• Marie BUSCATTO, sociologue de l’art et du travail - entretien consacré aux conditions de féminisation du travail artistique

    https://www.youtube.com/watch?v=KiPivjAkrLs&feature=youtu.be

    Ce qui m’a semblé le plus interessant dans ce que dit Marie Buscatto c’est le fait que les gens aiment que les artistes soient précaires. Or quant les femmes sont précaires dans la culture patriarcale, elles doivent utiliser leur corps sur le plan sexuel, que ca soit dans le couple, ou sur le périphérique. Et quant les femmes sont précaires, elles ont souvent des enfants ou/et parents à charge, doubles journées...

    Je pense que l’adoration que les masses portent à Van Gogh est vraiment connecté à ce lien entre création et sacrifice. Barbara Heinrich parle de lui comme d’un saint martyre laïque, un ascète de l’art. Je pense que le sacrifice ou martyre des femmes n’est pas vraiment reconnu car il est vu comme naturel, allant de soi et il est "gratuit". C’est vu comme normal que les femmes se sacrifient pour la carrière de leur conjoint, pour les enfants de leur conjoints, pour la collectivité via le bénévolat... C’est dans la nature des femmes de se sacrifié, leur sacrifice n’a pas de valeur. Par contre un homme qui se sacrifie, c’est reconnu, car ce n’est pas dans la nature des hommes de se sacrifié, alors que c’est une exigeance qu’on attend des femmes, allant jusqu’à les traité d’égoïstes quant elles ne font pas leur devoir de faire des enfants. Souvent les deux sont opposés, les hommes crée l’art, les femmes la vie (on m’a expliqué ca très jeune, du fait de mon sexe je ne pourrais jamais crée de l’art). Les hommes se "sacrifient" pour l’art et les femmes se sacrifient pour que les hommes aient une descendance à qui faire croire que les hommes se sacrifient pour l’art.

    Il y a par dessus ce principe l’idée que si tu as du plaisir dans ta pratique tu ne mérite pas de rémunération. Il y a aussi pour les femmes tout le travail invisible lié au devoir, charge ménagère, charge mentale, charge sociale, charge émotionnelle, charge parentale, charge contraceptive, charge sexuelle... qui n’est pas reconnu comme du travail. Les femmes sont sensé aimer leurs enfants, conjoints, foyers... et faire leurs devoirs dans la joie et l’amour qui font office de rémunération.

    L’amour implique le sacrifice et la souffrance, surtout des dominé·es. On trouve cette idée dans la bible, Abraham doit tuer son fils pour prouver son amour à un père qui exige de la souffrance pour son petit plaisir narcissique de dominant.

    #amour #sacrifice #martyre
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    Autre aspect important dans ce que dit Marie Buscatto, le réseautage. Avec le contexte actuel de la #ligue_du_Lol et des #boys_clubs on voie assez concrètement comment ca se passe. Les hommes sont comme la classe possédante décrite pas Monique Pinçon-Charlot. Les hommes ont une forte conscience et solidarité de classe (la plus part sont masculinistes sans le reconnaitre ouvertement #fraternité ) et ils agissent en coordination pour nuire aux femmes (équivalent des pauvres pour la classe possédante). Par exemple dans les profession et milieux très masculinisées il y a une pratique de la misogynie active (injures sexistes, harcèlement moral et sexuel, Violences physiques et sexuelles, paternalisme, culture porno, bière, foot...) qui ne trouve pas d’équivalence dans les milieux très féminisés ou les hommes sont bien accueillis (éducation, santé, danse... ), obtiennent les meilleurs postes et trouvent le moyen de se plaindre sans cesse du milieu féminin. Les milieux comme l’armée, la police, le btp, la restauration... sont extrêmement hostile aux femmes. Les hommes bénéficient en plus de la complicité de nombreuses femmes, surtout des rares qu’ils tolèrent dans leur milieux privilégiés, comme la classe possédante décrite par Monique Pinçon-Charlot bénéficie de l’adhésion des masses qui votent pour les intérêts des riches.

    Les femmes qui réussissent le mieux dans l’art sont d’un milieu favorable, souvent filles d’artistes, compagnes d’artistes, grandes bourgeoises, ayant fait de hautes études. Le niveau des femmes doit être supérieur en tout à celui des hommes pour obtenir un peu de reconnaissance.

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    Le rapport à la colère, ca me semble aussi un des éléments clé qui n’a pas été évoqué par Marie Buscatto. Je ne sais plus dans quel émission france cul écouté hier il y avait une digression sur #Dante. Dante disait au sujet de la divine Comédie, que l’art est toujours vengeance. C’était en lien avec le fait que Dante avait été chassé d’une ville et son texte met les habitant·es de cette ville au cœur de son enfer. La divine comédie était donc inspiré par un sentiment de haine et une implacable vengeance. On retrouve la même chose avec Sade qui a surtout écrit en prison pour se venger de ses ennemis.

    Je dirait pas que l’art est toujours vengeance comme Dante, mais je reconnais que c’est aussi plutot un moteur de l’art que j’apprécie.

    Par rapport aux femmes, dans la culture patriarcale, ca renvoie aux Érinyes qui sont :
    Mégère (Μέγαιρα / Mégaira, « la Haine »)
    Tisiphone (Τισιφόνη / Tisiphónê, « la Vengeance »)
    Alecto (Ἀληκτώ / Alêktố, « l’Implacable »).

    Autant dire que les femmes n’ont pas le droit de se venger, pas le droit à la haine et pas le droit à l’implacabilité. Dans la perspective de l’art vu par Dante, elles ne peuvent qu’être d’affreuses mégères furieuses et hystériques, ce qui n’est pas un compliment. La colère et la haine sont réprimés chez les femmes et valorisés chez les hommes.

    Parfois des gentes me "complimentent" en me disant que je dessine comme un homme ou que mon dessin n’est pas féminin. Je croie que c’est en lien à cette idée d’expression de la colère, comme mon travail est plutot motivé par le sentiment de révolte, les gentes trouvent que c’est viril ou masculin et me félicitent pour ça.

    #mégèrisme
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    Sur le talent. Marie Buscatto dit que c’est une prérequis, nécessaire et qu’il y a bien des gentes talentueuses mais peu d’élues. Les facteurs sont nombreux pas seulement de genre. La surreprésentation des hommes blancs de la classe dirigeante parmi les artistes qui ont accès à une rémunération de leur travail en est témoin.

    Comme mon travail est très démonstratif en temps de travail et savoir faire, les gentes me complimentent souvent sur mon "talent". Et me disent que je serais obligatoirement reconnue ... un jour. C’est gentil de me dire cela, et j’y travaille, mais à mes yeux c’est l’expression de la croyance dans le mérite. Et c’est une méconnaissance des mécanismes de la société et des milieux artistiques. Il y a bien sur des personnes qui font exception, qui sont parvenues à la reconnaissance (sachant quant même que "Notre besoin de reconnaissance est impossible à rassasier", j’essaye de faire exception) dans un contexte défavorable, mais comme le dit le début de ma longue phrase ; elles font exception, alors que je parle ici de changer la règle.

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    Par rapport au temps de travail et au savoir faire, j’ai écouté aussi ce matin un entretiens avec Christine Delphy, sur l’expo Elles qui avait eu lieu à Beaubourg.
    https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/ccBLAM/r8EK9Mn
    Elle disait que le temps de travail est une chose que les gens peuvent convoité à travers l’art. Elle donne l’exemple d’un touriste qui vente son achat d’un souvenir qui est "beau" parce qu’il y a beaucoup de temps de travail dans le façonnage de la pièce.
    Et là je me dit que le temps de travail des femmes n’a pas non plus la valeur de celui des hommes. Les techniques les plus emblématiques sont dans le textile, broderie, crochet, tricot, dentellerie... et ce travail n’est pas rémunéré convenablement surtout lorsqu’il est effectué par des femmes, et il y a ce truc circulaire car ces travaux sont dévalorisées car catégorisés comme féminins.

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    Il y aussi la notion de savoir faire, perçu comme de l’application scolaire, laborieuse quant c’est un travail de femmes et perçu comme génial si c’est masculin. J’ai pas vu qu’on dise que Bosch ou Van Eyck sont laborieux et scolaires du fait que leur travail soit minutieux.
    Ce truc du génie me rappel une phrase de Titiou Lecoq entendu dans un conférence, elle disait qu’en tant que mère d’un petit garçon elle se mettais une pression folle en imaginant son fils devenir un génie si elle bosse bien en tant que mère, ou un psychopathe si elle faillit dans son devoir d’éducatrice.
    Je me suis dit mais si elle avait une fille de quoi elle aurais peur en tant que mère ? Je n’imagine pas que les mères projettent l’avenir de leur filles comme des potentielles génies qui deviendront des psychopathes si la mère à été en faillite éducatrice.
    Je parle de la projection des mères, mais c’est toute la société qui n’imagine pas le génie au féminin. Le génie étant une tare pour les femmes car ça les dénature , leur nature étant toute entière dans leur matrice.
    Tout ca semble bien verrouiller.

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    #femmes #invisibilisation #féminisme #arts

    cc @mona

  • LittéraTube au Centre Pompidou
    http://liminaire.fr/liminaire/article/litteratube-au-centre-pompidou

    Le Festival Extra ! consacré aux littératures hors du #Livre, se tient au Centre Georges Pompidou du 5 au 9 septembre 2018. Un corpus nouveau est en train d’apparaître sur Internet, constitué de capsules #Vidéo, qui entrecroisent divers systèmes sémiotiques et médiatiques, pour donner naissance à de nouvelles formes d’expression littéraire. La page Facebook du groupe Vidéo-écriture le revendique avec fermeté : « La littérature s’écrit aussi en vidéo sur des chaînes YouTube ». « Par LittéraTube, écrit (...)

    #Liminaire / #Écriture, #Lecture, Livre, #Poésie, Vidéo, #Sons, #Paris, #Musée, #Regard, #Quotidien

    « https://www.centrepompidou.fr/cpv/agenda/event.action?param.id=FR_R-23c6f5925db172ea292279931568c1cf&param.idS »
    « https://www.centrepompidou.fr »
    « https://www.facebook.com/videoecriture »
    « http://www.fabula.org/atelier.php?LitteraTube »
    « https://www.centrepompidou.fr/cpv/agenda/event.action?param.id=FR_R-276bed596ed5332ddf2fbdb365c7b0&param.idSou »

  • Chagall, Lissitzky, Malévitch
    L’avant-garde russe à Vitebsk (1918-1922)
    Centre Pompidou
    https://www.centrepompidou.fr/cpv/agenda/event.action?param.id=FR_R-a017ced1-a6b3-4706-ad98-3daeb9dac878&param

    L’exposition que consacre le #Centre_Pompidou à l’avant-garde russe, de 1918 à 1922, prend pour cœur l’œuvre de trois de ses figures emblématiques : Marc Chagall, El Lissitzky, Kasimir Malévitch. Elle présente aussi les travaux d’enseignants et d’étudiants de l’école de Vitebsk, créée en 1918 par Chagall : Vera Ermolaeva, Nicolaï Souietine, Ilia Tchachnik, ou encore Lazar Khidekel et David Yakerson.
    À travers un ensemble inédit de deux cent cinquante œuvres et documents, cette manifestation éclaire pour la première fois les années post-révolutionnaires où, loin des métropoles russes, l’histoire de l’art s’écrit à Vitebsk.

    #expo #peinture #avant-garde_russe

  • #Photographisme. #Klein, #Ifert, #Zamecznik

    « Ce qui rapproche le design graphique, la scénographie, la photographie et le cinéma, est cet intérêt que nous portons à toute création liée au développement de la technologie et à celui d’un langage artistique contemporain » écrivait en 1961 Wojciech Zamecznik.
    Le dialogue entre photographie et arts graphiques, amorcé au début du 20e siècle, est particulièrement fécond pendant les deux décennies qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945-1969). L’exposition présente sur ce thème une centaine de photographies et de documents inédits, issus de la collection du Centre Pompidou et de collections privées et publiques internationales. Souvent méconnues, ces œuvres éclairent un pan important de l’histoire des relations entre photographie et arts graphiques dans les années d’après-guerre. Si plusieurs graphistes s’essaient alors à la pratique du photomontage, d’autres affectionnent plutôt l’abstraction formelle permise par la photographie. Leurs photogrammes et dessins lumineux, obtenus grâce à d’innovantes expérimentations, sont appliqués à la publicité, à des affiches d’événements culturels, à des couvertures d’ouvrages ou de pochettes de disques. Les acteurs de cette nouvelle sensibilité plastique, actifs aux États-Unis et en Europe, sont pour beaucoup d’entre eux formés ou inspirés par les préceptes du Bauhaus allemand. Cette école, fondatrice de l’alliance entre beaux-arts et arts appliqués, avait pensé le créateur comme un agent social au service de l’expression dynamique du contemporain. Les ouvrages des personnalités associées à cette avant-garde s’imposent comme des sources d’influence fondamentales pour ces graphistes-photographes d’après-guerre : Laszlo Moholy-Nagy (Peinture, Photographie, Film, 1925, Vision in Motion, 1947) ou György Kepes (Language of Vision, 1944, The New Landscape in Art and Science, 1956).

    Dans cette lignée, des innovateurs aussi divers que Gérard Ifert (Bâle, 1929), William Klein (New York, 1928) ou Wojciech Zamecznik (Varsovie, 1923-1967) inventent, dans les années 1950 et 1960, de nouvelles formes d’expressions « photo-graphiques ». Ces trois personnalités, actives dans des domaines d’application distincts, opèrent néanmoins dans des contextes culturels assez proches, marqués non seulement par l’héritage du Bauhaus, mais également par celui de l’art concret et par les développements contemporains de l’abstraction gestuelle ou du cinétisme. Au moyen de captations photographiques des vibrations lumineuses, d’effets rythmés de montage et de jeux de couleurs, toutes trois s’attachent à retranscrire les sensations dynamiques caractéristiques de l’environnement industriel, telles la vitesse, l’expérience de la foule ou l’ultra-mobilité.


    https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cjEXjoM/rBrgdkk
    #photographie #graphisme #exposition
    cc @philippe_de_jonckheere @reka

  • L’évènement Mona Hatoum - Centre Pompidou
    https://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-4334c786ae3f7f3f32d1832feebfd9&param.i


    Van Gogh’s Back 1995 de Mona Hatoum

    (...) Christine van Assche Vous avez passé vingt-trois ans au Liban où vous êtes née, et vous vivez depuis quarante ans entre la Grande-Bretagne et Berlin. Comment vous situez-vous entre ces différentes cultures, entre le Moyen-Orient et l’Occident, ou plutôt comment situez-vous votre travail ?
    Mona Hatoum - Je ne crois pas qu’il faille penser à mon travail en ces termes. Je trouve dommage que les gens approchent mon travail dans l’idée de le connecter à mes origines. Cela limite leur lecture et élude les subtilités formelles et l’expérience complète que peuvent offrir mes œuvres. Mon travail utilise la géométrie, l’abstraction et le langage formel de l’art. Les grandes installations que j’ai créées depuis le début des années 1990 font référence à l’architecture, aux structures du pouvoir et du contrôle que j’ai observées en Occident. Mes racines sont au Moyen-Orient. Toute ma scolarité s’est déroulée à Beyrouth, ville cosmopolite où j’ai étudié dans une école française avant de terminer mes études dans une école italienne, pour ensuite rejoindre une université américaine. Bien avant de quitter le Liban, j’étais donc déjà exposée à des influences très diverses et éclectiques. C’est une situation typique de la condition postcoloniale dans les régions arabes et nord-africaines, où la conjonction de multiples influences culturelles nourrit la psyché de sa complexité, de sa richesse. J’ai désormais passé les deux tiers de ma vie en Angleterre, et, depuis plus récemment, je partage mon temps entre Londres et Berlin. J’ai donc vécu une expérience culturelle hybride, une existence plurielle, et je pense que cela se reflète clairement dans la diversité formelle et les approches multiples qui se font jour dans mon travail.

    CVA - Qu’entendez-vous par la référence aux « structures du pouvoir occidentales » ?
    MH - La surveillance permanente exercée sur la société est une des premières choses qui m’a frappée lorsque je suis arrivée en Angleterre. À la fin des années 1970, mon engagement auprès de groupes féministes m’a conduite à examiner les relations de pouvoir qui existaient, d’abord à travers le prisme du fossé entre les genres, puis à travers celui des relations entre les races. J’ai également observé que l’institution bureaucratique dont je faisais partie à l’époque (University College London) était un microcosme de pouvoirs coloniaux. Cette observation m’a poussée à analyser la relation entre l’Occident et le tiers-monde. À l’époque, je lisais Foucault et Bataille et me suis intéressée de près aux concepts de Panopticon et de surveillance, ainsi qu’à d’autres mécanismes de contrôle étatique.


    #Palestine