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  • #Témoignages : avec la #circulaire_Retailleau « de moins en moins de #sans-papiers demanderont leur #régularisation, ils auront trop peur »

    Rassemblés à Paris, vendredi 31 janvier, de nombreux travailleurs et travailleuses sans-papiers sont venus manifester contre la dernière loi Immigration et la nouvelle circulaire Retailleau qui durcit les #critères de régularisation. Un texte « injuste », selon eux, qui ne fait que précariser davantage les exilés en situation irrégulière. Témoignages.

    Ramata, Ivoirienne, en France depuis 2016

    "Je suis très stressée, je me sens tellement menacée. Dès que je parle, je pleure... Je travaille dans le ménage, je suis en grande souffrance. Quand on n’a pas de papiers, de toute façon, on souffre beaucoup. On travaille la boule au ventre. Nos employeurs nous donne 3h de travail.. 5h.. Parfois plus, parfois moins. Sans contrat, c’est un stress permanent. On ne sait jamais combien on va être payé.

    J’ai la foi de travailler pourtant, mais sans papiers, tu te décourages. J’ai déposé un dossier de régularisation en 2021, il a été refusé. Je n’ai pas baissé les bras. J’ai déposé un nouveau dossier. Là où je travaille aujourd’hui, j’ai eu des fiches de paie, alors j’ai redemandé un rendez-vous à la préfecture. C’était l’année dernière. Le rendez-vous est fixé au mois de juin 2025. J’ai dû attendre un an !
    Avec la nouvelle circulaire, que va-t-il se passer pour moi ? Il faut parler français, c’est mon cas, il faut des fiches de paie, c’est mon cas. Mais je suis quand même stressée. Si mon chef me renvoie avant le rendez-vous, je vais faire quoi ? Il faut que je travaille sans jamais m’arrêter.

    La nouvelle circulaire Retailleau, qui régit la régularisation des travailleurs étrangers est jugée « très contraignante » par les sans-papiers. Elle prévoit notamment d’apporter la preuve d’une présence d’au moins sept ans en France, contre cinq ou trois ans auparavant, de fournir une preuve avancée de maîtrise du français – un diplôme ou bien une certification linguistique. La précédente circulaire Valls demandait simplement une maîtrise orale de la langue française. Enfin, en cas de refus de la demande de régularisation, la préfecture devra « systématiquement » délivrer une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) à l’étranger sans-papiers concerné.

    J’ai laissé mes enfants en Côte d’Ivoire, ma dernière a un an... Je l’ai laissée pour venir ici, pensant que tout allait s’arranger, mais c’est tout le contraire. Ma première fille a maintenant neuf ans, elle me demande de rentrer... Elle me manque tellement. Je lui ai dit : ’Je me bats pour toi ici, ma chérie. Je ne peux pas rentrer sinon je ne pourrai jamais revenir en France, je ne pourrai pas payer tes études plus tard’. C’est pas facile..."
    Awa, Ivoirienne, en France depuis 2013

    "Je suis venue manifester par rapport à la circulaire Retailleau et à la loi Darmanin [loi sur l’immigration de janvier 2024, ndlr].

    J’ai appris qu’il fallait rester sept ans en France avant de demander une régularisation. Comment tu fais pour vivre pendant sept années sans papiers ? Moi, je travaille sous alias, parce mon employeur ne veut pas embaucher de sans-papiers. Je suis bloquée... Je n’ai pas de fiches de paie, je n’ai pas de preuves de mon travail à présenter en préfecture. Je ne peux donc pas déposer un dossier de régularisation.

    Travailler sous alias, c’est travailler illégalement avec les papiers d’identité d’une autre personne, qui est, elle, en règle. C’est donc cet « alias » qui reçoit les fiches de paie et perçoit le salaire du travailleur sans-papiers. « L’alias » lui reverse ensuite son dû, en partie ou en intégralité. C’est un système qui précarise les sans-papiers. C’est aussi une pratique que de nombreux employeurs feignent d’ignorer.

    J’ai aussi appris que si ton dossier est refusé, tu auras une OQTF [Obligation de quitter le territoire français, ndlr]. La conséquence, c’est que de moins en moins de personnes vont aller en préfecture, il y aura moins de demandes de régularisation, les gens auront trop peur d’être expulsés.

    Par contre je suis d’accord avec la mesure qui demande de parler un bon français. Tu ne peux pas venir dans un pays et ne pas parler sa langue."
    Oumar, Sénégalais, en France depuis six ans

    « Je travaille dans la logistique, dans la livraison, dans le transport, dans la restauration, dans le bâtiment. Je travaille un peu partout, en fait. Quand tu n’as pas de papiers, tu ne peux pas te reposer. Tu cherches constamment à travailler. Le pire, c’est que tu t’épuises et que tu n’es pas bien payé.

    J’ai déjà déposé un dossier de régularisation en préfecture et il a été refusé.

    Si je recommence, que va-t-il se passer ? Ce n’est pas une bonne chose, ces OQTF [délivrées systématiquement en cas de dossier de régularisation rejetée, ndlr]. C’est injuste. Je travaille pour nourrir ma famille au Sénégal. Je suis venu seul ici. Six ans que je suis là sans avoir vu ma famille... Et je ne peux pas rentrer chez moi.

    À cause de cette loi, à cause de cette circulaire, on est bloqué.

    Notre vie était déjà compliquée, elle va devenir infernale. Il va falloir attendre sept ans avant d’avoir une chance d’être en règle ! Trois ans de présence, c’était ok, mais sept ans, c’est quasiment une vie pour nous ! »
    Ibrahim, Sénégalais, en France depuis sept ans

    « Je suis là pour réclamer des droits. On est des citoyens nous aussi, on participe à faire tourner la vie économique de ce pays.

    Regardez, on manifeste sans faire de dégradations, on manifeste pour que le peuple français nous entende aussi. On appelle tous les sans-papiers à se réveiller. Attendre sept ans pour, au final, avoir peut-être un refus, et recevoir une OQTF... Franchement c’est pas sérieux... Maintenant les gens vont être terrifiés de sortir travailler, d’aller en préfecture.

    On cherche du travail, c’est tout. On n’est pas des délinquants. La plupart des immigrés viennent en France pour s’intégrer, pas pour faire n’importe quoi sur le territoire français.

    Moi, j’avais un titre de séjour d’un an qui a expiré il n’y a pas longtemps. J’ai fait ma demande de renouvellement, mais je dois attendre trois mois avant mon rendez-vous. Concrètement, je n’ai pas le droit de travailler pendant ces trois mois, comment je vais faire ? Et que se passera-t-il si je ne suis pas renouvelé ?

    Je n’ai pas le choix, je travaille actuellement à la plonge dans un restaurant, et franchement c’est dur. Parfois, tu travailles et puis un jour, tu te présentes, on te dit : ’Non, c’est fini’, et tu peux rien dire.

    Je gagne entre 900 et 1 200 euros par mois. Comme tout le monde ici, je travaille juste pour survivre, c’est tout.

    J’aimerais être régularisé et faire un meilleur boulot. Si ma situation s’améliore et se stabilise, j’aimerais faire une formation pour travailler dans la plomberie. »
    Shawon, Bangladais, en France depuis 2020

    "Je suis ici depuis quatre ans. Dès que je me présente pour un travail, on me demande des papiers, comme je n’en ai pas, on me refuse. Depuis mon arrivée en France, j’ai travaillé quelques mois, c’est tout. Et je n’ai pas eu de fiche de paie.

    Sans papiers, tu n’arrives à rien.

    Heureusement, j’ai de la famille ici pour m’aider et m’héberger. Ma femme, elle, a un titre de séjour. Mais j’aimerais faire plus, j’aimerais l’aider financièrement.

    La circulaire Retailleau parle d’un bon niveau de français. J’ai un certificat de français de niveau A1, alors je prépare le niveau A2, pour mettre toutes les chances de mon côté.

    Cette circulaire, ce n’est vraiment pas une bonne chose. Je vais devoir attendre encore deux ans, jusqu’en 2027, pour atteindre les « sept ans » de présence en France et demander des papiers... C’est trop long."

    https://www.infomigrants.net/fr/post/62587/temoignages--avec-la-circulaire-retailleau-de-moins-en-moins-de-sanspa
    #Bruno_Retailleau #France #migrations
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