Les « Saudi Cables » révèlent comment Riyad achète l’élite libanaise

/les-saudi-cables-revelent-comment-riyad

  • Les « Saudi Cables » révèlent comment Riyad achète l’élite libanaise
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/06/23/les-saudi-cables-revelent-comment-riyad-achete-l-elite-libanaise_4659822_321
    Enfin l’article du Monde sur les #saudileaks. Délai sans doute du à la nécessité de se voir opposé une série de démenti et de non-confirmation de l’information par les principaux intéressés, ainsi que d’un politologue libanais qui confirme ce que tout le monde sait. On notera aussi la dernière phrase...

    On apprend par exemple que Samir Geagea, un ténor de la droite chrétienne, a sollicité les faveurs sonnantes et trébuchantes du royaume en 2012. Dans une lettre envoyée à sa hiérarchie, l’ambassadeur saoudien à Beyrouth, Ali Awad Asiri, décrit la mauvaise passe financière du chef des Forces libanaises, en mentionnant notamment qu’il est « sur le point de ne plus pouvoir payer le salaire de ses gardes du corps ».

    La réponse donnée par l’Arabie saoudite à cette requête n’apparaît pas dans les documents de WikiLeaks. Un conseiller de M. Geagea, contacté par Le Monde, s’est refusé à faire tout commentaire sur le sujet. A en juger par la fréquence de ses voyages à Riyad et par son ardeur à critiquer le Hezbollah, la milice chiite libanaise, qui est l’une des bêtes noires du royaume saoudien, défenseur autoproclamé du monde sunnite, il est probable que l’ex-chef de milice de la guerre civile ait obtenu gain de cause.
    Ingérence patente

    Selon les « Saudi Cables », trois autres responsables politiques libanais, tous chrétiens, de droite, et membres de la coalition dite du 14-Mars, opposée à Damas et Téhéran, se sont livrés à des démarches similaires, en vue des législatives de 2013, entre-temps reportées à 2017 : Elias Murr, un ex-ministre de l’intérieur, propriétaire du quotidien Al-Joumhouria ; l’avocat Boutros Harb, candidat malheureux à la présidence de la République ; et Dory Chamoun, le président du Parti national libéral, héritier de l’ancien chef de l’Etat Camille Chamoun.

    L’ingérence de l’Arabie saoudite dans les salles de rédaction libanaises est patente dans une lettre de trois pages consacrée en juin 2012 au quotidien de centre gauche As-Safir. L’ambassadeur Asiri y éreinte Talal Salman, le directeur de la rédaction, jugé coupable d’avoir publié un article critiquant la politique saoudienne dans la région, en affirmant que « son identité chiite éclipse son objectivité journalistique ».

    En guise de réaction, l’ambassadeur recommande de « continuer à soutenir » Al-Joumhouria, An-Nahar, un quotidien de centre droit, et Al-Moustakbal, l’organe du parti de Saad Hariri, à charge pour eux « d’attaquer quiconque salit l’image » du royaume. Il propose également d’inviter M. Salman à Riyad, présumant, sans expliquer pourquoi, qu’une telle visite serait susceptible de remettre son titre sur le droit chemin.
    « Pas étonné par ces révélations »

    Pareille offre est aussi suggérée dans le cas de Pierre Daher, le patron de LBC, la première chaîne de télévision libanaise, à qui il est reproché, dans un autre câble, d’avoir laissé passer à l’antenne un reportage défavorable à la monarchie. Asiri, le très entreprenant émissaire des Saoud, va jusqu’à émettre l’idée de pénaliser LBC, en lui retirant des budgets publicitaires.

    Un autre document, daté de mai 2012 et classé top secret, fait état d’une demande de financement de MTV, une télévision privée propriété de la famille Murr. « Le montant demandé est 20 millions de dollars. C’est un peu exagéré. On devrait proposer 5 millions », précise le courrier. Le Monde n’a pas été en mesure de recueillir la réaction de la chaîne.

    « Je ne suis pas étonné par ces révélations, confie le politologue libanais Hilal Khashan. Notre système est structurellement corrompu. Nos médias ne cherchent pas à informer le public. Ce sont des laquais, ils dépendent tous de fonds étrangers. » Al-Akhbar, le complice de WikiLeaks, proche des positions du Hezbollah et de son parrain iranien, échapperait-t-il à cette règle ?

    • Pour l’instant, les Jordaniens se réjouissent de ne pas être accusés de recevoir de l’argent saoudien. (revue de presse de l’Ambassade de France en Jordanie)

      Fahd Khitane (GD 28) : Les télégrammes du Ministère saoudien des Affaires Etrangères, révélés par Wikileaks, n’ont pas apporté de surprises retentissantes comme celles du Département d’Etat américain, publiés il y a quelques années. Peut-être que les prochaines informations seront plus surprenantes. Toute personne qui connait le Liban, son élite politique et médiatique, ainsi que sa place dans le conflit entre les forces régionales concurrentes ; à savoir l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Syrie, sait qu’une grande partie des hommes politiques et des journalistes libanais reçoivent de l’argent de l’Arabie Saoudite. Certains touchaient des sommes de Riyad le matin et de Damas le soir. L’Egypte, après la révolution de janvier 2011, a semblé suivre la même voie que le Liban, à la seule différence que l’Iran n’est pas directement entré en ligne en Egypte où la concurrence se limite à des pays du Golfe divisés entre un soutien à l’armée ou aux Frères Musulmans. La Tunisie et la Libye ont eu leur part de concurrence ; la Libye en particulier est l’arène de conflit d’argents du Golfe. Quant à la Syrie, c’est l’arène la plus sanglante où sont entrés en jeu les fonds turc, iranien, occidental et du Golfe. C’est cet argent qui dessinera les traits de la nouvelle Syrie, avec son régime et sa révolution. Mais dans le cas saoudien, le problème de la politique est plus flagrant. Les télégrammes montrent que l’entente « confessionnelle » entre Riyad et ses alliés ne peut se maintenir, à la différence du cas iranien, sans argent. La part de la Jordanie dans la première vague de télégrammes est très maigre et leur contenu ne diffère pas de celui des télégrammes des différentes ambassades. Mais Wikileaks dispose de plus de 400 000 télégrammes qui pourraient apporter du nouveau, non en ce qui touche aux relations entre les deux pays sur le plan officiel, mais en ce qui concerne les aspects confidentiels des relations entre les élites, les cheikhs, les hommes politiques et les journalistes.

  • L’enthousiasme des médias français pour nous révéler des infos qu’on nous cache est édifiant. Ce lundi à 13 heures :
    – rien sur les #saudileaks dans Libération
    – rien sur les #saudileaks dans Le Monde
    – rien sur les #saudileaks dans La Tribune
    – rien sur les #saudileaks dans Les Échos
    – 2 (deux, twei, two) dépêches AFP passées en « Flash Actu » sur Le Figaro
    – rien sur les #saudileaks dans l’Humanité
    – rien sur les #saudileaks dans La Croix

    Alors, les tocards, c’est quoi votre excuse cette fois-ci ?