Conférence de Frantz FANON au congrès international des écrivains et artistes noirs

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  • Finkielkraut, la décolonisation et la rigueur intellectuelle (ou son absence)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/frederic-debomy/300715/finkielkraut-la-decolonisation-et-la-rigueur-intellectuelle-ou-son-a

    Fanon est tout sauf le chantre de l’identité. Son rapport à certaines versions de la négritude en témoigne13 : « en aucune façon je ne dois tirer du passé des peuples de couleur ma vocation originelle. En aucune façon je ne dois m’attacher à faire revivre une civilisation nègre injustement méconnue. » Il était loin d’être convaincu, rappelle Macey, « de l’existence d’un « peuple noir », reconnaissant plutôt dans Antillais et Africains l’existence d’un « peuple africain » et celle d’un « peuple antillais » avant de corriger « peuple » et de lui substituer « monde ». »14 Nous l’avons vu plus haut : pour lui, le « nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc. » A l’instar de Sartre qui estimait que l’antisémite crée le Juif, Fanon estime que le Noir (ou nègre) est produit par le regard du Blanc, et que le Blanc se produit lui-même par le regard en retour du Noir. Le Noir doit donc être saisi dans sa « dimension pour-autrui ».15

    Fanon a le racisme en horreur. Il déplore que la démarche de la bourgeoisie colonisée se soit teintée « de plus en plus de racisme. » L’exigence de « négrification ou d’arabisation des cadres présentée par la bourgeoisie », loin de procéder d’une « entreprise authentique de nationalisation », n’a visé selon lui qu’à « accaparer les postes anciennement détenus par les étrangers ». Et ceux-ci étant de nouveau occupés, « le prolétariat des villes, la masse des chômeurs, les petits artisans, ceux que l’on a coutume d’appeler les petits métiers » vont calquer « leur attitude sur celle de leur bourgeoisie. Si la bourgeoisie nationale entre en compétition avec les Européens, les artisans et les petits métiers déclenchent la lutte contre les Africains non nationaux. » En fin de compte, écrit-il, il n’est pas étonnant d’entendre « dans un pays qui se dit africain, [...] des réflexions rien moins que racistes et de constater l’existence de comportements paternalistes qui laissent l’impression amère qu’on se trouve à Paris, à Bruxelles ou à Londres. »

    Bref : on voit décidément mal en quoi Fanon serait le promoteur d’une pensée qui, par le détour de l’essentialisme, mènerait à un régime de parti unique qu’il considérait d’ailleurs être « la forme moderne de la dictature bourgeoise sans masque, sans fard, sans scrupules, cynique. »16

    #Finkielkraut #Fanon #identité #racisme #colonialisme #décolonisation

    • @monolecte que c’est drôle : j’ai lu l’article hier en revenant du Sovkhoze, parce que j’aime beaucoup Fanon, et j’avais pensé écrire en en commentaire "Dommage de prendre l’inutile Finkielkraut comme prétexte pour parler de l’admirable Fanon, Finkie [en effet] ne méritait même pas 5 lignes dans ce contexte. Puis je me suis dit que @mona allait encore me dire que j’étais fatigant :)

      Cela dit, l’auteur de l’article parle très bien de Fanon et du coup, ça m’a donné l’occasion de me replonger, tard dans la nuit, dans quelques textes que j’avais sélectionné de lui [et d’autres auteurs caribéens] lors des débats avec Christiane Taubira sur le mariage homosexuel d’une part, et d’autre part à l’occasion d’un projet de recherche que je mène avec l’équipe du musée Garage à Moscou sur les relations culturelles entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Union soviétique, au cours duquel nous avons replongé dans les interventions des participants (dont fanon) du congrès des écrivains et des artistes noirs à Paris en 1956.

      Ici l’époustouflante intervention de Fanon :

      http://www.ina.fr/audio/PH909013001

      Avec un truc génial entre 6’ et 7’

      Et enfin oui, on ne devrait pas se sentir obligé de pondre 40 000 signes à chaque débilité publique de BHL ou Finkie ou équivalent. On peut évoquer l’oeuvre de Fanon sans prononcer une fois le nom de ... ou de ... :) Mais je comprends aussi qu’on a chacun nos petits traumatisme et nos petites aliénations.