Yassin Salhi « était une bombe à retardement »

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  • Attentat en Isère : Yassin Salhi « était une bombe à retardement »
    Propos recueillis par Thibault Raisse, avec St.S. | 28 Juin 2015
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/attentat-en-isere-yassin-salhi-etait-une-bombe-a-retardement-28-06-2015-4

    (...) Comment se comportait-il ?
    Les premières séances ont confirmé mon sentiment d’avoir à faire à quelqu’un de particulier. Lors des combats en face à face, il se laissait taper sans réagir, sans même protéger son visage. Et puis au bout de quelques minutes, il explosait de colère et frappait dans tous les sens avec une rage inouïe. Il était dangereux, pour lui-même et pour les autres. Il ne se battait pas : il faisait la guerre. Je lui disais : « Mais qu’est-ce que tu fais ? Calme-toi, protège-toi, monte ta garde ! » Alors il redescendait en température, en me disant simplement « oui, oui ». Mais à chaque fois, ça recommençait. Rapidement, les autres membres du groupe n’ont plus voulu se battre contre lui.

    Comment avez-vous réagi ?
    Je me suis dit qu’il fallait que je m’intéresse à lui de plus près. Lorsqu’il explosait de rage, son regard se transformait physiquement et dégageait une colère intense que je n’avais jamais vue. Le reste du temps, il était enfermé dans son monde et dégageait une douceur incroyable. Il avait une sorte de double personnalité. On a commencé à parler en marge des cours. Sa conversation était centrée sur l’islam. C’était à l’évidence sa grande passion. Mais ses paroles ne débordaient jamais : il ne parlait que d’amour, de paix, de foi. Je l’écoutais avec respect. J’ai compris qu’il avait des failles et que cette religion lui avait donné des repères. Au bout de quelque temps, il m’a raconté qu’il était parti pendant six mois en Syrie, dans les années 2010-2011. Je lui ai demandé ce qu’il était parti faire là-bas. Il m’a répondu : « J’étais dans une école coranique. Le reste du temps je visitais. » Je me suis dit qu’un tel voyage avait forcément entraîné sa mise sous surveillance par la police. Moi, je suis simplement resté dans mon rôle, sans juger, avec l’espoir d’arriver à canaliser cette haine dont je ne connaissais pas l’origine.