prenez ce couteau (Lorsqu’un homme violent me dit qu’il est devenu...)

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  • prenez ce couteau (Lorsqu’un homme violent me dit qu’il est devenu...)
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    Lorsqu’un homme violent me dit qu’il est devenu violent parce qu’il a perdu le contrôle de lui-même, je lui demande pourquoi il n’a pas fait quelque chose d’encore pire. Par exemple, je pourrais dire “Tu l’as traitée de sale pute, tu as arraché son portable de sa main et tu l’as lancé à travers la pièce, ensuite tu l’as poussée et elle est tombée. Elle était là, à tes pieds, tu aurais facilement pu lui donner un coup de pied à la tête. Tu viens de me dire que tu a ‘complètement perdu le contrôle’ à ce moment-là, mais tu n’as pas donné de coup de pied pourtant. Qu’est-ce qui t’a arrêté ?” Et le client me donne toujours une raison. Voici quelques unes des explications que j’entends le plus :

    “Je ne voulais pas qu’elle soit blessée gravement.”
    “J’ai réalisé qu’un des enfants nous regardait.”
    “J’avais peur que quelqu’un appelle la police.”
    “J’aurais pu la tuer si j’avais fait ça.”
    “On commençait à faire beaucoup de bruit, j’avais peur que les voisins entendent.”

    Et la réponse la plus fréquente :

    “Oh non, je ne ferais jamais ça ! Je ne lui ferais jamais une chose pareille.”

    La réponse que je n’ai presque jamais entendue - je me souviens ne l’avoir entendue que deux fois en quinze ans - est : “Je ne sais pas.”

    Ces réponses toutes faites révèlent la fausseté de l’excuse de la perte de contrôle. Lorsqu’un homme se livre à un déchaînement de violence, verbale ou physique, son esprit se maintient sur un certain nombre de questions : “Est-ce que je suis en train de faire quelque chose que les autres pourraient découvrir, est-ce que ça me ferait passer pour quelqu’un de muvais ? Est-ce que je suis en train de faire quelque chose qui pourrait me causer des ennuis juridiques ? Est-ce que je pourrais me blesser ? Est-ce que je suis en train de faire quelque chose que je considère moi-même comme trop cruel, grave, ou violent ?

    Un regard critique s’est infiltré en moi après avoir travaillé avec mes douze premiers clients : un agresseur ne fait presque jamais quelque chose qu’il considère comme moralement inacceptable. Il peut très bien cacher ce qu’il fait parce qu’il pense que les autres ne seront pas d’accord avec ce qu’il fait, mais il trouve cela justifié. Je ne me souviens pas d’un seul client me disant "Je ne peux en aucun cas défendre ce que j’ai fait. C’était totalement inacceptable.” Invariablement, il a une raison assez bonne pour justifier son comportement. En résumé, le problème de fond d’un agresseur est que son sens de ce qui est bon et mauvais est complètement tordu.

    Parfois, je pose cette question à mes clients : “Parmi vous, qui s’est déjà senti tellement en colère qu’il a eu envie de traiter sa mère de salope ?” Habituellement, la moitié du groupe ou plus lève la main. Puis je demande “Parmi vous, qui l’a fait ?” Toutes les mains redescendent, et les hommes me lancent des regards épouvantés, comme si je venais de leur demander s’ils vendent de la drogue devant les écoles primaires. Alors ensuite, je demande “Eh bien, pourquoi ne l’avez vous pas fait ?” La même réponse fuse à chaque fois : “Mais vous ne pouvez pas traiter votre mère comme ça, peu importe à quel point vous êtes énervé ! Vous ne pouvez juste pas faire ça !”

    Ce qui reste tacite dans cette déclaration, et que nous pouvons aisément comprendre ici, est “Mais vous pouvez traiter votre femme ou votre copine comme ça, du moment que vous avez une raison assez bonne. C’est différent.” En d’autres mots, le problème de l’agresseur réside avant tout dans la croyance selon laquelle contrôler ou abuser de sa partenaire est justifiable…

    When [an abusive man] tells me that he became abusive because he lost control of himself, I ask him why he didn’t do something even worse. For example, I might say, “You called her a fucking whore, you grabbed the phone out of her hand and whipped it across the room, and then you gave her a shove and she fell down. There she was at your feet where it would have been easy to kick her in the head. Now, you have just finished telling me that you were ‘totally out of control’ at that time, but you didn’t kick her. What stopped you?” And the client can always give me a reason. Here are some common explanations:

    “I wouldn’t want to cause her a serious injury.”
    “I realized one of the children was watching.”
    “I was afraid someone would call the police.”
    “I could kill her if I did that.”
    “The fight was getting loud, and I was afraid the neighbors would hear.”

    And the most frequent response of all:

    “Jesus, I wouldn’t do that. I would never do something like that to her.”

    The response that I almost never heard — I remember hearing it twice in the fifteen years — was: “I don’t know.”

    These ready answers strip the cover off of my clients’ loss of control excuse. While a man is on an abusive rampage, verbally or physically, his mind maintains awareness of a number of questions: “Am I doing something that other people could find out about, so it could make me look bad? Am I doing anything that could get me in legal trouble? Could I get hurt myself? Am I doing anything that I myself consider too cruel, gross, or violent?”

    A critical insight seeped into me from working with my first few dozen clients: An abuser almost never does anything that he himself considers morally unacceptable. He may hide what he does because he thinks other people would disagree with it, but he feels justified inside. I can’t remember a client ever having said to me: “There’s no way I can defend what I did. It was just totally wrong.” He invariably has a reason that he considers good enough. In short, an abuser’s core problem is that he has a distorted sense of right and wrong.

    I sometimes ask my clients the following question: “How many of you have ever felt angry enough at youer mother to get the urge to call her a bitch?” Typically half or more of the group members raise their hands. Then I ask, “How many of you have ever acted on that urge?” All the hands fly down, and the men cast appalled gazes on me, as if I had just asked whether they sell drugs outside elementary schools. So then I ask, “Well, why haven’t you?” The same answer shoots out from the men each time I do this exercise: “But you can’t treat your mother like that, no matter how angry you are! You just don’t do that!”

    The unspoken remainder of this statement, which we can fill in for my clients, is: “But you can treat your wife or girlfriend like that, as long as you have a good enough reason. That’s different.” In other words, the abuser’s problem lies above all in his belief that controlling or abusing his female partner is justifiable….

    #violence #violence_sexiste #féminisme #agresseur