• DISCUTER POUR AVANCER ENSEMBLE


    Edito d’@anarchosyndicalisme ! n°144 Avril - Mai 2015
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article745

    Ce numéro d’Anarchosyndicalisme ! est largement consacré à des débats de fond. Le débat est, de notre point de vue, une nécessité permanente et encore plus dans le contexte actuel. Ce contexte, justement, outre le grignotage du pays par des politiciens fascistoïdes qui s’accélère année après année, outre la difficulté de mener des luttes sociales sur le terrain, est fait du refus de tout débat de fond au niveau de la société (quand, par exemple, avons-nous été consultés sur le nucléaire ?).

    A notre surprise, ce refus a gagné les milieux libertaires. Au lieu de débats francs, loyaux et même vigoureux –nos propres écrits ayant souvent une certaine vigueur, parfois même quelque verdeur, nous ne saurions la refuser aux autres - on assiste à des bombardements d’anathèmes et d’injures, à des catégorisations immédiates en général sur la base de logiques binaires. On nous rejoue les « bons contre les méchants » de notre enfance, comme s’il n’y avait que deux points de vue possibles, et qu’on doive se reconnaître impérativement dans l’un ou l’autre. Ainsi, on ne pourrait être que « machiste » ou « féministe », « végétarien » ou « carnivore », « négateur de toute révolution dans le monde arabe » ou « partisan d’une intervention de l’OTAN », « pro-Hamas » ou « islamophobe », « régionaliste » ou « jacobin »… La lecture des quelques forums libertaires sur internet est éloquente. Pire encore, nous avons vu apparaître ces derniers mois, dans certains squats, dans des milieux proches des zadistes, bref, dans des mouvements que l’on souhaiterait pour le moins progressistes, des « groupes non-mixtes » (réservés aux femmes), des groupes « non-blancs » (c’est-à-dire interdits aux personnes de « race » blanche - le pire étant que ceux qui s’y enferment n’en voient pas le caractère racial, voire raciste). A l’extrême, on tombe dans la pensée unique : pour certains, il n’y aurait qu’une et une seule façon de s’organiser....

    Pourtant, les réponses à apporter aux questions qui se posent sont bien plus diverses. Celui qui écrit ces lignes, par exemple, est ovo-lactovégétarien, c’est-à-dire ni « carnivore » ni « végétarien », il possède un assez joli répertoire de chansons languedociennes tout en rejetant l’« occitanisme » et le « jacobinisme ». On pourrait multiplier les variantes à l’infini.

    Que l’on soit un individu ou une organisation, il est légitime de prendre des positions, de les défendre. Ce qui est ridicule et nocif, c’est de clore le débat avant qu’il ne commence ! C’est se refuser (et refuser aux autres) la possibilité de modifier son point de vue et donc d’avancer dans la réflexion et dans la pratique.

    Alors qu’aujourd’hui, dans nos milieux, certains remettent en cause la liberté d’expression et la liberté de pensée de l’individu dans le groupe, diffusent des stéréotypes, lancent des imprécations, accumulent les non-dits et les manoeuvres souterraines, bloquent toute discussion sur les stratégies possibles ; nous affirmons au contraire que seule la libre discussion, l’échange d’idées pourra soit acter, sur des arguments solides, des différences qui auront leur raison d’être, soit, nous l’espérons, améliorer l’inter-compréhension, conduire à des regroupements sur des positions claires, faire émerger collectivement de nouvelles positions.

    C’est donc un appel au débat, sur toutes les questions du jour, que nous lançons avec ce numéro. Lecteurs, militants divers et variés, n’hésitez pas à y participer.

    Télécharger gratuitement @anarchosyndicalisme ! n°144
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/A_144.pdf