La boucle numérique (sur le GIF animé, etc.)

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    « une mèche coupée des boucles Bérénices »
    Catule, la boucle de Bérénice, Anacharsis éditions, 2002.

    Boucle originelle : le son

    La boucle musicale à une histoire riche : de l’ostinato 1 (répétition obstinée d’une formule rythmique) chez Bach ou Ravel ou même dès le XVIIe siècle, à la « Vexation » 2 de Satie et ses 840 mêmes mesures, à l’usage des samplers des années 70 et à l’ensemble des musiques dites « sérielles » et « minimales ».
    Mais plus particulièrement, le XXe siècle est le siècle de la boucle, souvent considérée comme un retour d’un archaïsme, un équivalent en musique de l’influence de ce qu’on appelait « arts nègres » sur les avants-gardes.

    À ce moment-là, la répétition du même est une transgression d’un temps musical considéré comme mélodique :

    « Elle n’est plus indifférente à l’égard du temps, puisqu’elle ne se répète pas à son gré (…) Le concept de classique, dans la musique, est défini par cette relation paradoxale avec le temps (…) c’est pourquoi la variation devenant partie intégrante des œuvres les plus valables de la période dite classique… »

    Théodore W. Adorno, Philosophie de la nouvelle musique, Tel Gallimard 1979, page 32.

    Même si le rythme semble avoir à faire avec la boucle, et qu’un son unique répété est déjà une boucle, l’histoire de la musique noire américaine n’a pas seule la responsabilité de la scansion épileptique qui envahit le XXe siècle.
    Paradoxalement, ce qui était jugé comme un « archaïsme », un « primitivisme », qui aurait contredit la notion de « classique » qui considérait la musique comme « variation », nous semble aujourd’hui comme une caractéristique majeure de la révolution industrielle :

    « Le ronflement s’entend, rythmique et dur, Des chaudières et des meules nocturnes ; »

    « Grondent, au fond des cours, toujours, Les haletants battements sourds
    Des usines et des fabriques symétriques. »

    « Automatiques et minutieux,
    Des ouvriers silencieux
    Règlent le mouvement
    D’universel tictaquement
    Qui fermente de fièvre et de folie
    Et déchiquette, avec ses dents d’entêtement, La parole humaine abolie. »

    Verhaeren, Les villes tentaculaires, Le Livre de Poche 1995.

    Car c’est la machine, scandant la vie moderne de ses rythmes nouveaux avec sa capacité mécanique à refaire/redire à l’identique, qui marque le véritable empire de la boucle sur notre temps.

    Boucle numérique...

    Et @philippe_de_jonckheere et « Chinois » qui viennent se glisser là.

    #numérique #boucle

    • Tu sais @unagi, il y a quelques années, internet était encore un endroit où l’on ne se commettait qu’à reculons, les oeuvres n’étaient pas si nombreuses aussi on pouvait se retrouver cité dans de nombreux mémoires et autres thèses par le simple fait qu’on avait mis son travail sur internet, qu’on avait accepté un tel principe de la mise en ligne et si en plus on avait réfléchi à ce que cela pouvait impliquer de réflexion créative, on passait vite pour une manière de demi-dieu aux yeux des universitaires qui ne se rendaient même pas compte qu’ils étaient, eux, accidentellement très créatifs en imaginant des formes du futur en extrapolant à propos d’un nombre réduit d’oeuvres. Relire ces lignes avec une dizaine d’années de recul désormais me paraît bien exotique d’anachronisme.

      Et Chinois (ma vie) est un bon exemple, en soi ce n’était pas une mauvaise construction cette idée de labyrinthe façon Marelle de cortazar, mais plus fouillé, plus compliqué et en html avec donc des liens hypertextes très nombreux, mais misère quand je relis le texte, je suis un peu gêné tout de même, surtout quand je repense aux assez nombreuses thèses et autres études universitaires dans lequel il apparaît en bonne place.