Pour sa part, Paul Abi Rached, président du Mouvement écologique libanais, déplore que, malgré tous les échecs, les responsables ne cherchent toujours pas à coopérer avec la société civile pour régler le problème des déchets. « Comment, en plein milieu d’une réunion, le gouvernement décide-t-il soudain d’allouer cent millions de dollars au Akkar pour convaincre cette région de fournir un site de décharge ? se demande-t-il. Les gens sont désormais sensibilisés aux problèmes environnementaux, on ne peut plus leur raconter n’importe quoi. »
Selon le militant de longue date, le refus de la privatisation est unanime au sein de la société civile. « Les prix proposés étaient de nature à affecter toutes les municipalités du Liban, elles qui pâtissaient précédemment du paiement des honoraires de Sukleen de la Caisse des municipalités », dit-il. Il rappelle que la solution peut être simple et rapide à mettre en place, par la création de centres de tri et de compostage au niveau des régions, ou par l’utilisation des centres de tri existants, avec un rôle de premier plan accordé aux municipalités.
De l’urgence aux objectifs stratégiques
Pour sa part, Habib Maalouf, journaliste et militant écologiste, ne peut s’empêcher de se dire « très satisfait » de l’annulation de cet appel d’offres, dont il a toujours dénoncé les importantes lacunes. « Mais ce n’est pas suffisant, poursuit-il. Cet appel d’offres avait de toute façon été totalement dépassé par la crise. Il faut mettre en place rapidement un nouveau plan qui combine entre objectifs stratégiques et urgence, parce que les déchets s’empilent dans les rues depuis plus d’un mois. »
Par rapport aux objectifs stratégiques, « l’idée est de faire tout ce qui est possible pour réduire le volume de déchets, notamment par de nouvelles taxes sur certains produits, tels les emballages dont le recyclage est difficile », dit-il. « Il existe un projet de loi au Parlement qui peut être adopté rapidement, poursuit-il. Après tous les traitements divers, il restera environ 20 % de déchets dont le traitement demeure non disponible. Jusqu’à nouvel ordre, on peut juste les stocker, puisqu’ils ne causent pas de désagréments, dans des endroits ouverts. » Concernant les municipalités, il prône « l’adoption d’un plan central où celles-ci auraient un rôle, plutôt que de leur faire porter le fardeau entièrement ».
Pour ce qui est du plan d’urgence, Habib Maalouf rappelle que, « dans une situation de gestion de crise, il faut recourir à la solution la moins nuisible. Voilà pourquoi je préfère que ces montagnes de détritus soient transportées vers des sites déjà dégradés plutôt que de détruire de nouveaux sites », estime-t-il.