• Soldats oubliés du Courneau | Stephan Ferry et Philippe Lespinasse (Le Monde diplomatique)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2011/11/FERRY/46924

    Engagés involontaires dans la fabrication du grand récit national, certains morts sont célébrés sur les monuments ; d’autres pèsent par leur absence et le silence qui les entoure. Sous une butte de sable en Gironde, neuf cent trente-six combattants africains gisent ainsi dans l’anonymat. (...) Source : Le Monde diplomatique

  • Soldats oubliés du Courneau | Stephan Ferry et Philippe Lespinasse
    http://www.monde-diplomatique.fr/2011/11/FERRY/46924

    Sous une butte de sable en Gironde, neuf cent trente-six combattants africains gisent dans l’anonymat. / #France, #Russie, #Sénégal, #Armée, #Colonialisme, #Conflit, #Histoire, Santé, #Ville, #Madagascar - 2011/11 / France, Russie, Sénégal, Armée, Colonialisme, Conflit, Histoire, Santé, Ville, Madagascar - 2011/11

    #Santé #2011/11

  • Ca se passe en Gironde, lu dans Le Monde Diplomatique (novembre 2011) : Soldats oubliés du Courneau, par Stephan Ferry et Philippe Lespinasse
    http://www.monde-diplomatique.fr/2011/11/FERRY/46924

    Soldats oubliés du Courneau

    Engagés involontaires dans la fabrication du grand récit national, certains morts sont célébrés sur les monuments ; d’autres pèsent par leur absence et le silence qui les entoure. Sous une butte de sable en Gironde, neuf cent trente-six combattants africains gisent ainsi dans l’anonymat.
    par Stephan Ferry et Philippe Lespinasse, novembre 2011
    Aperçu

    A gauche de la petite route forestière qui mène de La Teste-de-Buch à la dune du Pyla, près d’Arcachon, se dresse une curieuse butte de sable, couverte de fougères et de pins maritimes. Sous ce tumulus oublié, que certains habitants appellent toujours le « cimetière des Nègres », sont ensevelis un millier de corps, pour l’essentiel des soldats africains des troupes coloniales.

    Un panneau à l’entrée du mémorial évoque brièvement l’histoire du camp d’hivernage du Courneau, construit en 1916 à un kilomètre de là. Ses vestiges ont aujourd’hui disparu. Deux stèles rappellent le tragique destin des hommes qui, par centaines, y ont péri. L’une, massive, donne à voir des visages africains sculptés dans la pierre. L’autre, fichée à flanc de tertre, dit en arabe la grandeur d’Allah. La plupart de ces soldats étaient musulmans. Aucun nom n’est mentionné. Seuls figurent des chiffres : « Aux 940 Sénégalais, 12 Russes morts pour la France, 1914-1918 ». Les morts du Courneau, qu’ils soient noirs, malgaches, russes ou français, n’ont pourtant pas toujours été anonymes.

    Abrité par les dunes et les pinèdes, situé à proximité d’une canalisation d’eau potable et desservi par une voie ferrée, le camp du Courneau accueille les soldats africains débarqués à Bordeaux, afin de les former au maniement des armes. Il dispose aussi d’un hôpital, où sont soignées les blessures et les maladies contractées sur le front, ainsi que les affections pulmonaires.

    En 1916 et 1917, les combats font rage dans le nord-est du pays. Des bataillons de tirailleurs sénégalais (BTS), dont la formation n’est pas toujours achevée, sont envoyés à la bataille de la Somme, à l’assaut du fort de Douaumont ou sur le front d’Orient. Beaucoup s’illustrent par leur bravoure. Quelques jours après son départ du Courneau, le 61e BTS prend ainsi la tranchée de l’Entrepont sous un déluge de neige, de pluie et d’obus. Le « sang noir » coule et, au Chemin des Dames, le général Charles Mangin gagne son surnom de « boucher des Noirs ».

    Au début de chaque hiver, les « Sénégalais » sont retirés des zones (...)
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