« Licence infinie » – Aurdip

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  • Pourquoi je n’applaudis pas le mouvement « pro-démocratie » d’Israël | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/neve-gordon/blog/140425/pourquoi-je-n-applaudis-pas-le-mouvement-pro-democratie-d-israel
    par Neve Gordon

    Finalement, le 27 mars, plus d’un an après que les organisations de défense des droits avaient déposé leur requête, la Cour a rendu son verdict. Le président de la Cour Yitzhak Amit et les juges Noam Sohlberg et David Mintz ont unanimement décidé que la requête n’était pas fondée. Le juge David Mintz a entrecoupé sa réponse de textes religieux juifs, caractérisant les attaques d’Israël comme une guerre de devoir divin, tout en concluant que : « [L’armée israélienne] et les répondants se sont surpassés pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans la Bande de Gaza, en prenant même le risque que l’aide transférée tombe dans les mains de l’organisation terroriste du Hamas et soit utilisée pour combattre Israël. »

    Cela, à un moment où les agences humanitaires avaient encore et encore souligné les niveaux aigus de malnutrition et de famine. La Cour suprême d’Israël —à la fois dans la manière dont elle a géré la procédure judiciaire et dans son jugement — a ignoré l’obligation légale qu’avait Israël de ne pas priver une population civile d’objects indispensable à sa survie, y compris en entravant volontairement la fourniture de secours. En fait, la Cour a légitimé l’utilisation de la famine comme arme de guerre.

    C’est cette Cour que des centaines de milliers d’Israéliens essaient de sauver. Son jugement du 27 mars — et presque tous les autres jugements impliquant des Palestiniens — révèle que la Cour suprême d’Israël est un tribunal colonial — un tribunal qui protège les droits de la population des colons, tout en légitimant la dépossession, le déplacement et la violence horrible perpétrés contre les Palestiniens autochtones. Et si la Cour suprême peut ne pas refléter les valeurs du gouvernement existant — particulièrement sur des questions relatives à la corruption politique — elle reflète sans aucun doute, et elle a toujours reflété, les valeurs du régime colonial.

    Donc, les sionistes libéraux qui remplissent les rues de Tel-Aviv chaque week-end ne manifestent pas contre une réforme judiciaire qui met en danger la démocratie, mais contre une réforme qui met en danger la démocratie juive. Peu de manifestants ont le moindre scrupule à propos de l’horrible décision de la Cour sur l’aide humanitaire ou, d’ailleurs, sur la manière dont la Cour a constamment défendu l’apartheid israélien et les piliers coloniaux. Le régime, en d’autres termes, peut continuer à éliminer des Palestiniens sans obstacle aussi longtemps que les droits des citoyens juifs d’Israël sont garantis.

    #Israël #génocide sanctionné par la Cour suprême israélienne

    • Omer Bartov fait le même genre de constat.

      il y a eu plus de gens pour se lamenter sur les quelques pertes militaires israéliennes qu’il n’y en a eu pour s’intéresser à l’anéantissement de la Bande.

      Et sur la cour suprême :

      Ayant défendu de nombreuses affaires de droits humains devant la Cour suprême d’Israël, [Michael] Sfard conclut aussi que, au fil des décennies, cette institution même a joué un rôle clé pour mettre en œuvre l’apartheid, non seulement « en évitant systématiquement de répondre à la question de la légalité des colonies selon le droit international », mais aussi en autorisant les colons à continuer de s’emparer de terres de la population palestinienne et en approuvant le « détournement » manifestement illégal « des ressources du territoire occupé au profit des colons ».

      https://seenthis.net/messages/1109327

    • Le gouvernement pourrait tomber, mais jusqu’à ce que nous transformions radicalement la nature du régime, il n’y aura pas de grands changements et particulièrement pas en ce qui concerne les droits humains fondamentaux des Palestiniens.

      (...)

      Donc, les sionistes libéraux qui remplissent les rues de Tel-Aviv chaque week-end ne manifestent pas contre une réforme judiciaire qui met en danger la démocratie, mais contre une réforme qui met en danger la démocratie juive.

      Je suis d’accord avec la radicalité du point de vue sur un changement de la nature du régime concernant les droits des Palestiniens. Cependant les manifestations pour défendre "la démocratie" - fut-elle donc "juive" - en temps de guerre face à un gouvernement dirigé par un fasciste me semblent dignes d’intérêt.

      Je vois difficilement comment un changement de régime qui respecte les droits humains des Palestiniens serait envisageable sans que les Israéliens puissent eux-mêmes exprimer leurs désaccords avec la politique menée par leur gouvernement, quand bien même les revendications seraient "libérales" et limitées à leurs propres droits.

      Faire tomber Netanyahou ce serait déjà pas si mal, non ? Sauf à le remplacer par pire ce qui, vu le contexte, est possible, j’admets.

      Manifester pour une « démocratie juive » pour aussi libéral et égocentré que cela puisse être inclurait, aussi, a priori, la possibilité pour les Juifs d’exprimer leurs soutiens aux Palestiniens et de dénoncer le génocide commis par l’État d’Israël.

      Des actions plus radicales existent. Des Israéliens, certes en très grande minorité et isolés, ont manifesté contre la guerre et si la dénonciation du génocide en cours n’était pas au cœur des revendications - d’après ce que je comprends - il y a eu aussi des essais de manifestations arabes-juifs.

      https://www.haaretz.com/israel-news/2025-03-11/ty-article-magazine/.premium/why-so-many-israelis-are-still-out-protesting-despite-a-dark-sense-of-failure/00000195-85ad-dc7b-adb7-c5edd3420000?v=1744720225324

      In late 2023 and early 2024, tiny groups were gathering in other central Tel Aviv spots, including Habima Square, to protest the Gaza war itself and demand a cease-fire. These never gained much traction, and anti-war demonstrations in Arab towns were effectively banned by the police (which heaped obstacles on Jewish-Arab protests too).

      Anti-war and anti-occupation activists held several distinct demonstrations in 2024, drawing hundreds, calling to “refuse the war.” For much of the year, dozens of young anti-war activists held drumming circles and anti-occupation chants on Kaplan as the marchers went by

      L’article rapporte les propos d’une manifestante :

      “You can’t separate the desire to have the hostages released with what’s happening on the other side of the fence,” she said, referring to the devastation in Gaza. She called the government’s policy one of “transfer and ethnic cleansing” in Gaza and the West Bank, and felt a measure of political solidarity at the Tel Aviv protests.

      https://www.haaretz.com/israel-news/2024-01-12/ty-article/.premium/israel-bars-protests-against-gaza-war-says-police-cant-protect-public-prevent-violence/0000018c-fa19-d1b3-a79e-fedbd1e40000

      The demonstration was planned by Partnership for Peace, a coalition of organizations that includes the communist party, Hadash, with the slogan “Stop the War” being the main message. Its participants planned on calling for the immediate signing of an agreement to stop the war and for the enactment of a deal to release the hostages, with a concomitant release of Palestinian prisoners – “all in exchange for all” – as well as calling for the advancement of a diplomatic solution that will lead to a stable peace, with civil and national equality.

      When the demonstration was announced to the public, the right-wing organization Betzalmo appealed to the police, asking for it to be banned. They warned that the event could lead to bloodshed. In response, the police announced that the permit for the demonstration would not be approved.

      On Wednesday, the police refused to approve a Jewish-Arab demonstration that was scheduled to take place at Habima Square in Tel Aviv on Thursday. It was organized by Standing Together and Women Wage Peace.

      https://en.wikipedia.org/wiki/Gaza_war_protests_in_Israel#Anti-war_protests