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  • Un coup d’État libertarien ? Comment Elon Musk, appuyé par Trump, a mis la main sur le département du Trésor américain | Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2025/02/03/un-coup-detat-libertarien-comment-elon-musk-appuye-par-trump-a-mis-

    Pendant le week-end, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a donné accès aux systèmes informatiques du Trésor américain à Elon Musk et certains de ses proches.

    L’homme le plus riche du monde aurait désormais à sa disposition les données financières de millions d’Américains et semble en mesure de contrôler les dépenses de l’État fédéral en bloquant ou redirigeant des paiements préalablement autorisés par les agences et départements.

    Selon le prix Nobel Paul Krugman : « les Américains ont peut-être déjà vécu ce qui s’apparente à un coup d’État du XXIe siècle. Il n’y a peut-être pas de chars dans les rues, mais le contrôle effectif du gouvernement pourrait déjà avoir échappé aux mains des élus ».

    Scott Bessent, le secrétaire au Trésor de Trump, a octroyé ce samedi au DOGE (Department of Government Efficiency), piloté par Elon Musk, l’accès aux systèmes de paiement du département du Trésor.
    • Le « Department of Government Efficiency » (les guillemets sont utilisés dans le décret), contrairement à ce que son nom semble indiquer, n’est ni un département ni une agence fédérale mais une entité ad hoc rattachée au bureau du président. La structure n’est par ailleurs pas nouvelle, mais correspond au U.S. Digital Service créé par Barack Obama en 2014, qui a simplement été renommé par un décret de Trump le 20 janvier.
    • En qualité de directeur du DOGE, Elon Musk ne dispose d’aucune autorité vis-à-vis d’autres branches de l’exécutif fédéral. Contrairement aux responsables des départements, le milliardaire n’a pas été confirmé par le Congrès et s’était vu refuser en décembre, avant l’investiture de Trump, une habilitation défense en raison de sa consommation de drogue.
    • Comme le souligne le sénateur démocrate et membre de la Commission des Finances Ron Wyden, dans un courrier adressé à Bessent, les activités conduites par Musk en Chine via Tesla seraient susceptibles de constituer un conflit d’intérêt. En accédant à d’importantes quantités de données de millions d’Américains et de données ayant trait aux paiements réalisés par le gouvernement, Musk pourrait constituer « un risque pour la sécurité nationale ».

    L’irruption de Musk dans le logiciel interne du département du Trésor, responsable du déboursement de plusieurs milliards de dollars par jour, a été précédée au cours des dernières semaines par un déploiement de plusieurs de ses proches au sein d’autres agences de l’exécutif — et la mise à la porte de hauts-fonctionnaires de carrière.
    • David Lebryk, Fiscal Assistant Secretary depuis 11 ans au sein du département du Trésor (soit le plus haut poste auquel un fonctionnaire de carrière puisse prétendre) et nommé secrétaire par intérim par Trump, en l’attente de la confirmation de Bessent, a été poussé à la porte par l’administration après avoir refusé à Musk d’accéder au système de paiement.

    Dès le mois de décembre, soit avant l’investiture de Trump, des proches de Musk qui intégreront par la suite le DOGE avaient demandé à Lebryk des informations sur le « code source » du système, officiellement pour examiner les « paiements inappropriés ».
    • Parmi les personnes ayant rencontré Lebryk à ce moment figurent Baris Akis, un allié de Musk et venture capitalist fondateur de Human Capital ainsi que Tom Krause, PDG de Cloud Software Group, une entreprise de la Silicon Valley spécialisée dans l’utilisation de données pour accélérer et améliorer le processus de prise de décision.
    • Plusieurs sources ont confié à CNN avoir vu Akis et d’autres personnes affiliées à DOGE « se promener en meute » dans les bâtiments du département du Trésor ces derniers jours.

    Musk a placé au sein d’autres agences fédérales — toujours sous l’étiquette du DOGE —, notamment au Office of Personnel Management, chargé des relations humaines, et de la General Services Administration, qui gère notamment le parc immobilier de l’exécutif, des jeunes diplômés et anciens stagiaires passés par ses entreprises.
    • Le magazine WIRED a identifié six de ces jeunes hommes, âgés de 19 à 24 ans, qui ne disposent d’aucune expérience au sein du gouvernement et, pour certains, d’aucune expérience professionnelle : Akash Bobba, Edward Coristine, Luke Farritor, Gautier Cole Killian, Gavin Kliger et Ethan Shaotran.
    • Coristine, qui a récemment obtenu son baccalauréat, a effectué un stage de trois mois cet été chez Neuralink, fondé par Musk, avant de rejoindre DOGE. Farritor a quant à lui fait un stage chez SpaceX puis a obtenu au printemps 2024 une bourse de la Thiel Foundation.
    • La plupart des membres du DOGE disposeraient aujourd’hui d’une adresse mail gouvernementale et d’un accès à des informations classifiées qu’ils ne sont pas autorisés à consulter. Il semblerait qu’ils aient principalement été recrutés par Musk pour leurs compétences techniques, Killian allant jusqu’à supposément travailler en tant que « bénévole ».

    Selon une source diplomatique qui s’est confiée à la revue, l’accès au système de paiement du Trésor aurait été donné pendant le week-end afin d’éviter toute possibilité de blocage par un juge et en limitant également la réaction législative.

    Cette opération soulève de graves inquiétudes d’ordre démocratique. On pourrait avoir assisté pendant le week-end à une prise de contrôle par l’homme le plus riche du monde du système des paiements fédéraux.
    • L’infrastructure des paiements du Trésor repose sur des technologies vieillissantes comme ACL et COBOL . Toute intervention mal maîtrisée pourrait la déstabiliser, menaçant la capacité du gouvernement fédéral à assurer ses paiements.
    • Wyden a confirmé que le secrétaire au Trésor Scott Bessent avait consenti à DOGE un « accès total » au système de paiement 8. Il a également dénoncé la possibilité d’interférences politiques dans les paiements de la sécurité sociale, de Medicare et des contrats publics.
    • Comme l’a révélé Nathan Tankus : « Scott Bessent avait été informé que ce que Donald Trump attendait d’un secrétaire au Trésor était une personne qui aurait la crédibilité que Steve Mnuchin avait auprès de Wall Street, mais qui serait surtout loyale envers le président avant toute autre considération, selon deux sources familières du dossier. Cela incluait d’accepter inconditionnellement de travailler avec quiconque Trump enverrait au département du Trésor et d’aider à poursuivre les ennemis de Donald Trump. À la lumière des actions de Bessent cette semaine, et de ce qu’Elon Musk et le DOGE attendent du Bureau du service fiscal, ces engagements prennent une nouvelle signification — particulièrement sombre ».
    • Plusieurs experts ont noté que cela pourrait permettre au gouvernement de bloquer ou de rediriger des paiements en fonction de considérations politiques, en transformant matériellement le fonctionnement démocratique de l’État fédéral .

    Cette crise ne se limite pas au contrôle du budget fédéral. Par le DOGE, même en « lecture seule » et sans capacité d’intervention sur les paiements, l’homme le plus riche du monde a désormais accès à des données extrêmement sensibles (numéros de sécurité sociale, informations bancaires). Le respect du droit, du processus démocratique et des règles de confidentialité des paiements gouvernementaux est en jeu.
    • Elon Musk a affirmé qu’il annulait unilatéralement des centaines de millions de dollars de subventions publiques après avoir obtenu l’accès au système de paiements du Trésor américain.
    • Dans un post sur X, il a déclaré que son équipe aurait annulé des « paiements illégaux » après avoir partagé une liste de subventions à des organisations luthériennes, justifiant cette action en accusant le Trésor d’approuver aveuglément tous les paiements, y compris à des groupes frauduleux ou terroristes.

    The @DOGE team is rapidly shutting down these illegal payments https://t.co/GabhBL7gxf_
    — Elon Musk (@elonmusk) February 2, 2025_

    Depuis hier des adversaires républicains de Donald Trump sont exposés sur X.
    • Bill Kristol, qui a posté d’une manière polémique : « l’État profond est préférable à l’État Trump » s’est vu répondre par un compte anonyme qu’il profite de l’État profond en tant que président de l’organisation « Defending Democracy », financée par l’USAID via les Rockefeller Philanthropy Advisors.
    • La capture d’écran jointe illustre un graphique montrant des subventions publiques totalisant plus de 45 millions de dollars, attribuées à divers bénéficiaires dans le cadre d’initiatives soutenues par l’USAID.

    Hello Mr. Kristol,

    For you, the deep state is preferable because you are listed as the President of Defending Democracy (EIN 831567380) which is an indirect beneficiary of USAID through Rockefeller Philanthropy Advisors.
    You are exposed.
    Hat tip to @DannyCampsalot… pic.twitter.com/sihSufjcaB
    — DataRepublican (small r) (@DataRepublican) February 2, 2025

    • Selon le prix Nobel de l’économie Paul Krugman, les États-Unis ont « peut-être déjà vécu ce qui s’apparente à un coup d’État du XXIe siècle. Il n’y a peut-être pas de chars dans les rues, mais le contrôle effectif du gouvernement pourrait déjà avoir échappé aux mains des élus ».
    • Il appelle à une action immédiate pour rétablir le contrôle des fonctionnaires et bloquer toute interférence des milliardaires.

    Le logiciel du Bureau of Fiscal Service auquel Musk a obtenu l’accès agit au bout de la chaîne des paiements, dont les ordres sont communiqués par les agences et départements. En bloquant le déboursement à ce stade, Elon Musk nie l’autorité du Congrès mais transforme également l’exécutif en structure bicéphale capable d’autoriser des paiements puis de les annuler elle-même, selon la volonté d’un individu non-élu extérieur au gouvernement.

    • Musk, le coup de force au coeur de l’Etat américain – L’Express
      https://www.lexpress.fr/monde/musk-le-coup-de-force-au-coeur-de-letat-americain-RN6Z4IKV2NFMBJGZR6WSZL54P

      Washington - C’est une entreprise inédite dans l’histoire des Etats-Unis et peut-être des démocraties occidentales : Elon Musk, soutenu par Donald Trump, bouleverse le fonctionnement de l’Etat fédéral américain, sans mandat électoral, sans portefeuille de ministre, et sans autre supervision que celle du président américain.

      L’homme le plus riche du monde ne peut pas et ne pourra pas faire quoi que ce soit sans notre accord, a assuré lundi Donald Trump, interrogé sur le rôle du patron de Tesla, SpaceX et X, à la tête d’une commission pour l’efficacité gouvernementale, le Department of government efficiency (DOGE).

      Un journaliste lui a ensuite demandé s’il approuvait la méthode très interventionniste de son allié, qui a pris le contrôle de certains leviers administratifs très sensibles, comme le système de paiements du Trésor, et le président n’a guère laissé de place au doute.

      Pour l’essentiel, oui. S’il faisait quoi que ce soit qui n’a pas mon accord, je vous le ferais savoir très vite, a-t-il ajouté.

      Dans la nuit de dimanche à lundi, c’est Elon Musk lui-même qui a annoncé le démantèlement de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), dotée d’un budget annuel de 40 milliards de dollars.

      Nous la fermons, a-t-il dit sur son réseau X. J’en ai parlé en détail (avec Donald Trump) et il est d’accord.

      Un test
      Personne n’a élu Elon Musk, s’est indignée la sénatrice démocrate Elizabeth Warren sur le réseau Bluesky.

      Musk et ses employés privés essaient de fermer une agence créée et financée par le Congrès. (...) C’est un test. Le Congrès doit utiliser ses pouvoirs, ou perdre ses pouvoirs, a averti un autre élu démocrate, Jason Crow, sur X.

      Le rôle du multimilliardaire, lui-même bénéficiaire de gros contrats fédéraux, échappe au fonctionnement institutionnel habituel.

      Les présidents ont souvent eu des conseillers informels du monde des affaires mais le rôle quasi-officiel d’Elon Musk et ses affirmations selon lesquelles il agit au nom de (Donald Trump) pour prendre des décisions (...) est, à ma connaissance, sans précédent, a déclaré à l’AFP Jeffrey Lubbers, professeur de droit à la American University.

      Malgré son nom de department, désignant les ministères fédéraux, DOGE est en réalité un organisme de conseil externe placé sous l’autorité directe de Donald Trump et à durée limitée - il doit cesser d’exister le 4 juillet 2026.

      Pendant la campagne, Elon Musk avait assuré pouvoir réduire la dépense publique fédérale de 2.000 milliards de dollars. Il a depuis revu ses intentions à la baisse et parle de 1.000 milliards de dollars, une somme qui reste absolument colossale.

      Le grand patron, qui n’a pas de mandat électoral, devra-t-il rendre des comptes au Congrès, détenteur du pouvoir budgétaire ? Est-il soumis à de quelconques règles déontologiques, au même titre qu’un ministre ou d’autres grands commis de l’Etat ? Rien n’est moins sûr.

      Cette opacité suscite une vive discussion sur de potentiels conflits d’intérêt, puisqu’il pourrait faire des recommandations ayant un impact direct sur ses entreprises, de l’automobile au numérique en passant par l’espace.

      La presse américaine fait état de tentatives, plus ou moins brutales, de jeunes employés de DOGE pour forcer l’entrée de certains bureaux ou systèmes informatiques d’agences fédérales.

      Paiements
      Selon plusieurs médias, le haut fonctionnaire du Trésor en charge des paiements de tout l’Etat fédéral, qui supervise le versement de milliards de dollars en prestations sociales, salaires et autres règlements de factures, a été écarté parce qu’il s’opposait aux lieutenants d’Elon Musk.

      Lequel a finalement obtenu l’accès à ce système et ainsi aux données personnelles et financières de centaines de millions d’Américains.

      Le seul moyen d’arrêter la fraude et le gaspillage de l’argent des contribuables est de suivre les circuits de paiement et de suspendre les transactions douteuses. C’est évident, a-t-il justifié sur X.

      Les fonctionnaires fédéraux sont la cible d’une mesure après l’autre depuis le 20 janvier, chacune portant la patte de l’homme d’affaires de 53 ans : fin du télétravail sous peine de licenciement, plan de départs volontaires, fin des politiques de diversité.

      Dans une tribune publiée le 20 novembre dernier par le Wall Street Journal, Elon Musk avait dit qu’il travaillerait comme un entrepreneur.

      Le patron de Tesla a raconté qu’il dormait à l’usine pendant des périodes chargées pour le constructeur automobile. Selon le site Wired, il a confié à des amis faire la même chose désormais au siège de DOGE, dans un imposant bâtiment administratif jouxtant la Maison Blanche.

    • Un court extrait de chaque article mis en lien ci-avant :

      https://www.techdirt.com/2025/02/03/a-coup-is-in-progress-in-america

      A coup is underway in the United States, and we must stop pretending otherwise. The signs are unmistakable and accelerating: in just the past 48 hours, Elon Musk’s DOGE commission has seized control of Treasury payment systems and gained unauthorized access to classified USAID materials, while security officials who followed protocols were removed.

      https://www.wired.com/story/elon-musk-government-young-engineers

      Elon Musk’s takeover of federal government infrastructure is ongoing, and at the center of things is a coterie of engineers who are barely out of—and in at least one case, purportedly still in—college.