Archives Getaway - Liasse 8 - Se défendre - 2.
Diffusée en juin 2015 lors des quatrièmes rencontres.
Une série de textes d’archives sur l’antirépression réunit en un pdf de 45 pages : ▻http://www.getaway.eu.org/IMG/pdf/liasse_8_se_defendre_web.pdf
extrait du quatrième de couverture de la liasse :
On peut constater que très tôt dans les formes organisées du mouvement communiste (comme en témoigne par exemple la Lettre à Stassova et aux camarades emprisonnés de Moscou, de 1905, dite « lettre sur la défense » de Lénine) une pensée tactique s’empare des questions de la défense et s’énonce comme telle. Nous faisons l’hypothèse que c’est autour de la défense des combattants de la guerre d’Algérie que quelque chose du même ordre se réactive et se réinvente. Des pratiques s’expérimentent alors, qui visent à comprendre et à mettre en crise la répression dans sa phase judiciaire, en lien avec la constitution générale d’un rapport de force. Cette fois-ci, ce sont les avocats qui sont principalement à la manoeuvre.
À l’aube des années 70, cet héritage est retravaillé et réinvesti dans un champs social plus large, en même temps que s’élaborent des outils pour penser les dispositifs de discipline et de contrôle du point de vue de leurs usagers. Se mettent en place une réflexion autour du rapport à la justice et à la police et des pratiques offensives refusant l’assignation à la place habituelle du justiciable. Dans des groupes comme Défense Active à partir de 69 ou Défense Collective à partir de 72, dans des revues comme Actes à partir de 74, des avocats, des juristes, mais aussi des « usagers » des tribunaux, militants ou non, mettent en commun leurs savoirs et leurs expériences pour s’organiser dans une perspective subversive, au-delà de la défense militante, parfois même au-delà de ce qui se joue au tribunal, sur les questions liées aux droits sociaux (travail, santé...). De ce bouillonnement naîtront aussi les boutiques de droits, le courant de la défense libre, le CAPJ, gagnant par exemple le droit de consultation du dossier judiciaire (préalable nécessaire à l’éventualité de se défendre sans avocat) ou soutenant activement le refus du travail.
S’il ne reste pas rien de cela aujourd’hui (des guides sont écrits et diffusés plus ou moins largement, des « caisses de solidarité » ou des « legal team » existent ici ou là), la période est cependant beaucoup moins féconde et le rapport de force s’est beaucoup affaibli en notre défaveur. La confusion est parfois telle qu’il devient difficile de dire si le même fil court toujours.