En 2007, Martin Hirsch quitte la présidence du mouvement pour entrer dans le gouvernement Fillon en tant que Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et à la Jeunesse. Il est celui que Nicolas Sarkozy a choisi pour mettre en place le RSA.
Il en profitera pour rajouter, dans la loi RSA, un chapitre relatif au "statut des personnes accueillies dans des organismes d’accueil communautaire et d’activités solidaires" .
Ce statut, unique en France, autorise les organismes concernés à faire participer ces personnes à des activités d’économie solidaire afin de favoriser leur insertion sociale et professionnelle. Mais dans les faits, il empêche de considérer les compagnons en tant que salariés au motif qu’il n’existerait pas dans ce type de relation de « lien de subordination » nécessaire à l’établissement d’un contrat de travail.
De fait, les députés qui votent ce texte dans la foulée du RSA, ne se rendent pas compte que ce nouveau statut juridique est un frein à la réinsertion sociale des compagnons d’Emmaüs et qu’il les bloquera dans un espace clos, entre exclusion totale et réinsertion très partielle, alors même qu’une bonne partie d’entre eux exercent une réelle tâche professionnelle à finalité économique.
Et le résultat ne se fait pas attendre, les « compagnons » qui gagnent un « pécule » de 200 euros par mois pour 40h par semaine travaillent dans des conditions indignes d’une société avancée. Ils sont certes logés, mais sans contrat de travail, le toit devient un piège en cas de réclamation. L’expulsion est la règle contre tous ceux qui « demandent », plus qu’ils n’exigent, une amélioration de leur situation.
Dès leur création, les communautés d’Emmaüs ont souhaité être autosuffisantes et ne recevoir aucune subvention de fonctionnement. La réalité est un peu différente... Un compagnon ne coûte quasiment rien à la communauté accueillante. La chambre mise à sa disposition est payée par une allocation logement versée par la CAF, les denrées pour les repas sont données par les banques alimentaires et les vêtements par les bénévoles...
Voici la définition de l’esclavage « moderne » : "Un esclave est un individu privé de sa liberté ou d’une partie de celle-ci par les règles en vigueur dans le pays et l’époque considérés. Il est un instrument économique sous la dépendance d’un maître et ne bénéficie pas d’une personnalité juridique propre."