En Europe, le retrait du marché des substances chimiques les plus dangereuses permettrait d’économiser entre 11 et 31 milliards d’euros par an

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  • Alerte sur la hausse des maux frappant les enfants exposés à des substances chimiques de synthèse, Stéphane Foucart

    Des spécialistes de santé environnementale s’inquiètent de la hausse continue des troubles neurodéveloppementaux chez les enfants américains et européens et mettent en cause la faiblesse des études toxicologiques préalables à la mise sur le marché des substances chimiques de synthèse.

    L’épidémie est silencieuse et passe largement sous le radar médiatique, mais les chiffres sont vertigineux. Dans un article de synthèse publié mercredi 8 janvier par le New England Journal of Medicine https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMms2409092, 25 chercheurs spécialistes de #santé_environnementale alertent sur la hausse continue des #maladies_non_transmissibles touchant les #enfants, et causées par l’exposition à bas bruit aux substances chimiques de synthèse présentes dans l’environnement, les objets du quotidien et la chaîne alimentaire. Les auteurs, issus de 17 institutions scientifiques européennes et américaines, appellent à une refonte réglementaire d’urgence, aux Etats-Unis et en Europe, afin d’écarter les substances dont les effets délétères n’ont pas été rigoureusement testés.

    « Au cours du demi-siècle écoulé, les taux des maladies non transmissibles se sont envolés chez les enfants. L’incidence des cancers pédiatrique a augmenté de 35 %. La fréquence des anomalies congénitales de l’appareil génital masculin a doublé, écrivent-ils. Les troubles du neurodéveloppement [retard du développement intellectuel, dyspraxie, dysgraphie, troubles de l’attention, hyperactivité, etc.] touchent aujourd’hui un enfant sur six et un trouble du spectre autistique est diagnostiqué chez un enfant sur trente-six. La prévalence de l’asthme pédiatrique a triplé. Celle de l’obésité a presque quadruplé et a entraîné une forte augmentation du diabète de type 2 chez les enfants et les adolescents. »

    Frappants, ces chiffres concernent les enfants américains, mais les chercheurs indiquent que ces maladies sont également à la hausse en Europe. A l’échelle de l’Union européenne, les auteurs indiquent, par exemple, que les cancers pédiatriques augmentent de 0,5 % à 1 % par an depuis les années 1970, ou encore que la prévalence de l’autisme est passée de 0,2 % des enfants de 5 à 18 ans en 1990 à environ 1,4 %. Comme aux Etats-Unis, l’asthme a triplé au cours des cinquante dernières années en Europe et touche un peu moins d’un enfant sur dix. Aux Etats-Unis comme en Europe, la fertilité masculine s’effondre au même rythme, la densité de spermatozoïdes ayant perdu environ 60 % en cinq décennies.

    « La situation s’aggrave rapidement »

    Les auteurs indiquent qu’aujourd’hui 350 000 substances chimiques de synthèse sont sur le marché, dont les quatre cinquièmes n’ont fait l’objet d’aucune étude toxicologique. Or il existe aujourd’hui, écrivent les scientifiques, « un large éventail de preuves » liant les expositions chimiques périnatales ou prénatales à l’ensemble des maladies non transmissibles en augmentation chez l’enfant, ainsi qu’à la perte de capacités cognitives, indexée en points de quotient intellectuel (QI). Depuis la fin des années 1990 le nombre d’études publiées sur les effets délétères des expositions chimiques sur l’enfant est passé d’un millier par an à plus de 11 000 en 2020, notent les chercheurs pour qui la réalité des effets délétères ne fait pas de doute.

    Au reste, le fait est reconnu par les autorités elles-mêmes. Une étude confidentielle des services de la Commission européenne, révélée en juillet 2023 par Le Monde https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/07/11/l-exposition-des-europeens-aux-produits-chimiques-dangereux-est-generalisee- et le Guardian, indique que le retrait des substances les plus dangereuses du marché européen permettrait d’économiser jusqu’à 31 milliards d’euros en frais de santé et en productivité économique. En cause, le laxisme des réglementations en vigueur, des deux côtés de l’Atlantique.

    Aux Etats-Unis, notent les auteurs, « le Toxic Substances Control Act part du principe que tous les produits chimiques fabriqués sont à la fois inoffensifs et bénéfiques, et les fabricants ne sont que rarement tenus d’examiner les risques potentiels pour la santé des produits chimiques nouveaux ou existants ». En Europe, le règlement REACH (pour Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals) est moins lâche, mais reste insuffisant. « REACH ne parvient pas à contraindre la production de substances chimiques, écrivent les chercheurs. Dans l’Union européenne, le contrôle préalable à la mise sur le marché repose en grande partie sur les données fournies par l’#industrie, qui sont acceptées avec peu de contrôles de qualité. » Les auteurs demandent la mise en place de tests rigoureux obligatoires préalables à toute autorisation et un suivi scientifiquement indépendant sur leurs effets chroniques postérieurement à leur mise sur le marché.

    L’appel des chercheurs risque de ne pas être accueilli très favorablement. Il est peu probable que l’administration Trump, qui sera en place le 20 janvier, se lance dans un renforcement réglementaire – l’heure est plutôt au mouvement inverse. Quant à l’Union européenne, elle a remisé ses projets de refonte du règlement REACH à l’automne 2024, sous la pression des industriels. Il y a pourtant urgence, disent les chercheurs. « La pollution par les produits chimiques synthétiques et les plastiques est l’un des grands défis planétaires de notre époque, souligne l’auteur principal Philip Landrigan, directeur de l’Observatoire de la santé planétaire du Boston College. La situation s’aggrave rapidement. L’augmentation continue et incontrôlée de la chimie de synthèse met non seulement en danger les enfants du monde entier, mais elle menace aussi la capacité de reproduction de l’humanité. »

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/01/10/alerte-sur-la-hausse-des-maux-frappant-les-enfants-exposes-a-des-substances-

    https://seenthis.net/messages/949825

    #santé #chimie_de_synthèse #plastique

    • Oui, ma génération a été la première à être aussi massivement exposée à des produits industriels depuis l’utérus, partout, y compris dans la bouffe. Bien sûr, impossible d’en tirer des généralités, mais en termes de santé et de survie à moyenne échéance, il m’apparait que nous sommes sur une pente régressive. Nos grand-parents avaient une espérance de vie à 50 ans remarquable (une fois que tu as passé la guerre, c’est bon) que nous n’avons clairement pas. Le cancer tuait plus que maintenant, mais les gens en avaient probablement moins et surtout moins tôt.

      D’ailleurs, la nouvelle campagne de bourrage de crânes pour niquer encore les régimes de retraites a été tellement spécifique que s’en était risible : l’augmentation de l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans.

      Là, chaque mot compte.
      65 ans. Pas 64. Pas 60. Surtout pas 60, parce que le gros de la troupe des prolos à métiers pourris qui usent et cassent le corps meure autour de 60 ans. Et 65 ans, c’est ce qu’ils veulent comme nouvelle régression en attendant la suivante. Donc l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans te parle très spécifiquement de la survie à 65 ans et du bon accès de la population de bourgeois et classes moyennes supérieures à un bon cadre de vie, des métiers pas horrible et ce qui reste du système de santé.
      Parce que les autres sont morts. Et c’est leur disparition du tableau avant le cliché de l’instant t qui fait que pour ceux qui restent, il y a moins de maladies et de handicaps.

      Parce que « en bonne santé », c’est quand on a enlevé les malades… par extinction naturelle. Et ça évite de parler de l’espérance de vie
      tout court, qui elle, se casse gentiment la gueule précisément avec l’augmentation de l’incidence de plein de maladies, y compris jugulées et disparues de longues date, à la faveur d’un effondrement sanitaire et social profond : dégradation des conditions de vie des prolos, destruction avancée du système de santé public et dégradation accélérée de l’environnement.

    • Des classeurs, des étages de classeurs, du plancher au plafond. Ils contiennent des données sensibles : 90 000 dossiers documentés de malformations congénitales, dépistées avant ou après la naissance. Des données souvent synonymes d’épreuves pour les familles concernées, mais qui peuvent se révéler précieuses en matière de santé environnementale pour rechercher la cause de ces malformations et en prévenir l’apparition quand elles sont liées à des expositions à des polluants.

      Ces murs de classeurs sont situés dans un tout petit local au cœur de la ville de Lyon, les bureaux du Remera, pour Registre des malformations en Rhône-Alpes. Cette association et son équipe mènent ce travail de collecte depuis plus de cinquante ans. « Nous surveillons toutes les issues de grossesses des mères qui résident dans le Rhône, l’Ain, la Loire et l’Isère, pour lesquelles des anomalies ont été détectées chez l’embryon, le fœtus ou l’enfant », précise Emmanuelle Amar, directrice du Remera depuis 2007.

      https://basta.media/Bebes-nes-sans-bras-qui-veut-la-peau-du-registre-Remera-association-qui-a-p

      Sinon à sainte-Pazanne (44), tout est sous contrôle :
      https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/sainte-pazanne-44680/risques-majeurs-la-commune-de-sainte-pazanne-a-son-plan-de-sauvegarde-f

      https://seenthis.net/recherche?recherche=Sainte+Pazanne

      Mais comme de juste, tout ceci semble I-NEX-PLI-CA-BLE

    • Si on regarde bien, cacher la poussière sous le tapis, c’est plutôt « systémique » quand il s’agit de se confronter aux lobbies de l’agriculture productiviste ...
      Ce thread (sur eX-Twitter) :
      https://threadreaderapp.com/thread/1112948727768117249.html

      Ce sont des particuliers qui alertent l’ARS parce que apparemment, les pouvoirs publics ont autre chose à faire. Cependant, on conclut à « un excès de cas de leucémies », ce qui, on peut le comprendre, ne suffit pas à soulager l’inquiétude légitime des habitants de cette commune.
      Et là, l’ARS nous communique que « une étude épidémiologique va être menée par Santé publique France pour faire la lumière sur ces neuf cas de cancers pédiatriques. Les premières conclusions seront rendues à l’automne 2019 ».
      Elle est pas belle la vie ? A la décharge de cet organisme de santé publique, il faut convenir qu’il est très difficile voire « délicat » de débusquer les salopards qui nous pourrissent la vie.