Ce rap teinté de reggae raconte la vie quotidienne dans les cités populaires. Le morceau cartonne auprès de la jeunesse, désabusée de la politique
C’est une petite musique entêtante, qui berce le quotidien des Tunisiens depuis deux mois. En déambulant dans la rue, on l’entend partout : depuis les cafés et les boutiques, depuis les voitures engluées dans la circulation de Tunis, sur les téléphones portables des ados et même à la radio, qui diffuse assez rarement ce genre de musique. Mélange de rap, de reggae et de dubstep, Houmani cartonne. Sorti le 14 septembre sur Youtube, le morceau du duo Hamzaoui Med Amine et Kafon a été regardé au moins 6 millions de fois, un record.
« Le texte parle de la pauvreté, de notre réalité, il explique notre société », observe Bilel, un lycéen de Bab Souika, l’un de ces quartiers populaires que dépeint la chanson. Le mot, inventé pour l’occasion par Hamzaoui, est dérivé de l’arabe tunisien « houma », qui désigne ces cités. « Houmani, c’est le gars qui n’a pas les moyens d’en sortir, qui est coincé au quartier », résume Hamzaoui Med Amine. La chanson décrit, dans un argot riche en images et en néologismes, la galère commune de cette jeunesse bloquée : le chômage, la débrouille, la défonce, la délinquance, l’oppression policière, l’ennui...
On vit comme des ordures dans une poubelle
Pauvres, sans un sou
On se lève tard, on ne voit pas le temps passer
j’ai pas de montre
Ici l’atmosphère est suffocante
[…]
Même la tête en bas, on va de l’avant
Un sou ne reste pas longtemps dans ma poche
Je suis passé trop vite de la jeunesse à la vieillesse, le cerveau affaibli [par la drogue]