• Retour sur les arrestations, les conditions de vie et de travail des camps, mais aussi sur la place du Goulag dans l’économie soviétique #histoire #travail #goulag

    https://sms.hypotheses.org/25252

    Goulag, mode d’emploi

    « L’archipel du Goulag » d’Alexandre Soljenitsyne et les « Récits de la Kolyma » de Chalamov ont contribué à faire connaître l’un des systèmes répressifs les plus meurtriers du XXe siècle. De 1920 à 1950, le Goulag, ou Direction Centrale des Camps, compta 20 millions de prisonniers, 6 millions de déportés, 4 millions de morts. Quand Joseph Staline proclamait que « la vie était devenue meilleure », un système concentrationnaire d’environ 400 camps voyait le jour sur le territoire soviétique. Hors norme, à la fois gigantesque et sans égal, il y emprisonna un soviétique sur six.

    Ces prisonniers – les zeks – étaient contraints de travailler jusqu’à l’épuisement dans le froid et le dénuement le plus total. Ils étaient condamnés à l’isolement, la peur et la faim au ventre. Au nom d’une volonté de développement économique, l’humiliation était permanente et leur existence en a longtemps été occultée à l’Est, et niée à l’Ouest.

    À travers différents exemples, Nicolas Werth rappelle les grands chantiers que furent le Canal Mer Blanche-Mer Baltique, la Voie morte. Il évoque les camps des îles Solovki, la Kolyma, Vorkouta et esquisse rapidement les portraits des bourreaux du Goulag que furent Dzerjinski, Iagoda, Iejov, Béria. Il rend hommage aux grands témoins persécutés tels que Soljenitsyne, Chalamov, Guinzbourg, Margolin, Rossi, Buber-Neumann et il n’oublie pas cependant toutes les victimes anonymes (...)

  • Adolescence et YouTube : comment les adolescentes se mettent-elles en scène et affirment leurs identités sur Internet ? #ados #internet #identités #genre

    https://sms.hypotheses.org/25339

    Mettre en scène l’identité de genre des adolescentes sur Youtube

    ’adolescence correspond au moment où les futurs adultes commencent à développer une identité propre, à affirmer leur genre. Dans notre société du numérique, cette affirmation identitaire se manifeste également au travers de vidéos mises en ligne sur YouTube. Les adolescentes s’y mettent en scène face à la caméra et s’adressent à un public de pairs féminins afin de créer le sentiment d’appartenance à un genre commun.

    Pour les étudier, la sociologue Claire Balleys s’est immergée dans le monde de ces vidéastes, cherchant à comprendre les formes de féminité mises en scène par les adolescentes. Ce faisant, elle tend à identifier les discours et gestes utilisées dans leurs vidéos, face à un public d’abonnés chargés indirectement de valider leur identité féminine. Elle a pour cela sélectionné et analysé 80 vidéos d’adolescentes, notamment les vidéos de type « je suis bizarre » et « Anti Boyfriend TAG ». Il s’agit de deux formats classiques sur YouTube et dans lesquels les vidéastes répondent à une liste de questions concernant les attentes dans le domaine amoureux.

    En analysant l’ensemble de ces vidéos, la chercheure montre que les adolescentes vidéastes répondent à de nombreux enjeux sociaux, liés au formatage, à la performance et aux exigences de la féminité. À travers la mise en scène de leur intimité, elles réussissent notamment à mobiliser autour d’elles un collectif féminin. Mais la sociologue montre également qu’en utilisant la dramatisation et en affirmant qu’elles se conforment malgré elles à des stéréotypes de genre (...)

  • Sur et sous les rencontres en ligne. Analyse des multiples usages sociaux des sites de rencontres en ligne #numérique #Internet #rencontres #sexe

    https://sms.hypotheses.org/25214

    Petite topographie des sites de rencontres

    Match, Meetic, Okcupid, GrindR, Tinder, Happn, Bumble… Vous connaissez au moins l’un de ces sites ou application mobile. Objets d’un stigmate social au moment de leur création, les sites de rencontres se sont depuis démocratisés. Le succès est tel que ce marché a vu émerger de nombreux sites spécialisés, dont certains ont été déclinés en applis mobiles. Les rencontres en ligne sont ainsi devenues des rencontres à part. Elles bousculent les pratiques et les représentations, notamment par la privatisation de la rencontre : « spécifiquement et très explicitement consacrés à l’appariement de partenaires, les nouveaux services (…) font de la rencontre une pratique distincte, c’est-à-dire spatialement et temporellement circonscrite et dotée d’une finalité explicite ».

    Dans un récent travail de recherche, Marie Bergström a mené une enquête se plaçant à la fois du côté des concepteurs des sites (recensement des sites, analyse quantitative et qualitative des plateformes de rencontres, étude de la communication et de la publicité des entreprises) et des utilisateurs (analyse des annonces et des comportements de contacts, entretiens biographiques avec des inscrit(e)s). Elle a notamment constaté que les transformations démographiques sont à l’origine de nouvelles normes qui déterminent les usages des sites de rencontres. Retour sur les usages sociaux d’une pratique inédite (...)

  • Bernard Maris, une personnalité marquante et atypique, mais aussi un économiste dont la production se caractérisait par une pensée critique et des propositions fortes #Bernard_Maris #économie #pensée_critique #humanisme

    https://sms.hypotheses.org/22140

    Né à Toulouse en 1946, Bernard Maris a été l’un des protagonistes de la vie intellectuelle française de la fin du XXe et du début du XXIe siècle. Économiste reconnu, universitaire, écrivain, essayiste, journaliste, il a été assassiné à Paris le 7 janvier 2015 lors de l’attentat contre le magazine satirique Charlie Hebdo, dont il était un des rédacteurs et actionnaires. Retour sur une personnalité marquante et atypique de la pensée contemporaine, pourfendeur inlassable des impostures de l’économie dominante (mainstream).

    Bien que sa notoriété internationale ait été compromise par l’inaccessibilité de ses écrits aux non-francophones, Bernard Maris ne reste pas moins l’un des intellectuels les plus originaux de la France contemporaine. Acteur et penseur de son temps, il s’est attaché, sans relâche, à participer à l’indispensable examen des idées, des institutions, des pratiques et des discours.

    Sa production protéiforme se caractérise par le déploiement systématique d’un esprit critique fin, toujours accompagné de propositions fortes. Elle nous laisse en héritage une critique puissante du postulat de neutralité axiologique de l’économiste : la soi-disant « science dure » que l’économie standard dominante prétend être n’était, pour lui, qu’un discours rhétorique masquant des rapports de pouvoir bien réels (...)

  • Derrière les Brigades internationales, l’engagement d’hommes et de femmes #film #histoire #Espagne

    https://sms.hypotheses.org/23918

    _ Guerre d’Espagne : des Brigades internationales au Secours
    populaire_

    Le coup d’Etat du Général Franco (1936) contre le gouvernement de Front populaire espagnol provoque une guerre civile dans laquelle les protagonistes ne sont pas seulement espagnols. D’un côté, les forces franquistes ont le soutien actif de l’Allemagne nazie et de l’Italie mussolinienne. De l’autre, les Républicains peuvent compter sur la mobilisation d’anti-fascistes européens, nord-américains (…) car leur combat symbolise la lutte contre la montée du fascisme et du nazisme en Europe. C’est dans ce contexte que, dès le début du conflit, naissent les Brigades internationales… et se construisent leurs mythes.

    Le documentaire Guerre d’Espagne, retour sur l’histoire, des Brigades internationales au Secours populaire sur le processus complexe de leur création ainsi que sur la solidarité d’hommes et de femmes volontaires, engagés militairement sur le territoire espagnol. Il montre également l’importance des activités de solidarité dans plusieurs organisations de gauche à l’intérieur des frontières de la France.

    Ces organisations (Union des jeunes filles de France, Secours rouge…) étaient, pour nombre d’entre-elles, des satellites du Parti Communiste Français. Ainsi, Corentin Lahu est interrogé sur le rôle du Secours Rouge, devenu Secours populaire en 1936. Il livre de nombreux exemples permettant de comprendre les contours d’un engagement qui s’est parfois terminé tragiquement lors de livraisons en Espagne de vivres récoltés en France (mort de la militante marseillaise Agnès Dumay, par exemple, lors d’un bombardement à Madrid) (...)

  • Réussir ses études à l’Université tout en gérant tant bien que mal des situations de précarité est désormais le pari de nombreux étudiant.e.s… Article en collaboration avec le Cereq #éducation #université #précarité

    https://sms.hypotheses.org/11667

    Quand études et autonomie riment avec vulnérabilité

    Réussir ses études est un des principaux défis auxquels sont confrontés les étudiants. Les réussir tout en gérant des situations de précarité plus ou moins importantes, dans un parcours de marche progressive vers l’autonomie, en est un autre dont on parle beaucoup moins alors qu’elles affectent désormais un nombre important de jeunes.

    En voie d’autonomisation, les jeunes étudiants sont prédisposés « naturellement » à la vulnérabilité avec ses formes multiples. Certains sont affectés sur le court terme, d’autres sur le long terme. La précarité se révèle notamment par un renoncement aux soins et/ou aux sorties, un report des repas, etc. avec des conséquences prévisibles sur les parcours de formation. Parfois la vulnérabilité est telle qu’elle conduit à l’expérience de la sans-domiciliation.

    Mais s’ils se heurtent à des situations qui les fragilisent et les rendent vulnérables, les étudiants ne restent jamais véritablement passifs et ils sollicitent régulièrement les ressources associatives, familiales et celles de l’emploi. Ils essaient d’établir de manière plus ou moins construite des stratégies combinant coûts, avantages, risques. À cela s’ajoutent des éléments plus personnels dans la transition vers l’âge adulte, la volonté de partir du foyer parental, la mise en couple ou la parentalité (...)

  • Dans l’économie mondialisée, le droit permet de domicilier les activités et les revenus dans le pays où le système juridique et fiscal est le plus favorable #économie #droit #impôts #paradisfiscaux

    https://sms.hypotheses.org/25010

    Le Droit privé, incubateur d’inégalités **

    Dans l’économie mondialisée qui s’est imposée depuis quelques décennies, les capitalistes ont le choix de domicilier librement leurs revenus ou leurs activités dans les pays où le système juridique leur convient le mieux. Générant une véritable « course au moins-disant » fiscale et réglementaire, ce système est à la source du creusement spectaculaire des inégalités. Mais cette situation est-elle vraiment inévitable ?

    Cette question a été posée à Katharina Pistor, Professeure de Droit comparé à la Columbia Law School de New York et auteure du livre Le code du capital : comment le droit crée richesse et inégalités, en cours de traduction aux Éditions du Seuil. Spécialiste du droit international des affaires, elle analyse dans deux vidéos (en anglais et sous-titrées en français) l’économie mondialisée à travers ses fondements juridiques, leur évolution au cours du temps, ainsi que leurs étonnantes fragilités.

    Dans la première vidéo, Katharina Pistor explore les fondations juridiques du capitalisme global : on découvre alors comment les produits financiers hautement sophistiqués qui caractérisent les marchés contemporains reposent sur des institutions juridiques centenaires, et comment une véritable « privatisation du droit » s’est produite depuis quelques décennies.

    Dans la seconde, elle déchiffre les conséquences sociétales de cette privatisation du droit, et notamment le lien souvent caché entre le système légal et l’insécurisation économique et sociale de la plupart des citoyens, ainsi que les possibles solutions aux failles actuelles (...)

  • La démocratie athénienne est souvent convoquée dans l’espace politico-médiatique pour justifier des réformes ou des projets politiques. Mais les historiens sont prudents… #Athènes #démocratie #citoyenneté #réformes

    https://sms.hypotheses.org/15266

    Être citoyen et citoyenne dans l’Athènes classique

    Régulièrement, la démocratie athénienne classique (Ve-IVe siècle) et ses citoyens sont convoqués dans l’espace médiatique et politique contemporain. Dans le cadre de la « crise démocratique » actuelle, ils servent à justifier une pratique politique nouvelle ou un projet de réforme dont le but serait de parvenir à un régime politique dans lequel le citoyen aurait toute sa place et se sentirait impliqué, « comme à Athènes ».

    Pourtant, les vingt-cinq siècles qui nous séparent des concitoyens de Périclès semblent inviter à davantage de prudence. Ce constat amène à s’interroger sur ce que sont un citoyen et une citoyenne dans l’Antiquité, et ce que leurs pratiques effectives peuvent apporter aux débats contemporains (...)

  • Adolescence et YouTube : Comment les adolescent.e.s se mettent en scène et affirment leurs identités sur Internet ? #internet #identités #genre

    https://sms.hypotheses.org/25339

    Mettre en scène l’identité de genre des adolescentes sur Youtube

    L’adolescence correspond au moment où les futurs adultes commencent à développer une identité propre, à affirmer leur genre. Dans notre société du numérique, cette affirmation identitaire se manifeste également au travers de vidéos mises en ligne sur YouTube. Les adolescentes s’y mettent en scène face à la caméra et s’adressent à un public de pairs féminins afin de créer le sentiment d’appartenance à un genre commun.

    Pour les étudier, la sociologue Claire Balleys s’est immergée dans le monde de ces vidéastes, cherchant à comprendre les formes de féminité mises en scène par les adolescentes. Ce faisant, elle tend à identifier les discours et gestes utilisées dans leurs vidéos, face à un public d’abonnés chargés indirectement de valider leur identité féminine. Elle a pour cela sélectionné et analysé 80 vidéos d’adolescentes, notamment les vidéos de type « je suis bizarre » et « Anti Boyfriend TAG ». Il s’agit de deux formats classiques sur YouTube et dans lesquels les vidéastes répondent à une liste de questions concernant les attentes dans le domaine amoureux (...)

  • Comment organiser les musées pour répondre aux attentes de publics toujours plus divers et nombreux ? Quelques éléments de réponse pour penser le service au public à partir du British Museum et du Louvre #musées #public #culture

    https://sms.hypotheses.org/25360

    Quel service public pour les institutions muséales ?
    Comment organiser les musées pour répondre aux attentes de publics toujours plus nombreux ? En France et en Grande-Bretagne, les réponses apportées à cette question ont évolué dans le temps et reflètent une vision différente du service public et du travail qui y est associé. Comparer le Louvre et le British Museum permet alors de détailler les engagements, l’organisation et les évolutions des politiques publiques muséales.

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’introduction du public dans l’administration muséale relève des politiques culturelles, alors que dans d’autres administrations, comme celle des PTT, l’usager ou le client est introduit pour des raisons managériales afin d’accroitre la productivité. La logique gestionnaire, notamment celle des ressources humaines et la connaissance de ce qu’est un corps de fonctionnaire, est réduite au musée. Entre 1946 et 1981, en France et en Grande-Bretagne, deux hommes donnent une impulsion décisive au développement des musées. Tous deux entendent répondre aux besoins de nouveaux publics par une action de l’État : l’économiste hétérodoxe et haut fonctionnaire John Maynard Keynes et l’écrivain et homme politique gaulliste André Malraux. Se met en place progressivement une politique volontariste de démocratisation culturelle et d’élargissement des publics des musées. Paradoxalement, dans les deux pays, l’augmentation du nombre des visiteurs n’incite l’État ni à revoir le volume et la répartition de ses emplois, ni à transformer l’organisation du travail au musée (...)

  • Comment expliquer les inégalités face à l’enseignement scolaire ? Ou en est la reproduction sociale ? Comment prendre en compte les injustices entre les élèves ? #école #enseignement #chances #inégalités

    https://sms.hypotheses.org/8358

    Changements sociaux et question scolaire

    Les travaux pionniers conduits par Emile Durkheim sur l’éducation et le rôle socialisateur et intégrateur de l’école ont ouvert des pistes stimulantes. Elles permettent de comprendre les rapports complexes entre transformations sociales et mutations des systèmes d’enseignement. Pourtant, la sociologie semble avoir abandonné cette ligne, offrant souvent un point de vue restrictif sur l’école et ne l’inscrivant que partiellement dans son contexte socio-historique et politique.

    Ancrer l’école dans le cadre des évolutions que connaît la France contemporaine, tel est l’un des objectifs visés par notre dernier ouvrage. Ce faisant, et tout en mobilisant des données issues de recherches de terrain, ce sont également les modèles théoriques dominants, en l’occurrence les thèses de la reproduction, qui sont revisités. Nous n’abandonnons ni le projet d’une école plus juste, ni le fait que la sociologie doit aussi œuvrer à circonscrire les défis que le système éducatif doit relever (...)

  • Retour sur les arrestations, les conditions de vie et de travail des camps, mais aussi sur la place du Goulag dans l’économie soviétique : #histoire #politique #économie #travail #goulag

    https://sms.hypotheses.org/25252

    Goulag, mode d’emploi

    « L’archipel du Goulag » d’Alexandre Soljenitsyne et les « Récits de la Kolyma » de Chalamov ont contribué à faire connaître l’un des systèmes répressifs les plus meurtriers du XXe siècle. De 1920 à 1950, le Goulag, ou Direction Centrale des Camps, compta 20 millions de prisonniers, 6 millions de déportés, 4 millions de morts. Quand Joseph Staline proclamait que « la vie était devenue meilleure », un système concentrationnaire d’environ 400 camps voyait le jour sur le territoire soviétique. Hors norme, à la fois gigantesque et sans égal, il y emprisonna un soviétique sur six.

    Ces prisonniers – les zeks – étaient contraints de travailler jusqu’à l’épuisement dans le froid et le dénuement le plus total. Ils étaient condamnés à l’isolement, la peur et la faim au ventre. Au nom d’une volonté de développement économique, l’humiliation était permanente et leur existence en a longtemps été occultée à l’Est, et niée à l’Ouest.

    À travers différents exemples, Nicolas Werth rappelle les grands chantiers que furent le Canal Mer Blanche-Mer Baltique, la Voie morte. Il évoque les camps des îles Solovki, la Kolyma, Vorkouta et esquisse rapidement les portraits des bourreaux du Goulag que furent Dzerjinski, Iagoda, Iejov, Béria. Il rend hommage aux grands témoins persécutés tels que Soljenitsyne, Chalamov, Guinzbourg, Margolin, Rossi, Buber-Neumann et il n’oublie pas cependant toutes les victimes anonymes (...)