capitalisation boursière au niveau de la fin de 2021. Les chiffres du quatrième trimestre 2024 confirment cette tendance négative, avec des ventes qui chutent de 47,7% en Europe et de 11,5% en Chine (histoire de montrer à quel point les choses se corsent). Les investisseurs s’inquiètent surtout du virage vers une offre axée sur l’intelligence artificielle à moindre coût, qui semble avoir fait vaciller la confiance envers la marque.

      #Musk

  • Liang Wenfeng, le discret fondateur de DeepSeek, la start-up chinoise qui révolutionne l’IA
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/30/liang-wenfeng-le-discret-fondateur-de-deepseek-qui-fait-trembler-la-silicon-

    De son visage, on trouvait peu d’images jusqu’à ce 20 janvier, où il est apparu au très officiel journal de 19 heures de la télévision d’Etat chinoise. Un premier contact du peuple chinois avec son nouveau héros, âgé de 40 ans seulement.

    Par Harold Thibault (Pékin, correspondant) et Simon Leplâtre
    Publié aujourd’hui à 06h00, modifié à 11h41

    Temps de Lecture 5 min. Read in English

    Article réservé aux abonnés
    Liang Wenfeng, le fondateur de DeepSeek, sur une image diffusée sur la Télévision centrale de Chine, le 20 janvier 2025.
    Liang Wenfeng, le fondateur de DeepSeek, sur une image diffusée sur la Télévision centrale de Chine, le 20 janvier 2025. © CCTV VIA BESTIMAGE

    Il y a quelques semaines encore, très peu de gens, hors du monde de la finance chinoise, connaissaient le nom de Liang Wenfeng. De son visage, on trouvait peu d’images jusqu’à ce 20 janvier, où le nouveau champion de l’intelligence artificielle (IA) était reçu par le premier ministre chinois, Li Qiang, au côté d’une poignée d’experts, pour évoquer les réussites et les défis de la deuxième économie de la planète. Vêtu d’un costume et d’un pull gris clair, quand tous les autres avaient opté pour des vestes sombres, ses mèches tombant négligemment sur le haut de ses lunettes à épaisses montures renforçaient son allure de geek lors de cette première apparition au très officiel journal de 19 heures de la télévision d’Etat.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés DeepSeek, la réponse chinoise à ChatGPT, expliquée en six questions

    Un premier contact du peuple chinois avec son nouveau héros, âgé de 40 ans seulement, dans la course technologique qui se joue avec les Etats-Unis. Car ce même jour, Liang Wenfeng a lancé, presque à la marge de sa carrière de financier à succès, son nouveau modèle d’IA, ouvert et en accès libre, gratuitement, DeepSeek-R1.

    Développée avec une fraction seulement du coût et de la puissance de calcul de celles des géants américains de la tech, cette IA fait depuis trembler la Silicon Valley et valser Wall Street. Même Sam Altman, le créateur de ChatGPT, a pris acte : « C’est un modèle impressionnant, surtout en ce qui concerne ce qu’ils arrivent à proposer pour le prix. »

    Alors que le modèle GPT-4 d’OpenAI, sorti en 2023, avait coûté plus de 100 millions de dollars (96 millions d’euros) à entraîner, DeepSeek, qui n’a que 139 chercheurs, affirme avoir effectué le même travail sur le sien pour à peine 6 millions de dollars – un « budget risible », a commenté Andrej Karpathy, cofondateur d’OpenAI. De quoi, pour certains observateurs, remettre en cause les prévisions économiques du leader mondial de l’IA, mais aussi du géant des puces américain Nvidia, qui a perdu 17 % de sa valeur boursière, lundi 27 janvier. Aux Etats-Unis ou en France, DeepSeek est actuellement l’application la plus téléchargée sur les smartphones.

    Pour l’heure, les bureaux de la start-up, dans un immeuble de Hangzhou, sont fermés pour les congés du Nouvel An lunaire et personne n’y est chargé de ses relations publiques. C’est dans cette ville, la concurrente de Shenzhen comme berceau de la tech chinoise, où sont installés le leader de l’e-commerce Alibaba et les robots d’Unitree, que le brillant Liang Wenfeng avait été admis à l’université en ingénierie informatique.
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    Durant ses études, celui qui est né en 1985 dans une cité portuaire du sud de la Chine avait déjà commencé à s’intéresser à la manière de maximiser les gains boursiers en utilisant les nouvelles technologies, fasciné par les réussites du hedge fund (fonds d’investissement spéculatif) américain Renaissance. Il écrit ses premiers algorithmes d’analyse de marché et, en 2013, quelques années après son diplôme, lance avec des camarades d’école un premier fonds d’investissement quantitatif, c’est-à-dire utilisant la modélisation de données massives pour anticiper certains comportements du marché et laisser en partie à la machine la décision d’investissement.
    Quête de la meilleure « intelligence artificielle générale »

    Le secteur est alors balbutiant en Chine, mais le boom des Bourses de l’empire du Milieu, suivi en 2015 d’un krach douloureux pour la plupart des petits investisseurs, crée des occasions pour les meilleurs tradeurs. Son deuxième fonds, High-Flyer, en anglais, mais dont le nom chinois signifie « carré magique », lancé cette année-là, réalise d’importants gains et se fait un nom, alors même que Pékin dénonce le rôle néfaste des spéculateurs. Le portefeuille du fonds passe de 1 milliard de yuans (130 millions d’euros) en 2016 à 10 milliards de yuans en 2019.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés DeepSeek : « La Chine sème la confusion dans l’intelligence artificielle »

    Focalisant toute l’activité du fonds sur le trading par IA, Liang Wenfeng constate le besoin de développer des capacités de calcul en propre. High-Flyer dépense 26 millions d’euros, entre 2019 et 2020, dans un premier supercalculateur, puis 130 millions d’euros, en 2021, pour en bâtir un autre. Avec cet argent, la firme parvient à acheter, dès leur sortie, 10 000 cartes graphiques A100, alors dernier cri, de Nvidia, le designer de semi-conducteurs américain devenu incontournable avec l’avènement de l’IA. Un achat réalisé de justesse : dès 2022, les Etats-Unis redoublent d’effort pour freiner le rattrapage technologique chinois et interdisent à Nvidia de vendre ses meilleures puces à la Chine. Pour s’y conformer, cette entreprise réduit la performance sur ses puces à destination du marché chinois.

    Dans la même tour de Hangzhou, quelques étages plus bas, Liang Wenfeng est déjà accaparé par un projet de recherche pure, hors du monde de la finance : la quête de la meilleure « intelligence artificielle générale », soit le développement d’une IA supposée dépasser l’intelligence humaine. Il utilise les ressources de High-Flyer, investisseur dans le projet DeepSeek, pour recruter de jeunes diplômés des grandes universités chinoises sans expérience.

    « Lorsque vous faites quelque chose, les personnes expérimentées vous diront sans hésiter qu’il faut faire de telle ou telle manière, mais les personnes inexpérimentées devront explorer à plusieurs reprises et réfléchir sérieusement à la manière de faire, puis trouver une solution adaptée à la situation actuelle », a-t-il dit, en juillet 2024, au média tech chinois 36Kr, lors d’une de ses rares interviews. Il racontait aussi encore coder, lire des articles de recherche et participer aux forums internes de discussion chez DeepSeek chaque jour. « Un avantage de la Chine est d’avoir de nombreux talents qui comprennent les mathématiques, qui peuvent entraîner les algorithmes de mieux en mieux. Un second est le volume de données, nous utilisons de nombreux scénarios et l’IA a besoin de scénarios pour s’entraîner », explique un haut cadre chez un concurrent chinois du secteur.
    « Parler d’autre chose »

    Alors que la tendance dans le secteur semblait être à une fuite en avant de la consommation de données, réservant l’avenir de l’IA aux géants capables de financer des centres toujours plus vastes, les jeunes ingénieurs de DeepSeek ont apparemment trouvé des solutions nouvelles.

    Là où d’autres modèles emmagasinent les connaissances, DeepSeek a été entraîné à mieux chercher par « renforcement » – le système se pose lui-même des questions et reçoit des récompenses quand ses solutions sont les bonnes. Le résultat est un logiciel un peu moins rapide, puisqu’il effectue plus de recherches au fur et à mesure, mais qui consomme beaucoup moins d’énergie.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Nous avons besoin d’énergie pour l’IA, et de l’IA pour notre énergie »

    Cette innovation, parmi d’autres, permet à DeepSeek-R1, le modèle de raisonnement le plus récent de l’entreprise, d’être jusqu’à 27 fois moins cher par requête qu’OpenAI o1, pour des résultats similaires en fonction des requêtes. C’est l’une des forces de l’industrie chinoise, qui sait s’emparer des dernières découvertes pour les optimiser et les rendre accessibles au plus grand nombre. Ces gains d’efficacité ont aussi permis à DeepSeek d’affirmer avoir entraîné son IA avec seulement 2 048 puces désormais bridées par Nvidia pour le marché chinois, posant, pour la nouvelle administration américaine, la question de l’efficacité des restrictions en place.

    « Ce qui les distingue, c’est qu’ils parviennent à de fortes performances avec bien moins de ressources, constate Cao Hancheng, assistant professeur à l’université Emory, à Atlanta (Géorgie). Leur efficacité-coût a d’importantes implications ; on assiste à une forme de nivellement qui rend des IA avancées accessibles. Leur succès montre qu’une équipe restreinte mais motivée, avec la bonne expertise et le talent, peut, par une approche innovante, avoir un réel impact. »

    Les développeurs informatiques l’apprécient déjà. Le grand public peut facilement être déçu : si DeepSeek s’exprime très bien en français, il a une forte tendance à inventer des faits, et, censure chinoise oblige, suggère de « parler d’autre chose » quand on lui pose des questions sur la politique ou l’histoire de la République populaire de Chine.

    Après le lancement de ChatGPT, fin 2022, la Chine était restée un temps abasourdie devant la puissance américaine dans l’IA et la difficulté à outrepasser les entraves de Washington. Les modèles chinois publiés peu après étaient bien loin des performances de l’application d’OpenAI. Voilà la nation chinoise revigorée par la percée de DeepSeek. Sur le réseau social Weibo, le fondateur d’un leader chinois des antivirus et de la cybersécurité, Zhou Hongyi, a résumé ce sentiment : « Nous pouvons maintenant espérer voir la Chine remporter la guerre de l’IA face aux Etats-Unis. »

    Dans son entretien accordé en juillet 2024, Liang Wenfeng décrivait des entreprises chinoises habituées à un rôle de suiveur, tandis que l’écosystème aux Etats-Unis pousse à créer des innovations. Il expliquait qu’il ne cherchait plus la fortune mais les percées. « La Chine doit avoir quelqu’un qui se tienne en première ligne de la technologie », avançait Liang Wenfeng. Ces jours-ci, ce sont les ingénieurs américains qui épluchent les codes d’une entreprise chinoise pour en répliquer les découvertes.

    Harold Thibault (Pékin, correspondant) et Simon Leplâtre

    #Intelligence_artificielle #DeepSeek #Chine