Oui. Mais aussi, ce qu’on sait de ces études, c’est d’une part qu’elles s’appuient sur des résultats d’imagerie cérébrale que le neurologue ne peut à lui seul interpréter que de manière bornée (exit les effets neurologiques covid, covid long et post covid ?), d’autre part que les psys constatent davantage d’anxiété et de dépression, sans que l’on prenne le soin de creuser la question de savoir sur quel fond expérientiel, vécu, il surgissent, si ce n’est la période covid en tant que telle et l’isolement qui y a été associée.
Il me semble que l’on apprendrait davantage en assortissant à ces approches l’analyse de quelques cas cliniques. L’abord de la psyché ne peut reposer exclusivement sur des approches psychologiques ou neurologiques, toutes deux objectivistes. La question du sujet est évacuée (c’est normal, comme le chantonnaient il y a long quelques bardes).
D’où tu causes ? Trouzio a soutenu une thèse dont l’objet indique bien le type de biais qui accompagne ce qu’il est à même de mettre en lumière : "Maladie d’Alzheimer : évaluation de l’hypothèse d’un gène unique par modélisation mathématique". Dis moi à quoi tu t’intéresse et je te dirais quel type de résultat tu es susceptible de parvenir.
Je reviens à la précarité. Certes elle a ô combien des dimensions matérielles et celles ci ont été accrues par la pandémie. Mais quid de la précarité existentielle ? Une vie sans horizon est une vie mutilée. C’est la notre. Mais avec la pandémie, c’est d’une vie confronté à l’horizon de la fin, non seulement personnelle, la mort (à laquelle les humains font face depuis toujours, ce qui a suscité mille inventions et postures, dont les religions), mais aussi la fin non pas d’un monde mais du monde.
Le covid et sa gestion mondiale est un tournant épocal et c’est aussi une brèche par laquelle s’est engouffré un vécu de fin du monde (Tosquelles). De quoi s’effondrer (où va la politique ? que serait une écologie qui permette de bifurquer devant le mur qui se bâtit chaque jour dans et par la production de biens et de services ? no sé), et, pourquoi pas, de pas décompenser tout de bon.
On se souvient peut-être que lors des révolutions, il y a moins de décompensations. C’est que le monde est en train de s’y faire.
Ce type de travaux, c’est de l’humanisme Canada dry, désaffecté. Dans 10 secondes, l’IA fera mieux. La disqualification sociale des approches psychanalytique n’y est pas pour rien.
« L’expérience vécue n’est pas une expérience dans le sens empirique du mot. […] L’expérience empirique a un caractère d’événement mécanique. L’expérience vécue, par contre, est transcendante »
Le Vécu de la fin du monde dans la folie. Le témoignage de Gérard de Nerval, François Tosquelles
Une note de lecture
▻https://shs.cairn.info/revue-les-lettres-de-la-spf-2012-2-page-XI