• Laurent Fabius, homme de fer contre l’Iran - Le Point - De notre envoyé spécial à Vienne, Armin Arefi -
    Publié le 01/07/2015
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    " Pourtant, dans le secret du huis clos, les négociateurs iraniens évoquent un homme autrement plus flexible, agréable et à l’écoute, loin du ministre aux déclarations tonitruantes. « Le sentiment est qu’il s’agit d’une posture médiatique », confie une source proche des négociations.

    « Mauvais rôle »
    De la même manière, l’ancien ambassadeur François Nicoullaud estime que la politique française n’est pas déterminée par des intérêts extérieurs. « En revanche, précise-t-il, nous pourrons nous targuer auprès des Israéliens et des Saoudiens d’avoir pleinement oeuvré à la conclusion d’un accord robuste. »

    D’ores et déjà, les deux alliés lui en savent gré. En novembre dernier, le ministre israélien du Renseignement, Yuval Steinitz, a loué dans une interview au Point.fr « le rôle très important » et « le courage » de Laurent Fabius, seul chef de la diplomatie à avoir « pris au sérieux » les inquiétudes d’Israël quant à la signature d’un accord faible avec l’Iran. Mais c’est surtout avec l’Arabie saoudite que la fermeté française a payé : le ministre saoudien de la Défense, Mohammed ben Salman, était à Paris la semaine dernière pour officialiser la signature de 12 milliards de dollars de contrats. En marge de la cérémonie, un responsable saoudien a alors confié à l’Agence France-Presse : « Maintenant, les Français sont proches des Saoudiens sur à peu près toutes les questions relatives au Moyen-Orient. »

    « S’opposer, c’est aussi pour lui une façon d’exister dans ces négociations », souligne François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran, qui rappelle le rôle extrêmement discret, par exemple, des chefs de la diplomatie allemande ou britannique. « Une négociation est un jeu de rôle, et dans celle-ci, la France a joué le bad cop (mauvais rôle, NDLR). Mais, même si elle n’est pas satisfaite, je ne pense pas qu’elle prendra la responsabilité historique de bloquer un accord. »

    À Paris, on se défend de vouloir faire échouer les négociations. « Nous voulons un accord suffisamment robuste, avec un système de vérifications crédible, pour évacuer tout problème de confiance avec l’Iran », souligne une source diplomatique ayant requis l’anonymat. « Ces négociations avec l’Iran ne sont crédibles qui si nous trouvons un accord sérieux. Dans le cas contraire, les autres puissances considéreront que le traité de non-prolifération nucléaire est obsolète et se lanceront à leur tour dans des activités de prolifération, poursuit le diplomate. C’est le maintien de la paix et de la sécurité internationale qui se joue aujourd’hui. »