• « Ce qui compte, pour le MondeDeLaCulture, c’est la pose. Hors de quoi tout l’indiffère. Le fascisme lui est essentiellement une occasion : de faire la preuve de son élévation », par Sandra Lucbert
    https://www.revue-ballast.fr/second-tour-mondedelaculture-et-lutte-des-classes

    Second tour et bis repetita : l’éborgneur libéral face à la néofasciste « républicaine ». Inutile de revenir sur le bilan politique du président sortant : la colère le dispute au dégoût. Inutile de rappeler à quoi ressemblerait le régime de la candidate du RN : la chose est documentée en plus d’un endroit du monde. L’écrivaine Sandra Lucbert — autrice, notamment, de Personne ne sort les fusils — s’adresse ici au « MondeDeLaCulture » : autrement dit, à ceux et celles qui, de tribunes en interventions médiatiques, s’érigent actuellement en « grandes consciences » sans s’être émus, jamais, de l’écrasement sauvage des gilets jaunes, des tentes lacérées des migrants, de l’adoption de lois répressives ou des assauts contre les conquis sociaux.

    1. Il y a des gens de bonne volonté qui ont décidé de se faire violence — voter Macron, c’est une violence.

    2. Un choix à soutenir — avec endurance ; un choix qui veut de la résolution. Esquiver l’homme lui-même, détourner la tête quand il lui prend de se dénuder le poitrail, ne pas s’attarder quand, les yeux roulants, affolé de présences invisibles, il jacte : « Je suis lucide ! Il n’y a pas de front républicain ! »

    3. Cette difficulté seule a de quoi éreinter ; mais en face c’est Le Pen, alors on s’astreint. S’il faut cantonner le forcené hors la vue pour pouvoir le choisir (quelle épreuve !), on s’y efforcera. Cette discipline requiert, on y est tout entier : plus de réserve pour des surcroîts exaspérants. Cependant il en vient. Le MondeDeLaCulture, auquel on ne pensait plus, lui, ne s’oubliait pas : voici deux tribunes. L’une dans Libération, l’autre dans Le Monde — voici les Grandes Consciences.

    4. Dans Libération, démarrage en côte : « le monde réalisé d’Emmanuel Macron […] nous savons pouvoir y vivre dans le respect des valeurs fondamentales qui sont les nôtres : la liberté, la tolérance, l’hospitalité, la diversité ». Faute d’avoir vécu le même quinquennat que nous, le MondeDeLaCulture en a manifestement adopté le principe directeur : la reconstruction délirante de la réalité. « La liberté » = la loi Sécurité globale, « la tolérance » = les manifestations à mains coupées et yeux crevés, « l’hospitalité » = les tentes lacérées, « la diversité » = la loi Séparatisme.

    5. La suite confirme l’hypothèse du délire d’inversion. Avec Macron, le MondeDeLaCulture sait pouvoir compter sur un « monde vivant, imparfait, ouvert, qui porte en lui la différence comme principe actif ».

    6. Le renversement halluciné, mais aussi : la grandiosité — une solennité mal emmanchée ; une emphase discordante. La tribune du Monde : une succession d’outrances qui dévaluent tout ce qu’elles prétendent exalter. Le MondeDeLaCulture, haussé sur les pointes, contorsionné en gravité, ose : « Sans illusions, sans hésitation et sans trembler, nous voterons Emmanuel Macron ». L’isoloir, ce maquis.

    7. Entre délire et grandiosité, on ne sait plus bien, à force, comment prendre de tels décalages. « Sans trembler ». Faut-il rire ? S’emporter ? D’abord on reste suspendu — ce que fait un trop grand écart avec les coordonnées du réel collectif.

    8. À lire la tribune de Libération, malgré tout, on bascule assez vite — et plutôt carrément : de l’hilarité à la fureur. La phraséologie à prétentions croit magnifier : elle ridiculise ; et ici, performance : va jusqu’à déréaliser le fascisme. Le Pen : « Un monde clos, mortifère, subjugué par le fantasme identitaire et le régime du même. » « Le régime du même » : dans quel espace mental déserté peut-on trouver adéquat de qualifier ainsi la réalité fasciste ? Sans aller trop loin, le MondeDeLaCulture aurait pu copier-coller au moins une ligne du programme du RN. Qui lui aurait permis de dire au moins une chose concrète. Le retrait de leurs droits civiques aux étrangers, par exemple — dans la vraie vie, ça ne fait pas le même effet que « le régime du même ». Mais non : le MondeDeLaCulture n’est qu’à son grand guignol. Ce qui compte, pour lui, c’est la pose — le simili (dit Bourdieu). Hors de quoi, tout l’indiffère. Le fascisme lui est essentiellement une occasion : de faire la preuve de son élévation.

    9. Dans Le Monde : signataires différents, boursouflure identique. Cinq énoncés scandés par une anaphore en « Rien » doivent édifier les lecteurs, les porter aux vrais enjeux. « Rien ne relie Marine Le Pen à la France de Villon, de Beaumarchais, de Voltaire, de Hugo ou de Camus. » Et puis : « Rien […] n’indique qu’elle a conscience de l’urgence climatique et environnementale ». Et encore : « Rien, dans ses habitudes et ses choix de vie, ne la rapproche des plus modestes autrement que par le cynisme de paroles politiciennes ». Des noms d’auteurs jetés au hasard de poncifs (LaGrandeurDeLaLittérature) ; une préoccupation marquée pour les parterres de leurs résidences secondaires ; un mot navré pour les pauvres, ces rustres qui ne comprennent jamais qu’ils sont manipulés. Soyons pourtant contents, les maquisards d’isoloir étaient bien partis pour : « Rien ne nous protégera plus, avec Le Pen, des assauts de la vulgarité » (le fond de leur pensée).

    10. La Bruyère voudrait dire quelque chose au MondeDeLaCulture : « Une chose vous manque […], à vous et à vos semblables les diseurs de phébus ; vous ne vous en défiez point, et je vais vous jeter dans l’étonnement : une chose vous manque, c’est l’esprit. Ce n’est pas tout : il y a en vous une chose de trop, qui est l’opinion d’en avoir plus que les autres ; voilà la source de votre pompeux galimatias, de vos phrases embrouillées, et de vos grands mots qui ne signifient rien. »

    11. Manquer de la plus minimale intelligence de la situation, s’en croire pourtant supérieurement pourvus, s’autoriser de son néant pour catéchiser : c’est là le délire d’un groupe particulier. Tout jeu social s’apparente à un délire. Les mœurs des différents groupes empruntent des chemins d’évidence qui semblent aux autres parfaitement saugrenus. Ce qu’explique LUI à MOI dans Le Neveu de Rameau : dans l’ordre social, il y a des idiotismes, des manières de faire qui fléchissent la grammaire collective selon telle ou telle direction.


    12. Les diseurs de « Riens » livrent ici leur idiotisme. Celui d’une classe : la bourgeoisie. Celui d’un de ses sous-secteurs : la bourgeoisie culturelle. J’appelle respectivement ces idiotismes : PFLB, PourFaireLeBourgeois ; et PFLB(c) : PourFaireLeBourgeois(culturel). Soient : les règlements comportementaux qui garantissent des gratifications dans ces mondes-là.

    13. Dans ces tribunes, pas un mot qui concerne les réalités matérielles des gens : pas plus celles du capitalisme autoritaire que celles du fascisme. C’est que la classe bourgeoise, elle, est délivrée des inquiétudes de subsistance — elle se consacre aux Grandes Questions. Son racisme social fait le reste : jamais le PFLB(c) ne s’occupe de politique — il faudrait se soucier d’autre chose que de lui, il veut faire la leçon à tout ce qui n’est pas lui. Et quand par extraordinaire un sujet politique le saisit, c’est un malentendu : il n’y voyait qu’un marche-pied. Ainsi le dernier tiers de la tribune du Monde est consacré à « l’honneur » de la France-des-Droits-de‑l’Homme-et-des-Lumières. Trêve de « Rien » ; nouvelle anaphore : « Nous ne pouvons imaginer ». Et que ne peut imaginer le PFLB(c), quand il cherche à se figurer Le Pen au pouvoir ? « Nous ne pouvons imaginer le sentiment du peuple ukrainien envahi, bombardé et massacré, lorsqu’il découvrira que nous avons élu une complice du chef du Kremlin à la tête de notre pays. »

    14. PourFaireLeBourgeois(culturel), on vibre à l’international. L’éloignement facilite l’indignation : le Sublime s’atteint mieux à parler pour les autres. Chez soi c’est délicat : on a des intérêts, on veut les conserver — nullement savoir ce qu’il en coûte. On ne souhaite pas se figurer la misère qui monte ; on vit dans 120 m2. Les gilets jaunes ? — je cite ici un intervenant qui s’exprimait sur France Culture : « le samedi j’allumais ma télé en mode pop-corn pour regarder des heurts sur les Champs-Élysées. » Les voilà, les Belles Âmes.

    15. Une amie m’a raconté récemment qu’un directeur de théâtre l’avait longuement entretenue de son sentiment vif d’être « au-dessus » des autres. Et des lourdes responsabilités qu’il pensait par là lui incomber — fardeau de la Vigie démocratique. Cette innocence ravie que donne l’infatuation. Le PFLB(c) n’a qu’une passion : partager les prérogatives des puissants. À sa manière ornementale : gardien des Valeurs, il les rappelle au cadran moral. Il participe en imagination à la sphère du pouvoir ; c’est-à-dire qu’il la singe. Il fait siens tous ses énoncés et surtout : adopte sa manière de poser les problèmes. En pleine campagne présidentielle, on n’a parlé que de l’Ukraine ; par conséquent pour repousser Marine Le Pen, le PFLB(c) parlera surtout de l’Ukraine — et de Villon, qu’il ne connaît pas davantage.

    16. Au vrai, le MondeDeLaCulture fait le guet, mais pas celui qu’il dit. Il scrute les signes que lui adresse — ou non — le Pouvoir. Il voudrait l’assurance de sa place. Aussi le MondeDeLaCulture se défie-t-il de Le Pen : « Rien ne nous rassure sur l’idéologie qui l’anime encore derrière le discours policé ». Le MondeDeLaCulture, auquel les médias tiennent lieu de pensée, a entendu dire que Le Pen n’était plus si hostile aux Grandes Postures — cependant il aimerait savoir si c’est pour de bon : si elle lui garantirait, elle aussi, sa fonction décorative. Et il lui semble que : peut-être pas. La voilà, la menace fasciste, pour le MondeDeLaCulture.

    17. Une des manières de soutenir le vote pour le Horla néolibéral, c’est d’y voir un moment dans le temps long d’une stratégie. C’est au champ culturel — dont je suis — que je m’adresse ici. Bien sûr, il y a les élections législatives, mais plus fondamentalement, il y a : participer à modifier les rapports de pouvoir là où l’on est, sur le terrain de la persévérance matérielle. Que le MondeDeLaCulture soit si obstiné à n’en parler jamais devrait suffisamment nous indiquer que c’est là exactement ce qu’il faut investir. Ces tribunes obscènes pourraient avoir un mérite. Faire sentir l’urgence de s’organiser contre ce qui donne pouvoir à ces gens.

    18. Qui sont les signataires ? Des barons engraissés : CDI de chefferie ou cachets astronomiques du cinéma et du show business. Une fraction du champ, donc ; mais qui en dit la vérité d’ensemble. Les barons la portent simultanément à son comble et à son grotesque. Ce faisant : ils nous permettent de l’apercevoir — ils sont notre symptôme. Le champ culturel est livré au capitalisme parce que le champ culturel en général s’estime « au-dessus ». Le champ culturel se croit exceptionnel — on comprend qu’il n’ait aucune intelligence des forces sociales qui le déterminent. Et qu’il soit la chose du néolibéralisme. À tant vouloir eux aussi FaireLesBourgeois(culturels), les agents ordinaires du champ ont perdu jusqu’au ressort d’apercevoir leur propre situation matérielle, même quand elle est désastreuse. Car, barons engraissés mis à part, on est plutôt pauvre dans le secteur culturel. Pauvres mais « exceptionnels »… Le tiers état de la Culture, ça s’achète avec de la verroterie imaginaire.

    19. Préférer voir du Créateur et du Génie là où il y a du travail, des statuts, des rapports d’exploitation, c’est se condamner à finir en PFLB(c), à ventriloquer les dominants — c’est œuvrer soi-même à faciliter sa précarisation au bénéfice des captateurs. L’exceptionnalité est une croyance superlativement individualiste. Par elle, le champ culturel s’ajuste spontanément aux directions néolibérales : les régurgite et les subit — même quand il croit les combattre.

    20. Les singularités exceptionnelles et l’isoloir, ça va très bien ensemble. Réduire la vie politique au vote et dénier les conditions matérielles de la culture le reste du temps : longue vie au capitalisme financiarisé. Si donc les non-barons du champ culturel cherchaient une idée pour voir au-delà du second tour, ce pourrait être celle-ci : entreprendre de s’occuper eux-mêmes de leurs affaires politiques. À commencer par leurs affaires matérielles ; ce combat qui oppose les producteurs et les captateurs — comme partout ailleurs.

    21. Car nous avons nos captateurs : ils ne profitent pas seulement de notre activité, ils s’expriment aussi en notre nom. En notre nom, ils célèbrent Macron, qui se propose de transformer le RSA en travail gratuit. Dans la logique actuelle de la production artistique, 48 % des artistes graphiques et plastiques gagnent moins de 5 000 euros par an. Il y a peu de places de profs : comme revenu d’appoint, il ne reste que le RSA. Du reste, on voit mal pourquoi Macron tolérerait encore longtemps le statut d’intermittent. L’intermittence, c’est comme la Sécu : ça démange les néolibéraux, puisque ça libère les travailleurs du chantage à l’emploi.

    22. Il y a tribune et tribune. Il y a MondeDeLaCulture et monde de la culture. Pour se débarrasser du premier, regarder comment ça marche vraiment dans le second, et s’organiser en conséquence. Comment ça marche vraiment : comme tout espace de travail. Ce qu’ont fait, ce que font, par exemple, Art en grève et le collectif La Buse — encore tout récemment dans un autre genre de tribune —, c’est de rappeler d’abord qu’ils et elles sont des travailleurs et des travailleuses comme les autres. L’antidote au MondeDeLaCulture, c’est de sortir de l’isolement ; de participer à la lutte des classes.

    23. Art en grève, c’était en 2019, pendant le mouvement contre la réforme des retraites. Des artistes qui ont congédié les singularités exceptionnelles pour rejoindre le plan général des luttes. La Buse a continué depuis : à examiner les conditions de travail des artistes-auteurs pour ce qu’elles sont, et non pour ce qu’on voudrait qu’elles fussent. Et à partir de là, proposer des moyens de repenser le statut, et la notion de travail elle-même.

    24. Dans sa tribune de 2022, La Buse explore les voies d’une refonte institutionnelle inspirée du salaire attaché à la personne de Friot. On est loin des postures de Grandes Consciences ; on n’a jamais été si près du vrai combat. Combattre demande de savoir en vue de quoi. Si nous repartons pour cinq ans de Macron à partir du 24 avril, c’est par là : déterminer les conditions de possibilité d’un art qui ne soit plus aux ordres.

    25. Lendemain du 24 : pas seulement la fin du vote de cauchemar — commencement de la fin du MondeDeLaCulture.

    • « Sans illusions sur un deuxième quinquennat Macron, Michel Zecler, Doria Chouviat, Assa Traoré, Jérôme Rodrigues, Antoine Boudinet et Amal Bentounsi n’iront pas tous voter pour lui. Mais ils s’opposent résolument à Marine Le Pen. »

      Au terme d’un quinquennat marqué par de vifs débats sur le maintien de l’ordre, en particulier pendant le mouvement des « gilets jaunes », le contrôle défaillant des abus policiers et le racisme qui s’exprime parfois au sein de l’institution, ces enjeux sont totalement absents de la campagne électorale. Comme une prolongation du déni qui a régné pendant cinq ans, la candidate et le candidat du second tour n’ont jamais abordé la question de la déontologie des forces de l’ordre, préférant se disputer leurs faveurs.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/220422/la-veille-de-l-election-le-cas-de-conscience-des-victimes-de-violences-pol

      Michel Zecler : « J’ai un gros lot d’amertume, des séquelles qui ne m’abandonneront jamais et beaucoup de regrets. Je pense malgré tout que si Le Pen passe, elle aura les coudées franches pour bouleverser des équilibres déjà très précaires, C’est pourquoi je ferai barrage au RN »

      Jérôme Rodrigues : « On pourrait penser qu’en tant que mutilé, j’aurais assez de haine pour voter Le Pen, mais ce n’est pas le cas. Je n’irai pas voter non plus pour celui qui m’a crevé un œil. Je vais me déplacer à l’isoloir pour déposer un vote blanc »

      Assa Traoré : « Jamais de mon existence je ne voterai pour Marine Le Pen, mais est-ce que ce sera pire avec elle ? Je voudrais qu’on pose la question à toutes les personnes qui ont perdu un être cher pendant l’ère Macron. »

      Antoine Boudinet : « Je n’arriverai pas à appeler à voter pour Macron. Personnellement, je m’abstiendrai. Mais j’ai beaucoup plus peur de Marine Le Pen que de Macron. Si quelqu’un vote pour Marine Le Pen, il n’a plus le droit de m’appeler “camarade”. »

      https://twitter.com/davidperrotin/status/1517567462103040002?cxt=HHwWhIC-1Z_kvY8qAAAA

  • David Perrotin
    @davidperrotin
    11:14 AM · 16 déc. 2020
    https://twitter.com/davidperrotin/status/1339151914336923648

    A propos de Michel Zecler : Il a subi une opération pour raccrocher son tendon sectionné. Il doit porter une broche à vie et ne retrouvera jamais l’utilisation complète de son bras. Son entourage lance une cagnotte pour payer frais médicaux et judiciaires

    En réponse à
    @davidperrotin
    https://twitter.com/davidperrotin/status/1339152360577372160

    Son incapacité temporaire de travail devrait être réévaluée à 90 jours selon son chirurgien. Michel Zecler sera reçu par le juge le 18 décembre prochain

    https://www.cotizup.com/michel-zecler
    #Michel_Zecler #violences_policières

  • David Perrotin sur Twitter
    9:07 AM · 26 nov. 2020
     : « Michel, un producteur de musique, a été tabassé par trois policiers samedi dernier à Paris. Ils l’ont ensuite accusé à tort d’avoir voulu prendre leurs armes et de rébellion. Mais les policiers ignoraient une chose : tout a été filmé. https://t.co/PTo71fzJzP » / Twitter
    https://twitter.com/davidperrotin/status/1331872160445587460

    Michel, un producteur de musique, a été tabassé par trois policiers samedi dernier à Paris. Ils l’ont ensuite accusé à tort d’avoir voulu prendre leurs armes et de rébellion.

    Mais les policiers ignoraient une chose : tout a été filmé.

    https://video.twimg.com/amplify_video/1331691821399990272/vid/720x720/zb99zSkabAmx6aIB.mp4?tag=13

    Contactée mardi, la préfecture de police de Paris a d’abord dit ne pas trouver d’éléments sur cette intervention de police. Elle a ensuite contacter Loopsider hier pour préciser qu’elle ne ferait aucun commentaire mais que l’IGPN était saisie.
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    Les policiers ont ensuite accusé la victime d’avoir voulu subtiliser leurs armes et de violences.

    Le parquet (après avoir reçu les vidéos) a classé sans suite les poursuites contre la victime. Et a ouvert une enquête contre les 3 policiers pour violences et faux en écriture
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    Michel, la victime principale qui a d’abord eu 6 jours d’ITT a dû être hospitalisé hier soir après avoir fait un malaise.

    La préfecture n’a pas souhaité préciser si les policiers du 17e en cause avaient été suspendus.

    #violences_policières

    • David Perrotin
      @davidperrotin
      11:01 AM · 26 nov. 2020

      https://twitter.com/davidperrotin/status/1331900775203827712
      Précisions : La victime a d’abord fait 48h de garde à vue. L’IGPN a été saisie seulement lorsque les vidéos ont été consultées (grâce à l’avocate). C’est après cela que le parquet a classé les poursuites contre Michel et a en effet ouvert une enquête contre les policiers mardi.

      Gérald DARMANIN
      @GDarmanin
      · 30 min
      [Intervention à Paris 17ème]
      Je me félicite que l’IGPN ait été saisie par la justice dès mardi.
      Je demande au préfet de police de suspendre à titre conservatoire les policiers concernés. Je souhaite que la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les plus brefs délais.

    • #copwatch c’est le fait de savoir qu’ils sont filmés qui fait que les flics arrêtent de tabasser
      « Sans ces images, je serais en prison »

      Et ne trouver aucune trace de l’intervention, c’est toujours et systématique à chaque fois que les policiers vrillent salement, je le sais pour l’avoir vécu, les flics se croient tout permis. Surtout maintenant avec le soutien de nos bons maitres de l’assemblée nationale.

      #les_amis_de_Darmanin
      #racisme
      #impunité

      Attention, la vidéo montre un déchainement de #violences_policières.

    • Ce quinquennat et son casting exceptionnel est un enfer.

      Que le locataire de l’Élysée ne parle plus jamais d’humanisme.

      Il est le président de la violence.

      Dans n’importe quelle grande démocratie, le préfet de police aurait été limogé et le ministre de l’Intérieur aurait proposé sa démission. Une réforme totale de la Police Nationale serait engagée et un débat national ouvert largement à la société civile.
      Au lieu de quoi, on a : #LoiSecuriteGlobale

      L’extrême droite est au pouvoir !

    • Tu as tellement raison @marielle ...

      Dans n’importe quelle grande démocratie, le préfet de police aurait été limogé et le ministre de l’Intérieur aurait proposé sa démission. Une réforme totale de la Police Nationale serait engagée et un débat national ouvert largement à la société civile.

    • Des policiers suspendus et une enquête ouverte après une violente interpellation à Paris

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/26/violences-policieres-a-paris-des-policiers-suspendus-et-une-enquete-de-l-igp

      Des policiers suspendus et une enquête ouverte après une violente interpellation à Paris

      Samedi soir, trois policiers ont été filmés par une caméra de vidéosurveillance en train de s’en prendre violemment à un homme, sans aucun motif apparent.

    • Quatre policiers suspendus

      Mais quelle enfumage, les flics ne sont pas quatre, ils sont nettement plus nombreux à les tabasser dehors quand les jeunes sortent terrorisés du studio.

      #im_monde

    • À l’air libre (33) Violences policières, racisme : « Un puissant déni »
      26 novembre 2020

      Un homme a été tabassé pendant vingt minutes samedi par des policiers dans le 17e arrondissement de Paris. Les images sont insoutenables. La victime s’appelle Michel, il est producteur et il est noir. Il affirme que pendant son passage à tabac, les policiers l’ont traité de sale nègre. Ces images ont été révélées par le média Loopsider et le journaliste David Perrotin, qui est avec nous ce soir.

      ➡️ Nous revenons également sur cette affaire avec Mame-Fatou Niang, professeure associée à l’Université Carnegie Mellon à Pittsburgh, où elle enseigne la littérature française et francophone. Et avec Lilian Thuram, l’ancien joueur de football qui vient de faire paraître La pensée blanche (éditions Philippe Rey).

      ➡️ Dialogue également avec une actrice et réalisatrice engagée, Aïssa Maïga, rencontrée mercredi 25 novembre.

      https://www.youtube.com/watch?v=ZkBSiSbqtwM&feature=emb_logo

    • Video of Police Beating Black Man in Paris Fuels Debate on Filming Officers

      Footage from security cameras and bystanders suggested the officers had lied about the beating, bolstering critics of a new bill that would restrict circulating videos of security forces.
      Video of police officers beating a Black man in Paris caused an outcry in France on Thursday, fueling criticism of a new bill that would place restrictions on sharing footage of security forces as the French authorities grapple with longstanding accusations of police racism and brutality.

      The beating, on Saturday, only came to light because of a graphic video posted Thursday on social media by Loopsider, a French digital news outlet. By Thursday evening, it had been viewed more than 8 million times — days after video of police forcefully clearing migrants from a protest camp in Paris sparked a similar outcry.

      Prosecutors in Paris have opened an investigation into the beating, and the officers involved have been suspended. The police in Paris also said that an internal inquiry had been opened.

      “They sullied the uniform of the Republic,” Gérald Darmanin, the French interior minister, told France 2 television on Thursday evening, adding that if investigations confirmed the officers had acted wrongly — there was “little doubt,” he said — they would be fired.

      The beaten man, #Michel_Zecler, a music producer, told Loopsider that he had been approaching his recording studio on Saturday evening when he spotted a police car on a side-street in the 17th Arrondissement, an upscale residential area of northwestern Paris.

      Fearing a fine because he was not wearing a mask, which is mandatory in France because of the coronavirus pandemic, Mr. Zecler said he quickly entered the studio. Three police officers exited the car and followed him inside.

      Security camera footage obtained by Loopsider shows that a scuffle began when Mr. Zecler resisted the officers as they grabbed him. The officers pummeled him repeatedly over several minutes, using their fists and feet, as well as a police baton. Mr. Zecler said that the officers also had insulted him and used a racial slur against him.

      Alerted by the commotion and Mr. Zecler’s cries for help, a group of young artists who were attending a recording session in the studio’s basement came upstairs, and managed to push the police out the door, just as reinforcements were arriving.

      The police tried to force their way back into the studio, according to videos filmed by neighbors and obtained by Loopsider, before throwing a tear-gas canister through the window, which quickly filled the small enclosed entrance with gas.

      “‘It’s my last day and I don’t know why,’” Mr. Zecler said he was thinking at the time, telling Loopsider that the beating left bruises across his body, a torn tendon and a head wound.

      Several officers pointed firearms toward the entrance. Mr. Zecler came out and was arrested, as were the nine young men from the recording studio, who told Loopsider that they were also held at gunpoint and hit by officers. The nine men were released the same day without charge.

      Mr. Zecler was held for 48 hours, accused of violence against the police and resisting arrest, but the Paris prosecutor’s office dropped the charges after his lawyer brought video of the incident to the police. The prosecutor’s office declined to specify whether the charges had been dropped because of the footage.

      Speaking to reporters in Paris on Thursday, Mr. Zecler said the incident had left him feeling fearful.

      “The people who are supposed to protect me are holding me at gunpoint,” he said, adding that many police officers “did their work well” and that he felt lucky the incident had been caught on video.

      “I would like that it never happen again, for anyone,” he said. “Camera or no camera.”

      Hafida El Ali, Mr. Zecler’s lawyer, told reporters that he was “lucky to have these videos” showing acts of police violence that are “isolated” but “exist.”

      “If we didn’t have that, unfortunately, he would obviously be detained,” Ms. El Ali told reporters in Paris after having filed a formal complaint against the officers. “Because it’s his word against the word of the police officers, and we know perfectly well that it’s the police officers that would win.”

      The beating came amid heated debates over a new security bill pushed by President Emmanuel Macron’s government, which includes a provision that prescribes a penalty of a year in prison and a fine of about $54,000 for anyone who broadcasts “the face or any other identifying element” of police officers in action if the goal is to “physically or mentally harm” them.

      Critics say that language is too open to interpretation and intended to discourage journalists and bystanders armed with smartphone cameras from documenting police brutality, amid growing criticism of aggressive police tactics and resistance from police unions. George Floyd’s death in Minneapolis last summer has also prompted scrutiny of racism within the French police force.

      Opponents of the bill seized upon footage of the beating to argue the bill should be scrapped, even though it was unclear that the provision would have applied in this case. The bill was passed by France’s lower house of Parliament this week and will be examined by the French Senate in January.

      “Without the videos nothing would have come out,” Julien Bayou, the head of Europe Écologie — Les Verts, France’s Green party, said on Twitter. “Videos that you want to ban. To protect police officers who carry out their mission with integrity? Or to guarantee the impunity of this behavior that dishonors the uniform?”

      The French government tried to quell the criticism on Thursday by announcing that it would establish a special commission headed by France’s human rights watchdog to look at ways of rewriting the provision.

      After the incident on Saturday, the officers said in their report that they had been trying to stop Mr. Zecler for failing to wear a mask when, in their telling, he forcefully pushed them into the building, according to Agence France-Presse. The officers also say he hit them several times and tried to grab their weapons, according to the news agency.

      But on the security camera footage, the officers seem to follow Mr. Zecler inside, and he tries to protect his face and body but does not appear violent toward the officers or appear to reach for their weapons.

      The Paris police, citing the investigation, declined to comment.

      Mr. Darmanin argued on France 2 that the “vast majority” of security forces acted professionally, saying that only 9,500 incidents were flagged every year, out of a total of roughly 3 million police operations.

      He also made public a preliminary internal police report on the evacuation of the migrant camp earlier this week, which faulted one officer who had tripped a running migrant for using a “disproportionate use of force.” But the report said more time was needed to review other incidents during the evacuation.

      The outcry over Mr. Zecler’s beating was swift and broad on French social media, even drawing condemnation from French sports stars — who are usually less vocal than their American counterparts on heated social debates — like Rudy Gobert or Kylian Mbappe.

      Valérie Atlan, who works with Mr. Zecler at the recording studio, told Loopsider that she did not understand why he had been targeted so violently.

      “I don’t know if it’s a question of skin color, a question of social status,” she said, or “a question of ‘what is this tall Black man doing in the 17th, this building can’t be his’.”

      https://www.nytimes.com/2020/11/26/world/europe/Paris-police-beating-video.html?smid=tw-nytimes&smtyp=cur

    • Sujet de dissertation sur la liberté d’expression : comparer avec les faits relatés et le contexte politique actuel, l’article du monde et celui du nytimes. Vous noterez ce qui a été omis dans le premier et saurez dégager les principes en œuvre du #déni des violences policières des journaux français à la botte du gouvernement.

    • Je serai curieux de savoir ce qu’ils avaient dit sur la radio-police, pour qu’aucun des policier·e·s en renforts ne s’opposent. Aucun.

      -- « un terroriste dangeureusement armé, prêt à tout faire sauter ? » — « un groupe de migrants armé de tentes explosives ? »

      Ou alors ielles ont aussi peur de se faire eux·elles-mêmes tabasser par leurs collègues ?

    • https://www.instagram.com/p/CIIptm2D10R

      Le producteur de musique Michel Zecler sur une photo publiée le 29 novembre 2020. (MICHEL ZECLER / INSTAGRAM)

      mimich_music
      Je m’en tiens le plus souvent à peu de mots. Je vais rester fidèle à cette règle. Les images qui tournent en boucle depuis 2 jours parlent d’elles-mêmes. Je remercie tous ceux qui m’ont témoigné du soutien : proches, collègues, voisins, artistes, célébrités ou simples anonymes.
      Je sens bien que mon cas est peut-être la goutte de trop pour beaucoup d’entre vous. Je réclame qu’aucune violence ni aucun amalgame ne soit fait en mon nom. Les faits sont graves. Ma réponse sera froide mais résolue. Les entailles les plus profondes ne sont pas forcément celles qui se voient. Elles mettront du temps à se refermer. Merci de respecter l’intimité de mes proches et de ma famille. La justice passera. J’y veillerai.

    • Selon son chirurgien, son incapacité temporaire de travail devrait être réévaluée à quatre-vingt-dix jours, contre les six initialement retenus par l’unité médico-judiciaire.

      (...) il y a aussi les interrogations sans réponse, qui l’empêchent de dormir. « Il fallait que ces trois policiers se sentent en confiance pour aller aussi loin dans leurs actes, dans leurs propos. Pour que trois personnes puissent se comporter comme ça, il y a forcément une chaîne de complaisance… Et ça fait peur. » L’homme semble se vivre moins comme un symbole que comme une exception : « Il y a plein de cas comme moi, sauf qu’il n’y avait pas de caméra. »

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/12/je-me-pose-toujours-cette-question-pourquoi-trois-semaines-apres-michel-zecl

      Sinon, je crois pas que choix de photo de la Une de Ration publiée ci-dessus aurait été celui-là si il ne s’agissait pas d’un Noir.

      #unité_médico-judiciaire #impunité_policière

  • Décidément (mais est-ce vraiment une surprise ?) LREM est plein de gens charmants.

    Laetitia Avia, la députée LREM qui horrifie ses assistants - Page 4 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120520/laetitia-avia-la-deputee-lrem-qui-horrifie-ses-assistants?page_article=4

    Alors que Laetitia Avia présente mercredi 13 mai en dernière lecture à l’Assemblée nationale sa proposition de loi de lutte contre la haine sur Internet, cinq ex-assistants parlementaires de la députée LREM dénoncent, preuves à l’appui, des humiliations à répétition au travail, ainsi que des propos à connotation sexiste, homophobe et raciste. L’élue « conteste ces allégations mensongères ».

    Laetitia Avia doit concrétiser mercredi à l’Assemblée un combat mené de longue date : le vote final de sa loi contre la haine en ligne. Avocate de formation et militante En marche de la première heure, elle a rapidement gravi les échelons, jusqu’à devenir députée de Paris en 2017, puis porte-parole du mouvement. Lors de son discours général, le premier ministre a même rendu un hommage appuyé à cette élue qui incarne le combat contre toutes les discriminations. Mais d’anciens assistants parlementaires de la députée livrent une version bien plus nuancée. Avec de nombreux documents à l’appui, ils ont accepté de parler, de raconter les coulisses et les méthodes de la porte-parole d’En marche. William, Sophie, Charlotte, Nicolas et Benoît (voir notre Boîte noire), la trentaine pour la plupart, reprochent à Laetitia Avia des humiliations au quotidien. Ils révèlent aussi d’importantes contradictions entre le discours public de l’élue et ses pratiques au travail.

    Aucun de ces assistants parlementaires n’a entrepris de démarche judiciaire. Au départ, d’ailleurs, Sophie ne voulait pas témoigner des pratiques de son ancienne cheffe, pour qui elle a travaillé plus d’un an en 2018. « J’ai tenté de passer à autre chose et il m’a fallu du temps pour me reconstruire, explique-t-elle. Mais de voir qu’elle va faire voter sa loi sur la cyberhaine, qu’elle se positionne sur tous les sujets anti-discrimination, j’ai dû mal à le supporter. » D’après elle, il y aurait « un fossé entre les valeurs qu’elle défend publiquement et ce [qu’elle a] constaté en travaillant à ses côtés ». Les cinq ex-collaborateurs rapportent tous avoir été témoins de propos à connotation sexiste, raciste et homophobe de la part de la députée. Leurs différentes alertes en interne étant restées lettre morte, ils se sont résolus à parler à Mediapart.

    Contactée, la députée nie d’emblée. « Il y a un élément sur lequel vraiment je suis sans appel, c’est le racisme, l’homophobie et le sexisme. Je ne les tolère pas. Je ne les tolère nulle part, y compris dans les cadres privés, y compris pour ce qui est considéré comme étant des blagues, qui ne participent en réalité qu’au racisme ordinaire » (voir notre Boîte noire). De nombreux documents obtenus par Mediapart montrent pourtant l’inverse.

    Selon ses anciens assistants, un ex-salarié d’origine asiatique, qui n’a pas souhaité livrer de commentaires, en faisait régulièrement les frais. « C’était son bouc émissaire, elle l’appelait parfois “le Chinois” ou reprenait des clichés racistes pour parler de lui », se souvient Sophie. Ainsi, en avril 2018, elle cherche à savoir qui a encaissé un chèque et l’accuse sur la messagerie cryptée Telegram, en confiant à un autre collaborateur : « Ça sent le Chinois. »

    Dans un autre message envoyé dans la boucle de toute l’équipe, elle écrit : « Tu es un faux Chinois, tu ne maîtrises pas Mac », par référence au cliché raciste qui veut que les personnes asiatiques soient plus compétentes en informatique.

    Juste avant de partir en vacances, le 12 août 2017, elle envoie une note vocale à toute l’équipe dans laquelle elle reproche notamment à ce salarié de ne pas avoir créé son site internet ni nettoyé son image. Laetitia Avia met en effet beaucoup d’énergie à faire oublier un article du Canard enchaîné révélant qu’elle avait mordu un chauffeur de taxi. Dans ce document sonore que Mediapart a pu écouter, elle demande très sérieusement : « Alexandre* étant vraiment, malgré ses origines, pas le meilleur sur les sujets informatiques, je vais transférer ces sujets-là à Nathalie*. Donc Nathalie*, maintenant, c’est vraiment une de tes priorités de ta rentrée, c’est ma e-réputation. […] Le site internet, je veux qu’on avance. Et Wikipédia. Wikipédia, il y a plusieurs choses à faire. Il faut prendre le contrôle sur cette page. Il ne suffit pas juste de supprimer le paragraphe sur Le Canard enchaîné, il faut le réécrire de toute façon et le sourcer quand on le réécrit. »

    En public, la députée mène aussi un travail en faveur des droits LGBT et rencontre régulièrement de nombreuses associations pour évoquer ce sujet. « Très honorée de porter haut et fort notre combat contre le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie sur Internet : en mai, je déposerai une proposition de loi contre la cyberhaine », rappelait-elle sur Twitter. En privé, ce serait une autre histoire. « Régulièrement, elle se permet des sorties très déplacées sur l’orientation sexuelle d’un collègue homosexuel. »

    Parfois, la députée se lâche même à l’écrit, comme en avril 2018, juste après avoir voté un amendement en faveur des réfugiés LGBT. « On a voté l’amendement des PD », se félicite-t-elle, sans le moindre smiley pour nuancer son propos.

    Autre exemple resté dans la mémoire des assistants : le 6 juin 2018, devant son équipe, elle liste un à un, en commentant, les membres du gouvernement de l’époque. Et critique la communication d’une ex-ministre d’Édouard Philippe, d’après des documents que nous avons pu consulter : « C’est ma copine [mais] elle communique très mal sur ce qu’elle fait. C’est ce qu’il se passe quand tu mets un gay à la com’. »

    Aussi très active dans la lutte contre le sexisme – elle a notamment corédigé un rapport sur le harcèlement de rue –, Laetitia Avia publie de nombreuses interviews ou tweets sur le sujet. « Dans le monde politique aussi il faut combattre le sexisme du quotidien, les remarques déplacées ou le paternalisme », dit-elle en octobre 2018. Et d’ajouter : « Je suis fière d’être parmi ces dix femmes qui montent au front contre le sexisme… » Pourtant, devant son équipe, les propos sexistes fuseraient, selon ses ex-collaborateurs. « Elle insulte souvent les députées qu’elle n’aime pas de “pute”. Elle se moque aussi beaucoup de leur physique », révèle Nicolas, qui a gardé plusieurs messages pour le prouver. En janvier par exemple, elle envoie une photo de sa collègue et députée Aurore Berger pour la comparer au Pingouin dans Batman, le défi.

    En février, elle envoie une photo de la même députée pour commenter sa tenue.

    « Parfois, elle se moque du physique de certaines militantes de sa circonscription, mais aussi de membres de l’équipe quand ils ne sont pas là. L’un est trop gros, l’autre s’habille mal, se souvient Benoît. Avia, c’est une gamine de 4e B au collège qui n’a pas grandi et pour qui la vie est une cour de récré. Mais ça peut faire très mal quand c’est vous qui êtes ciblé. Et ce n’est pas digne, ni d’une supérieure hiérarchique, ni d’une représentante de la nation. »

    Trois anciens salariés évoquent aussi la fois où un conseiller de Paris et militant LREM a envoyé une photo de son sexe par erreur dans une boucle Telegram de députés. « Elle a fait une capture d’écran très rapidement et depuis montre cette photo à qui veut la voir, ainsi qu’à des députés. Même après l’affaire Griveaux, quand il apparaissait évident que cela participait à une forme de harcèlement, elle continuait d’exhiber cette photo pour se moquer de lui », raconte Sophie. Un témoignage corroboré par trois autres assistants parlementaires.

    « Parfois, on se demandait pourquoi elle avait voulu représenter LREM et faire de la politique », témoigne Benoît, qui estime que la députée « méprise ses électeurs ». Laetitia Avia délèguerait en effet la majorité de ces rendez-vous en circonscription. « Les rares fois où elle vient à sa permanence, elle fait tout pour ne pas répondre à ses administrés. »

    Les cinq anciens assistants parlementaires dénoncent également les méthodes de travail de la députée. « Avia, c’est un système qui vous broie », analyse aujourd’hui William, qui a travaillé avec la députée pendant plus d’un an. Selon lui, le turn-over de son cabinet donne déjà un indice : en à peine trois ans, six personnes ont déjà quitté son équipe et une autre s’apprête à le faire. Au sein de son bureau, Laetitia Avia s’entoure de trois collaborateurs, l’un qui gère sa circonscription du XIIe arrondissement de Paris, le deuxième qui s’occupe de sa communication et le dernier qui travaille les sujets législatifs.

    En 2017, comme les années suivantes, les reproches sont les mêmes : des conditions de travail intenables et une surveillance permanente de leur activité. Charlotte se souvient : « Travailler pour elle, c’était être sollicitée de 7 heures à 1 heure du matin. Même le week-end. » Tous disent avoir été « noyés » par le travail. « Si on lui disait que c’était trop ou qu’on n’avait pas dormi de la nuit, elle se fichait de notre état », dit Sophie.

    Progressivement, l’équipe accuse le coup et alerte quand elle le peut les nouveaux stagiaires qu’ils ont intérêt à « se blinder ». « Au début, j’essayais de me protéger mais, comme d’autres, j’ai été vite démunie. Il y avait un paradoxe insupportable : elle était capable de piquer de grosses colères ou de nous infantiliser en permanence, mais pouvait devenir tout à fait adorable ou s’excuser quand elle allait trop loin. Psychologiquement, c’est très dur à gérer et ça maintenait une emprise », explique William. « Je pensais constamment à vouloir démissionner sans y parvenir », ajoute Sophie.

    Parmi tous les assistants parlementaires que nous avons contactés, cinq ont donc accepté de raconter ce qu’ils avaient vécu. Les autres n’ont pas voulu répondre, à part une d’entre elles qui nous a expliqué : « Globalement, les députés sont exigeants. Pour ma part, j’ai travaillé avec elle pendant la campagne, avant qu’elle soit députée. Elle m’a donné ma chance et ça se passait globalement bien. Puis j’ai travaillé deux mois pour elle il y a deux ans lors d’un turn-over dans son équipe. Ça s’est bien passé. Elle ne m’a pas traumatisée. »

    Pour communiquer avec son équipe, Laetitia Avia passe principalement par un groupe sur l’application Telegram. C’est là qu’elle sollicite untel pour publier un tweet, un autre pour avoir une fiche de synthèse ou un compte rendu d’audition. « Elle avait l’habitude de critiquer notre travail ou de nous réprimander devant nos collègues, c’était très humiliant et cela maintenait une concurrence malsaine entre nous », relate Benoît. Dans un échange avec ses collaborateurs, elle-même reconnaît : « Je ne peux pas passer mon temps à vous taper dessus, à vous gueuler dessus. Ça m’épuise. »

    Le 31 janvier, elle va jusqu’à créer une conversation baptisée “Biiiiitch Talking” illustrée par une image d’un tableau à craie sur lequel est écrit « GOOD BYE ! » pour se moquer d’un de ses salariés dont elle venait se séparer. Elle y poste notamment un gif la représentant lui donner un violent coup de pied aux fesses.

    Le 26 février, et une fois la rupture conventionnelle signée, elle précise que ce salarié est maintenant son « ennemi » et se vante : « Bon, je viens de faire pleurer Alexandre*. Mais il m’a saoulée. Il a signé. » Le tout sans prendre en compte le fait qu’un collaborateur fasse preuve de compassion à l’égard d’Alexandre. « Moi, j’avais honte de participer à ces méchancetés mais je m’y sentais obligé pour avoir la paix », regrette William.

    « Je suis une députée exigeante envers mes collaborateurs, car ils sont bien payés mais je suis hyper souple sur les horaires. Je suis très peu présente au bureau, donc oui nous échangeons beaucoup par Telegram », concède seulement la députée qui dément avoir déjà humilié son équipe ou usé de « méthodes brutales » : « Dès qu’il me reste de l’argent sur mon enveloppe, je leur verse des primes. Je valorise leur travail. »

    Cependant, Laetitia Avia n’hésiterait pas non plus à exiger de son équipe qu’elle remplisse des tâches sans lien manifeste avec le travail parlementaire. « Elle nous demandait de gérer ses rendez-vous personnels comme de prendre rendez-vous chez le notaire ou de réserver une place pour son mari à Roland-Garros », raconte Nicolas. « Elle avait aussi prévenu l’équipe qu’elle ne supportait pas la chaleur et m’avait demandé d’avoir une bouteille d’eau et un brumisateur toujours sur moi pour elle lorsqu’il faisait chaud. En juin 2018 par exemple, j’ai dû brumiser ses jambes à plusieurs reprises », se souvient Sophie.

    D’après des échanges écrits consultés par Mediapart, la députée, qui donne parfois des cours à Sciences-Po, charge même l’un de ses collaborateurs de corriger ses copies de droit des sociétés. « J’ai accepté car à l’époque je voulais faire bonne figure et elle me l’avait demandé gentiment », se remémore William. « Mais j’ai rapidement déchanté car ce jour-là, je voulais l’accompagner au Congrès des maires. Elle savait que j’y tenais, mais elle a conditionné ma venue au fait que je termine ses corrections. Je les ai terminées trop tard et je n’ai donc pas pu y aller. »

    C’est aussi William qui s’occupe d’harmoniser les notes globales de ses étudiants « à la louche ». « Mets 1,5 en plus », demande la députée : « Avec 12,5 de moyenne on me laissera tranquille. » Manque de chance pour elle, un étudiant de la prestigieuse école se plaint quelques mois plus tard de sa note et cherche à « avoir des informations sur (sa) copie, notamment sur les points faibles ». « On lui dit la vérité ? », s’amuse Laetitia Avia incapable de justifier la note de l’étudiant.

    Auprès de Mediapart, Laetitia Avia insiste sur l’attention qu’elle porterait à ses collaborateurs : « Je leur offre des cadeaux, des soins, plein de trucs sur mes deniers personnels. Je les ai emmenés en week-end dans ma maison de campagne... » À propos de ce week-end justement, l’équipe ne semble pas en avoir le même souvenir qu’elle. En avril 2018, la députée décide d’organiser un team building pour renforcer les liens de l’équipe et améliorer l’efficacité de chacun.

    Le séjour a lieu dans sa maison de campagne dans le Morvan. Une fois sur place, les collaborateurs découvrent qu’ils vont devoir dormir dans des chambres avec une intimité tout à fait relative. « C’était encore en travaux, seul un rideau faisait office de porte. Avec des amis, pas de problème, mais avec sa boss... », raconte Sophie. Et rien ne se passe comme prévu. Un soir, l’équipe joue à un jeu de société, mais Laetitia Avia perd une partie. « Elle ne l’a pas supporté et a engueulé l’une de mes collègues en l’accusant d’avoir perdu à cause d’elle. Puis elle a fait le lien avec le boulot en lui disant qu’elle manquait de rigueur, au travail comme pour les jeux de société. »

    À l’issue de ce séjour, elle envoie un bilan à son équipe. « Il s’agissait d’un plan de carrière hypothétique avec des vrais objectifs et des choses plus fantaisistes », explique William. « Écrire une PPL, mener une réflexion Grand Paris, écouter de la musique actuelle et des séries », retient-elle dans la rubrique « Actions ». « Devenir ministre de la justice, entrer au gouvernement, publier une tribune dans Le Monde, que plus personne ne cite le nom de Sandrine Mazetier [l’ancienne députée de sa circonscription et sur la même liste que Laetitia Avia pour les municipales à Paris – ndlr] – jamais – que je devienne la référence », résume-t-elle dans la rubrique « Objectifs ».

    Après ce séjour, les salariés envoient tous un message de remerciement à la députée. Ils racontent d’ailleurs volontiers qu’à d’autres moments aussi, par peur de perdre leur emploi ou parce qu’ils ne voulaient pas fâcher leur employeur, ils ont pu envoyer des messages sympathiques souvent agrémentés de smileys.

    Il n’empêche : c’est après ce passage dans le Morvan que certains ex-salariés disent avoir pris conscience des conséquences psychologiques « dramatiques » selon leur récit, du comportement de la députée. Deux ont d’ailleurs été l’objet d’un arrêt maladie. « On a commencé à se protéger mutuellement, et prendre progressivement conscience de l’emprise qu’elle avait sur nous. » En juin 2018, la psychologue d’un des employés en question rapporte dans un certificat intitulé « Signes d’alerte d’une souffrance au travail » le récit qu’elle a recueilli. La psychologue y fait notamment part de son « inquiétude concernant des signes alarmants » : « “Boule au ventre” en se levant le matin à l’idée de se rendre sur le lieu de travail, persistante, maintenant, tout au long de la journée, vécu d’humiliations et de menace, doubles injonctions rendant impossible un travail évalué positivement… »

    Le comportement de la députée semble par ailleurs parfois éloigné du droit du travail. Sophie par exemple, a été officiellement embauchée en février 2018 mais assure avoir commencé à travailler un mois avant sans être rémunérée. En août de la même année, la députée a aussi, au moins dans un premier temps, refusé de payer des congés à une autre salariée qui avait travaillé pour elle quelques mois en CDD. L’employée en question s’en plaint à l’époque à sa collègue : « Elle est tellement méchante, elle ne veut pas me verser mes congés. Elle veut que je prenne trois jours de congé et que je vienne quand même travailler parce qu’elle n’a pas les moyens. »

    Le 23 janvier 2019, Laetitia Avia se dispute avec l’une de ses collaboratrices. La députée accepte une rupture conventionnelle mais ne respecte pas les formalités requises en demandant notamment à ce qu’elle quitte l’équipe immédiatement. Elle exige qu’elle pose ses congés pour ne pas avoir à les lui payer. Patrice Petriarte, représentant syndical chez Solidaires se déplace alors dans son bureau pour lui rappeler ses obligations légales. « Je fais très souvent ce genre de rendez-vous, mais c’est la première fois que cela se passe aussi mal. Elle était menaçante en répétant sans cesse qu’elle était avocate. Je suis resté impassible en lui rappelant que j’étais conseiller de la salariée. Mais j’ai vu une équipe terrorisée par leur cheffe », explique-t-il auprès de Mediapart.

    Après cet entretien, Laetitia Avia est très agacée : « Elle est malade là, je vais l’exploser. (Quand) elle revient au bureau, vous lui mettez une chaise et elle reste là jusqu’à la fin de la journée », dit-elle au reste de l’équipe. Elle réfléchit alors à annuler la rupture conventionnelle pour la licencier à la place. Pour cela, elle demande à une partie de l’équipe de témoigner pour faire comme si la dispute avec la salariée avait eu lieu bien plus tôt et ainsi avoir des raisons légales de la licencier : « Je vais avoir besoin de vous. J’ai besoin d’une attestation, parce que comme je ne lui ai pas notifié sa mise à pied à titre conservatoire, il faut que je puisse attester qu’au début, les choses… ce qu’il s’est passé la semaine dernière. » Elle n’ira finalement pas jusqu’au bout, la salariée en question ayant alerté la déontologue et une rupture conventionnelle sera signée en mars.

    Si la plupart de ces salariés passés par l’équipe d’Avia acceptent de témoigner aujourd’hui, c’est aussi parce qu’ils disent avoir frappé à toutes les portes. D’après nos informations, la déontologue de l’Assemblée nationale a été saisie au moins six fois sur le cas de la députée.

    Le cabinet du patron des députés LREM, Gilles Le Gendre, et celui du président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand ont également été avisés d’importants « dysfonctionnements ». Richard Ferrand n’a pas plus répondu à Mediapart qu’aux assistants parlementaires. Quant à Gilles Le Gendre, son cabinet nous a expliqué que cela n’était pas de son ressort.

    Plus récemment, la cellule anti-harcèlement de l’Assemblée a également été saisie. Mais pour l’heure, aucune de ces instances n’est intervenue. Charlotte par exemple a saisi la déontologue à plusieurs reprises. Une fois notamment après un déjeuner où la députée « était allée très loin en lui disant qu’elle était sans doute borderline et qu’elle devrait se faire diagnostiquer par un psychiatre ». Contactée, Agnès Roblot-Troizier, déontologue de l’Assemblée, n’a pas souhaité réagir.

    Et rien ne semble s’arranger. En mars dernier, selon les éléments recueillis par Mediapart, la députée de Paris a demandé à sa collaboratrice atteinte d’une maladie grave, d’interrompre son confinement pour revenir télétravailler à Paris. Lorsque Mediapart s’apprêtait à publier un nouvel article pour évoquer le courrier de la salariée en question alertant la présidence de l’Assemblée, Laetitia Avia a fait pression sur elle pour qu’elle intervienne auprès de Mediapart. Elle voulait d’abord que la salariée publie un communiqué public pour démentir les informations, ce qu’elle a refusé. La députée a ensuite rédigé un SMS à sa place et lui a demandé de l’envoyer à Mediapart pour vider l’article de son contenu. « Si tu veux m’envoyer tes captures après », avait-elle demandé pour s’assurer que le message avait bien été envoyé.

    Seule la cellule anti-harcèlement a pour la première fois pris attache avec elle après les révélations dans la presse. Nicolas interprète gravement ce silence : « L’institution, le règlement et l’administration de l’Assemblée ont une grosse part de responsabilité voire de complicité ». Pour Nicolas, il y a donc « un problème de fond, car lorsqu’un collaborateur est victime de son député, il ne bénéficie d’aucune protection ». « À l’époque, on nous a seulement proposé un rendez-vous avec la déontologue et Laetitia Avia… À quoi bon, elle nous l’aurait fait payer derrière, pense William. On a aussi songé à saisir le procureur de la République, mais on n’a jamais eu le courage de le faire. » Ce qui explique qu’aucune procédure judiciaire ne soit aujourd’hui engagée.

    #LREM #sexisme #homophobie #vulgarité #bêtise_crasse #manipulation #harcèlement

    • Tu comprends à quel point il est nécessaire d’imposer une loi de contrôle de l’internet, quand tu as des considérations du genre :

      « Et Wikipédia. Wikipédia, il y a plusieurs choses à faire. Il faut prendre le contrôle sur cette page. Il ne suffit pas juste de supprimer le paragraphe sur Le Canard enchaîné, il faut le réécrire de toute façon et le sourcer quand on le réécrit. »

    • Merci pour le partage complet ! Super intéressant. Hier je n’avais vu passer « que » les discriminations sexistes, racistes et homophobes mais l’histoire complète est hallucinante : harcèlement moral, abus de biens sociaux (mais ça doit se dire autrement pour le public ?), abus de pouvoir, silence complice des instances de l’Assemblée (déontologue (sic), commission harcèlement), etc. Sans compter le rapport aux administré·es, à la vérité et à la liberté d’informer !

      Et c’est ça qui prétend policer les échanges en ligne, rendre responsables les gens pour des actes par ailleurs déjà interdits (harcèlement, insultes publiques, diffamation, appel à à la haine n’ont pas besoin d’une loi de plus mais d’être mise en œuvre sérieusement et sans deux poids, deux mesures) ?

      Le seul truc qui me fait marrer, c’est que les Baupin et autres se font toujours allumer pour avoir eu l’#indécence de trop, le besoin d’apparaître comme des gens bien.
      #hypocrisie #inflation_législative

    • Égocentriques, puériles, obsédés par leur image, sans structure philosophique ou politique, ce nouveau monde a été le tremplin des « Anges de l’Assemblée Nationale ». Être député, c’est penser aux autres, pas à sa petite entreprise.

      https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/comment-laetitia-avia-a-tente-de-caviarder-sa-fiche-wikipedia-n150287

      L’historique de la page laisse entrevoir, comme souvent, les guerres d’édition menées dans le monde de Wikipedia, mais certains commentaires dévoilent une situation assez tendue. Dans un résumé de modification datant du 13 septembre 2018, un certain Celette enrage : “Je remets le paragraphe tel qu’il était pendant plus d’un an et supprimé en loucedé par un CAOU (compte à usage unique, ndlr) le 5 septembre à 16h22 dans le cadre d’une modif de masse (donc pas vraiment visible). On peut en débattre […] mais hors de question que ça passe aussi facilement à la trappe, en particulier si on juge la façon dont ça a été retiré”, s’insurge-t-il.

      Enfouie dans le pas toujours très accessible onglet Historique de Wikipedia, se jouait donc une bataille politique qui fera parler d’elle des années plus tard. Depuis les révélations de Mediapart, et au moment de l’écriture de ces lignes, plus d’une quarantaine de modifications ont été apportées à la page de la députée, la plupart pour synthétiser les révélations faites par le site d’information. On ne caviarde pas Wikipedia si facilement.

    • Les Anges de l’Assemblée Nationale
      https://www.lemondemoderne.media/les-anges-de-lassemblee-nationale

      Les mésaventures de Laetitia Avia ne sont que le enième avatar d’un constat triste et sévère : le nouveau monde promis par le parti d’Emmanuel Macron est un naufrage démocratique.

      Mais bientôt, porter ce constat sera sans doute qualifiable de « discours de haine » grâce à la loi liberticide portée par Mme Avia. De même que critiquer à juste titre la gestion catastrophique de la crise sanitaire sera aussi marqué du sceau de l’infamie. On ne pourra sans doute plus dire « cette réforme des retraites est inutile », « cette gestion fut lamentable », « ce sont des menteurs ». Fini, la critique. Fini.

      Dorénavant, poussant encore un peu plus loin le moment orwellien, nous serons des citoyens dépossédés de la parole critique faute d’être dépossédés d’esprit critique. Pourtant Emmanuel Macron nous enjoignait dès sa prise de pouvoir, depuis Versailles, devant les députés et les sénateurs, à « faire taire le cynique en nous ». Encore raté.

      La loi Avia, faussement cachée sous des valeurs de respect, de tolérance et de bienveillance est une loi de censure politique

      Selon la Quadrature du Net, cette loi, devenue une loi antiterroriste en Janvier, fait tomber davantage la séparation des pouvoirs et donne des pouvoirs de justice à la police du net.

      Selon l’article 1, paragraphe 1, la loi exige que tous les sites Web censurent en 1h et non pas dans un délais de 24h les contenus signalés par la police comme relevant du « terrorisme ». Sans censure de la part du site dans l’heure, la police peut exiger son blocage partout en France par les fournisseurs d’accès à Internet.

      Voilà donc une loi de censure politique portée par une députée inexpérimentée qui a rejeté avec force et caricature, toutes les critiques constructives qui ont été faites par les experts.

      Les Anges de LREM

      Les révélations de Médiapart sur le comportement de la députée face à ses collaborateurs confirment qu’une équipe de narcissiques puériles, obsédés par leur image et leur petite entreprise a pris le pouvoir.

      Ainsi, Madame Avia a eu pour priorité de modifier sa fiche biographique sur Wikipedia, depuis l’Assemblée Nationale.

      Mais rappelons aussi l’épisode ou Mme Schiappa, Secrétaire d’État, a fait la promotion de son dernier livre via une mailing-list du ministère : “une maladresse qui ne se reproduira plus” selon son cabinet.

      Pour comprendre comment cela a été possible, il faut se rappeler que ce fut le très regretté Jean-Paul Delevoye qui fit le casting, « façon the Voice » selon ses propres dires.

      Le niveau des accusations dans l’article de Médiapart montre une assemblée de jeunes inexpérimentés, intriguant, à l’humour douteux, jouer entre eux, plutôt que de travailler pour le bien commun.
      C’est là toute l’ampleur du désastre.

      En choisissant à la façon d’un casting de téléréalité ceux qui allaient représenter son parti surgit du néant, Emmanuel Macron a fait entrer un génération d’amateurs fiers, communicants narcissiques et carriéristes, incapables de faire passer le bien commun avant leur intérêt personnel.

      Que de conflits d’intérêt, que de profils excentriques, que de « je m’en foutisme » des valeurs de la République ! Mais plutôt que de gagner en sagesse et en indépendance, plutôt que d’habiter cet habit imposant, les dilettantes de la Républiques se sont vus félicités par leur chef, confortés dans leur amateurisme catastrophique.

      Peu importe la personnalité de la députée qui porte la loi de censure des réseaux sociaux. Ce qui doit inquiéter, c’est l’obsession liberticide de toute la majorité.

      L’épisode En Marche aura fait plus de mal à l’image des politiques que l’ancien monde. La société civile portée par les profils sélectionnés par Emmanuel Macron et Jean-Paul Delevoye a dévoyé la représentation nationale en un fan club du banquier candidat, enfermant les institutions dans une caricature startupienne où l’image et la communication des lobbies remplacent le travail effectif au service de la communauté.

      Si cette loi venait à passer aujourd’hui, notre pays fera un pas de plus vers la société du contrôle total, dans le rire et sous les applaudissements des Anges de l’Assemblée Nationale.

      https://twitter.com/AllanBARTE/status/1260515878669516800

    • Comme je ne regarde pas la télé et que je traîne peu sur les sites d’info, je viens de découvrir un petit truc sur Lætitia Avia, c’est qu’elle est jeune, noire et de milieu populaire, avec des parents togolais dans le 93. Elle a pu entrer à Sciences po dans le cadre de la politique de discrimination positive.

      Laetitia Avia — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Laetitia_Avia

      Avocate spécialisée en droit des marchés, elle rejoint dès sa création en avril 2016 le mouvement politique lancé par Emmanuel Macron, « En marche ! », devenu par la suite « La République en marche » (LREM) et y exerce plusieurs fonctions, dont celles de porte-parole et de membre du bureau exécutif depuis novembre 2017.

      Je vous avoue que ça a été un petit choc, de se retrouver à hurler avec les loups contre une jeune femme noire par ailleurs plus grosse que ce que les standards de beauté considèrent acceptable. Même chose avec Sibeth Ndiaye... Bon, Sibeth Ndiaye on peut se dire qu’elle a été choisie pour faire le fusible, diriger la haine des gens de droite vers le personnage (horreur, elle est noire !) et empêcher les gens de gauche comme moi de la critiquer trop fort (ben oui, on se sent comme une merde à critiquer une femme dans l’espace public, a fortiori jeune, noire et grosse), on peut se dire que ses différences ont été bien instrumentalisées. Mais Avia n’est pas recrutée et salariée, elle est un petit soldat de LREM mais avec un peu d’indépendance. N’empêche, j’avais envie de partager ici mon malaise sur le fait que LREM brouille les cartes en faisant accéder au mérite des meufs et des minorités de droite à des positions plus ou moins larbinesques mais prestigieuses.

    • je suis assez de l’avis d’@antonin1

      • je sens toujours le côté, c’est une parvenue (pas comme #nous), elle ne sait pas se comporter avec son personnel

      • par ailleurs, la droite sait employer les #petits_choses (cf. Rachida Dati), alors que la « gauche » sait fort bien les laisser à leur place

      et l’important est aussi celles (et ceux !?) que l’on désigne à la vindicte populaire ; il n’y a pas toujours de hasard et c’est aussi un #signe_des_temps
      (il y a une vingtaine d’année, les mots-dièse n’existaient pas, ce syntagme abondait dans les pages du Monde, avec des copains, on s’en était fait un jeu de les relever et de payer l’apéro du jour)

    • « La preuve de la stupidité de la plupart des dévots du Roy c’est de n’avoir toujours pas compris qu’un journaliste dévoilant un scandale garde toujours des munitions pour répondre au démenti. Des amateurs ! »
      https://twitter.com/davidperrotin/status/1260823609368592384

      Mediapart révèle de nouveaux documents qui contredisent la défense de la députée LREM Laetitia Avia.
      Un enregistrement sonore par exemple, qui montre que certains de ses propos à connotation raciste ne sont ni des blagues, ni proférés dans un cadre privé. De nombreuses alertes avaient par ailleurs été lancées par ses assistants parlementaires.

      Nier en bloc. C’est la défense adoptée par la députée LREM Laetitia Avia après les révélations de Mediapart sur les conditions de travail de cinq de ses anciens assistants parlementaires. Documents à l’appui, ils dénonçaient des humiliations à répétition au travail, ainsi que des propos à connotation sexiste, homophobe et raciste.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/140520/la-defense-de-laetitia-avia-fait-pschitt

    • @marclaime, oui, dans une société idéale. Mais dans la nôtre, les femmes, les personnes racisées et grosses en prennent beaucoup plus dans la gueule à faits égaux.

      Un gouvernement qui met une El Khomri (une femme issue de l’immigration maghrébine) au pilotage de SA réforme du quinquennat ne propose-t-il pas une cible facile à la vindicte populaire ?

      Un gouvernement qui prend comme porte-parole une Ndiaye le fait par refus du racisme et des préjugés sexistes et sur les personnes grosses (incapables de se re-tenir) et par sens aigu du mérite républicain ou exploite-t-il dans les deux sens l’image qu’elle donne, lui permettant d’être un fusible parfait ? Parce qu’en plus de faire ce qu’elle fait, elle est par essence illégitime donc la virer permet de retourner à la normale.

      Après, comme je disais, Avia n’est porte-parole de personne, elle a plus de responsabilités, elle est comptable de tous ses actes. Perso quand je l’ai incendiée sur Twitter je pensais que c’était une quadra blanche bourgeoise, Lyons Club et compagnie, avec une ascendance italienne ou espagnole lointaine (peut-être pas elle mais son mari). Je me trompais !

      Je pense qu’aucune des personnes qui savaient que c’était une jeune Noire grosse n’a réagi comme elle l’aurait fait si elle avait été blanche d’ascendance bourgeoise. Et que les réactions sont majoritairement plus hostiles pour les personnes minorisées, qu’il s’agisse de race, classe ou genre.

      On paye tou·tes nos actes mais pas pas le même prix.
      (Et quelle horreur, cette personne...)

    • Là dessus je suis affreusement basique-réac : un salopard est un salopard, et je me contrefous que ce soit un esquimeau juif, borgne et malentendant. A vous suivre on va lui trouver toutes les excuses du monde, et là vous tombez exactement où l’ennemi veut vous conduire, et ça marche...

    • @antonin1 on a tout·es une culture raciste et c’est bien d’en avoir conscience pour en éviter les pièges. Je suis aussi d’accord que l’addition actuelle de LREM est horrible car ça retourne systématiquement /femme/noire/grosse = pas finaude et que ces personnes se trouvent placées dans des rôles d’incompétentes mises en avant pour servir de fusibles.

    • @marclaime, je ne trouve aucune excuse à Avia, je l’ai assez allumée comme ça : deux threads sur Twitter, le premier sur ce reportage et le second sur la tribune de Laurent Chemla qui rappelle qu’une des raisons pour lesquelles elle est si attachée à censurer Internet, c’est qu’elle s’en prend plein la gueule sur les réseaux sociaux, notamment parce qu’elle mord les gens, ce qui est un peu inhabituel pour une personne qui n’est pas déficiente mentale. Comme toi, j’essaie de la traiter en mettant mes préjugés (moindres qu’une bonne partie de la population mais je suis un être intégré dans sa société et qui en partage en partie les représentations, lesquelles sont comme dit @touti racistes et sexistes), qu’ils soient positifs (c’est sympa, une femme comme ça à l’Assemblée) ou négatifs (on imagine bien).

      Cela dit, je m’interroge sur la présence de femmes racisées dans l’espace public à des postes souvent non-élus (mais parfois oui... ceci dit, une endive aurait été élue en 2017 dans la moitié des circonscriptions de ce pays à condition de porter le badge EM). D’abord ces femmes cachent les hommes racisés, sur qui pèse le soupçon d’être violents, incontrôlables, inassimilables et qui sont eux gardés en-dehors des circuits de reconnaissance du pouvoir, tandis que les femmes racisées sont louées (encore une fois, c’est un préjugé) pour leur caractère docile, au point que « beurette » est une recherche courante sur les sites porno.

      Mettre une jeune femme noire grosse (l’une apparemment cool et l’autre qui pue la fac de droit) dans ces situations est tout bénef pour le gouvernement : à gauche il a l’air ouvert, ascenseur social, etc. et à droite ça focalise la haine sur elles plutôt que Macron et Philippe, il la lâche comme une merde dès qu’il n’en a plus besoin et ça va calmer ce peuple de droite (qu’il drague éhontément pour finir de mettre à bas les partis qui se sont partagé le pouvoir depuis 1958 (?) pour devenir le parti unique).

      Et non, je ne ferai pas partie des quelques perdu·es qui vont dire que c’est injuste, elles sont formidables, elles n’ont jamais menti ou fait d’abus de pouvoir... Elles auront ce qu’ont les personnes des classes dominées quand on n’a plus besoin d’elles, au revoir, prime de 58 euros et médaille au mieux. Mais je trouve dégueulasse ce jeu avec l’image de ces jeunes femmes (qui sont par ailleurs des sous-merdes, autant que les mecs blancs bourgeois de LREM) parce que c’est aussi un jeu avec le racisme (et le sexisme) très présent dans l’espace public français. Et ce n’est incohérent avec le fait que LREM drague très loin à droite aussi avec ses politiques proto-fascistes.

  • 9 nuits d’émeutes à Mantes la Jolie dans le silence absolu des médias... si ce n’est :

    Mantes-la-Jolie : surveillance maximale au-dessus du Val-Fourré - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/mantes-la-jolie-78200/mantes-la-jolie-surveillance-maximale-au-dessus-du-val-fourre-20-11-2017-

    C’est un drôle de temps qui plane au-dessus des tours du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie. Depuis quelques jours, ce quartier sensible est traversé par des accès de fièvre préoccupants. Ce week-end encore, les policiers ont été victimes de jets de projectiles divers, dont des cocktails Molotov. « Attention ! On parle de quelques petits groupes qui mènent des actions de cinq minutes et se sauvent très vite », tient à relativiser un policier qui, comme les élus ou les habitants, dit avoir vu « pire ».
    À l’origine de cette situation « tendue mais sous contrôle » selon les dires d’un autre fonctionnaire de terrain, il y a l’interpellation, le 7 novembre, d’un jeune de la cité qui accuse les fonctionnaires de lui avoir brûlé la main. Il a déposé plainte et une enquête est en cours.

    https://twitter.com/davidperrotin/status/930011265082232833

    Des policiers de Mantes-la-Jolie accusés de violences à caractère raciste : Alors que la victime a la main brulée, la chair à vif, l’un des policiers dit : « L’individu ne s’est plaint à aucun moment d’avoir mal ai poignet. Ces brûlures ont été constatées » au commissariat.

    Les deux vidéos prises par des riverains montrent une situation totalement calme. Mais l’un des policiers affirme que la victime est coupable « d’outrage et de rébellion ».

    Cet été, ce même commissariat de Mantes-la-Jolie a été accusé de multiples violences policières sur plusieurs femmes. En 2014 enfin, un des agents a été condamné pour avoir violé une femme en cellule de dégrisement

    je vous passe les photos des mains cramées et sans peau du jeune noir interpellé.

    #violences_policières #racisme #affrontements

    • La cité du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie sous tension
      La police est prise pour cible après une interpellation au cours de laquelle un homme a été brûlé aux mains, Le Monde

      Ce soir, ils ont décidé de suspendre les hostilités. Ils se contentent de suivre du regard les camionnettes de police et les voitures banalisées qui passent et repassent au coin de la rue, sans broncher. Leurs poches de survêtement sont vides : ni cocktail Molotov ni mortier. Il est plus de 22 heures ce lundi 20 novembre dans le quartier des Peintres-Médecins du Val-Fourré, cité de 20 000 habitants située dans l’ouest de Mantes-la-Jolie (Yvelines), l’heure à laquelle, depuis le week-end, quelques dizaines de jeunes prennent la police pour cible en attaquant leurs véhicules avec des tirs de mortiers d’artifice et " tout ce qui - leur - tombe sous la main ", raconte l’un d’eux : des pierres, des cailloux, des boules de pétanque… Plusieurs voitures ont été incendiées en quelques jours.

      Ces échauffourées font suite à l’interpellation, mardi 7 novembre, par des agents de la Brigade spécialisée de terrain, d’un homme de 27 ans, au cours de laquelle il a été brûlé " au deuxième et au troisième degrés " aux mains et aux poignets, selon le diagnostic des médecins de l’hôpital parisien où il a été conduit. Des brûlures " aggravées par le diabète " dont il souffre. Le parquet de -Versailles a ouvert une enquête et l’Inspection générale de la police nationale a été saisie.

      La rue du Docteur-Broussais, en plein cœur du Val-Fourré, est le lieu de rassemblement des jeunes du quartier. C’est là qu’ils se donnent rendez-vous, discutent entre copains et, depuis la semaine dernière, qu’ils se retrouvent avant de passer à l’action. " Je suis un professionnel de l’émeute ", fanfaronne Youssef (le prénom a été changé), 20 ans, tout sourire. Le jeune homme est une grande gueule, mais il ne rigole pas. Il vient de passer neuf mois en prison – " un traumatisme ", dit-il – mais il est prêt à prendre le risque d’y retourner. " Vous avez vu les photos de ses mains ? Vous avez vu comment ils lui ont cramé les doigts ?, gronde-t-il. On veut traumatiser les policiers comme eux le font avec nous. " Les quinze jeunes hommes qui l’entourent, âgés de 18 ans à 20 ans, acquiescent. " Cette bavure policière, c’est la goutte d’eau ", renchérit l’un d’eux.

      " Chauffage défectueux "
      Les policiers sont suspectés d’avoir traité le plaignant de " sale négro ", de l’avoir frappé puis maintenu contre un chauffage d’appoint dans le fourgon l’emmenant au commissariat, en ignorant ses " cris de douleur ", selon son -avocat. Dans un communiqué, le parquet a indiqué que l’homme se serait " rebellé ", qu’il aurait " tenté de prendre la fuite " avant d’être menotté puis " hissé avec difficultés dans le fourgon ". Pendant le trajet, il aurait refusé de s’asseoir et " donné des coups de pied dans la porte latérale ". Trois fonctionnaires l’auraient alors " allongé sur le dos où il continuait de se débattre " en tentant de " mordre " l’un d’eux.

      Une vidéo amateur semble cependant montrer que l’interpellation s’est déroulée sans résistance, du moins jusqu’à ce que le plaignant monte dans le fourgon. Face aux caméras de télévision, le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP-Police FO, Cyril Thiboust, a déclaré qu’un " chauffage défectueux " était à l’origine de l’incident, qu’il s’agirait donc d’un " dysfonctionnement totalement involontaire " et que " l’individu ne s’était plaint à aucun moment d’avoir mal ". Les brûlures n’auraient été constatées qu’une fois arrivé " dans le local de fouille ". Le jeune homme a dû subir une greffe de peau.

      Des émeutiers mineurs
      Depuis l’attentat commis par un habitant du Val-Fourré se réclamant de l’Etat islamique contre un commandant de police et sa compagne dans la ville voisine de Magnanville, le 13 juin 2016, " nos relations avec les policiers ne -cessent d’empirer ", souligne un jeune homme de 19 ans. Lui et ses copains racontent la même histoire : les contrôles d’identité incessants accompagnés d’insultes à caractère raciste – " bamboula ", " négro ", " bougnoule ", " kirikou " –, de brutalités et de provocations. Pointés du doigt surtout, les " petits nouveaux ", comme ils appellent les jeunes policiers " qui ne savent pas gérer le stress et se sentent vite menacés ". " Les plus âgés savent beaucoup mieux y faire ", souligne l’un d’eux, qui prêche pour une meilleure formation des agents de police.

      L’accalmie d’hier soir n’est ni une trêve ni le signe d’un apaisement, précisent-ils. S’ils sont restés tranquilles, c’est que le gros des troupes était au repos. " Demain, il y a école ", explique l’un d’eux. Car ce sont " les petits ", autrement dit les mineurs, qui sont en première ligne. Tout est organisé en amont par quelques " grands ", dont Youssef et ses amis font partie, qui vont acheter les mortiers à Paris, " chez un fournisseur à nous ", et s’occupent de plonger la rue dans le noir avant chaque attaque. Mais la plupart des émeutiers – entre 50 et 100 – sont âgés de 14 ans à 16 ans. " Les grands ont autre chose à faire, commenteYoussef, qui a arrêté l’école en troisième et -travaille dans un fast-food. Ils ont une vie, une femme, des enfants et un travail ". Les trois quarts des garçons du groupe de " meneurs " ont été en prison – le plus souvent, pour trafic de stupéfiants – et sont au chômage.

      " Quand on veut les raisonner, ils nous rembarrent, témoigne un aîné. On n’arrive à rien. Ils me -disent : “C’est toi qui vas me donner du taf ? Non. Alors ta gueule !”. "" Ce n’est pas ce qu’on veut, les violences policières et les émeutes, dit l’un d’eux. Nous, tout ce qu’on veut, c’est qu’ils arrêtent de nous traiter comme des animaux. Ce qu’on veut, c’est du travail, mais personne ne veut de nous. Notre seule perspective, dans le meilleur des cas, c’est l’usine Renault de Flins. " Assis sur un banc, à quelques encablures, Ousmane, 20 ans, reste silencieux quelques secondes, les yeux rivés sur ses baskets, avant de relever la tête : " Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’autre, souffle-t-il. On sait que c’est un truc de con de faire ça, qu’on n’y a jamais rien gagné et qu’on n’y gagnera rien, mais on ne sait tellement pas comment réagir. " Pour lui comme pour les autres, porter plainte ne " sert à rien ", de même que manifester.

      " Si on ne fait rien, les policiers vont recommencer ", juge Youssef. C’est aussi une question " d’orgueil " et " d’honneur " du quartier, admettent-ils. Alors qu’importent les voitures brûlées : " C’est que du matériel, ça se remplace. Mais pas une main ! ", s’emporte un jeune homme, qui -promet un nouveau face-à-face avec les forces de l’ordre dès le week-end prochain.

      Louise Couvelaire

  • #PARIS 8.5 Un street medic interrogé par @BuzzFeedFrance indique qu’un manifestant est parti à l’hôpital blessé par un coup de matraque https://twitter.com/davidperrotin/status/861594948994564096 …
    https://twitter.com/detoushorizons/status/861597037183336448

    #PARIS 8.5 Un street medic interrogé par @BuzzFeedFrance indique qu’un manifestant est parti à l’hôpital blessé par un coup de matraque https://twitter.com/davidperrotin/status/861594948994564096

  • Accusé d’avoir abîmé 2 dents à un CRS et donné des coups à un autre, il est relaxé. C’était un faux témoignage https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/manifestants-interpelles-enquete-sur-de-faux-temoignages-de …pic.twitter.com/kc1nzdyCTl
    https://twitter.com/davidperrotin/status/795980796733648896

    Accusé d’avoir abîmé 2 dents à un CRS et donné des coups à un autre, il est relaxé. C’était un faux témoignage https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/manifestants-interpelles-enquete-sur-de-faux-temoignages-de … pic.twitter.com/kc1nzdyCTl

  • Accusé d’avoir jeté des bouteilles en verre sur des CRS, il est relaxé. C’était un faux témoignage. https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/manifestants-interpelles-enquete-sur-de-faux-temoignages-de …pic.twitter.com/kjxDxQsaPA
    https://twitter.com/davidperrotin/status/795979747184537600

    Accusé d’avoir jeté des bouteilles en verre sur des CRS, il est relaxé. C’était un faux témoignage. https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/manifestants-interpelles-enquete-sur-de-faux-temoignages-de … pic.twitter.com/kjxDxQsaPA

  • La mort « suspecte » de Djamal, 20 ans, dans un commissariat de Marseille était un suicide https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/la-mort-suspecte-dun-homme-dans-un-commissariat-de-marseille …pic.twitter.com/etEPv1QVLs
    https://twitter.com/davidperrotin/status/753240648359243776

    La mort « suspecte » de Djamal, 20 ans, dans un commissariat de Marseille était un suicide https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/la-mort-suspecte-dun-homme-dans-un-commissariat-de-marseille …pic.twitter.com/etEPv1QVLs