« La fillette et le vautour » : le photographe sur le banc des accusés
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Après une énième polémique en Espagne autour de la photo d’une femme nue, étendue sur un trottoir en Haïti, un photojournaliste du quotidien « El Mundo », Alberto Rojas, s’est mis en quête, en 2011, de trouver des informations sur le contexte du cliché de Kevin Carter.
« J’ai voulu aller au-delà de la légende noire qui entoure cette photo historique. »
Alberto Rojas rencontre d’abord le photographe espagnol José Maria Luis Arenzana, qui était également présent à Ayod en 1993. Pour le photojournaliste, qui avait pris une photo similaire, l’enfant sur le cliché de Kevin Carter n’était pas abandonné à son sort. Il était à quelques pas seulement de ses proches et du centre d’approvisionnement. Le petit bracelet autour de son poignet droit prouve par ailleurs qu’il était pris en charge par une organisation humanitaire. A priori, Kevin Carter n’aurait donc rien pu faire de plus pour l’enfant.
Après une enquête de plusieurs jours au sud du Soudan, Alberto Rojas retrouve finalement le père de l’enfant - un petit garçon et pas une petite fille - dans un hameau près d’Ayod. Là-bas, personne n’a jamais vu la photo de Kevin Carter. Et personne, non plus, ne s’étonne d’y voir un vautour, car ils étaient très nombreux dans la région à l’époque. Le père de Kong Nyong, comme s’appelait le garçonnet, confirme par ailleurs que sa tante se trouvait à quelques mètres de lui (sa mère était morte en couches) et qu’elle faisait la queue pour obtenir la ration alimentaire que les volontaires de Médecins du monde distribuaient aux enfants du village.
Celui qui est depuis devenu un des sages du village assure au journaliste que son fils avait bien survécu à la famine mais était décédé quatorze ans plus tard de fièvres paludéennes.
#photographie via @izo - check this @albertocampiphoto