« Pour faire durer une grève, il faut avoir des idées »

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  • « Pour faire durer une grève, il faut avoir des idées »

    Au mois de mars, les facteurs d’Échirolles ont fait un mois de grève illimitée pour protester contre leur « délocalisation ». Leur direction projette de remplacer leur bureau par un ensemble immobilier et de séparer les facteurs en les envoyant dans les bureaux d’Eybens ou de Lionel Terray (à Grenoble). Ils ont fini par reprendre le travail début avril, sans obtenir pleinement satisfaction. Si le projet immobilier est maintenu, les facteurs iront finalement tous travailler à Lionel Terray, détail très important. Le bureau d’Echirolles a en effet la réputation d’être un des bureaux les plus combatifs de l’Isère, notamment parce que les facteurs y sont soudés. Il ont fait plusieurs fois des grèves dures pour contester la tornade de « réorganisations » et la course à la rentabilité qui se sont abattues sur les facteurs ces dernières années (voir Le Postillon n° 8). À La Poste comme ailleurs, des grèves d’un mois, c’est un peu devenu un phénomène en voie de disparition. Même si elles ne sont pas (toujours) victorieuses, elles permettent de faire vivre une certaine combativité dans le marasme et fatalisme ambiant. Alors on est allé discuter avec François, un facteur échirollois militant au syndicat Sud, pour voir comment ils s’y prennent.

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    http://www.lepostillon.org/Pour-faire-durer-une-greve-il-faut.html

    Extraits :

    "De plus en plus de bureaux ne sont pas tenus syndicalement, et donc il ne s’y passe rien. Le problème c’est que les militants syndicaux sont de plus en plus des permanents. Ce processus de bureaucratisation n’est pas forcément voulu : avec les multiples réorganisations, les dossiers sont de plus en plus complexes, il y a un gros travail juridique à mener, donc ça implique des gens à temps plein. Ceci arrange bien La Poste qui veut des syndicalistes spécialisés et qui fait la guerre contre les militants de bureau. Ces syndicalistes à temps plein peuvent par ailleurs faire du bon boulot, mais c’est pas la même chose que d’être sur le terrain. Les bureaux où il n’y a que des délégués qui viennent de temps en temps mais pas de militants de bureau, il y a moins de conflit. Échirolles, ça a toujours été un bureau où il y a eu des bagarres syndicales. Ici, il y a une tradition de lutte."

    "Le plus important dans les luttes, c’est d’avoir des idées. Il n’y a rien de pire que de ne pas donner de perspectives.
    Une grève « passive », où il n’y a pas d’actions et où tout le monde reste chez soi, ne dure jamais longtemps.
    Donc il faut poser des perspectives. On a eu l’idée du loto parce qu’on voulait faire un événement « populaire » qui ne soit pas un concert, qui risquait de ne ramener que des jeunes ou des militants. Il y a plein de vieux qui nous soutiennent, donc on voulait les faire participer. L’organisation du loto a duré quinze jours. Pendant ce temps, plus aucun facteur ne se posait la question de reprendre le boulot ou pas. Finalement il y a eu cent soixante-dix personnes qui sont venues. Et avant le loto, on avait déjà la perspective de faire une manifestation, le 21 mars, où il y a eu trois cents personnes. Après la manifestation, on a fait monter la pression autour de l’expertise CHSCT, et c’est finalement un élément supplémentaire qui les a fait reculer, et qui nous a permis de rester ensemble, ce qui est important pour nous.
    L’idée c’est que plus tu mets des trucs dans la balance, plus ça peut marcher. Il faut ouvrir un maximum de fronts. Le problème de beaucoup de directions syndicales, c’est qu’ils ne réfléchissent pas au coup d’après."

    #Laposte #grève #syndicalisme