Les nouveaux philosophes, Gilles Deleuze
►http://www.generation-online.org/p/fpdeleuze9.htm
Deleuze on the nouveaux philosophes
►http://www.generation-online.org/p/fpdeleuze9.htm
Ce texte de Gilles Deleuze a été publié comme Supplément au n°24, mai 1977, de la revue bimestrielle Minuit, et distribué gratuitement. Text circulated on the mailing list multitudes-infos@samizdat.fr
– Que penses-tu des « nouveaux philosophes » ?
Rien. Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D’abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide et courageux, je vous dis..., moi, en tant que soldat du Christ..., moi, de la génération perdue..., nous, en tant que nous avons fait mai 68..., en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants... »). Avec ces deux procédés, ils cassent le travail. Car ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens
travaillent pour éviter ces dangers-là. On essaie de former des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. Et on essaie de dégager des fonctions créatrices qui ne passeraient plus par la fonction-auteur (en musique, en peinture, en audio-visuel, en cinéma, même en philosophie). Ce retour massif à un auteur ou à un sujet vide très vaniteux, et à des concepts sommaires stéréotypés, représente une force de réaction fâcheuse. C’est conforme à la réforme Haby : un sérieux allègement du « programme » de la philosophie.
Excellentissime :-)
« BHL recalé au bac de philosophie pour avoir réécrit Machiavel »
▻http://www.acrimed.org/article4730.html
Le botulisme — le recours aux références imaginaires — est une maladie chronique dont souffre Bernard-Henri Lévy. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, elle l’a de nouveau frappé, cette fois sur Twitter, avec cette déclaration, sans flagornerie aucune, à l’attention de Manuel Valls :
Entre une « brosse à reluire » et un philosophe, aucune confusion n’est possible, bien qu’on puisse se risquer à les comparer : le cirage est à la brosse à reluire ce que la référence est au philosophe. Parvenu ici au sommet de la déférente rebellitude, BHL a donc puisé dans son stock de citations approximatives… et découvert que pour Machiavel la loyauté serait « la vertu la plus rare – celle des princes », et celle de Manuel Valls… qui se serait sans doute passé de ce compliment perfide.
En effet, de lointains souvenirs de lycée nous ont laissé penser que, selon Machiavel, la loyauté peut passer pour une vertu, mais que la véritable vertu consiste à ne pas en faire un usage inconsidéré. Et, vérification faite, nous ne nous trompions pas.
Shameless autopromo : « Machiavel contre le machiavélisme », O. P., Le Monde diplomatique, novembre 2013 - ►http://www.monde-diplomatique.fr/2013/11/PIRONET/49798
Je découve ce sens de #botulisme. Excellent.
▻https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Botul
Deleuze sur les « nouveaux philosophes », 1977
►http://www.generation-online.org/p/fpdeleuze9.htm
- Que penses-tu des « nouveaux philosophes » ?
Rien. Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D’abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide et courageux, je vous dis..., moi, en tant que soldat du Christ..., moi, de la génération perdue..., nous, en tant que nous avons fait mai 68..., en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants... »). Avec ces deux procédés, ils cassent le travail. Car ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens
travaillent pour éviter ces dangers-là. On essaie de former des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. Et on essaie de dégager des fonctions créatrices qui ne passeraient plus par la fonction-auteur (en musique, en peinture, en audio-visuel, en cinéma, même en philosophie). Ce retour massif à un auteur ou à un sujet vide très vaniteux, et à des concepts sommaires stéréotypés, représente une force de réaction fâcheuse. (...)
Mais les nouveaux philosophes, c’est vraiment l’infection qui s’efforce d’empêcher tout ça. Rien de vivant ne passe par eux, mais ils auront accompli leur fonction s’ils tiennent assez la scène pour mortifier quelque chose.
Et pour finir en beauté, le dossier du « Diplo » sur le non-penseur de Saint-Germain-des-Prés : « L’imposture Bernard-Henri Lévy » - ►http://www.monde-diplomatique.fr/dossier/BHL