C’est un raid – encore un – auquel se sont livrés les #médias_Bolloré, en escouade contre la condamnation de Nicolas #Sarkozy à cinq ans de prison pour « association de malfaiteurs en vue de préparer un délit de corruption ». Des heures d’antenne sur #CNews, et en écho sur Europe 1, des pages et des pages dans Le Journal du dimanche. Car où pensez-vous donc que Nicolas Sarkozy s’en soit allé chouiner deux jours après sa condamnation ? Dans Le Figaro, historique réceptacle des hommes politiques de droite ? Nooon, c’était encore prendre le risque d’avoir des journalistes en face de soi. Nicolas Sarkozy est donc allé ouinouiniser « Ce n’est pas moi qui suis humilié, mais la France » sur quatre pages dans les colonnes du journal d’extrême droite Le JDD bollorisé – édité par #Lagardère_Media_News dont il est administrateur, ce qui n’est bien sûr pas mentionné. Où on n’a pas hésité à comparer son triste sort à celui de Monte-Cristo (le comte dumasien, pas les cigares cubains). Et, parce que c’était encore un peu light, quelques pages plus loin, les éditos hebdomadaires des têtes de gondole de CNews Sonia Mabrouk, Christine Kelly et Pascal Praud pleurnichaient en chœur sur l’ex-chef de l’État bientôt au trou. C’est tout juste si la systématique et confraternelle pub du LVMH de Bernard Arnault en der du JDD ne faisait pas la réclame d’un costume Dior à rayures taillé sur mesure pour le pénitencier.
Ça n’a pas dû leur prendre plus de cinq minutes sur le coin d’une table, à Sonia Mabrouk, Christine Kelly et Pascal Praud, pour pondre leur pensum dans Le JDD, tant c’est là la resucée de leurs indignations, stupeurs et effarements post-condamnation de Nicolas Sarkozy à l’antenne de CNews. Praud en particulier, qui copie-colle une version à peine augmentée de son édito de L’heure des pros du 26 septembre, le lendemain du drame. Délivré sur un ton sépulcral, écrit avec les pieds, pensé avec le trou de balle, il est le fruit de la digestion des éléments de langage du camp Sarkozy (« pas de preuves », « justice implacable avec les dirigeants, laxiste avec les racailles », « règlement de comptes »…). Et donne le la de la journée et même, en l’espèce, du week-end passé à pleurer à chaudes larmes de plateaux en plateaux unilatéraux sur l’injustice faite à ce grand homme d’ex-président, celui-là même à qui le proprio Vincent Bolloré avait aimablement prêté son yacht en 2007 pour s’y reposer sitôt son élection.
Quand soudain, mardi dernier, plif, plouf, Le Canard enchaîné sort de sa mare cette délicieuse info : Pascal Praud a dîné le 24 septembre, soit la veille du jugement, avec Nicolas Sarkozy (ce qu’il dément). Rhôôô, eh bien, eh bien, eh bien voilà qui est rigolo. Et doublement rigolo quand on sait que, près de trois semaines durant, le triptyque de l’enfer CNews-Europe 1-JDD/JDNews a tartiné sur une prétendue « collusion idéologique » du service public avec le Parti socialiste après la publication d’une vidéo montrant les chroniqueurs de France Inter et France Télévisions Patrick Cohen et Thomas Legrand dans un restaurant avec des cadres du PS publiée par le « média » d’extrême droite L’Incorrect, créé par des proches de Marion Maréchal. Dans cette vidéo, filmée à l’insu des protagonistes, on entend Thomas Legrand dire au secrétaire général du Parti socialiste, Pierre Jouvet, et au président du conseil national du PS, Luc Broussy, faire « ce qu’il faut pour Dati », tandis que Patrick Cohen ne pipe mot. Suffisant pour que les médias Bolloré se lancent dans un de leurs plus impressionnants raids contre le service public, passant du pseudo-scandale Legrand-Cohen à « ouin ouin on nous met une cible dans le dos » après que les dirigeants de Radio France et France Télévisions eurent osé – pour une fois – répliquer à cette attaque en piqué.
Car il en va ainsi de l’orchestre Bolloré qui aime à accuser ses adversaires de ses propres vilenies, servant au passage la soupe à l’extrême droite partisane de longue date de la privatisation de l’audiovisuel public. Ainsi, Jordan Bardella en a-t-il remis une couche lors de la rentrée politique du Rassemblement national à Bordeaux, le 14 septembre, tandis que Marine Le Pen plussoyait une semaine plus tard, réclamant la tête de la patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte.
C’est pas que ça nous amuse, vous pensez bien, mais par mesure de réciprocité et au vu des exploits sarko-dînatoires de Pascal Praud, nous sommes contraints d’exiger, non pas la fermeture de la chaîne – car nous respectons les journalistes, fussent-ils en carton comme Praud – mais la nationalisation immédiate de CNews. La voilà, la mesure de gauche que recherche avec si peu d’ardeur Sébastien Lecornu pour s’attirer les faveurs des socialistes : exproprier Vincent Bolloré et nationaliser CNews. Qui, rebaptisée PatCoNews, diffusera des éditos de Patrick Cohen en boucle tandis que, ligoté et la tête maintenue pour ne pas la détourner, façon Orange mécanique, Pascal Praud sera contraint de regarder. Si besoin, on est candidats pour lui mettre des gouttes de citron dans les yeux. De rien.