« Jusqu’à quand allons-nous financer la corruption ? »
Une décharge temporaire avec une prorogation du contrat de Sukleen, sans perspective de prise en charge par de nouvelles compagnies avant un an au moins, comme l’a déclaré hier à la LBCI le ministre Akram Chehayeb. Les « nuances » ne dupent personne, et surtout pas certains entrepreneurs qui ont laissé éclater leur colère hier. Lors d’une conférence de presse, Nehmat Frem, président d’Indevco, et Ziad Younès, représentant de Butec (les deux compagnies devaient remporter l’appel d’offres pour la région Metn-Kesrouan-Jbeil), se sont tous deux demandé « pourquoi les résultats des appels d’offres avaient été présentés de cette façon la veille, c’est-à-dire en incluant le balayage de rues, de façon à gonfler les prix proposés ».
M. Frem a souligné que les frais de balayage avaient été ajoutés séparément par la compagnie à son dossier, étant donné qu’ils sont facultatifs et que les municipalités peuvent ne pas demander ce service. « Excepté ces frais, le prix par tonne que nous avons proposé est de 123 dollars, sachant que les compagnies précédentes avaient imposé un prix variant entre 150 et 160 dollars, a-t-il dit. Cela signifie que nous économisons 27 à 37 dollars par tonne, soit 29 000 à 39 000 dollars par jour sur 110 tonnes, soit plus de 10 millions de dollars par an, pour cette seule région. » Et d’ajouter : « Aujourd’hui, on se demande pourquoi cet appel d’offres a été annulé. Qu’est-ce que cela signifie ? Où allons-nous ? De nouveau à Sukleen et 160 dollars par tonne ? Jusqu’à quand continuerons-nous à financer la corruption au Liban ? »
Pour sa part, M. Younès s’est déclaré « non surpris de l’annulation de l’appel d’offres, nous l’attendions depuis ce discours sur les prix élevés et la corruption ». « Annuler cet appel d’offres, c’est la corruption en soi, et c’est innocenter la compagnie qui continue de travailler dans le domaine des déchets », a-t-il poursuivi, rappelant qu’il s’agit là du huitième appel d’offres annulé depuis 2001.