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  • L’Europe face à l’hégémonie allemande, par Perry Anderson (décembre 2012)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/12/ANDERSON/48468

    « On peut s’attendre à ce que la puissance allemande s’exerce sous des formes plus brutales, non par le haut commandement ou la Banque centrale, mais par le biais du marché », écrivions-nous avant l’irruption de la crise (12). L’Allemagne, qui, plus que tout autre Etat, a été la responsable majeure de la crise de l’euro par sa politique de répression salariale à l’intérieur et de capital à bon marché à l’extérieur, a aussi été le principal architecte des tentatives pour faire payer la facture par les faibles. En ce sens, l’heure d’une nouvelle hégémonie européenne est arrivée. Avec elle est apparu, ponctuellement, le premier manifeste effronté d’une suzeraineté de l’Allemagne sur l’Union.

    Dans un article publié dans Merkur, la plus importante revue d’opinion de la République fédérale, le juriste de Constance Christoph Schönberger explique que la sorte d’hégémonie que l’Allemagne est destinée à exercer en Europe n’a rien à voir avec le déplorable « slogan d’un discours anti-impérialiste à la Gramsci ». Elle doit être comprise au sens constitutionnel rassurant donné par le juriste Heinrich Triepel, à savoir la fonction de guide dévolue à l’Etat le plus puissant au sein d’un système fédéral, à l’instar de la Prusse dans l’Allemagne des XIXe-XXe siècles.

    L’Union européenne correspond précisément à ce modèle : un consortium essentiellement intergouvernemental réuni dans un Conseil européen dont les délibérations sont nécessairement « insonorisées » et dont seule la science-fiction pourrait imaginer qu’il devînt un jour « la fleur bleue de la démocratie, pure de tout résidu institutionnel terrestre » (13). [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/4495 via Le Monde diplomatique