Quand des féministes soutiennent des lois racistes - Les mots sont importants (lmsi.net)
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La loi de 2004 interdisant le port du foulard dans les écoles publiques se base sur la croyance que les signes religieux sont contraires à la laïcité, c’est-à-dire au sécularisme politique. Celui-ci repose sur une loi – la loi de 1905. Cette loi abroge la loi précédente (datant de Napoléon) qui établissait des liens forts entre l’Eglise (surtout catholique) et l’Etat, qui rémunérait les prêtres, les pasteurs et les rabbins. La loi de 1905 mit en place une nouvelle règle, qui est de fait celle de tous les Etats modernes : pas de religion d’Etat, toutes les opinions et croyances – religieuses ou non – étant mises sur un pied d’égalité. Pas d’interférence du clergé dans les affaires de l’Etat, ni de l’Etat dans les affaires religieuses. La liberté de conscience implique la liberté d’expression, et cette liberté signifie que les opinions – sur n’importe quel sujet – peuvent être exprimées en public comme en privé.
Aujourd’hui pourtant, cette loi est utilisée contre les Musulmans, car elle a subi une réinterprétation radicale de la part des politiciens, des journalistes et des lobbies ; elle a été, comme le dit Jean Baubérot, falsifiée. Elle est présentée comme disant le contraire exact de ce que la loi française et les Conventions internationales disent. Le président actuel, dans son dernier discours de campagne en 2012, a utilisé les mots des polémistes anti-musulmans : « la religion, a-t-il dit, est du ressort du privé, et même de l’intime ». Mais ni la loi française, ni les Conventions internationales ne font de distinction entre les opinions religieuses et les autres opinions : toutes ont le droit à l’expression publique. Or aujourd’hui, la réinterprétation de la loi de 1905 implique qu’on ne pourrait avoir d’expression religieuse que dans le secret de sa salle de bains.