Le Monde diplomatique

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  • Sociologues ou gardiens de la doxa ? Qui entache la réputation de notre discipline ? La réponse de Laurent Mucchielli
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/220821/sociologues-ou-gardiens-de-la-doxa-qui-entache-la-reputation-de-notr

    Huit sociologues qui n’ont jamais publié le moindre travail empirique sur l’analyse de la crise sanitaire, ni sur la pharmacovigilance, m’injurient par voie de presse, sur le fondement d’un seul argument (je ne comprendrais rien à la causalité) et de sources douteuses. Voici ma réponse.

    Le 19 août 2021, 8 collègues sociologues parisiens ont cru bon de publier dans le journal Le Monde une très courte tribune https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/19/vaccination-contre-le-covid-19-la-sociologie-ne-consiste-pas-a-manipuler-des toute entière dirigée contre ma personne, m’insultant, me diffamant et demandant au CNRS de me sanctionner. Il s’agit de Gérald Bronner, Alain Ehrenberg, Jean-Louis Fabiani, Olivier Galland, Nathalie Heinich, Jean-Claude Kaufmann, Pierre-Michel Menger et Dominique Schnapper. On trouvera ici ma réponse qui :

    1) rappelle l’argumentation de nos huit éminents collègues,
    2) montre qu’ils valorisent la censure de Mediapart en ignorant les arguments des journalistes et des intellectuels qui ont republié nos articles,
    3) montre que, en réalité, ils ne m’ont pas lu et ne connaissent manifestement pas grand chose au sujet,
    4) s’interroge sur leurs motivations et leurs présupposés,
    5) défend effectivement une autre conception de la sociologie que la leur.

    L’argumentation des censeurs
    Selon ces 8 éminents collègues, il est heureux que Mediapart m’ait interdit de publier sur les effets indésirables des vaccins anti-covid car je tromperais mes lecteurs en me parant de mon titre professionnel de directeur de recherche au CNRS et ainsi en « présentant comme scientifique » une analyse qui procéderait « au mieux, d’une erreur d’interprétation inadmissible et, au pire, d’une falsification de données » . Et voici leur explication : mon analyse « confond les décès intervenus durant une période consécutive à une vaccination avec ceux causés par la vaccination – une causalité qui, bien sûr, n’a été nullement avérée, et dont la probabilité est infinitésimale » . La conclusion arrive immédiatement : « C’est là un exemple de la confusion classique entre concomitance et causalité. Une faute de raisonnement qui ferait sourire de la part d’étudiants en première année mais qui, commise par un chercheur au CNRS, constitue une démonstration d’incompétence professionnelle » .
    Fichtre ! Une telle agressivité surprend !

    Et ce n’est pas tout. Non content d’être un imbécile, je serais de surcroît un dangereux complotiste. En témoignerait « la multiplication de publications complotistes commises par ce même sociologue depuis le début de la crise épidémique, et que recense avec précision le site Conspiracy Watch - L’observatoire du conspirationnisme, dans un article du 6 août ».

    Tout d’un coup, ce n’est donc plus un article qui est contestable mais tout mon travail depuis un an et demi qui est qualifié de « douteuse production ». Je ne ferais qu’étaler une « position idéologique » qui « n’a rien à voir avec de soi-disant travaux de recherche indigents, voire frauduleux ». Et ils concluent que j’incarnerais une « dérive » qui « entache la réputation de notre discipline » dont eux prétendent défendre « l’honneur » . Rien de moins !

    Ainsi, l’argumentation de nos éminents collègues tient en tout et pour tout dans deux affirmations :
    1) je ne comprends rien à l’imputabilité des effets indésirables des vaccins,
    2) je suis de toutes façons un affreux complotiste, ce mot discréditant à lui seul l’ensemble de mon travail. Et la messe (d’enterrement) serait dite.

    Mediapart est libre d’adopter la doxa, d’autres ne le font pas
    Ces collègues ignorent que je n’ai pas publié un mais deux articles sur le sujet (voir https://altermidi.org/2021/08/06/le-texte-de-laurent-mucchielli-depublier-par-mediapart et https://www.ardeur.net/2021/08/la-dangerosite-des-nouveaux-vaccins-anti-covid-est-un-fait-historique ).
    Le premier (celui « dépublié » par Mediapart – puisque mes critiques n’assument pas le mot « censure ») a été republié notamment sur un site d’information générale (AlterMidi) , créé par des journalistes indépendants qui ont de surcroît motivé leur décision en écrivant fort intelligemment ceci : « Nous ne sommes pas compétents pour établir la vérité, mais nous constatons que toutes les formes de pouvoir s’arment aujourd’hui de la vérité scientifique pour imposer une marche à suivre et que la science produit des vérités en fonction du contexte social. Voilà pourquoi, avec l’aimable autorisation de son auteur, nous prenons le parti de publier ci-dessous le volet refusé en laissant aux lecteurs la liberté de fonder leurs propres opinions ».

    Le second a été publié notamment sur le site de L’ardeur , où l’équipe rédactionnelle (des intellectuels de gauche, militants de l’éducation populaire) a également longuement expliqué http://www.ardeur.net/2021/08/pourquoi-nous-publions-un-article-de-laurent-mucchielli pourquoi elle s’engageait en nous publiant. Nos éminents critiques ne les ayant naturellement pas lus non plus, je leur fais un résumé : « L’argument selon lequel sa légitimité pourrait être mise en question par le fait qu’il intervient aujourd’hui dans le domaine sanitaire, pour lequel ‘il n’a pas de compétence universitaire ou scientifique particulière’, nous semble spécieux et inquiétant. Car c’est à une question bien plus large que le seul aspect sanitaire que nous sommes confrontés. (…)

    Nous entrons aujourd’hui, sous couvert d’un ‘état d’urgence sanitaire’, dans une phase de contrôle total de la population, un nouvel ‘ordre sanitaire’ calqué sur la mise en place de ‘l’ordre sécuritaire’ (…). Après l’instrumentalisation et la stigmatisation du jeune, forcément de banlieue, celle du ‘non-vacciné’. Ainsi que l’ont montré les philosophes Barbara Stiegler et Grégoire Chamayou, les penseurs du néo-libéralisme, de Lippman à Hayek, ont théorisé le principe d’un État fort, policier et carcéral, pour maintenir sous contrôle des populations qui risqueraient de ne pas comprendre ou accepter la condition qui leur est assignée. Nous nous y dirigeons à grands pas et, une nouvelle fois, celle qui se nomme encore la gauche, dans sa quasi-totalité, fait allégeance ». En outre, ils estiment que « L’argumentation de Mediapart est par ailleurs fallacieuse car elle repose sur l’idée que le texte de Laurent Mucchielli diffuserait de ‘fausses informations’ : la rédaction de Mediapart peut contester l’interprétation que le sociologue fait des chiffres qui appuient sa démonstration, il n’empêche que ceux-ci sont officiels (…). Nous savons le pouvoir des mots : étendre la notion de ‘fausses nouvelles’, jusque-là réservée aux faits eux-mêmes, à leur interprétation est porteur des dérives potentielles les plus graves ».
    Et les auteurs de conclure que la censure par Mediapart est « un geste proprement inouï : nous revendiquons de pouvoir lire des analyses critiques de la politique sanitaire dans des médias « de gauche ». Mediapart rejoint dans ce geste de censure Facebook, YouTube et l’ensemble des médias de propagande gouvernementale ».
    On le voit, il est permis de penser autrement que dans le béat conformisme ambiant. Et nous sommes très nombreux dans ce cas.

    A propos de l’innocuité des vaccins anti-Covid
    Même en s’y mettant à huit, mes éminents collègues ne m’ont manifestement pas lu, ce qui certes permet de gagner beaucoup de temps, mais est tout de même un peu gênant lorsque l’on se permet de proférer en public de telles injures.

    Les deux articles sur la pharmacovigilance sont signés par six personnes et non une seule. Les cinq autres auteurs sont deux collègues universitaires en informatique (Emmanuelle Darles) et en mathématique (Vincent Pavan), une biologiste ancienne chercheuse à l’INSERM (Hélène Banoun), un médecin généraliste (Éric Ménat) et un pharmacien hospitalier (Amine Umlil) qui est spécialiste de pharmacovigilance. Mon nom apparaît en premier car je suis le principal rédacteur, mais les cinq autres signatures ne sont pas là pour faire tapisserie. Elles traduisent le fruit du travail d’un petit groupe, comme pour la plupart des articles que j’ai publiés sur la crise sanitaire depuis un an et demi. Mon enquête sur la gestion politico-sanitaire de la crise du Covid a débutée en mars 2020.
    J’ai publié une soixantaine d’articles (que j’appelle les « épisodes » de la série) et une trentaine de collègues universitaires (de toutes disciplines) et de professionnels de santé (ambulatoires ou hospitaliers). Je suis également le rédacteur principal de cinq tribunes collectives, publiées entre septembre 2020 et janvier 2021, qui ont rassemblé à chaque fois entre 200 et 600 signataires, essentiellement des universitaires et des professionnels de la santé, du droit, de l’éducation et de la culture. Tout ceci est indiqué sur la page du site Internet https://www.lames.cnrs.fr/spip.php?article1536 de mon laboratoire sur laquelle il suffit de cliquer. Mais il est évidemment infiniment plus facile de se défouler en quelques lignes et en recopiant des sources de seconde voire de troisième main plutôt que d’étudier un peu sérieusement un dossier qui fait en réalité plusieurs centaines de pages.

    Venons-en à ce défoulement. Mes huit critiques n’ont en tout et pour tout qu’un seul argument intellectuel : je ne comprendrais rien à l’imputabilité des effets indésirables des vaccins, mon raisonnement ne serait donc même pas digne d’un étudiant de première année de sociologie. Tiens donc. Vérifions alors. Relisons ce que nous avons écrit dans ces deux articles qui discutent en réalité à chaque fois la question complexe de l’imputabilité. N’importe quel lecteur honnête peut y constater que nous avançons six arguments que je copie-colle simplement ici :

    1- « Sur tous les sites de pharmacovigilance du monde, on trouve les mêmes précautions d’interprétation indiquant que les déclarations d’effets indésirables imputées à tel ou tel médicament ne sont qu’une présomption de causalité (imputabilité). Cette présomption est cependant considérablement renforcée lorsque les décès surviennent très rapidement après la vaccination, ce qui est le cas comme on le verra avec les données américaines ».

    2- « Il est évident qu’il est très difficile de déterminer la cause exacte d’un effet indésirable grave lorsque le malade présente (ou présentait s’il est décédé) des comorbidités importantes, ou lorsque son dossier médical est insuffisamment connu. Le raisonnement vaut d’ailleurs aussi pour les morts réputés causées par la covid [morts de la covid ou avec la covid ?]. Et c’est aussi pour cette même raison que, quel que soit le médicament concerné (vaccin ou autre), il ne faut jamais l’administrer uniformément mais bien au cas par cas en fonction de l’état de santé général de la personne et des éventuelles spécificités de son histoire médicale ».

    3- « En matière de mortalité, la preuve ultime de l’imputabilité qu’est la répétition du même symptôme à la suite de la même médication ne peut par définition pas être fournie (on ne meurt qu’une fois…) ».

    4- Qu’on le veuille ou non, « il existe des faits (des effets indésirables graves sont constatés dans les heures et les jours qui suivent un acte médical) et il n’est pas possible de s’en débarrasser d’un revers de la main au prétexte que la causalité directe (a fortiori unique) n’est pas établie. C’est un peu comme si on voulait contester l’existence d’un homicide au motif que l’on n’a pas encore trouvé le coupable. Les déclarations de pharmacovigilance relatives aux effets indésirables graves de la vaccination sont là, il faut les interpréter et non tenter de les cacher sous le tapis ».

    5- « On verra que la comparaison avec d’autre médicaments montre qu’il se passe bel et bien quelque chose d’inédit pour ces vaccins génétiques anti-covid ». Car nous avons également prouvé par la comparaison avec d’autres pays et avec les vaccins contre la grippe saisonnière.

    6- « Autre exemple saisissant de parti-pris : à la fin du mois de mars 2020, il avait suffi de 3 cas de décès (liés en réalité à des auto-médications surdosées) remontés par la pharmacovigilance pour déclencher en France une tempête politico-médiatique sur le thème de la dangerosité de l’hydroxychloroquine. En d’autres termes, pour la plupart des journalistes [et de certains sociologues, donc], les statistiques sanitaires sont indiscutables quand elles vont dans le sens de la narration officielle, mais elles deviennent soudainement discutables lorsqu’elles contredisent cette même narration. Cette malhonnêteté intellectuelle devrait sauter aux yeux ».

    J’ai beau réfléchir, je ne vois pas quoi ajouter. En revanche, je serais curieux de connaître les publications scientifiques m’ayant manifestement échappées, qui permettant à mes éminents collègues d’affirmer que la probabilité (que les effets indésirables graves voire mortels déclarés par les médecins à la pharmacovigilance et attribués aux vaccins le soient effectivement) est « infinitésimale » . Cela me rassurerait sur leur « compétence professionnelle ».

    Quand la sociologie de salon perd le contact avec le réel
    Je terminerai par quatre arguments que je crois importants.

    1) Sur la civilité qui fait tellement défaut à ce genre de diatribe
    « Incompétence professionnelle », même pas « le niveau d’un étudiant de première année », grave atteinte à « la réputation de notre discipline », « fraude », « balivernes »… Pourquoi m’insulter, cher(e)s collègues ? Ne savez-vous donc pas parler normalement ? Comme des gens civilisés ? Accessoirement, connaissez-vous mon CV avant de me traîner dans la boue ? Ce langage est effarant, il traduit une grave et révélatrice incapacité à maîtriser ses émotions. On y reviendra.

    Drapés dans leur hautain mépris, mes huit éminents détracteurs ne respectent donc pas les règles déontologiques élémentaires de la disputatio scientifique. Ont-ils pris réellement connaissance de mon travail ? On vient de voir que non. M’ont-ils écrit pour m’interroger sur mon travail ? Jamais. Ont-ils manifesté l’envie de débattre dans un séminaire ou un autre cénacle universitaire quelconque ? Jamais. A l’image des journalistes sans doute trop heureux de les publier (on sait combien j’ai critiqué https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/150721/la-crise-sanitaire-revele-l-inquietant-declin-du-journalisme le traitement de la crise sanitaire par le journal Le Monde notamment, et ce journal s’est bien gardé de me prévenir et de me proposer un droit de réponse), mes collègues pratiquent la tentative d’assassinat à distance. C’est tellement plus confortable. Ce faisant, ils se mettent au niveau de ce qui s’étale tous les jours sur des réseaux sociaux comme Twitter devenus le lieu d’une lutte d’influence sauvage où tous les coups sont permis. Cette façon de faire bafoue les règles les plus élémentaires de la civilité et de la déontologie universitaire.

    2) Sur le « complotisme »
    Mes savants donneurs de leçons pratiquent allègrement le procès d’intention et l’invective gratuite. Me voilà donc « complotiste ». Je me permets de leur conseiller la lecture de mon article du 16 novembre 2020 https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/161120/le-complotisme-pour-les-nuls-l-occasion-d-un-recent-documentaire intitulé « Le complotisme pour les nuls ». Cette expression est devenue à la fois un fourre-tout pour caser toute forme de critique et une sorte de point Godwin qui sert à discréditer globalement une personne pour mieux éviter d’avoir à discuter précisément ses arguments. L’étape suivante consiste à suggérer que la personne a des accointances avec l’extrême droite, quand les prétendus débatteurs n’utilisent pas l’arme ultime consistant à accuser les gens d’antisémitisme (comme certains s’amusent actuellement à le faire sur la page que me consacre le site wikipedia). Tout ceci non seulement n’est pas sérieux, mais est de surcroît insultant et diffamatoire. Le vrai conspirationnisme est une forme de pensée magique visant à expliquer le réel par le jeu de forces occultes cachées. Ceci n’a strictement rien à voir avec l’analyse sociologique que je développe pour analyser la construction de la narration officielle que j’appelle « la doxa du covid » et dont j’analyse les acteurs et les discours dans un autre épisode (central) de la série (21 février 2021) https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/210221/qui-construit-la-doxa-du-covid .

    3) Sur les sources d’information de mes détracteurs
    J’aimerais demander à mes huit savants accusateurs quelles sont leurs sources pour mettre ainsi en cause mon travail. Leur article n’en mentionne que trois, deux sources journalistiques (une dépêche type fact-check de l’ #AFP et la déclaration de la rédaction de Mediapart contre mon article) et un article https://www.conspiracywatch.info/laurent-mucchielli-de-mediapart-a-francesoir.html d’un site Internet intitulé Conspiracy Watch. Ce site m’a en effet consacré tout un article à charge pour m’assimiler en fin de compte à l’extrême droite sous prétexte qu’untel ou untel reprendrait ici ou là tel ou tel de mes propos. De la part d’un site qui a soutenu depuis un an et demi (avec d’autres https://www.leparisien.fr/societe/covid-19-plus-d-un-quart-des-francais-pensent-que-le-coronavirus-a-ete-fa comme Jérôme Fourquet, directeur du pôle opinion et stratégies d’entreprises à l’IFOP) que l’hypothèse de l’accident de laboratoire à Wuhan relevait du complotisme, cela fait sourire (voir notre analyse https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/100521/l-epidemie-de-coronavirus-probablement-pour-origine-un-accident-de-l ). Il s’agit d’un site assurant manifestement avant tout la promotion personnelle de son créateur, un certain Rudy Reichstadt que l’Observatoire du néo-conservatisme présentait en 2013 https://anticons.wordpress.com/2013/09/09/rudy-reichstadt-opportuniste-neo-conservateur comme « un opportuniste de la galaxie néo-conservatrice », un « expert autoproclamé », « proche de BHL », « disciple de Pierre-André Taguieff et très proche de Caroline Fourest », « c’est surtout le jeu des réseaux qui lui a permis d’exister ». Plus récemment, Le Monde Diplomatique a raconté également https://www.monde-diplomatique.fr/mav/158/BREVILLE/58491 comment « il s’impose dans les médias en tant qu’expert ès théories du complot. Il multiplie les entretiens et les tribunes dans Le Monde, Libération, Le Parisien, etc. Quand les universitaires Gérald Bronner et Pierre-André Taguieff ne sont pas libres, c’est lui qu’on invite pour commenter les dernières élucubrations sur tel ou tel attentat ». Pascal Boniface, Frédéric Lordon, Jean Ziegler et bien d’autres ont ainsi eu à subir ses attaques généralement pleines de mauvaise foi et d’amalgames. Chacun jugera si M. Reichstadt est ou non plus crédible que moi en matière de lutte contre l’extrême droite.

    J’en profite pour dire de façon générale que ce chantage permanent à l’extrême droite est non seulement profondément ridicule me concernant (j’ai combattu l’extrême droite toute ma vie, mon dernier livre https://www.fayard.fr/documents-temoignages/la-france-telle-quelle-est-9782213716800 paru en mars 2020 est tout entier dirigé contre cette idéologie) mais aussi et surtout très dangereux sur le double plan intellectuel et politique.

    Il s’agit en réalité de la stratégie du pouvoir exécutif actuel que de se poser pour 2022, comme il l’a déjà fait en 2017, en rempart contre l’extrême droite. Se dire de gauche et reprendre à son compte cette rhétorique revient donc à se tirer une balle dans le pied. De gauche intellectuelle et politique, il n’y en aura bientôt plus du tout si chacun se jette ainsi dans les bras du pouvoir actuel. Que des intellectuels se droitisent en vieillissant n’est hélas pas original. Mais que la direction d’un syndicat comme Sud Éducation (qui titre un communiqué récent https://www.sudeducation.org/communiques/pour-la-vaccination-contre-lextreme-droite « Pour la vaccination, contre l’extrême droite ») ne le comprenne pas est juste atterrant. Et il n’est pas le seul.

    4) Sur la sociologie de salon et « la réputation de notre discipline »
    Résumons : huit sociologues qui n’ont jamais publié le moindre travail empirique sur l’analyse de la crise sanitaire et de sa gestion politique, ni sur la pharmacovigilance, m’injurient et me diffament sur le fondement d’un seul argument (je ne comprends rien à la causalité) et des informations tirées de deux coupures de presse et d’un article d’un site Internet qui ne vaut pas tripette. Oserais-je dire que c’est très faible intellectuellement ? Et que cela ressemble davantage à un règlement de compte qu’à une critique scientifique ?

    Que vous ai-je donc fait de si insupportable, cher(e)s collègues ?

    Certes, bien que n’étant nullement opposé à la vaccination en soi , je critique en revanche ce que j’appelle l’idéologie vaccinale https://wonderfulnews.world/mucchielli qui, comme toute idéologie, divise stupidement le monde en amis en ennemis (pro et anti). Certes encore, je critique ce laisser-passer sanitaire incroyablement discriminatoire https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/170821/le-laisser-passer-sanitaire-un-dispositif-discriminatoire-au-sens-de (principe d’égalité entre les citoyens) en indiquant de surcroît qu’il n’a aucun fondement épidémiologique puisque la vaccination ARNm ne garantit pas de la contamination ni de la transmission du virus (ce qui est juste un fait, que l’on connaît, ou pas).

    Certes enfin, je soutiens que les quatre vaccins ARNm fabriqués en urgence par les industriels pour profiter de l’aubaine financière ont des effets indésirables plus nombreux et plus graves qu’aucun autre vaccin utilisé massivement ces trente dernières années. Et j’en conclus que la moindre des précautions serait donc de réserver ces vaccins aux personnes réellement menacées par les formes graves de Covid et de décréter de toute urgence un moratoire pour toutes les autres catégories de la population, dans l’attente de données et d’analyses plus approfondies. Je l’ai écrit, je le maintiens et je suis prêt à le défendre devant n’importe qui.

    Alors, est-ce un crime, un sacrilège, qui justifie que l’on souhaite me brûler en place publique ? Peut-être après tout, mais dans ce cas ces sociologues me permettront de leur répondre qu’ils ne font à mes yeux qu’incarner les mécanismes de domination idéologique des élites et les pressions de conformité que je mets en lumière dans mon analyse, qu’ils sont ainsi de bons petits soldats de la doxa, et qu’ils rejoignent la liste de ces intellectuels (voire une précédente polémique https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/261020/doxa-anti-raoultiste-et-police-de-la-pensee ) prenant le risque d’être peut-être considérés dans le futur comme ayant été en quelque sorte les idiots utiles d’une vaste opération idéologico-commerciale.

    Mais peut-être aussi y a-t-il autre chose qui permette de comprendre cette haine ? A vrai dire, pour certains, je me doute de la réponse. J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pensais de la sociologie de salon de l’un d’entre eux (voilà qu’il me fait à mon tour le coup du « danger sociologique » ! https://www.puf.com/content/Le_danger_sociologique ). Certains sont probablement par ailleurs des soutiens politiques de l’actuel président de la République (je remarque que trois d’entre eux https://www.liberation.fr/checknews/2019/03/19/qui-sont-les-intellectuels-qui-ont-refuse-l-invitation-a-debattre-avec-ma étaient au fameux dîner de l’Élysée le 18 mars 2019, y servant de décor ou de caution), ce qui est évidemment leur droit mais n’est pas mon cas. Enfin, j’ai sans doute aussi le malheur de m’inspirer régulièrement de Pierre Bourdieu pour analyser doxas et sociodicées dans cette affaire. Or chacun sait combien au moins quatre autres de mes huit accusateurs ne cessent de régler leurs comptes avec Bourdieu même longtemps après sa mort. Et l’on devinera que je trouve cela pitoyable. Je n’ai pas connu Bourdieu et je ne suis pas de votre génération. Je tente simplement de faire mon métier de sociologue et mon devoir d’intellectuel engagé sur la gestion politico-sanitaire de cette crise, comme je l’avais fait auparavant à plusieurs reprises, par exemple sur les émeutes de 2005 ou sur le mouvement des gilets jaunes de 2018-2019.

    Comme plusieurs d’entre vous, je ne me suis jamais senti cantonné à un micro-domaine de spécialité. Mais je ne pratique pas la sociologie de salon. Au cours de mon enquête en cours, comme déjà dit, j’ai interviewé une cinquantaine de médecins et de chercheurs, publié une soixantaine d’articles et une bonne trentaine de collègues (tous « complotistes » et « incompétents » aussi du coup ?), passé des semaines à analyser des données statistiques. Bref, j’ai beaucoup travaillé sur la gestion politico-sanitaire de cette crise. Pas vous que je sache (mais j’attends avec grand intérêt vos publications sur le sujet). Alors la moindre des honnêtetés intellectuelles et des civilités serait de prendre au sérieux ce travail avant de prétendre porter sur lui un jugement global, a fortiori aussi caricaturalement lapidaire. A vrai dire, j’aimerais beaucoup pouvoir débattre davantage avec des collègues sociologues, dans le cadre d’un séminaire de recherche par exemple.

    Mais là, franchement, avec un langage aussi violent, des sources aussi superficielles et une argumentation aussi faible, croyez-vous être crédibles dans votre prétention à sauvegarder la « réputation de notre discipline » ? Je crains fort, au contraire, que ce genre de règlements de compte ne convainque que celles et ceux qui partagent vos petites émotions hargneuses, et fasse en définitive plus de tort que de bien à notre discipline.

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  • Agamben WTF, or How Philosophy Failed the Pandemic, Benjamin Bratton, Verso
    https://www.versobooks.com/blogs/5125-agamben-wtf-or-how-philosophy-failed-the-pandemic

    Benjamin Bratton on why philosophy failed us in facing up to the pandemic, and why we need to rethink biopolitics as a matter of life and death.

    As yet another wave of infection blooms and the bitter assignment of vaccine passes becomes a reality, societies are being held hostage by a sadly familiar coalition of the uninformed, the misinformed, the misguided, and the misanthropic. They are making vaccine passports, which no one wants, a likely necessity. Without their noise and narcissism, vaccination rates would be high enough that the passes would not be needed. 

    But it is not simply the “rabble” who make this sad mess, but also some voices from the upper echelons of the academy. During the pandemic, when society desperately needed to make sense of the big picture, Philosophy failed the moment, sometimes through ignorance or incoherence, sometimes outright intellectual fraud. The lesson of Italian philosopher, Giorgio Agamben, in part tells us why.

    Famous for critiques of “biopolitics” that have helped to shape the Humanities’ perspectives on biology, society, science and politics, Agamben spent the pandemic publishing over a dozen editorials denouncing the situation in ways that closely parallel right-wing (and left-wing) conspiracy theories. 

    Over the past two decades, the soft power influence of his key concepts in the Humanities - homo sacer, zoē /bios, the state of exception, etc. - has been considerable. This has also helped to cement in a stale orthodoxy suspicious of any artificial governing intervention in the biological condition of human society as implicitly totalitarian. In the name of being “critical”, the default approach to any biotechnology is often to cast it as a coercive manipulation of the sovereignty of the body and lived experience. 

    If one were to imagine Alex Jones not as a Texas good ol’ boy, but rather as a Heideggerian seminary student, this would give a sense of how Agamben himself approached the requests for public comment on the COVID-19 pandemic. Beginning in February 2020, with “The Invention of an Epidemic”, he called the virus a hoax and the belated lockdowns in Italy a “techno-medical despotism”. In “Requiem for the Students”, he denounced Zoom seminars as acquiescence to a Silicon Valley concentration camp condition (his words). In “The face and death”, he derided the use of masks as sacrificing the ritual humanity of the naked face.

    Each short essay was more absurd and strident than the last. Upon publication of the earliest of these, Agamben’s friend, the French philosopher Jean-Luc Nancy, warned us to ignore him, and that if he himself had followed Agamben’s medical advice discouraging a heart transplant that saved his life, that he would be dead. 

    Earlier this month, Agamben went all in, directly and explicitly comparing vaccine passes to Nazi ‘Juden’ stars. In a short piece called, “Second class citizens”, he connects the fates of those who refuse vaccination to that of Jews under fascism and concludes that “The ‘green card’ (Italy’s vaccine pass) constitutes those who do not have it in bearers of a virtual yellow star.” After picking up my jaw, I cannot help but compare Agamben’s analysis to that of QAnon-influenced United States congressperson, Marjorie Taylor Greene, who beat him to the punch when she tweeted back in May that “Vaccinated employees get a vaccination logo just like the Nazi’s forced Jewish people to wear a gold star.” 

    In this ongoing performance, Agamben explicitly rejects all pandemic-mitigation measures on behalf of an ‘embrace tradition, refuse modernity’ conviction which denies the relevance of a biology that is real regardless of the words used to name it. Something seems to have recently cracked open for him, and yet at the same time, re-reading his foundational texts in the light of the pandemic pieces is illuminating. His position has not suddenly changed. It was there all along.

    Romanticism has been a permanent passenger on the flights of Western Modernity, and its mourning for ‘lost objects’ always just-out-of-reach vacillates between melancholia and revolt. Romanticism’s aesthetic disgust with rationality and technology finally has less to do with their effects than with what they reveal about how differently the world really works from how it appears to myth. Its true enemy is less alienation than demystification, and so it will always accept collaboration with Traditionalists. 

    It is not surprising then that Agamben earned the thanks of both Lega Nord and the anti-masker/vaccine movements. His conclusions are also similar to those of the Brazilian populist president Jair Bolsonaro, who sees the virus as an over-blown plot by techno-medical globalists to undermine traditional authority and natural bodily and communitarian coherency. What is the lost object? Agamben’s contributions are, at their core, an elaborate defense of a pre-Darwinian concept of the human and the mystical attachments it provided. Ultimately, he is not defending life, he is refusing it. 

    As of today, Agamben’s biggest online supporters are not his many long time readers but rather a squad of new fans, primarily a Based coalition of wounded contrarian man-childs. From vitalist Reactionaries quoting Julius Evola and Alexander Dugin to the anti-vaxxer roommate who puts energy drinks in his bong, these and other lonely anti-heroes are doomed by their burden to see clearly through the hypocrisies of our Matrix reality. For them, Agamben’s principled stand unites them with the legacy of Romanticist glorious and occult refusals. At work is perhaps less a horseshoe theory of Red-Brown alliance, than the tender bond between outcasts and idiots. 

    In my book, The Revenge of The Real: Politics for a Post-Pandemic World, I consider the origins and doomed future of Agamben’s brand of negative biopolitics. “While Agamben’s own worldview is classically Europeanist, dripping with lurid Heideggerian theology, his influence on the Humanities is much wider and deeper” and so the reckoning due goes well beyond revised syllabi. “The question is how much of the philosophical traditions to which Agamben has been attached over the last decades will also need to be shelved. What then to do with the artifacts of Agamben’s life work? It is a traditionalist, culturalist, locally embedded doctrinal edifice, protecting the ritual meaningfulness of things against the explicit nudity of their reality: like the defiant monologues of a Southern preacher, his sad, solemn theory is undeniably beautiful as a gothic political literature, and should probably be read only as such”

    Even so, the reckoning with legacies of his and other related projects is long overdue. His mode of biopolitical critique blithely ventures that science, data, observation and modeling are intrinsically and ultimately forms of domination and games of power relations. Numbers are unjust, words are beautiful. To accept that real, underlying processes of biochemistry are accessible, and generative of both reason and intervention, is presumed naive. It’s a disposition also found in different tones and hues in the work of Hannah Arendt, Michel Foucault, and especially Ivan Illich, who died from a facial tumor he refused to treat as doctors recommended. Even here at University of California, San Diego, a hub of interdisciplinary biotechnology research, many colleagues insist that the “digitalization of Nature” is “an impossible fantasy”, even as they accept an mRNA vaccine based on a prototype bioprinted from a computational model of the virus’ genome uploaded from China before the actual virus even made it to North America. 

    As I have suggested elsewhere, this orientation is exemplary of the drawn-out influence of Boomer Theory. The baby boomers have tyrannised the Left’s imagination - bequeathing tremendous capacities to deconstruct and critique authority but feeble capacities to construct and compose. Perhaps the ‘68 generation’s last revenge upon those who inherit their messes, is the intellectual axiom that structure is always more suspicious than its dismantling and composition more problematic than resistance, not just as political strategies but as metaphysical norms. Their project was and remains the horizontal multiplication of conditional viewpoints as both means and ends, via the imaginary dismantling of public reason, decision and structuration. This is how they can at once fetishize “the Political” while refusing “governmentality.” 

    I grew up in this tradition, but the world works very differently than the one imagined by soixante-huitards and their secretaries. I hope that philosophy will not continue to fail those who must create, compose and give enforceable structure to another world than this one.

    Agamben’s pandemic outbursts are extreme but also exemplary of this wider failure. Philosophy and the Humanities failed the pandemic because they are bound too tightly to an untenable set of formulas, reflexively suspicious of purposeful quantification, and unable to account for the epidemiological reality of mutual contagion or to articulate an ethics of an immunological commons. Why? Partially because the available language of ethics is monopolized by emphasis on subjective moral intentionality and a self-regarding protagonism for which “I” am the piloting moral agent of outcomes.

    The pandemic forced another kind of ethics. The Idealist distinction between zoē and bios as modes of “life” around which Agamben builds his biopolitical critique is a conceit that snaps like a twig in the face of the epidemiological view of society. Why did we wear masks? Because of a sense that our inner thoughts would manifest externally and protect us? Or was it because we recognize ourselves as biological organisms among others capable of harming and being harmed as such?

    The difference is profound. As we pass by a stranger, how do the ethics shift from subjective intention of harm or endearment to the objective biological circumstance of contagion? What is then the ethics of being an object? We will find out. But when presented with the need for intensive sensing and modeling in the service of highly granular provision of social services to those in need, many public intellectuals choked, only able to offer hollow truisms about “surveillance”. 

    At stake is not just some obscure academic quarrel, but rather our ability to articulate what it means to be human, that is to be all together homo sapiens, in connection with all the fraught histories of that question. I argue that we need instead a positive biopolitics based on a new rationality of inclusion, care, transformation and prevention, and we need a philosophy and a humanities to help articulate it. 

    Fortunately, in many ways we already do. A short and very incomplete list of such might include Sylvia Wynter’s mapping of “who counts” as Human in Colonial Modernity in ways that open the category to reclamation: “We” have been defined by exclusion. It includes those studying the microbiome including the role of microbial life inside of human bodies to keep us alive: The human is already inclusive of the non-human. It includes those studying Anthropogeny and common evolutionary origins of the human species and planetary future: The human is continuous, migratory and changing. It includes those studying experimental Astronautics and the limit conditions of survival in a fragile artificial environment: At thresholds of survivability the human is like a fish discovering water. It includes those studying CRISPR and other re-weaving technologies for genetic therapy: The human can recompose itself at the deepest levels. 

    The affirmation or negation of what the human is also plays out through what humans can be. This animates the cultural controversies over gender reassignment therapies and techniques. The human is also a contingent, complex and pluralistic assemblage available to self-fashioning so that one may finally feel at home in their own skin. But the general availability of synthetic androgens, estrogens and progesterone draws on Modern laboratory biotechnology that Agamben’s biopolitics sees as invasive and unnatural.

    If Philosophy and the Humanities are to claim due legitimacy for present and future challenges, the collective conception of another positive biopolitics –based in the reality of our shared technical and biological circumstances–is absolutely essential. 

    Toward that, I conclude with another passage from The Revenge of The Real: “A laissez-faire vitalism for which “life will find a way” is not an option; it is a fairy tale of a comfortable class who don’t live with the daily agency of sewage landscapes and exposed corpses…” Instead, “(This positive) biopolitics is inclusive, materialist, restorative, rationalist, based on a demystified image of the human species, anticipating a future different from the one prescribed by many cultural traditions. It accepts the evolutionary entanglement of mammals and viruses. It accepts death as part of life. It therefore accepts the responsibilities of medical knowledge to prevent and mitigate unjust deaths and misery as something quite different from the nativist immunization of one population of people from another. This includes not just rights to individual privacy but also social obligations to participate in an active, planetary biological commons. It is, adamantly, a biopolitics in a positive and projective sense.”

    The pandemic is, potentially, a wake-up call that the new normal cannot be just the new old normal. This means a shift in how human societies —which are always planetary in reach and influence— make sense of themselves, model themselves and compose themselves. This is a project that is as philosophical as it is political. Failure is not an option.

    #Benjamin_Bratton #Agamben #Heidegger #philosophie #biopolitique #vitalisme #soin #pandémie #masques #covid-19

  • Afghanistan, d’une défaite l’autre par Alain Gresh

    https://orientxxi.info/magazine/afghanistan-d-une-defaite-l-autre,4969

    Kaboul est tombée et il n’aura fallu que quelques semaines aux talibans pour balayer l’armée afghane financée et formée par les États-Unis durant vingt ans. Pour rappel, le régime communiste avait survécu trois années au retrait de l’Armée rouge. Mais le désastre afghan, au-delà d’une défaite ponctuelle, signe le fiasco de « la guerre contre le terrorisme ».

  • Dictature numérique
    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/08/HALIMI/63421

    Bienvenue en Chine occidentale ! L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que les États s’emploient à convaincre de l’utilité — incontestable — du vaccin contre le Covid-19 plutôt que d’user de la contrainte. Mais M. Emmanuel Macron en a décidé autrement. Ce président qui ne cesse de pourfendre l’« illibéralisme » ne conçoit les libertés publiques que comme une variable d’ajustement. D’ailleurs négligeable, et destinée à s’effacer derrière toutes les urgences du moment — médicales, sécuritaires, guerrières. Interdire à des millions de personnes de prendre le train, de commander un plat en terrasse, de voir un film en salles sans avoir prouvé qu’elles n’étaient pas infectées en fournissant le cas échéant, dix fois par jour, une pièce d’identité que le commerçant devra parfois vérifier lui-même nous fait entrer dans un autre monde. Il existe déjà. En Chine, précisément. Les agents de police y disposent de lunettes de réalité augmentée qui, reliées à des caméras thermiques placées sur leurs casques, permettent de repérer une personne fiévreuse dans une foule (1). Est-ce cela que nous voulons à notre tour ?

    En tout cas, nous entérinons plutôt benoîtement l’invasion galopante du numérique et du traçage de nos vies intimes, professionnelles, de nos échanges, de nos choix politiques. Interrogé sur les moyens d’éviter que nos données, une fois nos téléphones portables piratés, ne deviennent des armes braquées contre nous, M. Edward Snowden a déclaré : « Que peuvent faire les gens pour se protéger des armes nucléaires ? Des armes chimiques ou biologiques ? Il y a des industries, des secteurs, pour lesquels il n’y a pas de protection, et c’est pour ça qu’on essaye de limiter leur prolifération. »

    C’est tout le contraire que M. Macron encourage en précipitant le remplacement des interactions humaines par un maquis de sites administratifs, de robots, de boîtes vocales, de QR codes, d’applications à télécharger. Dorénavant, réserver un billet, acheter en ligne, exige à la fois une carte bancaire et la communication de son numéro de téléphone portable, voire de son état civil. Il fut un temps, qui n’était pas le Moyen Âge, où l’on pouvait prendre le train en demeurant anonyme, traverser une ville sans être filmé, se sentir d’autant plus libre qu’on ne laissait derrière soi nulle trace de son passage. Et pourtant, il y avait déjà des enlèvements d’enfants, des attentats terroristes, des épidémies — et même des guerres.

    Le principe de précaution ne connaîtra aucune limite. Est-il très prudent, par exemple, de côtoyer dans un restaurant une personne qui aurait un jour voyagé au Proche-Orient, éprouvé des bouffées délirantes, participé à une manifestation interdite, fréquenté une librairie anarchiste ? Le risque de ne pas terminer son repas à cause d’une bombe, d’une rafale de kalachnikov ou d’un coup de poing dans la figure n’est pas énorme, mais il n’est pas nul non plus... Faudra-t-il donc bientôt que tous les passants présentent un « passe civique » garantissant leur casier judiciaire vierge et l’aval de la police ? Ils n’auraient plus ensuite qu’à errer tranquilles dans un musée des libertés publiques, devenues « territoires perdus de la République ».

    Serge Halimi

  • Poutine VS macron
    https://www.nantes-revoltee.com/moscou-le-qr-code-sanitaire-abandonne-en-trois-semaines

    Dans la capitale russe, les autorités ont imposé une mesure très comparable à celle annoncée par le président Macron : un « QR code sanitaire ». Le 28 juin, le maire avait mis en place l’obligation de scanner un #QR_code officiel pour entrer dans les établissements publics, bars, restaurants, discothèques, etc … Même logique de flicage et de contrôle des corps à l’aide d’outils numériques pour imposer la vaccination.

    Trois semaines plus tard, la mesure est annulée par un décret du 16 juillet. Dans ce laps de temps, la fréquentation des établissements a drastiquement baissé, victimes d’un boycott massif. « Au moins 170 restaurants et cafés de la capitale ont dû fermer à cause des restrictions en vigueur » explique la presse. A noter que la mesure imposée à Moscou était moins autoritaire que celle voulue en France : il était possible d’aller en terrasse sans se faire scanner. Résultat : les terrasses étaient prises d’assaut mais quasiment personne ne rentrait à l’intérieur. Malheur aux bars et restos sans terrasse. Certains auraient perdu « près de 100% de leur chiffre d’affaire ».

    Une bonne partie de la population a tout simplement évité ces lieux même si le QR code leur permettait, comme en France, de le faire sans port du masque ni distanciation sociale. Entrainant l’annulation de la mesure du maire de la capitale russe. Un recul des autorités sur ce scannage et ce traçage permanent de toute la population est donc possible.

    www.lefigaro.fr/international/covid-19-a-moscou-l-impopulaire-qr-code-sanitaire-deja-abandonne

  • 18 juillet 2021, décès de Michel Husson
    Son site : http://hussonet.free.fr

    En guise d’hommage à Michel Husson [qui vient de décéder] , vous pouvez lire ce livre publié en 2000 et qui répondait déjà aux théories néo-mathusiennes et bien souvent racistes qui ne voient de solution au basculement climatique que dans une limitation autoritaire des naissances (Contretemps)

    « Six milliards sur la planète : sommes-nous trop ? » Un livre de Michel Husson
    https://www.contretemps.eu/malthus-population-husson

    Les mille et une justifications du profit
    https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_economie_critique/a57175

    #Michel_Husson

  • Du vin, de la bière, un héritage colonial et un mécano fiscal

    En poussant la porte d’un caviste Nicolas, peu de clients savent qu’ils pénètrent dans une enseigne du groupe Castel, une multinationale qui s’est im- posée comme le premier négociant français de vin, troisième sur le marché international. À la tête de l’entreprise, la très discrète famille Castel compte parmi les dix premières fortunes hexagonales. Mais ce champion vinicole est aussi – et surtout – un vieil empire françafricain de la bière et des boissons gazeuses.

    Note sur : Survie : De l’Afrique aux places offshore
    L’empire Castel brasse de l’or

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/07/12/du-vin-de-la-biere-un-heritage-colonial-et-un-mecano-fi

    #castel #afrique

  • Le nouveau pari de Pôle Emploi : 6 mois pour trouver un travail aux chômeurs longue durée - midilibre.fr
    https://www.midilibre.fr/2021/07/08/le-nouveau-pari-de-pole-emploi-6-mois-pour-trouver-un-travail-aux-chomeurs

    Un programme d’action d’une ampleur inédite sera testé par Pôle Emploi à partir de septembre prochain. Celui-ci concernera plusieurs centaines de chômeurs sans activité depuis deux ans ou plus, avant d’être probablement généralisé en janvier 2022. L’objectif est de les remettre sur le marché du travail en six mois.

    #Pôle_Emploi a mis en place un nouveau programme d’action consacré aux chômeurs sans activité depuis deux ans ou plus. Dévoilé en interne, celui-ci a pour objectif de les remettre sur le chemin de l’emploi dans une période de six mois, rapporte RMC, mardi 6 juillet.

    Ainsi, une phase de test débutera à la rentrée, en septembre prochain. Elle devrait durer jusqu’à la fin de l’année. Pour l’heure, plusieurs centaines de demandeurs d’emploi répartis sur douze agences en France sont concernés par cette opération. Celle-ci pourrait ensuite être généralisée en janvier 2022, écrivent nos confrères.

    Sortir de l’isolement

    L’objectif de ce plan inédit est avant tout de mettre en confiance les demandeurs d’emploi qui peuvent parfois être découragés par leur situation. Une demi-journée de séance collective sera alors organisée, ainsi qu’une réunion de groupe lors de laquelle ils pourront partager leurs expériences personnelles et également sortir de leur isolement.

    Après cette première phase, les chômeurs auront un entretien personnalisé avec un conseiller. Ce dernier établira un diagnostic ainsi qu’un programme d’action afin d’aboutir à une formation ou un emploi dans les six mois, ajoute RMC. Lors de cet entretien, toutes les difficultés et les éventuels problèmes de santé des chômeurs seront abordés.

    #chômeurs #policemploi

  • Quand l’armée engage des auteurs de science-fiction pour imaginer les menaces du futur
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/07/07/quand-l-armee-engage-des-auteurs-de-science-fiction-pour-imaginer-les-menace

    Le problème du "saut temporel, c’est qu’il fait fi des débats, pratiques, affrontement partiels qui accompagnent la création d’une situation donnée. Ce monde réel fait la différence avec la SF comme roman.
    Le scénario des « safe sphères » est une pale reproduction des articles anxiogènes sur les médias sociaux... sans tenir compte de l’effet des travaux universitaires contre les monopoles de la pensée numérique, tels qu’on les voit se déployer aujourd’hui après plusieurs années de dénonciation argumentée.
    Tirer des tendances fait de bons bouquins... mais pas forcément de la bonne futurologie dans un monde complexe. Et notre monde est complexe.

    Efficaces pour limiter les conflits entre communautés, puisque tout citoyen vit à l’abri de ce qui pourrait le heurter, ces « safe spheres » (littéralement, « sphères sûres ») ont fini par provoquer une fragmentation du corps social, encouragée par certaines puissances politiques. A commencer par la Grande Mongolie, issue d’une scission politique de la Chine et très portée sur la manipulation pour parvenir à dominer la planète. Tandis que la Grandislande se désagrège peu à peu, l’armée française décide d’exfiltrer ses ressortissants, ce qui n’est pas une mince affaire : 200 000 Français vivent dans ce pays très déréglementé, beaucoup d’entre eux soumis aux safe spheres et perméables à toutes sortes de « fake news », qui menacent de contaminer les militaires français eux-mêmes. Mais comment désactiver ces prisons cognitives, dans un Etat qui n’assure plus sa mission et où l’essentiel de la vie passe par ces bulles, y compris les données de santé ou administratives ?
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Se faire servir un cocktail par une pieuvre ou ouvrir un casino : le « métavers », univers virtuel de tous les possibles

    Réponse à partir du 8 juillet, sur le site Redteamdefense.org. Où l’on verra, bien sûr, que ce monde horrifique n’existe pas encore, même s’il est facile d’en distinguer quelques prémices dans le nôtre. Une fable, donc, mais pas sortie, comme on pourrait le croire, du cerveau d’un seul auteur de science-fiction (SF). Intitulé « Chronique d’une mort culturelle annoncée », ce scénario ne prétend d’ailleurs pas être une œuvre littéraire : il s’agit en fait d’une commande de l’armée française, mise en mots et en images par un groupe d’écrivains, scénaristes, illustrateurs et graphistes civils, dont certains bien connus dans leur domaine, comme Laurent Genefort, Xavier Mauméjean, DOA, le scénariste et coloriste Xavier Dorison ou le dessinateur et scénographe belge François Schuiten. La Red Team, c’est son nom, résulte d’une collaboration innovante entre le ministère des armées, l’université Paris sciences & lettres (PSL) et une grosse dizaine de créateurs – le chiffre exact n’est pas communiqué –, dont certains préfèrent garder l’anonymat.

    #Science_fiction #Red_Team #SF #Militarisme #Culture_numérique

  • Eiffage et Vinci, grands gagnants du chantier du Lyon-Turin
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/07/08/eiffage-et-vinci-grands-gagnants-du-chantier-du-lyon-turin_6087519_3234.html


    Les groupements menés par les deux entreprises ont remporté les principaux contrats, pour près de 3 milliards d’euros.
    Le soleil ne se couche jamais sur l’empire Vinci
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/03/DE_LA_CASINIERE/54958
    par Nicolas de La Casinière pour @mdiplo mars 2016 [en ligne]

    du même Les prédateurs du béton - Libertalia 2013
    Enquête sur la multinationale Vinci
    https://editionslibertalia.com/catalogue/a-boulets-rouges/Les-Predateurs-du-beton
    https://seenthis.net/messages/921405

  • Le bruit (des bottes) et l’odeur (de l’argent) (https://www.monde-d...
    https://diasp.eu/p/12998913

    Le bruit (des bottes) et l’odeur (de l’argent)

    📻 Podcast en accès libre autour du numéro du mois. Des poissons de Gambie aux villes de France défigurées par l’urbanisme commercial. Des bruits de bottes un peu partout, des Palestiniens debout et des dettes publiques qui roulent, roulent… et fissurent la gauche européenne. https://www.monde-diplomatique.fr/podcast/2021-06-Le-bruit-des-bottes-et-l-odeur-de

  • UN CAPITALISME DE SURVEILLANCE

    L’industrie numérique prospère grâce à un principe presque enfantin : extraire les données personnelles et vendre aux annonceurs des prédictions sur le comportement des utilisateurs. Mais, pour que les profits croissent, le pronostic doit se changer en certitude. Pour cela, il ne suffit plus de prévoir : il s’agit désormais de modifier à grande échelle les conduites humaines.

    Cette journée de juillet 2016 fut particulièrement éprouvante pour David. Il avait passé de longues heures à auditionner les témoins de litiges assurantiels dans un tribunal poussiéreux du New Jersey où, la veille, une coupure d’électricité avait eu raison du système d’air conditionné. Enfin chez lui, il s’immergea dans l’air frais comme on plonge dans l’océan. Pour la première fois depuis le matin, il respira profondément, se servit un apéritif et monta à l’étage afin de s’accorder une longue douche. La sonnette retentit au moment même où l’eau commençait à ruisseler sur ses muscles endoloris. Il enfila un tee-shirt et un short, puis dévala les escaliers. En ouvrant la porte, il se retrouva nez à nez avec deux adolescents qui agitaient leurs téléphones portables sous son nez.

    -- Hé ! vous avez un Pokémon dans votre jardin. Il est pour nous ! On peut aller l’attraper ?
    -- Un quoi ?

    Ce soir-là, David fut dérangé encore quatre fois par des inconnus impatients d’accéder à son jardin et furieux de se voir congédiés. Ils poussaient des cris et scrutaient sa maison à travers l’écran de leur smartphone, à la recherche des fameuses créatures de « réalité augmentée ». Vue à travers leurs appareils, cette portion du monde laissait paraître leurs Pokémon, mais aux dépens de tout le reste. Le jeu s’était emparé de la maison et du monde alentour. Il s’agissait là d’une nouvelle invention commerciale : une déclaration d’expropriation qui transforme la réalité en une étendue d’espaces vides prêts à être exploités au profit d’autres. « Combien de temps cela va-t-il durer ?, se demandait David. De quel droit ? Qui dois-je appeler pour que cela cesse ? »
    Ni lui ni les joueurs pendus à sa sonnette ne soupçonnaient qu’ils avaient été réunis ce soir-là par une logique audacieuse et sans précédent : le capitalisme de surveillance.

    En 1999, Google, malgré l’éclat de son nouveau monde, avec ses pages Web consultables en un clic et ses capacités informatiques croissantes, ne disposait d’aucune stratégie pour faire fructifier l’argent de ses investisseurs prestigieux.
    Les utilisateurs apportaient la matière première sous la forme de données comportementales, lesquelles étaient récoltées pour améliorer la vitesse, la précision et la pertinence des résultats afin de concevoir des produits annexes comme la traduction. Du fait de cet équilibre des pouvoirs, il eût été financièrement risqué, voire contre-productif, de rendre le moteur de recherche payant pour ses utilisateurs. La vente des résultats de recherche aurait aussi créé un précédent dangereux pour la multinationale, en assignant un prix à des informations dont son robot indexateur s’était déjà emparé sans verser de rétribution. Sans appareils du type de l’iPod d’Apple, avec ses chansons au format numérique, pas de plus-value, pas de marge, et rien à transformer en profit.

    À l’époque, Google reléguait la publicité à l’arrière-plan : l’équipe d’AdWords, sa régie publicitaire, comptait... sept personnes, dont la plupart partageaient l’antipathie des fondateurs à l’égard de leur spécialité. Mais, en avril 2000, la fameuse « nouvelle économie » entre brutalement en récession, et un séisme financier secoue le jardin d’Éden de la Silicon Valley. La réponse de Google entraîne alors une mutation cruciale, qui va transformer AdWords, Google, Internet et la nature même du capitalisme de l’information en un projet de surveillance formidablement lucratif.

    La logique d’accumulation qui assurera la réussite de Google apparaît clairement dans un brevet déposé en 2003 par trois de ses meilleurs informaticiens, intitulé : « Générer des informations utilisateur à des fins de publicité ciblée ». La présente invention, expliquent-ils, vise « à établir les informations de profils d’utilisateurs et à utiliser ces dernières pour la diffusion d’annonces publicitaires (1) ». En d’autres termes, Google ne se contente plus d’extraire des données comportementales afin d’améliorer les services. Il s’agit désormais de lire dans les pensées des utilisateurs afin de faire correspondre des publicités avec leurs intérêts. Lesquels seront déduits des traces collatérales de leur comportement en ligne. La collecte de nouveaux jeux de données appelés « profil utilisateur » (de l’anglais user profile information) va considérablement améliorer la précision de ces prédictions.

    D’où proviennent ces informations ? Pour reprendre les mots des détenteurs du brevet, elles « pourront être déduites ». Leurs nouveaux outils permettent de créer des profils par l’intégration et l’analyse des habitudes de recherche d’un internaute, des documents qu’il demande ainsi que d’une myriade d’autres signaux de comportement en ligne, même lorsqu’il ne fournit pas directement ces renseignements. Un profil, préviennent les auteurs, « peut être créé (ou mis à jour, ou élargi) même lorsque aucune information explicite n’est donnée au système ». Ainsi manifestent-ils leur volonté de surmonter les éventuelles frictions liées aux droits de décision de l’utilisateur, ainsi que leur capacité à le faire. Les données comportementales, dont la valeur a été « épuisée » du point de vue de l’amélioration des recherches, formeront désormais la matière première essentielle — exclusivement détenue par Google — à la construction d’un marché de la publicité en ligne dynamique. Ces informations collectées en vue d’usages autres que l’amélioration des services constituent un surplus. Et c’est sur la base de cet excédent comportemental que la jeune entreprise accède aux profits « réguliers et exponentiels » nécessaires à sa survie.

    L’invention de Google met au jour de nouvelles possibilités de déduire les pensées, les sentiments, les intentions et les intérêts des individus et des groupes au moyen d’une architecture d’extraction automatisée qui fonctionne comme un miroir sans tain, faisant fi de la conscience et du consentement des concernés. Cet impératif d’extraction permet de réaliser des économies d’échelle qui procurent un avantage concurrentiel unique au monde sur un marché où les pronostics sur les comportements individuels représentent une valeur qui s’achète et se vend. Mais surtout, le miroir sans tain symbolise les relations sociales de surveillance particulières fondées sur une formidable asymétrie de savoir et de pouvoir.

    Soudain autant que retentissant, le succès d’AdWords entraîne une expansion significative de la logique de surveillance commerciale. En réponse à la demande croissante de clics de la part des publicitaires, Google commence par étendre le modèle au-delà de son moteur de recherche pour transformer Internet tout entier en un vaste support pour ses annonces ciblées. Selon les mots de Hal Varian, son économiste en chef, il s’agissait alors pour le géant californien d’appliquer ses nouvelles compétences en matière « d’extraction et d’analyse » aux contenus de la moindre page Internet, aux moindres gestes des utilisateurs en recourant aux techniques d’analyse sémantique et d’intelligence artificielle susceptibles d’en extraire du sens. Dès lors, Google put évaluer le contenu d’une page et la manière dont les utilisateurs interagissent avec elle. Cette « publicité par ciblage de centres d’intérêt » basée sur les méthodes brevetées par l’entreprise sera finalement baptisée AdSense. En 2004, la filiale engendrait un chiffre d’affaires quotidien de 1 million de dollars ; un chiffre multiplié par plus de vingt-cinq en 2010.

    Tous les ingrédients d’un projet lucratif se trouvaient réunis : excédent d’informations comportementales, sciences des données, infrastructure matérielle, puissance de calcul, systèmes algorithmiques et plates-formes automatisées. Tous convergeaient pour engendrer une « pertinence » sans précédent et des milliards d’enchères publicitaires. Les taux de clics grimpèrent en flèche. Travailler sur AdWords et AdSense comptait désormais autant que travailler sur le moteur de recherche. Dès lors que la pertinence se mesurait au taux de clics, l’excédent de données comportementales devenait la clé de voûte d’une nouvelle forme de commerce dépendant de la surveillance en ligne à grande échelle. L’introduction en Bourse de Google en 2004 révèle au monde le succès financier de ce nouveau marché. Mme Sheryl Sandberg, ancienne cadre de Google passée chez Facebook, présidera à la transformation du réseau social en géant de la publicité. Le capitalisme de surveillance s’impose rapidement comme le modèle par défaut du capitalisme d’information sur la Toile, attirant peu à peu des concurrents de tous les secteurs.

    L’économie de surveillance repose sur un principe de subordination et de hiérarchie. L’ancienne réciprocité entre les entreprises et les utilisateurs s’efface derrière le projet consistant à extraire une plus-value de nos agissements à des fins conçues par d’autres — vendre de la publicité. Nous ne sommes plus les sujets de la réalisation de la valeur. Nous ne sommes pas non plus, comme d’aucuns l’ont affirmé, le « produit » que vend Google. Nous sommes les objets dont la matière est extraite, expropriée, puis injectée dans les usines d’intelligence artificielle de Google qui fabriquent les produits prédictifs vendus aux clients réels : les entreprises qui paient pour jouer sur les nouveaux marchés comportementaux.

    Sous couvert de « personnalisation »

    Premier responsable de la marque Google, M. Douglas Edwards raconte une réunion tenue en 2001 avec les fondateurs autour de la question « Qu’est-ce que Google ? ». « Si nous avions une catégorie, méditait M. Larry Page, cofondateur de l’entreprise, ce serait les informations personnelles (…). Les endroits qu’on a vus. Nos communications (…). Les capteurs ne coûtent rien (…). Le stockage ne coûte rien. Les appareils photographiques ne coûtent rien. Les gens vont générer d’énormes quantités de données (…). Tout ce que vous aurez entendu, vu ou éprouvé deviendra consultable. Votre vie entière deviendra consultable (2). »

    La vision de M. Page offre un fidèle reflet de l’histoire du capitalisme, qui consiste à capter des choses extérieures à la sphère commerciale pour les changer en marchandises. Dans son essai La Grande Transformation, publié en 1944, l’économiste Karl Polanyi décrit l’avènement d’une économie de marché autorégulatrice à travers l’invention de trois « marchandises fictives ». Premièrement, la vie humaine subordonnée aux dynamiques de marché et qui renaît sous la forme d’un « travail » vendu et acheté. Deuxièmement, la nature convertie en marché, qui renaît comme « propriété foncière ». Troisièmement, l’échange devenu marchand et ressuscité comme « argent ». Les détenteurs actuels du capital de surveillance ont créé une quatrième marchandise fictive, extorquée à la réalité expérimentale d’êtres humains dont les corps, les pensées et les sentiments sont aussi intacts et innocents que l’étaient les prairies et forêts dont regorgeait la nature avant son absorption par le marché. Conformément à cette logique, l’expérience humaine se trouve marchandisée par le capitalisme de surveillance pour renaître sous forme de « comportements ». Traduits en données, ces derniers prennent place dans l’interminable file destinée à alimenter les machines conçues pour en faire des prédictions qui s’achètent et se vendent.

    Cette nouvelle forme de marché part du principe que servir les besoins réels des individus est moins lucratif, donc moins important, que vendre des prédictions de leur comportement. Google a découvert que nous avions moins de valeur que les pronostics que d’autres font de nos agissements.

    Cela a tout changé.

    La première vague de produits prédictifs fut portée par l’excédent de données extraites à grande échelle sur Internet afin de produire des annonces en ligne « pertinentes ». À l’étape suivante, il fut question de la qualité des prédictions. Dans la course à la certitude maximale, il apparut clairement que les meilleures prédictions devraient s’approcher le plus possible de l’observation. À l’impératif d’extraction s’ajouta une deuxième exigence économique : l’impératif de prédiction. Ce dernier se manifeste d’abord par des économies de gamme.

    L’excédent de données comportementales doit être non seulement abondant, mais également varié. Obtenir cette variété impliquait d’étendre les opérations d’extraction du monde virtuel au monde réel, là où nous menons notre « vraie » vie. Les capitalistes de surveillance comprenaient que leur richesse future passait par le développement de nouvelles chaînes d’approvisionnement sur les routes, au milieu des arbres, à travers les villes. Ils tenteraient d’accéder à votre système sanguin, à votre lit, à vos conversations matinales, à vos trajets, à votre footing, à votre réfrigérateur, à votre place de parking, à votre salon.

    Une seconde dimension, plus critique encore que la variété, caractérise désormais la collecte des données : l’approfondissement. Pour obtenir des prédictions comportementales très précises et donc très lucratives, il faut sonder nos particularités les plus intimes. Ces opérations d’approvisionnement visent notre personnalité, nos humeurs, nos émotions, nos mensonges et nos fragilités. Tous les niveaux de notre vie personnelle sont automatiquement captés et comprimés en un flux de données à destination des chaînes de montage qui produisent de la certitude. Accomplie sous couvert de « personnalisation », une bonne part de ce travail consiste en une extraction intrusive des aspects les plus intimes de notre quotidien.

    De la bouteille de vodka « intelligente » au thermomètre rectal connecté, les produits destinés à interpréter, suivre, enregistrer et communiquer des données prolifèrent. Sleep Number, qui fournit « des lits intelligents dotés d’une technologie de suivi du sommeil », collecte également « des données biométriques et des données relatives à la manière dont vous, un enfant ou toute autre personne utilise le lit, notamment les mouvements du dormeur, ses positions, sa respiration et sa fréquence cardiaque ». Elle enregistre aussi tous les sons émis dans votre chambre…

    Nos maisons sont dans la ligne de mire du capitalisme de surveillance. Des entreprises spécialisées se disputaient en 2017 un marché de 14,7 milliards de dollars pour des appareils ménagers connectés, contre 6,8 milliards l’année précédente. À ce rythme-là, le montant atteindra 101 milliards de dollars en 2021. Commercialisés depuis quelques années, des objets absurdes se tiennent à l’affût dans nos intérieurs : brosse à dents intelligente, ampoule intelligente, tasse à café intelligente, four intelligent, extracteur de jus intelligent, sans oublier les couverts intelligents censés améliorer notre digestion. D’autres semblent plus inquiétants : une caméra de surveillance à domicile avec reconnaissance faciale, un système d’alarme qui repère les vibrations inhabituelles précédant un cambriolage, des GPS d’intérieur, des capteurs qui s’adaptent à tous les objets pour analyser le mouvement et la température, sans oublier des cafards cyborgs qui détectent les sons. Même la chambre du nourrisson est repensée pour devenir une source de surplus comportemental.

    Tandis que la course aux profits générés par la surveillance s’exacerbe, les capitalistes s’aperçoivent que les économies de gamme ne suffisent pas. Certes, l’excédent de données doit être abondant et varié ; mais le moyen le plus sûr de prédire le comportement reste d’intervenir à la source : en le façonnant. J’appelle « économies de l’action » ces processus inventés pour y parvenir : des logiciels configurés pour intervenir dans des situations réelles sur des personnes et des choses réelles. Toute l’architecture numérique de connexion et de communication est désormais mobilisée au service de ce nouvel objectif. Ces interventions visent à augmenter la certitude en influençant certaines attitudes : elles ajustent, adaptent, manipulent, enrôlent par effet de groupe, donnent un coup de pouce. Elles infléchissent nos conduites dans des directions particulières, par exemple en insérant une phrase précise dans notre fil d’actualités, en programmant l’apparition au moment opportun d’un bouton « achat » sur notre téléphone, en coupant le moteur de notre voiture si le paiement de l’assurance tarde trop, ou encore en nous orientant par GPS dans notre quête de Pokémon. « Nous apprenons à écrire la musique, explique un concepteur de logiciels. Ensuite, nous laissons la musique les faire danser. Nous pouvons mettre au point le contexte qui entoure un comportement particulier afin d’imposer un changement... Nous pouvons dire au réfrigérateur : “Verrouille-toi parce qu’il ne devrait pas manger”, ou ordonner à la télé de s’éteindre pour que vous vous couchiez plus tôt. »

    Depuis que l’impératif de prédiction a déplacé les opérations d’approvisionnement dans le monde réel, les fournisseurs de biens ou de services dans des secteurs bien établis, loin de la Silicon Valley, salivent à leur tour à l’idée des profits issus de la surveillance. En particulier les assureurs automobiles, impatients de mettre en place la télématique — les systèmes de navigation et de contrôle des véhicules. Ils savent depuis longtemps que les risques d’accident sont étroitement corrélés au comportement et à la personnalité du conducteur, mais, jusqu’ici, ils n’y pouvaient pas grand-chose. Un rapport des services financiers du cabinet de conseil Deloitte recommande désormais la « minimisation du risque » (un euphémisme qui, chez un assureur, désigne la nécessité de garantir les profits) à travers le suivi et la sanction de l’assuré en temps réel — une approche baptisée « assurance au comportement ». D’après le rapport de Deloitte, « les assureurs peuvent suivre le comportement de l’assuré en direct, en enregistrant les heures, les lieux et les conditions de circulation durant ses trajets, en observant s’il accélère rapidement ou s’il conduit à une vitesse élevée, voire excessive, s’il freine ou tourne brusquement, s’il met son clignotant (3) ».

    À mesure que la certitude se substitue à l’incertitude, les primes d’assurance, qui auparavant reflétaient les aléas inévitables de la vie quotidienne, peuvent grimper ou chuter d’une milliseconde à l’autre, grâce à la connaissance précise de la vitesse à laquelle vous conduisez vers votre lieu de travail après une matinée particulièrement tendue passée à vous occuper d’un enfant malade, ou d’un dérapage plus ou moins contrôlé effectué sur le parking du supermarché.

    Toutefois, les outils télématiques ne visent pas seulement à savoir, mais aussi à agir. L’assurance au comportement promet ainsi de réduire les risques à travers des mécanismes conçus pour modifier les conduites et accroître les gains. Cela passe par des sanctions, comme des hausses de taux d’intérêt en temps réel, des malus, des blocages de moteur, ou par des récompenses, comme des réductions, des bonus ou des bons points à utiliser pour des prestations futures.

    Spireon, qui se décrit comme la « plus grande entreprise de télématique » dans son domaine, suit et surveille des véhicules et des conducteurs pour les agences de location, les assureurs et les propriétaires de parcs automobiles. Son « système de gestion des dommages collatéraux liés à la location » déclenche des alertes chez les conducteurs qui ont un retard de paiement, bloque le véhicule à distance quand le problème se prolonge au-delà d’une certaine période et le localise en vue de sa récupération.

    La télématique inaugure une ère nouvelle, celle du contrôle comportemental. Aux assureurs de fixer les paramètres de conduite : ceinture de sécurité, vitesse, temps de pause, accélération ou freinage brusque, durée de conduite excessive, conduite en dehors de la zone de validité du permis, pénétration dans une zone d’accès restreint. Gavés de ces informations, des algorithmes surveillent, évaluent et classent les conducteurs, et ajustent les primes en temps réel. Comme rien ne se perd, les « traits de caractère » établis par le système sont également traduits en produits prédictifs vendus aux publicitaires, lesquels cibleront les assurés par des publicités envoyées sur leur téléphone.

    Lorsqu’il ouvrit la porte ce soir-là, David ignorait que les chasseurs de Pokémon et lui-même participaient à une expérience grandeur nature d’économies de l’action. Ils en étaient les cobayes, et le laborantin en blouse blanche se nommait John Hanke.

    Auparavant vice-président de Google Maps et responsable de Street View, M. Hanke a créé en 2010 sa propre rampe de lancement au sein de Google : Niantic Labs, l’entreprise à l’origine de Pokémon Go. Il caressait l’ambition de prendre possession du monde en le cartographiant. Il avait déjà fondé Keyhole, une start-up de cartographie virtuelle à partir d’images satellites financée par la Central Intelligence Agency (CIA) puis rachetée par Google, qui l’a rebaptisée Google Earth. Avec Niantic, il s’attelle à concevoir des jeux en réalité virtuelle qui permettront de traquer et de téléguider les gens sur les territoires que Street View a déjà audacieusement enregistrés sur ses cartes.

    Ce jeu repose sur le principe de la « réalité augmentée » et fonctionne comme une chasse au trésor. Une fois que vous téléchargez l’application de Niantic, vous utilisez votre GPS et l’appareil photographique de votre smartphone pour trouver des créatures virtuelles appelées Pokémon. Elles apparaissent sur l’écran comme si elles se trouvaient devant vous : dans le jardin d’un homme qui ne se doute de rien, dans la rue d’une ville, dans une pizzeria, un parc, une pharmacie, etc. Il s’agit de pousser les joueurs à « sortir » et à « partir à l’aventure à pied », dans les espaces à ciel ouvert des villes, des villages et des banlieues. Disponible aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande le 6 juillet 2016, Pokémon Go est devenue en une semaine l’application la plus téléchargée et la plus lucrative aux États-Unis, atteignant vite autant d’utilisateurs actifs sur Android que Twitter.

    Terrain de jeu grandeur nature

    Six jours seulement après la sortie du jeu, Joseph Bernstein, reporter pour le site d’information en ligne BuzzFeed, conseillait aux utilisateurs de Pokémon Go de se pencher sur les quantités de données que l’application recueillait sur leurs téléphones. TechCrunch, un site spécialisé dans l’actualité des start-up et des nouvelles technologies, exprimait des inquiétudes similaires au sujet de la « longue liste d’autorisations requises par l’application ».

    Le 13 juillet 2016, la logique de chasse aux données qui se cache derrière le jeu se précise. En plus des paiements pour des options supplémentaires du jeu, « le modèle économique de Niantic contient une seconde composante, à savoir le concept de lieux sponsorisés », a reconnu M. Hanke dans un entretien avec le Financial Times. Ce nouveau flux de revenus était prévu depuis le départ : les entreprises « paieront Niantic pour figurer parmi les sites du terrain de jeu virtuel, compte tenu du fait que cette présence favorise la fréquentation ». La facturation, expliquait-il, s’effectue sur la base d’un « coût par visite », semblable au « coût par clic » pratiqué par les annonces publicitaires du moteur de recherche Google.

    L’idée frappe par sa simplicité : les revenus issus du monde réel sont censés augmenter selon la capacité de Niantic à pousser les gens vers certains sites précis, tout comme Google a appris à extraire toujours plus de données comme un moyen d’adresser des publicités en ligne à des personnes précises. Les composantes et les dynamiques du jeu, associées à la technologie de pointe de la réalité augmentée, incitent les gens à se rassembler dans des lieux du monde réel pour dépenser de l’argent bien réel dans des commerces du monde réel appartenant aux marchés de la prédiction comportementale de Niantic.

    L’apogée de Pokémon Go, à l’été 2016, signait l’accomplissement du rêve porté par le capitalisme de surveillance : un laboratoire vivant de la modification comportementale qui conjuguait avec aisance échelle, gamme et action. L’astuce de Pokémon Go consistait à transformer un simple divertissement en un jeu d’un ordre très différent : celui du capitalisme de surveillance — un jeu dans le jeu. Tous ceux qui, rôdant dans les parcs et les pizzerias, ont investi la ville comme un terrain d’amusement servaient inconsciemment de pions sur ce second échiquier bien plus important. Les enthousiastes de cet autre jeu bien réel ne comptaient pas au nombre des agités qui brandissaient leurs portables devant la pelouse de David. Ce sont les véritables clients de Niantic : les entités qui paient pour jouer dans le monde réel, bercées par la promesse de revenus juteux. Dans ce second jeu permanent, on se dispute l’argent que laisse derrière lui chaque membre souriant du troupeau. « La capacité du jeu à servir de vache à lait pour les marchands et autres lieux en quête de fréquentation suscite d’intenses spéculations », s’est réjoui le Financial Times.

    Il ne peut y avoir de revenus assurés si on ne s’en donne pas les moyens. Les nouveaux instruments internationaux de modification comportementale inaugurent une ère réactionnaire où le capital est autonome et les individus hétéronomes ; la possibilité même d’un épanouissement démocratique et humain exigerait le contraire. Ce sinistre paradoxe est au cœur du capitalisme de surveillance : une économie d’un nouveau genre qui nous réinvente au prisme de son propre pouvoir. Quel est ce nouveau pouvoir et comment transforme-t-il la nature humaine au nom de ses certitudes lucratives ?

    Shoshana Zuboff
    Professeure émérite à la Harvard Business School. Auteure de The Age of Surveillance Capitalism : The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power, Public Affairs, New York, 2019.

    Le Monde diplomatique, janvier 2019
    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/ZUBOFF/59443

    --

    (1) NDLR. Pour les références, nous renvoyons à l’ouvrage de Shoshana Zuboff.

    (2) Douglas Edwards, I’m Feeling Lucky : The Confessions of Google Employee Number 59, Houghton Mifflin Harcourt, New York, 2011.

    (3) Sam Friedman et Michelle Canaan, « Overcoming speed bumps on the road to telematics » (PDF), Deloitte, 21 avril 2014
    https://www2.deloitte.com/content/dam/insights/us/articles/telematics-in-auto-insurance/DUP-695_Telematics-in-the-Insurance-Industry_vFINAL.pdf

  • Guerres sans fin contre les Palestiniens,
    par Alain Gresh (Le Monde diplomatique, juin 2021)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/06/GRESH/63207

    (...) Il y a très longtemps, au lendemain de la guerre de juin 1967, le général de Gaulle avait cerné ce qui allait advenir : « Israël organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation, qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions ; et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme (1). » De même, il déclara à l’occasion du détournement d’un avion israélien, en 1969, que l’on ne pouvait mettre sur le même plan l’action d’un groupe clandestin, le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), qualifié à l’époque de terroriste, et les « représailles » d’un État comme Israël, qui, en 1968, avait détruit la flotte civile aérienne libanaise sur l’aéroport de Beyrouth. Il imposa dès lors un embargo total sur les ventes d’armes à Tel-Aviv. Autre époque, autre vision. (...)

  • Le bon les brutes et l ISF part 1 nada Info

    https://www.youtube.com/watch?v=ctWZqy-IVO8

    Les chiens de gardes ne mordent jamais la main qui les nourris !

    Réinstaurer l’impôt de solidarité sur la fortune comme le réclament les gilets jaunes ?
    Ce serait un mauvais signal populiste et improductif aboient-ils … La meute est là pour veiller au grain ou plutôt au gain de leurs bons maîtres.

    En route pour 2 épisodes en mode nouveaux western, cowboys-journalistes versus indiens-gilets jaunes .

    Pour plus d’infos et d’autres vidéos : http://nada-info.fr

    #ISF #information #en_vedette #chiens_de_garde #médias #fiscalité #gouvernement_macron #france #actualités_françaises #inégalités #réformes_antisociales #impôt #impôts #guerre_aux_pauvres #riches #économie #chiens_de_gardes #nada_info

    • Vous étiez sans nouvelles depuis plusieurs mois et vous aviez peut-être constaté que Nada-Info avait disparu de la toile. Notre site se remet doucement en place avec deux nouveaux épandages car nous n’avons pas abandonné les armes, loin de là. Mais le manque crucial de moyens, nous a détourné un moment de la plate-forme que nous avions créée en 2013 après le succès du documentaire "Les Nouveaux chiens de garde".

      Pas besoin de périphrases compliquées pour constater que le monde des médias ne s’est pas amélioré ces cinq dernières années (ni le reste du monde non plus !!). Les derniers événements sociaux ont démontré plus que jamais leur vassalisation à leurs maîtres milliardaires et au pouvoir en place.

      Cela nous donne d’autant plus envie de nous battre, de repartir au combat, mais dans un cadre différent.
      Le bilan des cinq années écoulées démontre que l’association Nada-Info n’est pas l’outil adapté pour produire des documentaires long métrages qui entraîne des budgets élevés. Nada-Info n’a pas une structure financière suffisante.
      La réalisation par exemple de « Nous avons des armes » nécessitait un budget important (au moins 60 000 euros). Les 10 320 euros obtenus par 534 contributeurs n’ont pas permis de faire ce film.

      Quelques membres de Nada-Info en association avec des proches ont décidé de se donner les moyens pour produire des documentaires cinémas et ont constitué une société de production indépendante, Héméré Production. Seule une entreprise peut prétendre avoir accès aux multiples aides (CNC par exemple) qui jalonnent le cinéma français. Héméré Production a notamment dans ses cartons un projet de documentaire du réalisateur Gilles Balbastre, « Ceux qui tiennent la laisse », dans la droite ligne des Nouveaux chiens de garde ou du projet de Nada-Info, Nous avons des armes.
      Nous avons décidé d’aider financièrement ce projet et de consacrer la somme destinée à « Nous avons des armes » au projet de Gilles Balbastre : « Ceux qui tiennent la laisse ».

      Le reste de la somme sera consacrée à relancer la plate-forme Nada-Info. Nous avons décidé en effet de réorienter l’association vers une mission d’agitateur d’idées. Le succès des Epandages médiatiques que nous avons postés régulièrement sur notre chaîne Youtube (Nada-info), nous amène à consacrer le site internet de l’association en majorité à la critique des médias, à partir d’une production de vidéos de courte à moyenne durée.

      Nous allons donc continuer cette production car elle ne nécessite pas un gros budget. Les contributions écrites ne seront pas évidemment interdites. Il faut que ce nouveau site trouve une place sur le Net, à coté d’autres sites comme celui d’Acrimed ou de Là-bas si j’y suis. L’idée est de créer une version internet du Plan B, le journal sarcastique que vous avez peut-être connu dans les années 2000. Pour permettre les activités de Nada-Info, nous relancerons des appels au soutien militant via le système déjà en place (ou prochainement) sur notre site en re-construction.

      Voilà, Nada-Info, tel un phénix, renaît de ses cendres.

      Bien à vous toutes et tous

    • Le petit doigt de Ruth Elkrief lui souffle à l’oreillette que la réforme de l’ISF était « la cuillerée d’huile de foie de morue, il faut l’absorber. C’est un mauvais moment à passer, c’est le signal au reste du monde signifié dans l’entourage présidentiel .. . »
      L’éditocrate politique « la queen de l’info » après avoir travaillé pendant quinze ans chez BFM-TV, vient de retrouver la chaîne concurrente LCI.
      « Quotidien » déroule le tapis rouge à Ruth Elkrief Sophie Eustache #Acrimed
      https://www.acrimed.org/Quotidien-deroule-le-tapis-rouge-a-Ruth-Elkrief?recherche=ruth%20ekkrief

      « Quotidien » : service communication du groupe TF1 ? Jeudi 1er avril, Yann Barthès accueillait en grande pompe sa consœur Ruth Elkrief qui, après avoir travaillé pendant quinze ans chez BFM-TV, vient de retrouver la chaîne concurrente LCI : « On l’appelle "la Queen de l’info", elle est partie brutalement de BFM sans qu’on ne comprenne vraiment pourquoi et bonne nouvelle ! Cette semaine on a appris qu’elle allait être notre collègue de bureau : elle arrive dans le groupe TF1. Voici #Ruth_Elkrief ! », annonce #Yann_Barthès.

      L’interview est l’occasion de vanter les mérites de la nouvelle recrue. « Quotidien » passe ainsi en revue le parcours de la « Queen de l’info », qui a participé au lancement de LCI en 1994 avant de rejoindre BFM-TV en 2005. Mais l’interview, ou l’entretien d’embauche, ne serait pas probant sans une mise à l’essai. Yann Barthès propose donc à Ruth Elkrief de réagir à l’allocution d’Emmanuel Macron. La journaliste se prête au jeu : « Il était indispensable qu’il se prononce, qu’il parle, car le fil était un petit peu distendu avec l’opinion et qu’il était indispensable qu’il prenne la parole. Je crois que la situation est vraiment difficile pour lui. Que les gens ne comprennent pas ce qu’il se passe. Qu’il a essayé d’expliquer. J’ai beaucoup de questions […] ». Yann Barthès est béat : « C’est là qu’on voit que vous êtes bonne, parce que je vous pose une question sur ce qu’il s’est passé hier et vous donnez une analyse juste comme ça. »

      En plus de démontrer ses talents, Ruth Elkrief profite de la tribune pour s’adonner à une ode à l’info en continu. Extrait :

      - Yann Barthès : À l’époque, vous disiez que LCI était une chaîne pour les élites…

      - Ruth Elkrief : C’est comme ça qu’on l’avait créée à l’époque, il y avait une volonté d’en faire une chaîne pour les décideurs. Aujourd’hui, c’est une chaîne qui est sur la TNT donc elle s’adresse à tout le monde, elle est regardée par beaucoup beaucoup de monde. Avec [l’élection] présidentielle, […] on va faire l’événement. Je pense que ça continue d’être l’ADN de n’importe quelle chaîne d’info, c’est faire l’événement. Sur LCI.

      - Yann Barthès : En 2022, est-ce que la Présidentielle va se passer sur les chaînes d’info ?

      - Ruth Elkrief : Elle va se passer sur les réseaux sociaux, sur Instagram, Twitch… mais on ne pourra pas se passer des chaînes d’info.

      - Yann Barthès : Les politiques ne pourront pas se passer de vous ?

      - Ruth Elkrief : Ils ne pourront pas se passer de nous car on parle au plus grand nombre. […] Une campagne présidentielle, c’est minute par minute, il peut y avoir des coups de théâtre, il peut y avoir un nouveau candidat, un événement, tout peut basculer, ça va être sur les chaînes d’info et ça va être sur LCI !

      - Yann Barthès : On sent que ça vous fait vibrer !

      Nous aussi…

      Oulala "la queen de l’info" chopait une jaunisse en décembre 2019, vite une cuillerée d’huile de foie de morue !
      https://www.youtube.com/watch?v=6s3VG3TFDOA&t=192s


      https://www.acrimed.org/Gilets-jaunes-il-y-a-un-an-Ruth-Elkrief-paniquait
      #éditocrates

    • BFM TV, CNews, LCI… Les fléaux de l’information
      https://www.monde-diplomatique.fr/podcast/2021-04-BFM-TV-CNews-LCI-fleaux-information

      Les chaînes d’information en continu ont colonisé notre imaginaire visuel et mental. Ces antennes négligent l’enquête et le reportage, mais impriment leur rythme à la vie politique.
      Entretien avec Sophie Eustache. Par Thibault Henneton & Yoko

      https://www.monde-diplomatique.fr/audio/Podcast_diplo/2021-04-Entretien_Eustache.mp3


      « CNews est une chaîne de débats, de polémiques, Pascal Praud est un show-man pas possible, mais est-ce que c’est une chaîne d’info ? Ce qui m’intéresse, c’est ce que son succès révèle… »
      L’animatrice Ruth Elkrief, qui vient de quitter BFM TV pour LCI, le 1er avril sur TMC

      https://seenthis.net/messages/909361

  • Partage avorté de la #Palestine, par Isabelle Avran (Le Monde diplomatique, septembre 2014)
    https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_histoire_critique/a53242

    David Ben Gourion proclame l’Etat d’Israël le 14 mai 1948 – sans définir ses frontières. Les armées arabes entrent en guerre le lendemain. Le travail des « nouveaux historiens » israéliens confirme celui des historiens palestiniens : l’expulsion des Palestiniens a commencé bien plus tôt. Des massacres, tels que celui de Deir Yassine en avril 1948 (plus de cent personnes assassinées), les poussent sur les routes de l’exode. Dès décembre 1948, Israël vote une loi sur les « propriétés abandonnées » qui lui permet de confisquer les terres des expulsés.

    Les accords d’armistice entre Israël et les Etats arabes, en 1949, entérinent une victoire militaire israélienne permise notamment par l’aide soviétique. L’Etat juif s’agrandit d’un tiers par rapport au territoire alloué par l’ONU. L’Etat palestinien ne voit pas le jour. Israël et la Jordanie se partagent la Cisjordanie et Jérusalem, et la bande de Gaza passe sous tutelle égyptienne. Près de 800 000 Palestiniens sont réfugiés. En acceptant la résolution 194 qui prévoit leur retour et leur indemnisation, Israël est admis à l’ONU. Mais ensuite il empêchera toute possibilité de retour des réfugiés. Pour les Palestiniens, ce double processus d’expulsion et de confiscation du territoire, doublé de la disparition du nom même de Palestine, c’est la #Nakba (« #catastrophe »).

    #sionisme

  • #Relations_Internationales
    Les Nations unies face au conservatisme des grandes puissances, par Bertrand Badie (Le Monde diplomatique, juin 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/BADIE/53104

    Le vieux monde de l’ONU - La Vie des idées.
    Nils Andersson, « Le vieux monde de l’ONU », La Vie des idées , 7 septembre 2017. ISSN : 2105-3030.
    http://www.laviedesidees.fr/Le-vieux-monde-de-l-ONU.html

    Dans les coulisses de l’Assemblée générale des Nations unies, par Anne-Cécile Robert & Romuald Sciora (Le Monde diplomatique, septembre 2017)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/09/ROBERT/57832

    Comment réformer les casques bleus ?, par Sandra Szurek (Le Monde diplomatique, janvier 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/01/SZUREK/56983
    #ONU #Organisations_internationales #Relations_Internationales

    À quoi sert un casque bleu ?, par Chloé Maurel (Le Monde diplomatique, mai 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/05/MAUREL/57454

    Même la guerre a ses lois, par Olivier Bailly (Le Monde diplomatique, octobre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/10/BAILLY/53962

    #Organisations_internationales_CPI #Cour_pénale_internationale
    La Cour pénale internationale en accusation, par Francesca Maria Benvenuto (Le Monde diplomatique, novembre 2013)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2013/11/BENVENUTO/49766

    Soupçons sur la Cour pénale internationale, par Francesca Maria Benvenuto (Le Monde diplomatique, avril 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/04/BENVENUTO/55185

    L’ordre international piétiné par ses garants, par Anne-Cécile Robert (Le Monde diplomatique, février 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/02/ROBERT/58353

    Ventes d’armes, les affaires reprennent (Le Monde diplomatique, avril 2016) #Conflits_d'intérêts #Histoire_Relations_Internationales
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/04/A/55243
    Armement : deux pas en avant, un pas en arrière (Le Monde diplomatique, avril 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/04/A/55235

    #Relations_Internationales_cyberespace
    Penser la cyberpaix, par Camille François (Le Monde diplomatique, avril 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/04/FRANCOIS/55211

    "Les conséquences pratiques de ce débat sémantique sont fondamentales pour la démocratie : elles déterminent le cadre juridique applicable, les conséquences et les acteurs impliqués. Dans la « vraie vie » (c’est-à-dire hors ligne), on ne mobilise pas l’armée pour un carreau cassé. Dans le cyberespace, une réaction aussi exagérée est bien plus plausible. En effet, à mesure que les sociétés dépendent de plus en plus étroitement d’Internet, elles doivent adapter leurs lois et leurs mécanismes sociaux pour assurer la paix, la justice et la sécurité, et ce dans un contexte où les complexes militaro-industriels mondiaux développent et imposent des méthodes de contrôle intrusives."

    "Si cette notion de « zone grise » caractérise si souvent la cyberguerre, c’est qu’elle est inhérente à son concept même. Elle apparaît dès les premiers travaux stratégiques sur le déploiement de la puissance de l’Etat dans le cyberespace."

    "Le flou du concept de cyberguerre contribue à sa dangerosité et empêche de replacer les situations qu’il décrit au sein d’un cadre juridique clair. La notion devrait inspirer la méfiance : elle empêche de penser la paix dans le cyberespace, là où nous en aurons besoin demain."

    #Cyberattaque globale : un cas de piratage confirmé en Belgique
    https://www.rtbf.be/info/economie/detail_cyberattaque-globale-un-cas-de-piratage-confirme-en-belgique?id=9605079
    Cyberattaque mondiale par un ransomware : une ampleur "sans précédent" selon Europol
    https://www.rtbf.be/info/medias/detail_les-etats-unis-mettent-en-garde-contre-une-vague-mondiale-de-cyberattaqu

    Quatre confidences d’un ancien espion - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2016/09/04/quatre-confidences-d-un-ancien-espion_1482774

    #Relations_Internationales_Mers #Mers
    Droits maritimes, un enjeu géopolitique, par Didier Cormorand (Le Monde diplomatique, juin 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/06/CORMORAND/55727

    #Relations_Internationales_Soft_Power
    « Diplomatie publique » de la guerre froide à l’invasion de l’Irak, par Maxime Audinet (Le Monde diplomatique, avril 2017)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/04/AUDINET/57380

    BHL, lu et approuvé par la CIA - Bibliobs - L’Obs
    http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20170428.OBS8716/bhl-lu-et-approuve-par-la-cia.html

    « le Congrès reposait sur l’idée que la défaite culturelle du marxisme passerait par la création d’une nouvelle gauche plutôt que par un soutien à la droite »

    nb : tout parallèle avec le #PS serait hors de propos.

    « L’OMS : dans les griffes des lobbyistes ? » : un documentaire troublant diffusé sur Arte
    https://mrmondialisation.org/loms-dans-les-griffes-des-lobbyistes
    #Conflits_d'intérêts #Documentaires #Organisations_internationales_OMS #Santé #Sciences #Multinationales

    Les réfugiés, une bonne affaire, par Nicolas Autheman (Le Monde diplomatique, mai 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/05/AUTHEMAN/57444
    #Organisations_internationales_HCR #Multinationales #ONG

    « En 2016, Ikea n’était pas seulement fournisseur de tentes, mais aussi premier donateur privé du HCR, à hauteur de 32 millions d’euros »

    « comment réagir lorsque des parlementaires européens révèlent, comme cela s’est produit en février 2016, qu’Ikea est impliqué dans un vaste scandale d’évasion fiscale, échappant à l’impôt dans des États qui financent le HCR (La Tribune, 13 février 2016) ? L’agence de l’ONU n’en a jamais entendu parler... »

    « se pose la question du modèle économique et des forces politiques auxquels se soumet aujourd’hui l’agence chargée du sort de millions de personnes déplacées à travers le monde. »

    Les #Cryptomonnaies : une révolution pour la coopération internationale ? - Equal Times María Crespo
    https://www.equaltimes.org/les-cryptomonnaies-une-revolution?lang=en
    #Monnaie #Alternatives

    "« La chaîne de blocs est mondiale et ne connaît pas de frontières physiques ; ce qui la rend très attrayante pour la coopération et le progrès à travers le monde. Ce phénomène commence déjà à se produire, » déclare William Mougayar"

    "Ceci se révèle particulièrement intéressant dans le domaine de la coopération internationale, étant donné qu’elle génère également un enregistrement pour chaque transaction. En d’autres termes, il existe une véritable traçabilité de chaque opération"