Un racisme post-colonial - Les mots sont importants (lmsi.net)

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    • Comment peut-on le nier, par exemple, alors que les enquêtes d’opinion mettent en évidence une forme de mépris ou de rejet spécifique, plus fort et plus durable, à l’encontre des immigrés originaires de pays colonisés ? De ces enquêtes [2], il ressort en effet que, depuis plusieurs décennies, deux phénomènes sont observables : d’une part, les vagues d’immigration les plus récentes sont toujours les plus dépréciées, les plus craintes ou les plus méprisées, tandis que le temps dissipe peu à peu cette crainte et ce mépris ; d’autre part, les immigrés issus de pays anciennement colonisés, notamment d’Afrique, font exception à cette première règle.

      En d’autres termes, il convient de distinguer le stigmate xénophobe, qui n’existe sous une forme exacerbée que pour les nouveaux arrivants, et le stigmate raciste, qui cristallise des représentations beaucoup plus profondément enracinées, et qui par conséquent ne perd pas - ou très peu - de sa force avec le renouvellement des générations et leur enracinement en France. Si les immigrants italiens, polonais, arméniens ou portugais ont pu être, à leur arrivée en France, l’objet de discours infâmants et de mesures discriminatoires d’une grande brutalité, souvent comparables par leur forme et par leur violence à ce que subissent aujourd’hui les immigrants post-coloniaux [3], il n’en est pas allé de même pour leurs enfants, et moins encore pour leurs petits-enfants. On ne peut pas en dire autant des enfants d’immigrés maghrébins ou noirs-Africains, seuls condamnés à l’appellation absurde - mais éloquente politiquement – d’« immigrés de la deuxième ou troisième génération », et aux discriminations qui l’accompagnent.

      #racisme #post-colonial #colonialisme

    • Du coté des pays du « centre » capitaliste, la décomposition, quoiqu’en cours, n’est pas aussi avancée. Par contre, une ségrégation s’est opérée qui met à l’écart les populations qui n’ont pas eu le temps de totalement s’intégrer dans la synthèse sociale capitaliste avant que celle-ci ne présente ses premiers signes de défaillances au tournant des années 1970. C’est clairement le cas pour les dernières vagues d’immigration en Europe (maghrébine en France, turque en Allemagne...) pour lesquelles la deuxième ou troisième génération ne trouve pas de place à leur tour. Le marqueur culturel apparent de cette intégration avortée devient alors le prétexte d’une idéologie raciste pour les sujets pleinement intégré dans la synthèse capitaliste au moment où ceux-ci voient se déployer les signes de sa décomposition sans pouvoir en comprendre le ressort.

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