• À qui appartient la #connaissance ?
    par Hervé Le Crosnier @hlc
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-possibles/article/050815/qui-appartient-la-connaissance

    Le terme « société de la connaissance » est devenu un signe de ralliement pour décrire les sociétés contemporaines [1]. Il désigne d’une part le basculement technique qui offre une place de plus en plus grande aux machines de « traitement de l’#information » dans le processus productif. D’autre part, il souligne la place de la connaissance dans la capacité à faire société… quand celle-ci est partagée. Source d’innovations productives et sociales, la connaissance est également l’enjeu d’un affrontement mondial concernant son mode de production, d’appropriation, son usage et les règles de son partage. Si nous entrons dans une « société de la connaissance », c’est donc au sein même des processus de gestion du savoir que résident les formes nouvelles de la #lutte_de_classes. Car loin d’être inter-classistes, comme le rêvaient les promoteurs de la « société #post-industrielle » dans les années 1970, l’organisation de la production et l’usage de la connaissance conduisent au contraire à un renforcement de nouvelles formes de #domination. Au point que l’on peut penser que cette appellation recouvre en réalité la seconde phase de la #mondialisation, celle qui instaure un nouvel ordre mondial de l’usage des #savoirs.

    • L’article nous dit :

      Si nous devons vivre une « société de la connaissance », dans laquelle les savoirs, les pratiques collaboratives, le design ouvert, les principes d’élaboration et de création collective seraient la norme, il nous faudra la construire en nous opposant aux forces de mainmise sur tout le travail intellectuel de la planète.

      Je profite donc de l’occasion pour vous faire part d’une #initiative qui me tient à cœur, mais qui ne peut être mise en place seul.

      Dans le monde de l’édition les #auteurs, dont font partie les #traducteurs, sont totalement soumis au bon vouloir des éditeurs, lesquels sont eux-mêmes dépendant des grands diffuseurs et des grands distributeurs. Résultat, les producteurs ne reçoivent pour leur travail que 10 % du prix de vente H.T. pour les auteurs et 4 % pour les traducteurs (il est vrai que ces derniers sont généralement payés sous la forme d’avances sur droits d’auteur, lesquelles sont souvent supérieures aux droits réellement dû par l’éditeur ; pour en savoir plus sur cet imbroglio je vous invite à vous rendre sur le site de l’Association des Traducteurs Littéraires de France). Bel exemple du pouvoir du capital sur la production, n’est-ce pas ?

      Face à cette situation, nombreux sont les auteurs qui se tournent vers l’autoédition et vendent leur livre… via Amazon, ce qui leur permet de recevoir 70 % des ventes mais ne résout rien en termes de domination et de lutte_des_classes.

      Mais lorsqu’il s’agit, comme moi, d’une autoédition commune à l’auteur et au traducteur, la question des droits d’auteurs se posent, notamment quand l’auteur ne peut employer le traducteur, pour des raisons économiques, et vice-versa. C’est alors que m’est apparu l’idée de former une #association de producteurs-consommateurs de #littérature_latinoamécaine (c’est mon domaine mais l’idée peut, bien sûr, être reproduite pour toutes les œuvres) dans le but de permettre aux auteurs de vivre de leur travail et aux lecteurs de lire à moindre coût. Grosso modo, l’association serait composée de deux ensembles aux pouvoirs égales : Auteurs et Lecteurs. Ceux-ci en devenant membres (j’imagine une cotisation volontaire) auraient le droit de lire et de télécharger (le projet tourne dans un premier temps autour de l’#édition_numérique) l’ensemble de œuvres de ceux-là. Les auteurs ne seraient pas rétribuer en fonction de leur vente de livre (puisqu’il n’y a pas de vente) mais recevraient : pour les auteurs originaux, 50 % des revenus de l’association répartis également entre tous, et 40 % pour les traducteurs. Ainsi, plus de relation commerciale entre auteurs et lecteurs, mais également, sous-entendu, le refus de la privatisation de la connaissance, au point de nier la création comme un acte individuel.

      Hélas, je n’arrive pas encore à mobiliser sur cette question, alors si l’idée vous paraît bonne, je vous invite à m’aider à la réaliser, et notamment si vous êtes traducteurs, car la viabilité du projet est proportionnelle au nombre de titres que nous pourrons proposer.

      Merci de votre attention, et si cette intervention n’a pas sa place sur @seenthis, n’hésitez pas à me le faire savoir.