A La Courneuve, le plus vieux bidonville d’Ile-de-France menacé d’expulsion

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  • Courneuve, le plus vieux bidonville d’Ile-de-France menacé d’expulsion
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    Mais le risque que les habitants du Samaritain en soient éjectés, lui, paraît bien réel à ceux qui soutiennent le camp. Un collectif dans lequel on trouve, entre autres, Médecins du Monde ou la Fondation Abbé Pierre. D’autres organismes, comme la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement mais aussi les étudiants de l’école d’architecture de la Villette ou la Cité de l’architecture et du patrimoine sont partenaires du projet. Ils ne se sont pas contentés de défendre les habitants. Ils ont aussi élaboré avec eux un plan de sortie progressive plutôt inédit dans ce domaine. Entre l’abandon des populations concernées à leur sort et leur éjection pure et simple, le collectif tente de dessiner une troisième voie. Une voie pragmatique.

    « RASSEMBLEMENT D’INTELLIGENCE COLLECTIVE »
    Les premiers occupants du bidonville ont échoué à côté d’une décharge sauvage dont les 1 500 mètres cubes de déchets sont toujours là. « Leur évacuation est la première des choses à faire. Médecins du Monde et la Fondation Abbé Pierre veulent bien y procéder, explique Saskia Cousin, membre du collectif. Mais il lui faut l’accord du maire. » Qui ne le donne pas.

    Un plan d’assainissement de retrait de ces ordures, de bloc sanitaire, de sécurisation des lieux a été élaboré. Des ONG et des associations ont travaillé sur l’accompagnement social, l’accès aux soins, la scolarisation et la formation. « Il y a un rassemblement d’intelligence collective et d’énergie autour du Samaritain. La mairie de La Courneuve a cette espèce de richesse entre les mains et ne veut rien en faire », déplore Pierre Chopinaud, de l’association la Voix des Roms.

    L’intelligence collective se voit aussi dans les lieux. En édifiant leurs cabanes les unes à côté des autres, les habitants ont créé une, puis deux, puis trois rues. Les ont jointes par une place centrale. Et ont édifié une église centrale, grande salle à base de poteaux et poutres de récupération, richement décorée de rideaux et de festons. Un urbanisme vernaculaire. Un jour de l’hiver dernier, les musiciens de l’Orchestre de chambre de la ville de Paris ont donné un petit concert dans l’église. Un autre, ce sont les congressistes du colloque de la Cité de l’architecture et du patrimoine sur « un monde global de camps » qui sont venus.