Grèce : un déni démocratique. Les institutions européennes ont montré leur vrai visage

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    Dans cette crise grecque, les institutions européennes ont montré leur vrai visage, un fonctionnement hégémonique honteux mélangé à un déni démocratique.

    Pour reprendre la célèbre expression, « nous accusons » :

    1. La banque centrale européenne (BCE), acteur primordial de cette crise, d’avoir été le maître d’œuvre d’un coup d’État en passe de réussir. Depuis le mois de février, elle a placé l’économie grecque sous la menace d’une rupture des liquidités. La fameuse procédure dite de l’ELA (emergency liquidity access) a été une sorte d’épée de Damoclès qui a pesé non seulement sur l’activité grecque mais sur la marge de manœuvre du gouvernement lui-même. L’activité ne pouvait qu’en pâtir.

    Disons-le, les banques grecques ne sont pas insolvables, leur problème ce sont les liquidités. La BCE a favorisé le « bank run », encourageait la sortie de capitaux et a été prête à faire courir un risque systémique à l’ensemble de la zone euro pour faire capituler Tsipras. Si les banques grecques ont fermé, ce n’est par décision d’Alexis Tsipras, mais par décision de la BCE qui n’a pas voulu augmenter les plafonds d’urgence aux banques pour empêcher la bonne tenue du référendum et rendre le « non » impossible. L’euro est devenu une monnaie étrangère pour la Grèce et la BCE a procédé à un véritable Grexit sauvage de la Grèce en la mettant au ban de sa politique monétaire.

    2. L’Allemagne et sa tentative hégémonique de soumettre un continent au service de ses seuls intérêts, avec la collaboration de nos élites, et de détourner à son profit les principales institutions européennes, notamment la BCE.

    3. Une partie de la gauche française et son principal représentant, le président de la République, d’avoir laissé tomber la Grèce et de n’avoir fait qu’emboîter les désirs de l’Allemagne. Au début du mandat, le Parti socialiste avait la chance historique de réorienter la construction européenne et de faire entendre raison à l’Allemagne. Le gouvernement français, après de vaines foucades, a espéré au contraire la victoire de l’Allemagne et a sacrifié la Grèce (et d’autres pays). Pour faire bonne mesure, le gouvernement français donnait dans le même temps vie à la loi Macron, loi bruxelloise pour obtenir un délai sur les déficits publics. La concordance des temps est troublante.

    4. Les institutions européennes de déni démocratique en rejetant avec tant de violence la volonté clairement exprimée du peuple grec de refuser l’austérité. En malmenant et en humiliant la Grèce pendant cinq ans, l’Union européenne a révélé au monde sa véritable nature : une oligarchie libérale qui a choisi le capitalisme au détriment de la démocratie. En refusant toutes demandes de la Grèce, les institutions européennes ont anéanti les rêves d’un euro progressiste, d’un rétablissement des droits sociaux des travailleurs ou encore d’une politique de relance.

    Les institutions européennes nous l’ont montré : le sort des Grecs importe peu et l’Europe des peuples est loin de l’Europe de la Commission. Souvenons-nous de la scandaleuse intervention du président du Parlement européen qui préfère la technocratie aux hommes et femmes issus de l’élection. En étouffant Syriza, les institutions européennes donnent une leçon à Podemos et aux autres futurs mouvements citoyens.

    Nous le savons tous : si l’austérité reprend ses droits en Grèce, les jours des Grecs seront sombres et la boîte de pandore s’ouvrira. En s’acharnant sur la Grèce, l’Union européenne a montré plus que jamais sa rigidité dogmatique froide et son refus du débat démocratique.

    via @cie813