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  • Derrière l’exceptionnelle croissance de l’Espagne, le tourisme, l’immigration et les fonds de relance européens
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/31/derriere-l-exceptionnelle-croissance-de-l-espagne-le-tourisme-l-immigration-

    Derrière l’exceptionnelle croissance de l’Espagne, le tourisme, l’immigration et les fonds de relance européens
    Par Sandrine Morel (Madrid, correspondante)
    Dans une Europe où l’économie est en berne, l’Espagne affiche une croissance insolente. En 2024, son produit intérieur brut (PIB) a bondi de 3,2 %, selon les chiffres publiés, mercredi 29 janvier. Un rythme quatre fois plus rapide que la moyenne européenne et une hausse de 0,5 point par rapport à 2023. « Ainsi, 40 % de la croissance de la zone euro en 2024 vient d’ici, s’est félicité le ministre de l’économie, du commerce et des entreprises, Carlos Cuerpo. Pour la première fois, l’économie espagnole a atténué les effets de chocs internationaux au lieu de les aggraver. » Sur l’ensemble de l’année, la consommation progresse de 2,8 %, les exportations, de 3 %, et les importations, de 2 %.
    Tirée par le secteur du tourisme – avec 94 millions de visiteurs étrangers (+ 10 %) et 126 milliards d’euros de dépenses touristiques (+ 16 %) – et dopée par une forte immigration – 1,5 million de nouveaux habitants ont été recensés entre 2021 et 2024 et 40 % des 470 000 emplois créés en 2024 ont été occupés par des étrangers –, la croissance espagnole bénéficie aussi du souffle donné par les fonds du plan de relance européen NextGenerationEU, décidé en 2020.
    Aide à la numérisation des entreprises, aux solutions de stockage de l’énergie d’origine renouvelable, à la réhabilitation d’édifices anciens ou à la promotion du secteur audiovisuel… Doté de 163 milliards d’euros, dont 80 milliards sous la forme de subventions et 83 milliards de prêts, le plan de relance espagnol est le plus important derrière celui accordé à l’Italie. (...).Au total, le gouvernement et les régions autonomes ont lancé des appels à projets pour une valeur de 77,5 milliards d’euros, autour des douze projets stratégiques pour la récupération et la transformation de l’économie qu’il a définis : développement du véhicule électrique, énergies renouvelables, agroalimentaire, industrie navale, décarbonation industrielle… Plus de 47 milliards d’euros ont déjà été alloués, selon le dernier rapport publié par le ministère de l’économie, le 31 décembre 2024. A 41 %, ils ont irrigué des petites et moyennes entreprises et, à 25 %, des grands groupes. Près de 33 % de ces aides ont été destinées à l’amélioration du tissu industriel, 22 % à l’« agenda rural et urbain » (lutte contre l’exode rural ou modernisation de l’agriculture), et 17 % à des infrastructures durables.
    Quelle part de la croissance espagnole peut être liée à ce plan de relance ? (...) Selon l’institution de Francfort, le plan de relance peut contribuer à l’augmentation du PIB de l’Union européenne entre 0,4 point et 0,9 point de pourcentage cumulé jusqu’en 2026. Et, dans les cas plus spécifiques de l’Italie et de l’Espagne, de 1,2 à 1,9 point. (...) Les entreprises espagnoles en redemandent. Selon un rapport de la Banque d’Espagne, publié mercredi 29 janvier, 21,2 % des compagnies du royaume ont déjà sollicité, ou comptent le faire prochainement, l’accès aux fonds du plan de relance. La moitié d’entre elles ont, pour l’heure, obtenu une décision favorable. Or, 45 % de ces entreprises déclarent qu’elles n’auraient pas réalisé d’investissements sans l’impulsion du plan de relance européen.

    #Covid-19#migration#migrant#immigration#economie#croissance#politiquemigratoire#demographie#sante

  • « L’anomalie Tesla ne peut durer éternellement »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/31/l-anomalie-tesla-ne-peut-durer-eternellement_6525214_3234.html

    Rares sont les hommes qui ont aussi bien murmuré à l’oreille des marchés qu’Elon #Musk. Aujourd’hui, la capitalisation boursière de sa société #Tesla, 1 250 milliards de dollars (1 200 milliards d’euros), est vingt fois supérieure à celles des plus grands constructeurs automobiles. Parce qu’en une décennie il est parvenu à devenir le premier et le plus profitable marchand de voitures électriques au monde, ce qu’aucun de ses concurrents mondiaux n’imaginait possible.

    Et l’histoire d’amour continue. Alors que la société a présenté ce mercredi 29 janvier des résultats mitigés, avec la première baisse des ventes (− 1 %) et une marge opérationnelle en forte baisse, à 6,2 % contre 8,2 % l’année précédente, les marchés ne lui en ont pas tenu rigueur. Ils ont bu ses nouvelles promesses de devenir, dès 2025, le premier constructeur à commercialiser des véhicules et des services autour des voitures sans chauffeur. Les premiers robots-taxis circuleront, dit-il, en juin à Austin (Texas). Par ailleurs, de nouveaux modèles arrivent, ses robots humanoïdes vont se déployer par milliers et son intelligence artificielle est la meilleure au monde.

    Les investisseurs ont aussi apprécié son pari politique . Il faut dire que c’est, à court terme, le meilleur investissement qu’il ait jamais fait. Ses dons à Donald Trump lui ont coûté 250 millions de dollars et lui ont rapporté… 500 milliards. C’est le bond de 64 % de sa capitalisation boursière entre le 4 novembre 2024, veille de l’élection présidentielle, et ce jeudi 30 janvier.

    Evidemment, cet argent est pour l’instant éminemment virtuel. Entré dans le cirque politique, il doit en accepter les conséquences. Par exemple, son geste, le 20 janvier, interprété comme un salut nazi, a fait perdre 150 milliards de dollars à la valeur de Tesla. Mais d’autres dangers planent, plus prosaïques.

    D’abord celui de la valorisation. Avec un ratio de bénéfice par action, indicateur de base des analystes boursiers, de plus de 100, il explose toutes les comparaisons. La firme vaut dix fois plus cher que Toyota, le premier constructeur automobile mondial et l’un des plus profitables, et vingt fois plus que le numéro deux, Volkswagen. Il est même cinq fois plus cher que son principal rival dans l’électrique, BYD. Bien sûr, les investisseurs ne l’identifient pas comme un fabricant de voitures mais comme un géant du high-tech. Mais là encore, le prix de son action est trois fois plus élevé que celui d’Apple, de Google ou de Meta. L’anomalie ne peut durer éternellement.

    De plus, le contexte politique avec l’arrivée de Donald Trump n’est pas si favorable que cela. Le nouveau président a supprimé les bonus à l’achat de voitures électriques (la quasi-totalité de ses ventes) et entend supprimer les normes qui imposent, notamment en Californie, aux constructeurs de baisser leurs émissions chaque année et, s’ils n’y parviennent pas, d’acheter des crédits carbone à des constructeurs plus vertueux. Ne vendant pas de voitures thermiques, Tesla serait le premier bénéficiaire de ce système qui lui aurait rapporté, selon Bloomberg, près de 2,7 milliards de dollars en 2024.

    Enfin, la concurrence chinoise talonne Tesla et grignote ses parts de marché, dans un contexte géopolitique qui met en danger son activité dans l’empire du Milieu. Les vents contraires se lèvent au moment où Elon Musk paraît au sommet de sa gloire.

    edit


    L’extrême embarras des propriétaires de Tesla

    Il pourra opter pour « J’ai acheté [ma Tesla] avant de savoir qu’Elon était devenu fou », « J’aime ma voiture, pas le patron » ou « Elon a tué la valeur de revente de ma voiture ». Voire « Elon a mangé mon chat », allusion aux rumeurs racistes reprises par Donald Trump accusant les immigrés haïtiens de cuisiner des animaux domestiques. Des stickers comportant une inscription en français commencent à être proposés à la vente.

    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2025/02/08/l-extreme-embarras-des-proprietaires-de-tesla-face-aux-derapages-d-elon-musk

    • Ajustement en cours ou prémisses d’une implosion ? Les dons de Musk à Trump lui "ont coûté 250 millions de dollars et lui ont rapporté… 500 milliards" mais

      « Chute historique » : Elon Musk perd 41 milliards en une semaine
      https://www.journaldeleconomie.fr/chute-historique-elon-musk-perd-41-milliards-en-une-semaine

      Tesla, le géant de l’automobile, est en ce moment sous une forte pression. Depuis le début de l’année, son action a perdu 25% de sa valeur. Et ça empire : récemment, la baisse a dépassé 30%, ramenant la capitalisation boursière au niveau de la fin de 2021. Les chiffres du quatrième trimestre 2024 confirment cette tendance négative, avec des ventes qui chutent de 47,7% en Europe et de 11,5% en Chine (histoire de montrer à quel point les choses se corsent). Les investisseurs s’inquiètent surtout du virage vers une offre axée sur l’intelligence artificielle à moindre coût, qui semble avoir fait vaciller la confiance envers la marque.

      #Musk

  • Liang Wenfeng, le discret fondateur de DeepSeek, la start-up chinoise qui révolutionne l’IA
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/30/liang-wenfeng-le-discret-fondateur-de-deepseek-qui-fait-trembler-la-silicon-

    De son visage, on trouvait peu d’images jusqu’à ce 20 janvier, où il est apparu au très officiel journal de 19 heures de la télévision d’Etat chinoise. Un premier contact du peuple chinois avec son nouveau héros, âgé de 40 ans seulement.

    Par Harold Thibault (Pékin, correspondant) et Simon Leplâtre
    Publié aujourd’hui à 06h00, modifié à 11h41

    Temps de Lecture 5 min. Read in English

    Article réservé aux abonnés
    Liang Wenfeng, le fondateur de DeepSeek, sur une image diffusée sur la Télévision centrale de Chine, le 20 janvier 2025.
    Liang Wenfeng, le fondateur de DeepSeek, sur une image diffusée sur la Télévision centrale de Chine, le 20 janvier 2025. © CCTV VIA BESTIMAGE

    Il y a quelques semaines encore, très peu de gens, hors du monde de la finance chinoise, connaissaient le nom de Liang Wenfeng. De son visage, on trouvait peu d’images jusqu’à ce 20 janvier, où le nouveau champion de l’intelligence artificielle (IA) était reçu par le premier ministre chinois, Li Qiang, au côté d’une poignée d’experts, pour évoquer les réussites et les défis de la deuxième économie de la planète. Vêtu d’un costume et d’un pull gris clair, quand tous les autres avaient opté pour des vestes sombres, ses mèches tombant négligemment sur le haut de ses lunettes à épaisses montures renforçaient son allure de geek lors de cette première apparition au très officiel journal de 19 heures de la télévision d’Etat.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés DeepSeek, la réponse chinoise à ChatGPT, expliquée en six questions

    Un premier contact du peuple chinois avec son nouveau héros, âgé de 40 ans seulement, dans la course technologique qui se joue avec les Etats-Unis. Car ce même jour, Liang Wenfeng a lancé, presque à la marge de sa carrière de financier à succès, son nouveau modèle d’IA, ouvert et en accès libre, gratuitement, DeepSeek-R1.

    Développée avec une fraction seulement du coût et de la puissance de calcul de celles des géants américains de la tech, cette IA fait depuis trembler la Silicon Valley et valser Wall Street. Même Sam Altman, le créateur de ChatGPT, a pris acte : « C’est un modèle impressionnant, surtout en ce qui concerne ce qu’ils arrivent à proposer pour le prix. »

    Alors que le modèle GPT-4 d’OpenAI, sorti en 2023, avait coûté plus de 100 millions de dollars (96 millions d’euros) à entraîner, DeepSeek, qui n’a que 139 chercheurs, affirme avoir effectué le même travail sur le sien pour à peine 6 millions de dollars – un « budget risible », a commenté Andrej Karpathy, cofondateur d’OpenAI. De quoi, pour certains observateurs, remettre en cause les prévisions économiques du leader mondial de l’IA, mais aussi du géant des puces américain Nvidia, qui a perdu 17 % de sa valeur boursière, lundi 27 janvier. Aux Etats-Unis ou en France, DeepSeek est actuellement l’application la plus téléchargée sur les smartphones.

    Pour l’heure, les bureaux de la start-up, dans un immeuble de Hangzhou, sont fermés pour les congés du Nouvel An lunaire et personne n’y est chargé de ses relations publiques. C’est dans cette ville, la concurrente de Shenzhen comme berceau de la tech chinoise, où sont installés le leader de l’e-commerce Alibaba et les robots d’Unitree, que le brillant Liang Wenfeng avait été admis à l’université en ingénierie informatique.
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    Durant ses études, celui qui est né en 1985 dans une cité portuaire du sud de la Chine avait déjà commencé à s’intéresser à la manière de maximiser les gains boursiers en utilisant les nouvelles technologies, fasciné par les réussites du hedge fund (fonds d’investissement spéculatif) américain Renaissance. Il écrit ses premiers algorithmes d’analyse de marché et, en 2013, quelques années après son diplôme, lance avec des camarades d’école un premier fonds d’investissement quantitatif, c’est-à-dire utilisant la modélisation de données massives pour anticiper certains comportements du marché et laisser en partie à la machine la décision d’investissement.
    Quête de la meilleure « intelligence artificielle générale »

    Le secteur est alors balbutiant en Chine, mais le boom des Bourses de l’empire du Milieu, suivi en 2015 d’un krach douloureux pour la plupart des petits investisseurs, crée des occasions pour les meilleurs tradeurs. Son deuxième fonds, High-Flyer, en anglais, mais dont le nom chinois signifie « carré magique », lancé cette année-là, réalise d’importants gains et se fait un nom, alors même que Pékin dénonce le rôle néfaste des spéculateurs. Le portefeuille du fonds passe de 1 milliard de yuans (130 millions d’euros) en 2016 à 10 milliards de yuans en 2019.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés DeepSeek : « La Chine sème la confusion dans l’intelligence artificielle »

    Focalisant toute l’activité du fonds sur le trading par IA, Liang Wenfeng constate le besoin de développer des capacités de calcul en propre. High-Flyer dépense 26 millions d’euros, entre 2019 et 2020, dans un premier supercalculateur, puis 130 millions d’euros, en 2021, pour en bâtir un autre. Avec cet argent, la firme parvient à acheter, dès leur sortie, 10 000 cartes graphiques A100, alors dernier cri, de Nvidia, le designer de semi-conducteurs américain devenu incontournable avec l’avènement de l’IA. Un achat réalisé de justesse : dès 2022, les Etats-Unis redoublent d’effort pour freiner le rattrapage technologique chinois et interdisent à Nvidia de vendre ses meilleures puces à la Chine. Pour s’y conformer, cette entreprise réduit la performance sur ses puces à destination du marché chinois.

    Dans la même tour de Hangzhou, quelques étages plus bas, Liang Wenfeng est déjà accaparé par un projet de recherche pure, hors du monde de la finance : la quête de la meilleure « intelligence artificielle générale », soit le développement d’une IA supposée dépasser l’intelligence humaine. Il utilise les ressources de High-Flyer, investisseur dans le projet DeepSeek, pour recruter de jeunes diplômés des grandes universités chinoises sans expérience.

    « Lorsque vous faites quelque chose, les personnes expérimentées vous diront sans hésiter qu’il faut faire de telle ou telle manière, mais les personnes inexpérimentées devront explorer à plusieurs reprises et réfléchir sérieusement à la manière de faire, puis trouver une solution adaptée à la situation actuelle », a-t-il dit, en juillet 2024, au média tech chinois 36Kr, lors d’une de ses rares interviews. Il racontait aussi encore coder, lire des articles de recherche et participer aux forums internes de discussion chez DeepSeek chaque jour. « Un avantage de la Chine est d’avoir de nombreux talents qui comprennent les mathématiques, qui peuvent entraîner les algorithmes de mieux en mieux. Un second est le volume de données, nous utilisons de nombreux scénarios et l’IA a besoin de scénarios pour s’entraîner », explique un haut cadre chez un concurrent chinois du secteur.
    « Parler d’autre chose »

    Alors que la tendance dans le secteur semblait être à une fuite en avant de la consommation de données, réservant l’avenir de l’IA aux géants capables de financer des centres toujours plus vastes, les jeunes ingénieurs de DeepSeek ont apparemment trouvé des solutions nouvelles.

    Là où d’autres modèles emmagasinent les connaissances, DeepSeek a été entraîné à mieux chercher par « renforcement » – le système se pose lui-même des questions et reçoit des récompenses quand ses solutions sont les bonnes. Le résultat est un logiciel un peu moins rapide, puisqu’il effectue plus de recherches au fur et à mesure, mais qui consomme beaucoup moins d’énergie.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Nous avons besoin d’énergie pour l’IA, et de l’IA pour notre énergie »

    Cette innovation, parmi d’autres, permet à DeepSeek-R1, le modèle de raisonnement le plus récent de l’entreprise, d’être jusqu’à 27 fois moins cher par requête qu’OpenAI o1, pour des résultats similaires en fonction des requêtes. C’est l’une des forces de l’industrie chinoise, qui sait s’emparer des dernières découvertes pour les optimiser et les rendre accessibles au plus grand nombre. Ces gains d’efficacité ont aussi permis à DeepSeek d’affirmer avoir entraîné son IA avec seulement 2 048 puces désormais bridées par Nvidia pour le marché chinois, posant, pour la nouvelle administration américaine, la question de l’efficacité des restrictions en place.

    « Ce qui les distingue, c’est qu’ils parviennent à de fortes performances avec bien moins de ressources, constate Cao Hancheng, assistant professeur à l’université Emory, à Atlanta (Géorgie). Leur efficacité-coût a d’importantes implications ; on assiste à une forme de nivellement qui rend des IA avancées accessibles. Leur succès montre qu’une équipe restreinte mais motivée, avec la bonne expertise et le talent, peut, par une approche innovante, avoir un réel impact. »

    Les développeurs informatiques l’apprécient déjà. Le grand public peut facilement être déçu : si DeepSeek s’exprime très bien en français, il a une forte tendance à inventer des faits, et, censure chinoise oblige, suggère de « parler d’autre chose » quand on lui pose des questions sur la politique ou l’histoire de la République populaire de Chine.

    Après le lancement de ChatGPT, fin 2022, la Chine était restée un temps abasourdie devant la puissance américaine dans l’IA et la difficulté à outrepasser les entraves de Washington. Les modèles chinois publiés peu après étaient bien loin des performances de l’application d’OpenAI. Voilà la nation chinoise revigorée par la percée de DeepSeek. Sur le réseau social Weibo, le fondateur d’un leader chinois des antivirus et de la cybersécurité, Zhou Hongyi, a résumé ce sentiment : « Nous pouvons maintenant espérer voir la Chine remporter la guerre de l’IA face aux Etats-Unis. »

    Dans son entretien accordé en juillet 2024, Liang Wenfeng décrivait des entreprises chinoises habituées à un rôle de suiveur, tandis que l’écosystème aux Etats-Unis pousse à créer des innovations. Il expliquait qu’il ne cherchait plus la fortune mais les percées. « La Chine doit avoir quelqu’un qui se tienne en première ligne de la technologie », avançait Liang Wenfeng. Ces jours-ci, ce sont les ingénieurs américains qui épluchent les codes d’une entreprise chinoise pour en répliquer les découvertes.

    Harold Thibault (Pékin, correspondant) et Simon Leplâtre

    #Intelligence_artificielle #DeepSeek #Chine

  • Les #abeilles ne font plus autant le #miel des #apiculteurs
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/29/les-abeilles-ne-font-plus-autant-le-miel-des-apiculteurs_6521457_3234.html

    Les abeilles ne font plus autant le miel des apiculteurs
    Confrontée à des pertes massives de colonies et à la difficulté de valoriser les récoltes, la profession se diversifie, notamment en produisant des essaims.

    Par Jean-Michel Normand

    Le dilemme est cruel et de plus en plus prégnant. Avec les effets du changement climatique et l’explosion des mortalités de colonies, il est devenu plus rentable pour les apiculteurs de produire des essaims d’abeilles pour peupler de nouvelles ruches que de produire du miel, une activité consubstantielle à leur métier, mais beaucoup moins rémunératrice. Les estimations réalisées par l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) pour la saison 2024 sont franchement maussades. Avec tout juste 12 000 tonnes, les récoltes de miel devraient s’inscrire en recul de 40 % sur un an. Il y a trente ans, elles atteignaient 33 000 tonnes. L’UNAF évalue en parallèle que les pertes annuelles de colonies avoisineraient les 30 %, contre moins de 5 % au milieu des années 1990.

    La #France, comptant quelque 1,8 million de ruches, ces déperditions ont contribué à faire bondir le prix des essaims nécessaires au remplacement des colonies défaillantes : il a doublé au cours de la dernière décennie, pour s’établir autour de 180 euros l’unité. Un tarif élevé qui ne permet pas toujours de compenser l’intégralité des pertes. En deux ans, le nombre de ruches installées en France aurait perdu 200 000 unités, selon l’UNAF.

    « Pour compenser le manque de #rentabilité de la #production de miel, beaucoup de professionnels se mettent à se consacrer à l’#élevage de #reines et d’#essaims, ne serait-ce que pour contrebalancer les mortalités de leur propre exploitation. Mais, comme il y a du monde sur ce marché, les prix n’augmentent plus », constate Thomas Boulanger, expert dans la production de reines, installé aux Aix-d’Angillon (Cher). A Icko Apiculture, le principal fournisseur de matériel apicole, les ventes d’essaims ont progressé de 20 % en 2023. « Les clients sont surtout des particuliers. Les professionnels, qui doivent vivre huit mois de l’année sur leur trésorerie, se sont adaptés en réduisant leur cheptel et en diversifiant leurs sources de revenus », confirme Pierre-Alexandre Chenel, le directeur général.

    Bataille sur le prix
    Selon une étude de FranceAgriMer, 30 % des apiculteurs professionnels commercialisent des essaims. « Ce transfert d’activité, note Henri Clément, porte-parole de l’UNAF, est un phénomène assez récent en France, où il n’existe pas de longue tradition d’élevage des reines, mais les apiculteurs ont été contraints de s’organiser. » Figure de l’apiculture française, cet éleveur cévenol pointe les multiples perturbations imputables au « basculement climatique » qui, depuis plusieurs années, désorganise le travail des abeilles. Et la liste est longue.

    Une #météorologie devenue imprévisible avec des #hivers_doux, qui hâtent dangereusement la reprise de ponte de la reine, des gelées tardives, qui réduisent les miellées d’acacia, le produit le plus demandé. Une sécheresse persistante en Provence, qui nuit aux rentrées de miel de lavande – que les Pays de la Loire sont désormais en mesure de produire –, mais aussi une moindre appétence des abeilles pour le colza ou le tournesol imputable aux nouvelles semences agricoles. Sans oublier le recours aux pesticides, le recul des friches mellifères, les effets destructeurs du frelon asiatique et les ravages du varroa, un acarien parasite qui se nourrit de la lymphe des abeilles.

    Quant au prix d’achat du miel au producteur, qui n’a pas de cours officiel, il continue de faire l’objet de controverses en raison de l’ampleur des importations qui le tirent vers le bas. « Les exploitants qui vendent leur production sur les marchés s’en sortent. Mais, pour la commercialisation en vrac, c’est beaucoup plus difficile. Depuis deux ans, les prix se dégradent, car les grossistes imposent leurs conditions », assure M. Clément, qui évalue entre 4,50 et 5 euros le prix de revient moyen de 1 kilo de miel. Un seuil que, selon lui, les montants proposés par les intermédiaires ne permettent pas toujours d’atteindre.

    Directrice générale de Famille Michaud Apiculteurs, premier acheteur de miel en France, Marie Michaud assure, au contraire, que « c’est l’apiculteur qui fixe les prix », en raison notamment, dit-elle, de l’absence d’obligation de déclarer l’ampleur des récoltes. L’Hexagone « est le pays où le tarif payé au producteur est le plus élevé en Europe », insiste Mme Michaud. Installée à Gan (Pyrénées-Atlantiques), l’entreprise, qui achète en fûts de 300 kilos son miel d’acacia 8,85 euros le kilo aux apiculteurs français et 5,98 euros à leurs homologues hongrois, s’approvisionne principalement en Espagne, en Argentine ou en Ukraine, mais, assure-t-elle, n’importe pas de miel chinois.

    Ce dernier transite souvent par le Portugal, la Belgique ou la Pologne avant de se retrouver sur les étals des grandes surfaces françaises en mettant à profit les ambiguïtés des obligations européennes d’étiquetage. La réglementation devrait se clarifier, à partir de 2026, en imposant l’obligation de faire apparaître sur l’étiquette tous les pays d’origine ainsi que leur pourcentage dans la composition du miel. En revanche, les importations directes de gelée royale venue de Chine ont, d’après les professionnels, largement étouffé la production nationale.

    « Niveau de technicité croissant »
    L’effet de ciseaux entre l’évolution du prix du miel et celui des essaims ne contribue pas seulement à déplacer le centre de gravité du modèle économique des quelque 5 500 exploitants professionnels dont une moitié de pluriactifs. « Le métier est aussi devenu beaucoup plus complexe. Il réclame davantage d’investissement en matériel et, surtout, exige un niveau de technicité croissant », constate Léandre Goydadin, fondateur de la chaîne YouTube « Une saison aux abeilles » et qui a recentré son exploitation sur la production d’essaims.

    Veiller sur leurs « boîtes », comme disent les apiculteurs, n’est pas une sinécure. L’irrégularité des saisons les oblige à nourrir régulièrement les colonies avec du sirop, la menace du varroa leur impose des vérifications régulières et de procéder à un traitement à la fin de l’été, et les attaques de frelons asiatiques les incitent à installer des pièges ou des muselières à l’entrée des ruches, voire à installer des harpes électriques pour les éliminer. « Un nombre grandissant d’exploitants renouvellent la génétique de leurs abeilles en sélectionnant et en remplaçant régulièrement les reines. Autrefois, on ne s’en souciait guère, car il n’était pas aussi indispensable d’anticiper », remarque Xavier Danet, qui dirige les établissements Thomas Apiculture, dans le Loiret.

    Les années 2010 avaient vu le nombre d’apiculteurs – des amateurs, dans leur grande majorité – grimper de 45 000 à plus de 70 000, avec un pic au moment du confinement de 2020. Dans une étude parue en 2023, le ministère de l’agriculture évoquait « une dynamique portée par une population rurale non agricole ou issue de couches urbaines aisées ». L’enthousiasme pour l’apiculture de loisir semble quelque peu retombé. Depuis, on recense autour de 60 000 pratiquants.

    Ce reflux sonne sans doute aussi le glas d’un certain rapport à l’abeille, rustique et insouciant. « L’apiculture de nos grands-pères, qui entretenaient au fond de leur jardin quelques ruches qui donnaient des récoltes régulières, au gré de saisons bien marquées et sans nécessiter une surveillance trop stricte, a disparu corps et biens », constate, avec un brin d’amertume, Thierry Duroselle, président de la Société centrale d’apiculture, l’institution apicole la plus ancienne de France, créée en 1855. Une époque où il était souvent plus rentable de produire de la cire d’abeille que du miel.

    Jean-Michel Normand

  • DeepSeek : #Nvidia perd près de 590 #milliards de dollars en #valorisation_boursière après l’annonce de la start-up chinoise d’#IA

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/28/nvidia-perd-600-milliards-et-entraine-dans-sa-chute-le-nasdaq_6519363_3234.h

    Nvidia perd près de 590 milliards de dollars en valorisation boursière après l’annonce de la #start-up chinoise d’IA #DeepSeek
    Le cours du fabricant de semi-conducteurs s’est effondré, conséquence des bons résultats de l’#application_chinoise, qui a fait éclater la bulle de l’#intelligence_artificielle qui portait le #Nasdaq depuis deux ans.

    Par Arnaud Leparmentier (New York, correspondant)

    A l’ouverture de la séance, à la Bourse de New York, le 27 janvier 2025. ANGELA WEISS / AFP

    Sur les marchés, on a parlé du moment « Spoutnik » de l’intelligence artificielle : la publication des résultats de l’application chinoise DeepSeek, moins chère et tout aussi efficace que ses rivales américaines, a fait éclater la bulle de l’intelligence artificielle qui portait le Nasdaq depuis deux ans. Et semé le doute sur la suprématie américaine, comme les Soviétiques avaient jadis humilié l’Amérique en lançant le premier satellite dans l’espace.

    Lundi 27 janvier, l’indice riche en technologies Nasdaq a fini en baisse de 3,07 %. Parmi les plus frappées, il y avait notamment les fabricants de semi-conducteurs, dont les puces ruineuses sont peut-être moins indispensables. Nvidia, Broadcom et Taiwan Semiconductor perdaient de 13 % à 17 %. En quelques heures, Nvidia, première capitalisation au monde qui valait encore 3 500 milliards de dollars (3 354 milliards d’euros) vendredi, a vu sa valeur s’évaporer de quelque 590 milliards de dollars en un jour – l’équivalent de LVMH, TotalEnergies et BNP Paribas réunies. C’est la plus grande baisse de l’histoire jamais enregistrée. Paradoxalement, la gloire déchue Intel, distanciée technologiquement, résistait, les puces aux performances médiocres retrouvant un avenir.

    Il y a eu aussi les soubresauts des géants du numérique, partis dans une course aux (sur) investissements. Oracle, qui a annoncé en grande pompe un projet d’intelligence artificielle de 100 milliards de dollars à la Maison Blanche, Stargate, perdait 13,6 %. Le recul des Microsoft (2,1 %) et Google (4,2 %) était plus limité : le marché se demandant si cette nouvelle approche de l’intelligence artificielle ne leur permettrait pas à l’avenir de faire mieux avec moins et de réduire leurs investissements au coût vertigineux. Meta et Amazon ont même fini dans le vert. Un peu à l’image d’Intel, Apple, qui se voit reprocher de rater la révolution de l’AI, était dans le vert, en hausse de 3,2 %. Les marchés y verront plus clair dans la semaine, quand ces entreprises publieront leurs résultats trimestriels, à partir de mercredi.

    Douche froide
    La claque a surtout été énorme pour les entreprises énergétiques du futur : si l’IA peut être développée avec moins de capacités numériques, la quantité d’énergie nécessaire sera peut-être moins forte. Résultat, l’engouement effréné pour le nucléaire a pris lundi une douche froide. Les start-up spécialisées dans les microréacteurs nucléaires ou le combustible (Oklo, Nano Nuclear, Nuscale) perdaient un quart de leur valeur, tout comme les entreprises énergétiques ayant misé sur cette nouvelle frontière. Ainsi, l’exploitant électrique Vistra, propriétaire d’installations nucléaires, a reculé de 28 %, tandis que GE Vernova, l’ancienne branche d’énergies renouvelables de General Electric, perdait 21 %.

    Il régnait depuis quelques semaines un air rappelant l’an 2000, quand la première bulle Internet avait éclaté. La question est désormais la suivante : la correction actuelle remet-elle les pendules à l’heure, même si elle peut se poursuivre encore quelques jours, ou Wall Street est-elle en passe de diviser par deux ou trois la valeur des entreprises de l’IA, tablant sur une moindre croissance, de moindres marges et de moindres multiples ?
     »

    Le Nasdaq a retrouvé son niveau du début de l’année, avec 19 342 points. Début 2000, l’indice avait atteint 5 132 points et s’était effondré à 1 114 en octobre 2002, une division par 4,4, avant que la décennie ne consacre la gloire de celles qui allaient devenir les Gafam. De nombreux analystes estiment que la réaction des marchés est excessive, notant que la baisse des coûts entraînerait non pas moins, mais beaucoup plus de développement de l’IA. Et ils suspectent que les Chinois utilisent plus de puces Nvidia qu’ils ne le prétendent. L’affaire montre que le combat économique sera très concurrentiel et remet en cause l’hégémonie des géants américains.

    Inquiétudes des marchés ravivées
    Cette correction a lieu alors que Wall Street multipliait les records sur fond d’exubérance sur l’intelligence artificielle et de promesses de dérégulation et de baisse d’impôts de Donald Trump. Les menaces de droits de douane appliqués à la Colombie brandies dimanche par Donald Trump ont ravivé les inquiétudes des marchés.

    Reste qu’il ne s’agit pas d’un krach généralisé. Les investisseurs se réorientent sur la vieille économie, incarnée notamment par l’indice Dow Jones. Celui-ci a fini en hausse de 0,65 %, avec, dans le vert, des entreprises traditionnelles de grande consommation comme Johnson & Johnson, Nike ou Procter & Gamble. AT&T, géante moribonde des télécoms, a gagné 6,25 %, les groupes pharmaceutiques se redressent, tandis que les banques sont dans une situation extrêmement florissante depuis l’élection de Donald Trump.

    Cette « rotation », comme disent les investisseurs, est favorisée par le marché obligataire. Le choc chinois s’est accompagné d’une baisse des taux à long terme, qui servent à financer l’économie : le rendement des emprunts d’Etat à dix ans se situe à 4,53 %, après avoir touché les 4,80 % mi-janvier. Telle évolution est favorable à la croissance des entreprises traditionnelles et n’accentue pas la crise boursière, au contraire. S’y ajoute un répit sur le dollar, qui s’est affaibli, les Etats-Unis n’étant, l’espace au moins de quelque temps, plus le seul eldorado financier. L’euro, qui valait 1,025 dollar mi-janvier, est par exemple remonté à 1,05 dollar.

    #Arnaud_Leparmentier (New York, correspondant)

  • DeepSeek : Nvidia perd près de 590 milliards de dollars en valorisation boursière après l’annonce de la start-up chinoise d’IA
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/28/nvidia-perd-600-milliards-et-entraine-dans-sa-chute-le-nasdaq_6519363_3234.h

    Le cours du fabricant de semi-conducteurs s’est effondré, conséquence des bons résultats de l’application chinoise, qui a fait éclater la bulle de l’intelligence artificielle qui portait le Nasdaq depuis deux ans.

    #oups #magaga

  • La Chine talonne les Américains dans la course à l’intelligence artificielle
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/25/la-chine-talonne-les-americains-dans-la-course-a-l-intelligence-artificielle


    Lors de la conférence mondiale de l’intelligence artificielle, à Shanghaï, en Chine, le 6 juillet 2023. WANG ZHAO / AFP

    Alors que Donald Trump a annoncé 100 milliards de dollars d’investissements, les #start-up_chinoises peuvent compter sur la créativité d’ingénieurs bien formés et le soutien des autorités. Par Simon Leplâtre

    Dans la course à l’intelligence artificielle (#IA) générative, les entreprises américaines ont pris de l’avance, mais la #Chine réalise un retour remarqué : fin décembre 2024, DeepSeek, une petite start-up chinoise, a publié un modèle qui rivalise avec les meilleurs du secteur. Et pour une fraction du coût : alors que l’américain OpenAI aurait dépensé 3 milliards de dollars (2,85 milliards d’euros) pour entraîner ses différents modèles en 2024, DeepSeek affirme avoir développé le sien pour seulement 6 millions de dollars. Une prouesse en termes d’efficacité qui pose la question des limites des sanctions américaines censées empêcher les Chinois d’accéder aux puces électroniques les plus avancées pour l’IA.

    [...]

    « On sait que les modèles chinois ont été entraînés pour éviter de répondre à certaines questions, sur [le massacre de 1989 de la place] Tiananmen ou sur la répression des Ouïgours. Et dans la mesure où les gens sont amenés à utiliser de plus en plus fréquemment ces modèles, cela peut devenir une véritable opération de désinformation », met en garde Ritwik Gupta, spécialiste des questions de régulation de l’IA à l’université de Californie, à Berkeley.

    Qu’importe, pour les #informaticiens qui demandent simplement à #DeepSeek de leur écrire du #code. Aujourd’hui, le programme le plus utilisé par les développeurs dans le monde est déjà chinois, il s’appelle Qwen 2.5, création d’Alibaba. (...)

    (...) « Je pense qu’en réponse à ces sanctions [américaines], les entreprises chinoises ont été forcées d’optimiser leurs logiciels et de trouver des solutions innovantes », commente le spécialiste des politiques d’innovation chinoises Jeffrey Ding. (...)

    https://justpaste.it/fj786

    #sanctions_américaines #innovation

  • Mondialisation : vers un capitalisme anti-libéral

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/mondialisation-vers-un-capitalisme-anti-liberal-2138740

    L’élection de Donald Trump et ses déclarations sur le Panama, le Groenland et le Canada laissent entrevoir un retour d’anciennes logiques impérialistes de prédation des territoires et des ressources dans l’organisation de l’économie mondiale.

    Avec Arnaud Orain Historien, économiste, directeur d’études à l’EHESS et Julia Tasse Chercheuse à l’IRIS

    #radio #imperialisme #liberalisme #puissance #geopolitique #libertesdesmers #toread

    • Le monde confisqué
      Essai sur le capitalisme de la finitude (XVIᵉ - XXIᵉ siècle)

      L’utopie néolibérale d’une croissance globale et continue des richesses est désormais derrière nous. Mais le capitalisme n’est pas mort pour autant. Sa forme actuelle n’est ni réellement nouvelle ni totalement inconnue, car elle est propre à tous les âges où domine le sentiment angoissant d’un monde « fini », borné et limité, qu’il faut s’accaparer dans la précipitation. Ce capitalisme se caractérise par la privatisation et la militarisation des mers, un « commerce » monopolistique et rentier qui s’exerce au sein d’empires territoriaux, l’appropriation des espaces physiques et cybers par de gigantesques compagnies privées aux prérogatives souveraines, qui dictent leurs rythmes.
      Dans cet essai, Arnaud Orain dévoile ce « capitalisme de la finitude » et en éclaire les mécanismes aux trois périodes où il s’épanouit : XVIᵉ - XVIIIᵉ siècle, 1880-1945, 2010 à nos jours. L’auteur offre une toute nouvelle perspective sur l’histoire mondiale et éclaire les grands enjeux de notre temps.

      https://editions.flammarion.com/index.php/le-monde-confisque/9782080466570

    • « Le monde entre dans une nouvelle ère de domination du capitalisme de la finitude », Pierre-Cyrille Hautcœur [à propos de Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude, d’Arnaud Orain]

      Un futur président des Etats-Unis qui annonce son intention de contrôler (voire d’absorber) des territoires appartenant à ses alliés, des patrons de très grandes entreprises qui refusent les règles démocratiquement imposées à leur fonctionnement, des dirigeants et penseurs qui revendiquent l’affrontement viril comme mode de fonctionnement normal du capitalisme… Ces comportements sèment le trouble dans les esprits depuis quelques semaines.

      Le dernier livre d’Arnaud Orain, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), intitulé Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (Flammarion, 368 pages, 23,90 euros), propose une perspective historique de ces comportements. L’auteur définit comme « capitalisme de la finitude » l’attitude d’acteurs économiques majeurs, privés et publics, face à la conscience de la finitude des ressources du monde. Alors que le capitalisme concurrentiel désigne la capacité des humains à créer des objets et à s’enrichir par leur échange (vu comme un jeu à somme positive), celui de la finitude se concentre sur la rivalité insurmontable autour des ressources naturelles que sont les océans (espaces du commerce maritime et ressources halieutiques et minérales), les terres (cultivables et abris de ressources minières) et le travail humain. Il vise l’appropriation – essentiellement par la force et finalement sanctionnée par le droit – de ces ressources par des acteurs suffisamment puissants pour y procéder : entreprises géantes ou Etats, souvent les deux ensemble.

      Le cœur de l’ouvrage propose une chronologie qui démontre que le monde entre depuis une dizaine d’années dans une nouvelle ère de domination de cette forme de capitalisme, après une première à l’époque moderne (XVIIe et XVIIIe siècles) et une deuxième entre 1880 et 1945. Il prolonge la pensée de Fernand Braudel, qui distinguait ce qu’il appelait respectivement « économie » (concurrentielle) et « capitalisme » (monopoliste). Deux systèmes à l’œuvre en parallèle, sans claire dynamique entre eux : le premier pour l’échange ordinaire à moyenne distance, typiquement national, le second pour le long cours, typiquement international.

      Rivalité croissante

      Arnaud Orain part d’un terrain qu’il connaît bien, celui des grandes compagnies à monopole – qu’elles soient des Indes ou d’ailleurs – toujours à la recherche du contrôle des mers, des ports et des territoires d’où extraire des esclaves ou des produits, d’où supprimer la concurrence pour maximiser une rente, non un profit commercial.

      De manière moins attendue, il retrouve ces logiques à l’œuvre dans la « ruée vers l’Afrique » (et aussi vers l’Asie de l’Est) de la fin du XIXe siècle, tant dans les justifications qui en sont données que dans les pratiques, même si le travail forcé remplace l’esclavage à proprement parler. Ce moment est souvent perçu comme le sommet de la mondialisation libérale, sur fond de rivalité croissante entre le Royaume-Uni et l’Allemagne (mais aussi bientôt les Etats-Unis, voire ponctuellement la France). Apparaissent alors tant les discours justifiant le monopole par une nécessaire coopération et un souci des ressources stratégiques que les pratiques d’exclusion des concurrents et de pacte colonial (qui réserve à une métropole les échanges commerciaux avec ses colonies), sur fond de réarmement.

      Chaque chapitre, sur un thème donné, compare les trois périodes d’émergence et de domination du capitalisme de la finitude. Arnaud Orain reprend ainsi le vieux thème selon lequel l’existence d’une hégémonie navale incontestée caractérise tant le XIXe siècle (avant 1880) que la seconde moitié du XXe siècle, et conditionne la « liberté des mers », qui permet des échanges internationaux peu risqués.

      A l’inverse, les périodes de rivalité entre grandes puissances conduisent au retour des convois escortés, à la « piraterie » (définie par les dominants comme toute atteinte à leurs monopoles de transport) et à la concentration des échanges au sein des empires. D’autres chapitres discutent le protectionnisme, le cyberespace, les « nouvelles routes de la soie » ou la relocalisation « en terres amies » des géants du numérique. Un chemin démocratique surmontant la crise écologique est bien difficile à frayer dans ce monde brutal, mais la conclusion ne lui ferme pas tout à fait la porte.

      Pierre-Cyrille Hautcœur (Directeur d’études à l’EHESS, Ecole d’économie de Paris)

      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/15/le-monde-entre-dans-une-nouvelle-ere-de-domination-du-capitalisme-de-la-fini

      #Arnaud_Orain #note_de_lecture #capitalisme #capitalisme_de_la_finitude #rente #ressources_naturelles #rivalité (on retrouve le #René_Girard aimé par #Peter_Thiel) #océan #terres #travail_humain #États #travail_forcé #protectionnisme #cyberespace #économie

  • L’#Agence_bio menacée de disparition avec l’aval du gouvernement
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/20/l-agence-bio-menacee-de-disparition-avec-l-aval-du-gouvernement_6507306_3234

    L’Agence bio menacée de disparition avec l’aval du gouvernement
    Le Sénat a voté un amendement actant la suppression de l’#Agence_française_pour_le_développement_et_la_promotion_de_l’agriculture_biologique.

    Par Laurence Girard

    Publié hier à 19h18, modifié à 07h32

    « C’est #bio la France ! » Ce slogan a été choisi comme signature de la campagne publicitaire préparée pour soutenir le marché bio, en crise profonde de #consommation, et les #agriculteurs convertis aux pratiques respectueuses de l’environnement. Elle devait être présentée lors du Salon de l’agriculture, qui ouvrira ses portes le 22 février à Paris. Sauf que l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, dite « Agence bio », son instigatrice, pourrait bien disparaître du paysage. Vendredi 17 janvier, le Sénat a en effet voté, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances, un amendement défendu par le sénateur #Laurent_Duplomb (LR) actant sa suppression.

    Le gouvernement, à travers la voix de sa ministre de l’agriculture, Annie Genevard, a donné son accord de bienveillance, dit « avis de sagesse », à l’adoption de cet amendement. Lundi 20 janvier, son cabinet a réagi, en mettant cette décision en perspective avec « la trajectoire de réduction du nombre d’opérateurs de l’Etat ». Il précise que le texte adopté vise à supprimer la charge pour service public de l’Agence bio, soit une annulation de crédit de 2,9 millions d’euros, et à transférer ses missions soit sous l’égide du ministère, soit sous celle de l’établissement public FranceAgriMer. Enfin, le cabinet souligne que « toute évolution de cette nature doit être précédée d’une consultation ».

    Dirigeants et employés de l’Agence bio, qui compte 23 salariés de droit privé, n’ont, à leurs dires, pas été consultés avant cette décision. Quant au président de la Fédération nationale d’agriculture biologique, Philippe Camburet, il n’a été reçu par Mme Genevard que lundi matin. « On peut dire que ce gouvernement a le sens du timing et de la cohérence politique. Venir nous expliquer en pleine crise de la bio qu’il faut supprimer l’acteur chargé de promouvoir nos produits, c’est pour le moins osé. Depuis trois ans, nous avions l’impression d’être rentrés dans un processus collaboratif de recherche de solutions qui vient d’être mis à terre », déplore-t-il.

    La baisse de la consommation fragilise la #filière
    L’Agence bio, créée en 2001, a trois missions de service public : promouvoir le label bio auprès des consommateurs, analyser le marché tout en publiant des données statistiques fiables sur son développement, et financer la structuration des filières avec le Fonds Avenir bio. Selon le dernier baromètre diffusé en juin 2024, le nombre d’agriculteurs bio a dépassé 61 000, et ils exercent leur métier sur 10,3 % de la surface agricole utile. Mais la baisse de la consommation fragilise la filière depuis presque trois ans, et le risque de déconversion des agriculteurs bio est réel.

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Loi agricole : les objectifs de surfaces en bio effacés du code rural

    Il y a un an, après bien des atermoiements, le gouvernement a lancé le plan Ambition bio 2027, avec un renforcement des moyens attribués à l’Agence bio et la fixation de l’objectif de 18 % de surfaces agricoles utiles à échéance 2027. Dans un communiqué commun, les administrateurs de l’Agence bio, dont font partie la Coopération agricole ou la grande distribution, disent « non à la suppression du seul opérateur public pour l’agriculture biologique », qualifiant cette « rationalisation » d’« économies de bouts de chandelle ».

    Pour le syndicat de la #Confédération_paysanne, « cette possible suppression, décrite comme une idée “pertinente” par la ministre de l’agriculture, sonne comme un énième #reniement pour le développement de #la_bio ».

    Lire aussi (2023) | Le bio en pleine désaffection : « Certains producteurs n’affichent plus le logo pour ne pas faire fuir le client »

    #Laurence_Girard

  • « En off » avec Lumi Bernard Arnault : omerta sur l’empereur du luxe
    https://www.off-investigation.fr/en-off-avec-lumi-bernard-arnault-omerta-sur-lempereur-du-luxe

    Depuis plus de 20 ans, Bernard Arnault est l’homme le plus riche de France – et même du monde en 2023. Son parcours est jalonné de coups tordus, de procès et d’évasion fiscale. Pourtant, à la télé ou dans les journaux, il est l’incarnation de la réussite à la française. Lumi s’intéresse à cette image fabriquée par les médias, que la première fortune de France domestique d’une poigne de fer. Bernard Arnault, comme plusieurs milliardaires bien connus, investit depuis longtemps dans son image. Il est propriétaire de Paris Match, Les Echos, Radio Classique et Le Parisien… Plus récemment, le milliardaire […]Lire la suite : « En off » avec Lumi Bernard Arnault : omerta sur l’empereur du (...)

    #En_Off_ #Accès_libre

    • Bernard Arnault aux premières loges de l’investiture de Donald Trump
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/20/bernard-arnault-aux-premieres-loges-de-l-investiture-de-donald-trump_6507542

      Avec sa femme et de deux de ses enfants, l’homme d’affaires français a été invité par le 47ᵉ président américain sous la coupole du Capitole.


      Lors de l’investiture de Donald Trump au Capitole, à Washington, le 20 janvier 2025. Bernard Arnault se trouve tout à droite, près de la statue d’Abraham Lincoln et non loin des anciens présidents américains George W. Bush et Bill Clinton. FABRIZIO BENSCH / AFP

      Bernard Arnault a assisté à la cérémonie d’investiture de Donald #Trump, dans le carré d’or réservé aux personnalités politiques, sous la coupole du Capitole, au pied de la statue d’Abraham Lincoln. Le fondateur du groupe LVMH était assis à quelques mètres du pupitre, où M. Trump a prêté serment, lundi 20 janvier, et deux rangs derrière celui occupé par les anciens présidents américains, Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama.
      Il était accompagné de sa femme, Helène Mercier, et de deux de ses cinq enfants : Delphine Arnault, PDG de Christian Dior Couture, l’une des principales filiales du groupe, et Alexandre Arnault, actuel numéro deux de Tiffany & Co, le joaillier new-yorkais racheté en 2021 par #LVMH.

      Les relations entre MM.Arnault et Trump sont anciennes. Le milliardaire français, dont la fortune est estimée à 164 milliards d’euros par le magazine américain Forbes, connaît Donald Trump depuis les années 1980, période au cours de laquelle il opérait, lui aussi, en tant que promoteur immobilier à New-York, après avoir quitté la France, au lendemain de la victoire de François Mitterrand à l’Elysée, en mai 1981. Le Français a manifesté son soutien à l’homme d’affaires américain dès son élection à la Maison Blanche.

      « Bernard, cet artiste, ce visionnaire »

      Le 9 janvier 2017, onze jours avant l’investiture de M. Trump pour son premier mandat, M. Arnault a été reçu par le président élu dans ses bureaux de la Trump Tower située à New-York. Deux ans plus tard, en octobre 2019, M. Trump a aussi accueilli M. Arnault et son fils, Alexandre, à bord de l’Air Force One pour se rendre à l’inauguration d’un atelier Louis Vuitton construit à Rochambeau, dans le Texas. Devant les caméras, le président américain salue alors « Bernard, cet artiste, ce visionnaire ».
      Quelques jours plus tard, M. Arnault lançait officiellement son OPA sur Tiffany & Co. Et le président américain, qui avait été élu grâce à son programme protectionniste « Make America Great Again », jamais ne s’opposera à l’assaut de l’homme d’affaires français sur le joaillier new-yorkais, bien que la marque soit une icône américaine du luxe.

      Le lobbying de M. Arnault a aussi été jugé très efficace pour protéger les ventes de ses marques de champagne aux Etats-Unis. Le groupe LVMH a évité la taxe de 25 % imposée par la Maison Blanche aux viticulteurs français en représailles au soutien européen à Airbus, début 2020, aux dépens de Boeing ; le vin pétillant, notamment le champagne, dont LVMH est un gros producteur sous les marques Moët & Chandon et Veuve Clicquot, n’en relevait pas. L’enjeu était d’importance puisque les Etats-Unis sont le premier marché d’exportation des viticulteurs champenois.

      Cinq ans plus tard, le secteur des vins et spiritueux s’inquiète de tomber sous le coup des nouvelles taxes à l’importation de produits entrant aux Etats-Unis que, lors de son discours d’investiture, M. Trump a promis d’imposer « aux pays étrangers ».
      Qu’en sera-t-il également pour le secteur du #luxe ? Les fabricants sont, tous, dans l’expectative. Car le marché américain est le premier débouché des flacons de parfum, sacs à main et autres articles de luxe français. Et, alors que les ventes d’articles de luxe ont plongé de 22 % en Chine en 2024, le pays constitue l’un des marchés relais jugés absolument essentiels à l’industrie en 2025 et à sa rentabilité.

      En écoutant M. Trump esquisser son programme, M. Arnault devait probablement être moins inquiet que ses concurrents européens ; le groupe dispose de trois usines Louis Vuitton aux Etats-Unis pour approvisionner son réseau d’une centaine de boutiques exploitées dans le pays.

  • Euro Disney : ces plus-values qui interrogent la Cour des comptes


    Une vue générale du parc Euro Disney, à Marne-La-Vallée, en 2017. BERTRAND GUAY / AFP

    Comme souvent sur ces terrains particuliers qui entourent les parcs #Disneyland, dans l’Est parisien, la double transaction s’est déroulée dans la journée. La parcelle, 15 hectares préparés par l’établissement public EpaFrance au bord d’un golf, en Seine-et-Marne, a d’abord été proposée à la société Euro Disney. Laquelle, ce jeudi 5 septembre 2019, ne s’est pas fait prier pour l’acheter (1,63 million d’euros), ni pour la revendre aussitôt (17,2 millions d’euros) pour que la société de conseil Deloitte installe à deux pas de la gare TGV de Marne-la-Vallée, à huit minutes de Roissy, son campus européen de formation de cadres.

    « Soit un prix multiplié par plus de dix », relève la Cour des comptes, dans un rapport publié le 10 janvier consacré à EpaFrance, l’aménageur chargé de réaliser l’une des plus vastes opérations d’#urbanisme en métropole. L’une des plus singulières aussi, puisqu’elle est directement liée aux intérêts du géant américain, qui, il y a près de quarante ans, choisissait l’Ile-de-France pour investir l’Europe.

    La Cour ne se risque pas à recommander une remise à plat de la convention de 1987, celle-ci ayant quasi rang de traité international, dont l’Etat et Disney sont les principaux signataires, et les communes exclues. Elle ne nie pas non plus le succès de l’opération : 718 millions d’euros d’investissements publics, qui ont généré 8,8 milliards d’investissements privés depuis l’ouverture du premier parc en 1992. Disneyland Paris est la première destination touristique en Europe (deux fois plus de visiteurs qu’au Louvre, trois fois plus qu’à la tour Eiffel). Le chômage dans ce coin d’Ile-de-France est plus bas qu’ailleurs, 400 entreprises s’y installent chaque année.

    (...) la donne de départ « condui[t] l’Epa, organisme d’Etat, à mettre en œuvre les décisions d’une entreprise privée, dans des domaines relevant de l’action publique ».

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/13/euro-disney-ces-plus-values-qui-interrogent-la-cour-des-comptes_6495544_3234

    https://justpaste.it/gtl5v

    edit on se souviendra que c’est un gouvernement PS qui a construit des routes, une gare, et concédé des terrains à cette boite, au nom de l’emploi.

    #spéculation #rente_foncière #immobilier #tourisme #artificialisation_des_sols #logement

  • Londres sous le diktat de la reconnaissance faciale

    Sous le couvert de réduire le vol dans les magasins, cette technologie qui fiche les individus dits « indésirables » gagne commerces ou boîtes de nuit de la capitale britannique. Une pratique décriée.


    Le système de reconnaissance faciale Facewatch alerte le personnel de sécurité lorsqu’une personne figurant sur une liste de suspects de vol à l’étalage entre dans le magasin. A Basildon, en Angleterre, le 28 juin 2023. SUZIE HOWELL/NYT-REDUX-REA

    Sur la vitrine, un panneau prévient : « Reconnaissance faciale en cours. Pour protéger nos employés, nos clients, nos biens. » A l’entrée du magasin Sports Direct, à Stoke Newington, un quartier résidentiel du nord-est de Londres, la boule noire oscillant dans un socle blanc est bien visible. Au Royaume-Uni, un pays dont la capitale abrite la plus forte densité de #caméras_de_surveillance au monde en dehors de la Chine, la #reconnaissance_faciale se généralise : 97 pour 1 000 habitants contre 2,1 pour 1 000 habitants à Paris, selon les chiffres de la société de sécurité britannique Clarion Security Systems et, pour la France, du ministère de l’intérieur.

    « Il n’y a pas si longtemps, cette technologie était réservée aux forces de police, relève Daragh Murray, un spécialiste des nouvelles technologies et des droits humains à l’université Queen Mary de Londres. Mais, depuis deux ans, elle a connu une expansion spectaculaire dans le secteur privé. » Elle est dorénavant utilisée dans les supermarchés, à l’entrée des boîtes de nuit et même dans l’espace public [et les écoles].

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/12/londres-sous-le-diktat-de-la-reconnaissance-faciale_6493772_3234.html

    https://justpaste.it/gsie5

    #surveillance

  • De Wikipédia à OpenAI, les communs numériques font de la résistance
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/05/de-wikipedia-a-openai-les-communs-numeriques-font-de-la-resistance_6482863_3

    Logiciels open source, données, réseaux, Internet… A l’instar de l’encyclopédie numérique mondialement connue, les « communs » fonctionnent dans une logique de collaboration non marchande à rebours des stratégies capitalistiques des géants d’Internet.

    Par Sophy Caulier
    Publié hier à 16h30

    Jimmy Wales, cofondateur de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, à Londres, le 13 janvier 2021.
    Jimmy Wales, cofondateur de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, à Londres, le 13 janvier 2021. DANIEL LEAL/AFP

    Membres de la grande famille des « communs », les communs numériques en partagent l’essence même : ce sont des ressources ni privées ni publiques et non couvertes par la loi, comme pourraient l’être une forêt ou une rivière. Pionnière de la réflexion sur leur cadre théorique, Valérie Peugeot, professeure à Sciences Po après avoir été prospectiviste puis sociologue pour Orange, précise la définition : « Ce sont des ressources partagées, gérées par une communauté. L’idée consistait à se défaire du propriétarisme dans lequel l’économie était enfermée depuis le XVIIe siècle. »

    Cette définition s’applique parfaitement aux communs numériques. Immatériels, non exclusifs, non rivaux, c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés par plusieurs personnes sans priver les autres de leur usage, qui plus est sans épuiser la ressource, ils bénéficient d’une diffusion très large et facilitent la collaboration entre de nombreuses personnes. Entrent dans cette catégorie les logiciels open source, mais aussi les données, les connaissances, les réseaux, Internet…

    Les exemples les plus aboutis et les plus connus de communs numériques sont l’encyclopédie coopérative Wikipédia, rédigée et actualisée par des centaines de millions de collaborateurs bénévoles, et accessible à tous gratuitement, ou la carte du monde OpenStreetMap, que plus de 1 million de contributeurs enrichissent chaque jour. Les services publics s’y intéressent également de plus en plus afin de mutualiser les efforts de développement, voire de remédier aux déficiences de la puissance publique, et de regagner un tant soit peu de souveraineté, que ce soit l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) pour construire le jumeau numérique de la France et de ses territoires, ou le projet de nouveaux communs dans le cadre de l’appel « Sobriété et résilience des territoires », qui associe l’Agence de la transition écologique, l’IGN et l’Agence nationale de la cohésion des territoires.
    « Les grandes entreprises pillent »

    Les atouts des communs numériques en général et des logiciels open source en particulier sont évidents. Lentement mais sûrement, ils font leur chemin et progressent. « Les choses avancent, des univers très différents me sollicitent pour que je leur en parle, témoigne Valérie Peugeot. Des batailles ont été gagnées. Par exemple, les logiciels open source sont présents partout y compris dans les services de l’Etat. Des nouvelles solidarités se mettent en place. »

    En revanche, puisqu’il s’agit de biens non rivaux et que tout le monde peut en profiter, « comment inciter tout un chacun à contribuer à la production d’une telle ressource ? », interroge Serge Abiteboul, chercheur en informatique à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique, membre de l’Académie des sciences. « Les grandes entreprises pillent ces ressources sans assez y contribuer et en font des silos qu’elles referment. C’est le cas des applications d’Android ou d’Apple. C’est surtout le cas de l’intelligence artificielle générative, qui utilise massivement les communs partageables, les logiciels, les données d’entraînement et les modèles de langage, les fameux LLM, mais qui ne contribue pas en retour », déplore-t-il.

    Mais les communautés résistent, car elles sont enthousiastes et soutenues par le public, les Etats et la loi. « Et elles ne s’inscrivent pas dans une logique capitalistique, ce n’est pas avec les communs numériques que l’on peut faire fortune ! », ajoute Valérie Peugeot. En témoigne OpenAI, qui a lancé ChatGPT sur un modèle ouvert et non lucratif, que l’homme d’affaires Sam Altman a ensuite transformé en société à profit. Ce qui fait dire à Serge Abiteboul que, « dans l’entreprise, le client est roi, dans les communs, la communauté est reine ! »

    Sophy Caulier

    #Communs_numériques #Valérie_Peugeot #Serge_Abiteboul

  • L’open source, l’armée de l’ombre du logiciel… et de l’Intelligence artificielle
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/05/l-open-source-l-armee-de-l-ombre-du-logiciel-et-de-l-intelligence-artificiel

    Alors que le raz de marée de l’IA repose largement sur eux, les logiciels libres souffrent d’un manque de visibilité et de reconnaissance en dehors du cercle des initiés. Malgré l’attrait qu’ils suscitent chez les géants du Web, leur avenir dépend en grande partie d’une communauté engagée, mais fragilisée.

  • « Sur l’immigration, le récit de Donald Trump évolue au gré des rapports de force dans son camp »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/03/sur-l-immigration-le-recit-de-donald-trump-evolue-au-gre-des-rapports-de-for

    « Sur l’immigration, le récit de Donald Trump évolue au gré des rapports de force dans son camp »
    Marie-Cécile Naves Politiste
    Durant toute sa campagne, Donald Trump s’est engagé à réduire de manière drastique l’immigration non seulement illégale, mais aussi légale. Son souhait de confier cette tâche à l’ancien policier Tom Homan – l’artisan de la séparation de plus de 4 000 enfants de leurs parents immigrés entre 2017 et 2021 – allait dans ce sens.
    Le récit trumpien se décline en trois points : la lutte contre la délinquance (le migrant étant automatiquement associé au criminel) ; la préservation d’une identité (blanche) américaine mythifiée ; et, précisément, l’efficacité économique. Ces trois objectifs sont liés entre eux, le travailleur immigré étant présumé prendre le travail du « vrai » Américain.
    Dans les faits, la perspective d’une expulsion des quelque 11 millions de clandestins, mais aussi de leurs enfants, même si ces derniers sont en situation régulière, s’avère, au-delà des problèmes éthiques et pratiques qu’elle pose, une aberration économique.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Aux Etats-Unis, l’immigration au cœur des premières nominations de Donald Trump
    En 2022, on comptait 30 millions d’immigrés dans la main-d’œuvre du pays (soit 18 %), dont 8 millions de travailleurs illégaux indispensables à de nombreux secteurs économiques. Les sans-papiers représentent ainsi jusqu’à un tiers des employés dans l’agriculture, le BTP, les loisirs, la restauration, les services à domicile ou à la personne, en particulier parce qu’ils sont les seuls à accepter certains emplois peu qualifiés.
    Cependant, nombre d’entre eux sont très demandés en raison de leur niveau de qualification : aux Etats-Unis, un tiers des immigrés possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur (soit la même proportion que les citoyens américains), ce qui les conduit à occuper des emplois à haute valeur ajoutée : banque, nouvelles technologies, recherche fondamentale et appliquée, etc.
    Une étude du National Bureau of Economic Research, un centre de recherche indépendant, a montré qu’entre 1990 et 2015 les immigrés ont concentré 16 % des inventions et 23 % des innovations. Ils créent, en outre, plus souvent leur entreprise, et donc des emplois, dont bénéficient également les Américains : les deux tiers des principales entreprises en intelligence artificielle ont été fondées par des immigrés, dont une part importante était au départ sans papiers.
    Avec des expulsions massives, le marché du travail, malgré sa grande fluidité, ne se redéploiera pas de lui-même par un effet de vases communicants. La compétitivité de nombreuses entreprises, petites ou grandes, s’en trouvera affectée, sur le plan national ou à l’échelle internationale : non seulement elles devront augmenter les salaires pour embaucher des Américains ou des immigrés légaux, ce qui aura un effet inflationniste, mais c’est toute une chaîne de production et de distribution qui en pâtira (sous-traitants, etc.). Autrement dit, des opportunités d’emploi seront perdues pour tout le monde.
    Par ailleurs, les économistes et la Banque mondiale s’accordent à dire que la richesse créée par les immigrés, clandestins compris, est considérable : jusqu’à 8 % du PIB des Etats-Unis. Et, même avec un pouvoir d’achat plus faible que la moyenne, les sans-papiers restent des consommateurs, et paient des impôts locaux et fédéraux.
    Enfin, expulser des millions d’immigrés demandera des moyens policiers et judiciaires démesurés : l’American Immigration Council estime qu’arrêter, juger et expulser, chaque année, un million d’immigrés coûterait près de 90 milliards de dollars (87,5 millions d’euros).
    Il est donc certain que le discours trumpien s’adaptera, quelles que soient les décisions prises, et quels que soient les faits. Le récit du président élu évolue déjà au gré des rapports de force dans son camp. Pour l’heure, Donald Trump semble soutenir les « tech bros » de la Silicon Valley, symbolisée par Elon Musk, qui demandent le maintien et l’extension d’un système de visa, le H1B, pour leurs futurs ingénieurs et techniciens, contre l’extrême droite identitaire jusqu’au-boutiste, emmenée notamment par l’idéologue Steve Bannon. A contre-courant de ce que Trump affirme depuis des années.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#visas#H1B#economie#migrationqualifiee#immigration#sante#expulsion

  • « Sur l’immigration, le récit de Donald Trump évolue au gré des rapports de force dans son camp », Marie-Cécile Naves
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/03/sur-l-immigration-le-recit-de-donald-trump-evolue-au-gre-des-rapports-de-for

    Durant toute sa campagne, Donald #Trump s’est engagé à réduire de manière drastique l’#immigration non seulement illégale, mais aussi légale. Son souhait de confier cette tâche à l’ancien policier Tom Homan – l’artisan de la séparation de plus de 4 000 enfants de leurs parents immigrés entre 2017 et 2021 – allait dans ce sens.
    Le récit trumpien se décline en trois points : la lutte contre la délinquance (le #migrant étant automatiquement associé au criminel) ; la préservation d’une identité (blanche) américaine mythifiée ; et, précisément, l’efficacité économique. Ces trois objectifs sont liés entre eux, le travailleur immigré étant présumé prendre le travail du « vrai » Américain.

    Dans les faits, la perspective d’une expulsion des quelque 11 millions de clandestins, mais aussi de leurs enfants, même si ces derniers sont en situation régulière, s’avère, au-delà des problèmes éthiques et pratiques qu’elle pose, une aberration économique.

    En 2022, on comptait 30 millions d’immigrés dans la main-d’œuvre du pays (soit 18 %), dont 8 millions de travailleurs illégaux indispensables à de nombreux secteurs économiques. Les sans-papiers représentent ainsi jusqu’à un tiers des employés dans l’#agriculture, le #BTP, les #loisirs, la #restauration, les #services_à_domicile ou à la personne, en particulier parce qu’ils sont les seuls à accepter certains emplois peu qualifiés.

    Cependant, nombre d’entre eux sont très demandés en raison de leur niveau de qualification : aux Etats-Unis, un tiers des immigrés possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur (soit la même proportion que les citoyens américains), ce qui les conduit à occuper des emplois à haute valeur ajoutée : banque, nouvelles technologies, recherche fondamentale et appliquée, etc.
    Une étude du National Bureau of Economic Research, un centre de recherche indépendant, a montré qu’ entre 1990 et 2015 les immigrés ont concentré 16 % des inventions et 23 % des innovations. Ils créent, en outre, plus souvent leur entreprise, et donc des emplois, dont bénéficient également les Américains : les deux tiers des principales entreprises en intelligence artificielle ont été fondées par des immigrés, dont une part importante était au départ sans papiers.

    Opportunités d’emploi perdues

    Avec des expulsions massives, le marché du travail, malgré sa grande fluidité, ne se redéploiera pas de lui-même par un effet de vases communicants. La #compétitivité de nombreuses entreprises, petites ou grandes, s’en trouvera affectée, sur le plan national ou à l’échelle internationale : non seulement elles devront augmenter les salaires pour embaucher des Américains ou des immigrés légaux, ce qui aura un effet inflationniste, mais c’est toute une chaîne de production et de distribution qui en pâtira (sous-traitants, etc.). Autrement dit, des opportunités d’emploi seront perdues pour tout le monde.

    Par ailleurs, les économistes et la Banque mondiale s’accordent à dire que la #richesse créée par les immigrés, clandestins compris, est considérable : jusqu’à 8 % du PIB des Etats-Unis. Et, même avec un pouvoir d’achat plus faible que la moyenne, les sans-papiers restent des consommateurs, et paient des impôts locaux et fédéraux.

    Enfin, expulser des millions d’immigrés demandera des moyens policiers et judiciaires démesurés : l’American Immigration Council estime qu’arrêter, juger et expulser, chaque année, un million d’immigrés coûterait près de 90 milliards de dollars (87,5 millions d’euros wtf !!, ndc).

    Il est donc certain que le discours trumpien s’adaptera, quelles que soient les décisions prises, et quels que soient les faits. Le #récit du président élu évolue déjà au gré des rapports de force dans son camp. Pour l’heure, Donald Trump semble soutenir les « tech bros » de la Silicon Valley, symbolisée par Elon Musk, qui demandent le maintien et l’extension d’un système de visa, le H1B, pour leurs futurs ingénieurs et techniciens, contre l’extrême droite identitaire jusqu’au-boutiste, emmenée notamment par l’idéologue Steve Bannon. A contre-courant de ce que Trump affirme depuis des années.

    Marie-Cécile Naves est une politiste française, spécialiste des Etats-Unis et du féminisme, directrice de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages, dont « Trump, la revanche de l’homme blanc » (Textuel, 2018).

    #économie #suprémacisme #racisme

  • L’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner va conseiller Shein, le géant chinois de la #fast-fashion
    https://www.liberation.fr/politique/lancien-ministre-de-linterieur-christophe-castaner-va-conseiller-shein-le

    L’actuel Président du Grand Port Maritime de Marseille intégrera un comité, qui conseillera l’entreprise sur sa « responsabilité environnementale et sociale ».

    .... l’ancien député En Marche, « acteur majeur du transport international » selon le communiqué, n’est pas seul dans ce comité. Il est rejoint par l’avocate et ancienne secrétaire d’Etat chargée des victimes de Jacques Chirac entre 2004 et 2005, Nicole Guedj, ainsi que l’ancien président de la Fédération française de l’assurance Bernard Spitz, fondateur du cercle de réflexion Les Gracques. Ces « trois membres indépendants » auront beaucoup à faire, alors que Shein a doublé ses émissions de dioxyde de carbone entre 2022 et 2023, passant de 9,17 à 16,68 millions de tonnes selon son propre rapport de développement durable. En novembre 2023, l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a également lancé une procédure qui vise à interroger la marque sur ses activités, alors qu’elle est accusée par plusieurs ONG de non-respect des droits de l’Homme. Elle est aussi accusée la même année par un groupe de parlementaires américains de tirer profit de l’exploitation des Ouïghours, une minorité musulmane qui habitent surtout dans la région chinoise du Xinjiang.

    #green-washing_chinois

  • Patrons français, du ras-le-bol de l’Etat à la tentation trumpiste
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/12/12/patrons-francais-du-ras-le-bol-de-l-etat-a-la-tentation-trumpiste_6444011_32

    Un patron d’entreprise publique, ancien de Bercy, et un ténor du privé, unis par un même ras-le-bol, cela a du poids. « C’est l’enfer d’investir en France pour des raisons réglementaires. Le premier frein à la décarbonation aujourd’hui, ce sont les procédures », a attaqué Luc Rémont, le PDG d’EDF, mardi 10 décembre, au congrès de l’Union française de l’électricité, à Paris. « Ici, en France, j’ai 500 développeurs en énergies renouvelables qui arrivent péniblement à faire 300 à 400 mégawatts par an. Aux Etats-Unis, j’ai construit 2 gigawatts en un an. Je ne peux pas continuer à investir dans un pays (…) pour un rendement aussi faible », a prévenu Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, appelant à « simplifier les processus ».

    Ils ne sont pas les seuls. La réouverture de Notre-Dame de Paris, samedi 7 décembre, après cinq ans d’un chantier titanesque, a été l’occasion d’un concert dans ce registre, sans orgue ni violon. « On a voté des lois d’exception pour que les artisans de Notre-Dame n’aient pas à faire face aux contraintes qui les emmerdent (…) tout au long de l’année », a souligné, notamment, l’économiste libéral Nicolas Bouzou, interviewé par Le Figaro TV.

    Pierre Gattaz, l’ancien président du Medef, qui ne manque pas une occasion de fustiger la « folie bureaucratique » en France, va même un cran plus loin. Dans une publication très vue sur LinkedIn, l’ex-patron des patrons, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, lançait : « Faudra-t-il un Donald Trump, un Elon Musk ou un Javier Milei en France pour arrêter ce délire ? », tout en relayant une vidéo de Jean-Philippe Tanguy, le député Rassemblement national (RN) de la Somme, ironisant en commission des finances sur la surenchère administrative.

    Trump-Musk-Milei, pourquoi cette improbable sainte-trinité des affaires est-elle invoquée ? Le président américain élu sur un programme de dérégulation, l’entrepreneur milliardaire érigé en « ministre de l’efficacité gouvernementale » et le président argentin, chantre des coupes budgétaires à la tronçonneuse, portent, tous à leur manière, des messages anti-étatiques. Raison pour laquelle l’invitation à partager les « meilleures pratiques pour lutter contre les excès de bureaucratie » lancée, le 13 novembre, à Elon Musk par Guillaume Kasbarian, le ministre macroniste démissionnaire de la fonction publique, a été vivement critiquée à gauche.