Dans la tête d’Alexis Tsipras

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  • Dans la tête d’Alexis Tsipras
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/06/29/dans-la-tete-de-tsipras_4663514_3214.html

    Le ton n’est ni menaçant ni véhément. Calme, posé, solennel. Cette nuit-là, Alexis Tsipras, l’homme qui donne de l’urticaire à une partie des dirigeants européens depuis six mois, crée en toute conscience un nouvel électrochoc, au risque d’éloigner un peu plus son pays de l’euro et de l’Europe. Il est environ une heure du matin à Athènes, ce samedi 27 juin, quand le premier ministre du parti de la gauche radicale Syriza annonce, vêtu d’un costume sombre et sans cravate, que les conditions imposées par les créanciers du pays pour éviter la banqueroute seront soumises à référendum.

    La démocratie contre la « troïka ». Un dernier geste de défi à l’encontre de cet attelage formé par la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne, accusé d’avoir mis la Grèce à terre en exigeant des mesures d’austérité déraisonnables. Un ultimatum. Qui entraîne des Grecs hagards dans les rues à la recherche de distributeurs pour vider leurs comptes en banque et sauver leurs économies.

    Un peu plus tôt, Alexis Tsipras a réuni son gouvernement pour le prévenir. « Cela s’est passé dans une ambiance très joyeuse, explique Georges Katrougalos, le ministre de la fonction publique et de la réforme de l’Etat. Nous étions unanimes pour considérer que les créanciers se moquaient de nous. Nous devions reprendre le contrôle de la situation. » La famille composite de Syriza était soulagée de retrouver sa cohésion après des semaines de tensions. De nombreux cadres et militants redoutaient qu’Alexis Tsipras ne fasse trop de concessions à Bruxelles.

    Car pendant des heures, des jours, des semaines, le jeune premier ministre a cru qu’il parviendrait à ses fins, à la recherche d’un compromis. Naïf peut-être, novice sans doute. Un « bon garçon » tombé sur des « monstres de la politique, dont il sous-estimait la puissance », selon l’eurodéputé Stelios Kouloglou (Syriza). « Un Che Guevara non repenti », soupire une source proche de la Commission. L’un de ses fils ne s’appelle-t-il pas Orphée-Ernesto ?